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muralisme (2)

12273298683?profile=original Autoportrait (Le grand colonel), 1945

La peinture comme un uppercut.

Siqueiros, dit El Coronelazo, comme ses coreligionnaires Rivera et Orozco, fit de la Révolution politique une révolution plastique.

 

      David Alfaro Siqueiros (Chihuahua, 1896-Cuernavaca, 1974), le plus radical, le plus singulier, le plus novateur, expérimentant les possibilités du « hasard contrôlé », coulures, éclaboussures… « Siqueiros dépasse les limites étroites du tableau ; ce n’est plus une dimension statique, mais une surface dynamique. », Octavio Paz. Une leçon, comme un prélude à l’expressionnisme abstrait informel, que retiendront les adeptes de l’action painting, Pollock en tête.

C’est aussi le plus politique, fustigeant comme il dit « l’individualisme bourgeois » et « l’art des cénacles ultra-intellectuels ». Et, bien qu’il « répudi[ât] la peinture dite de chevalet » pour « exalt[er] les manifestations de l’art monumental », c’est pourtant bien son travail d’atelier auquel nous nous attacherons ici.

 

12273299482?profile=original Portrait de María Asúnsolo enfant

(pyroxyline sur masonite, 1935)

María Luisa Asúnsolo Morand (1904-1999) fut une galeriste mexicaine qui travailla à la promotion  de l’art de son pays, elle était la cousine germaine de la célèbre actrice Dolores Asúnsolo Lόpez Negrete (1904-1983), plus connue sous son nom de scène, Dolores del Río. Voilà pour les potins.

 

      Octavio Paz, prix Nobel de littérature en 1990, n’a pourtant pas toujours été tendre pour le muralisme en général et Siqueiros en particulier, qu’il dépeint en « artiste réfractaire dirigé par un imprésario napolitain, le tout sous le patronage spirituel d’un théologien obtus. » Trop idéologue, manichéen et théâtral. Pour autant il affirme que « son univers est celui des contrastes : matière et esprit, affirmation et négation, mouvement et stagnation. » Mais reconnait surtout « le peintre de chevalet, qui est peut-être le meilleur Siqueiros. »

 

12273301052?profile=original Portrait de María Asúnsolo descendant l’escalier

(duco sur contreplaqué)

En l’occurrence le fervent tiers-mondiste put se montrer mondain.

 

      Quoi qu’il en soit, l’homme Siqueiros par sa peinture, un cri autant qu’un coup de poing, se voulut d’utilité publique afin de dessiller les yeux du peuple, d’éveiller les consciences. L’art en tant qu’acte politique. La politique acte artistique.

 

12273301654?profile=original Zapata

(lithographie, 1931)

(photo captée sur le net)

 

Activiste, militant de toujours, il participa à tous les combats, de la Révolution mexicaine à la guerre civile espagnole, où il se battit aux cotés des Républicains.

 

12273301697?profile=originalPersonnage important

(huile, 1958)

Etude pour la fresque « Du porfirisme à la Révolution ».

 

Siqueiros sera ainsi le chantre d’un renouveau « héroïque et populaire » de la peinture mexicaine :

 

12273303052?profile=original Ethnographie, 1939

 

      Pendant la Grande Dépression des années trente aux Etats-Unis, Orozco, Rivera, Siqueiros exercèrent une forte influence sur les peintres nord-américains qui dénoncèrent les abus du capitalisme, avec son lot d’endettement et de chômage, sur les exclus autant que le racisme ambiant. Le peintre Joe Jones (1909-1963) notamment donna des cours d’arts plastiques aux chômeurs et réalisa une fresque contestataire, Social Protest in Old Saint Louis, aujourd’hui détruite, comme le fut celle, L’homme au carrefour, peinte par Diego Rivera pour le Rockfeller Center, où figurait un portrait de Lénine. Ainsi les murs fleurissaient tandis que mûrissaient les raisins de la colère.

 

12273303278?profile=originalNotre image actuelle, 1947

« Pour David Alfaro Siqueiros, tout est lumières et ombres, mouvement et contraste. », Octavio Paz.

 

      Il est également significatif à cet égard que Pollock, Jackson the driper, qui imprime dans son propre mouvement la rupture avec les moyens traditionnels de la peinture, fut aussi bien l’élève de l’américain Thomas Hart Benton (1889-1975), un peintre « régionaliste » bien ancré dans la réalité sociale, que du mexicain David Alfaro Siqueiros. Même s’il faut reconnaître que Pollock s’intéressait plus aux techniques picturales propres à la fresque et aux nouveaux supports qu’au message véhiculé.

D’autres « régionalistes » américains affirmeront leur identité nationale à l’instar de leurs confrères mexicains, tels Grant Wood (1891-1942) ou de Ben Shahn (1898-1969), qui travailla avec Diego Rivera et écrivit que « L’école française n’est pas pour moi. »

De même, rompant avec leur politique isolationniste, les Etats-Unis entrent en guerre le 6 avril 1917. Anarchistes, pacifistes, artistes se réfugient au Mexique. Le peintre réaliste américain George Bellows (1882-1925) déclara « Bénis soient les pacifistes. »

Une influence sur les muralistes qui n’est certainement pas non plus à négliger, même si les historiens d’art semblent ignorer cette piste.

