MOZART : Anima Eterna Brugge & Collegium Vocale Gent
Mercredi 30.05.2012 20:00 Palais des Beaux-Arts / Salle Henry Le Bœuf
Jos van Immerseel direction - Andrea Brown soprano - Sophie Harmsen alto - Markus Schäfer ténor - Thomas Bauer basse - Harry van der Kamp basse - Anima Eterna Brugge , Collegium Vocale Gent
Au programme : Wolfgang Amadeus Mozart : Grabmusik, KV 42 et le Requiem, KV 626
Oeuvre de jeunesse et musique sacrée de Mozart peu connue, la « cantate pour la passion », Grabmusik, KV 42, fut écrite en 1767 alors qu’il avait à peine onze ans. Cette « cantate de la passion » est une survivance du mystère, genre théâtral qui remonte au 15e siècle. Œuvre édifiante, elle possède un texte dans la langue du peuple qui met en scène L’Âme pleurant sur le tombeau du Christ. L’Ange rappelle à L’Âme qu’elle est en faute puisque c’est pour la sauver, que le Christ s’est sacrifié et a affronté la mort. L’Âme se repend et chante en duo avec L’Ange avant que le chœur final ne célèbre le fils de Dieu : «Jesu, wahrer Gottes Sohn ». Thomas Brauer (L’Âme) et Andrea Brown (L’Ange) forment un duo très équilibré et bien contrasté. Tonnerre puissant, grave et humble face à un ange presque cajoleur. Les parties orchestrales sont chantantes, douces, délicates comme un écrin de nature paradisiaque.
Après la pause voici le célèbre Requiem de Mozart en ré mineur, la toute dernière composition de Mozart, commandée par un richissime aristocrate autrichien Franz de Walsegg. Celui-ci prévoyait de faire interpréter le Requiem comme sa propre composition en mémoire de sa jeune épouse, Anna, décédée le 14 février 1791 à l'âge de 20 ans. Négligeant d’y travailler pendant l’été, Mozart mourra le 5 décembre 1791 sans achever cette œuvre commanditée. Sa veuve, Konstanze Weber, tentera l’impossible pour la faire achever par son élève Süssmayer qui imitera même la signature du maître afin de recueillir la somme promise.
Ces deux œuvres de musique sacrée, l’une juvénile et l’autre empreinte de la réflexion de toute une vie donnent le frisson à maintes reprises. L’orchestration de Jos van Immerseel ( Die Seele : l’âme, dites vous ? ) est poignante. On est devant un triptyque éblouissant de dynamisme. Il est composé de 35 musiciens qui jouent debout, façon solistes, libres de leurs mouvements, en particulier les trompettes. C’est L’Anima Eterna de Bruges qui donne à ce concert texture et couleurs étonnantes. Le deuxième volet du triptyque est représenté par un chœur peu nombreux: Le Collegium Vocale de Gand. A peine seize solistes qui semblent tous avoir des partitions particulières et font trembler d’émotion toute la salle Henry Le Boeuf. Le troisième volet, expose à l’avant-plan quatre solistes magnifiques. Mention spéciale pour l’autre basse, Harry van der Kamp et Markus Schäfer, tenor. Les deux voix féminines sont celles de Sophie Harmsen et l’angélique Andrea Brown. Quatre voix qui composent une harmonie particulière, quatre directions, comme des points cardinaux qui semblent embrasser la terre entière. Quatre points qui symbolisent aussi la croix: horizontalement, l’ouverture à tout peuple de la terre et verticalement, la transcendance. Ces quatre voix rassemblent tout ce qu’il y a d’humain. On se sera tous retenus d’applaudir après l’exultation du « Sanctus » qui n’est pourtant pas de la main de Mozart. Il faut croire que maître et élève se complétaient à la perfection, l’illusion est totale. Dans le «Benedictus » il y a une sensation profonde de paix universelle, d’harmonie, tous conflits éteints : un moment de grâce. Après le lien instrumental, « Hosanna in excelsis » est la conclusion naturelle. Le «Lux Aeterna », est la finale étincelante du concert : « Et lux perpetua luceat eis ». Le public se lance dans des salves d’applaudissements mémorables en hommage à une musique rayonnante.
Commentaires
le site d'Anima Eterna: http://animaeterna.be/
celui du Collegium vocale: http://www.collegiumvocale.com/
l'interview du Vif du 30/05/2012 de Jos van Immerseel: http://www.levif.be/info/actualite/culture/jos-van-immerseel-l-ame-...