Mais si, c’est vrai : Jean-Luc REVOL est professeur régulier au Cours Florent depuis 1987 et mène une double carrière de metteur en scène et de comédien. Il est directeur artistique du TCF/Théâtre du Caramel Fou. Et il a derrière lui une série impressionnante de mises en scène depuis 23 ans. Il a mis en scène HAMLET de W.Shakespeare, avec Philippe Torreton en 2011. « Même pas vrai », de Nicolas POIRET ( le fils du regretté Jean Poiret, décédé en 1992 ) une création co-écrite avec Sébastien BLANC, n’est-ce pas une comédie un peu facile ? Loin de là ! Jean-Luc REVOL explique : « La comédie est une discipline difficile, un véritable numéro d’équilibriste. Il faut savoir doser les choses, ne pas forcer le trait, être toujours vrai dans la démesure pour arriver à une parfaite harmonie. Quand j’ai lu « Même pas vrai », j’ai su que tout était là, ajouté au plaisir de la découverte de la plume de deux nouveaux auteurs.
Nicolas Poiret et Sébastien Blanc écrivent l’humour de notre époque. Un rire cinglant, vif, rapide et vachard, sans pour autant négliger la vérité et les doutes de leurs personnages.
Car c’est bien cela qui fait leur force. Mathilde et Arnaud, les deux protagonistes principaux, forment un couple qui pourrait être banal, si ce n’était le moteur de leur vie sentimentale : le mensonge. Ou du moins, le mensonge érigé en mode de vie, qui leur donne souffle et énergie, le piment indispensable à la banalité quotidienne.
Ils se mentent, mentent à leur fils et à leurs amis, jusqu’à ce que leur réalité devienne délirante et éclabousse de joie, tout cela en parfaite connivence. Seulement, voilà, quand Mathilde comprend qu’Arnaud lui a vraiment caché une chose importante, la machine se grippe et l’heure va être aux règlements de compte sanglants. Tous aux abris !
J’espère pouvoir construire une horlogerie suisse avec cette comédie pleine de rythme et de rebondissements. Les personnages et les situations imaginées par les auteurs doivent être réglés au millimètre. C’est un travail de précision. Ici tout est réuni pour y parvenir. »
Ayant vu la pièce hier soir au Centre culturel d’Auderghem, on ne peut qu’applaudir le savoir-faire étincelant du metteur en scène qui pose très adroitement sur les planches l’ensemble de ses propositions sans le moindre faux-pas. Du très grand art de boulevard. Une mise en scène au cordeau. Car le spectacle est fort divertissant et les gens rient de bon cœur, mais ils s’interrogent aussi sur la société qui a enfanté ce sextuor de personnages qui nous ressemblent.
Le pitch, on l’aura compris est assez facile. Ils sont six personnages qui se heurtent et essaient de s’expliquer, tous aveuglés par un ego exacerbé, dans l’appartement où vivent Mathilde et Arnaud (Bruno Madinier, ah ! le redoutable beau gosse) et leur ado en crise, Michaël. Heureux qui communique : « On ne dit jamais rien dans cette famille! Petits jeux à la con ! J’en ai un marrant : essayez de vous parler !» Entre les six protagonistes il y a des relations … qu’ils espèrent tous garder secrètes. Sauf que Mathilde (l’inénarrable Raphaëline Goupilleau de Qui est Monsieur Schmitt?) découvrant une rupture dans le comportement de son mari, s’affole et veut en finir avec le temps des secrets. Des dîners de (non)-dupes s’organisent - le trio familial ne peut régler ses problèmes que devant des tiers - et les invités en sortent le plus souvent l’estomac vide et la tête à l’envers… la cuisine n’étant pas le fort de la famille. Le trio « externe » est électrique : le paisible Bernard ( Christophe Guibet) et les deux filles : une renversante Valérie Zaccomer et Anne Bouvier, un paquet explosif d’affects.
Bien que Mathilde, capable d’inventions délirantes, soit devenue une virtuose du mensonge et vacheries verbales en tout genre, elle recherche désespérément la sincérité. A la fin de la pièce c’est finalement son fils Michael (Thomas Maurion, craquant de naturel) qui remet les pendules à l’heure. Il la somme de dire les choses enfin de façon simple, sans continuellement les saupoudrer de « magie », ce second degré qu’elle affectionne tant. « On n’a pas toujours besoin d’inventer la réalité pour qu’elle soit jolie ! » Le couple va- t-il enfin finir par se parler…et arrêter de se mordre ?
Cette comédie joyeusement sarcastique et très rythmée est menée à grande vitesse : magie des changements de décors instantanés, (merveilleuse composition de Stéphanie Jarre) défilé de tenues mode de la rue Montaigne, coups de tensions intenses entre les comédiens qui jouent la réalité du théâtre plus vrai que nature et se gavent de répliques spirituelles et bien tournées. Le public adore une telle élégance théâtrale! Après la Belgique? La pièce « Même pas vrai » sera montée le 19 novembre au Théâtre Tête d'Or à Lyon avant d'être reprise début 2014 à Paris, au Saint-Georges.
http://www.artemis-diffusion.com/saison_prochaine/meme_pas_vrai/resume.html
http://www.ticketnet.be/fr/manifestation/meme-pas-vrai-billet/idmanif/8469
Commentaires
des masses de critiques élogieuses:
http://www.sortiz.com/article.asp?rubrique=theatre&num=7221&...
http://hierautheatre.wordpress.com/2014/02/08/lart-du-mensonge-fait...
http://www.esprit-paillettes.com/critique-theatre-meme-pas-vrai/
http://critikator.blogspot.fr/ (voir ci dessous)
samedi 8 février 2014
Même pas vrai !
Gilbert "Critikator" Jouin