      Toujours aux Etats-Unis, dans le contexte social de la ségrégation, des artistes afro-américains du mouvement « Harlem Renaissance », comme Aaron Douglas (1899-1979), avec sa fresque « Aspects of the Negro Life » (1934), Romare Bearden (1911-1988) et sa série la « Grande Migration » sur l’exode des Noirs vers le Nord, ou Jacob Lawrence (1917-2000) dans « The Block », s’empareront de ce moyen d’expression pour dénoncer les conditions de vie des Noirs américains et avancer leurs revendications.

Sans omettre non plus, parmi les pionniers, le muraliste français et très chicano Jean Charlot (1898-1979) qui s’installa au Mexique en 1922, où il collabora avec Rivera, Orozco et Siqueiros. Fernand Léger (1881-1955), Albert Gleizes (1881-1953), Robert Delaunay (1885-1941), furent également sensibles au mouvement muraliste.

 

12273304069?profile=original Jean Charlot (1898-1979)

La danse des Malinches

(huile sur toile, 1926)

 

      En Belgique, Siqueiros fit d’autres émules avec Edmond Dubrunfaut (1920-2007) et Roger Somville (1923-2014) qui fondèrent, avec Louis Deltour (1927-1998), le groupe « Forces murales » en 1947.

      Difficile d’ignorer également la rivalité entre Siqueiros et Rufino Tamayo. Ce dernier étant considéré par certains comme le véritable troisième « Grand », en tout cas adoubé comme tel par André Breton. Pour le moins « un des jalons les plus précieux de la peinture universelle de notre temps comme de l’histoire de l’art mexicain » selon Octavio Paz. « Une réponse personnelle et spontanée à la réalité de notre époque. » Ce que Siqueiros ne pouvait plus être, « Une réponse, un exorcisme, une transfiguration. »

Mais le « pape du surréalisme » pouvait être contesté, quand bien même ils étaient excommuniés, par quelques autres surréalistes… Et Siqueiros honni, banni, au cri de « A l’assassin ! »

Les uns, marxistes-léninistes orthodoxes, ou pis staliniens, prenant fait et cause pour Siqueiros, tels Louis Aragon ou Paul Eluard. Les autres, trotskistes convaincus, le vilipendent et soutiennent mordicus Tamayo, comme Breton ou Benjamin Péret.

Il faut dire que Siqueiros fut accusé d’avoir tué Trotski le 20 août 1940 et qu’il dut s’exiler au Chili pour cela. Par procuration peut-être (le véritable assassin étant Ramón Mercader, un agent du NKVD), complicité sûrement, voire le principal instigateur (malgré son alibi, « Guépéou ? J’étais pas là ! »), l’homme engagé étant tout de même impulsif et vindicatif, stalinien convaincu.

Mais au sein du groupe surréaliste, on n’avait pas attendu cela pour se chamailler à tout propos. Coups d’ergots, bataille d’égos, vaines querelles, chapelles.

Interminables controverses… « Haro ! » ou « Hourra ! », pour moi, le débat est ici clos.

 

12273303700?profile=original Rufino Tamayo

Oaxaca, 1899-Mexico, 1991

Deux personnages avec  un oiseau

(huile sur toile, 1960)

Il est libre l'oiseau...

 

Cependant une nouvelle série vous attend avec : Femmes, fières et Mexicaines ! Dont le premier volet, consacré à Frida Kahlo, est déjà disponible :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/femmes-fi-res-et-mexicaines-1-re-partie-frida-kahlo

Une rétrospective de mes précédents billets est accessible, avec notamment les deux autres des Tres Grandes, Rivera et Orozco :

İ Que viva Mexico ! Pour une présentation générale de la peinture mexicaine contemporaine:

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/los-tres-grandes-rive...

Diego Rivera :  

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/diego-rivera-los-tres...

José Clemente Orozco :                                          

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/jos-clemente-orozco-los-tres-grandes-3e-partie

Michel Lansardière (texte et photos)

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Diego Rivera (Los Tres Grandes, 2e partie)

12273298666?profile=originalAutoportrait 1940

(photo captée sur le net)

 

      Diego Rivera (Guanajuato, 1886-Mexico, 1957), le plus connu des Trois Grands. Enfin connu surtout pour son compagnonnage avec Picasso, Léger ou Braque, il a longuement séjourné à Paris, avec Breton ou Trotski, avec lesquels il signa « Pour un art révolutionnaire », ou pour sa relation tumultueuse et passionnée avec Frida Kahlo (1917-1954), et le film qui en a été tiré, plutôt que pour son œuvre. Il est vrai aussi qu’associées au muralisme ses fresques ne nous sont guère accessibles. C’est donc son travail au chevalet, guère plus visible de ce côté-ci de l’Atlantique, que j’ai choisi de mettre en avant.

Rivera est pourtant bien un géant de l’art du XXe siècle, à l’égal de Picasso. Mais plutôt que de deviser sur son travail, d’en faire la biographie, que l’on trouvera aisément ailleurs, je vais m’effacer derrière l’œuvre, en reprenant simplement le schéma, certes un peu simpliste et arbitraire, suivi dans la présentation générale de la peinture mexicaine contemporaine (cf. la 1ère partie de cet article). 

Paris et la bohème :

 

12273298885?profile=originalDiego Rivera

Paysage-Jardin de la Castaňeda

(huile sur toile, 1906)

  12273297899?profile=originalDiego Rivera

La maison sur le pont

(huile sur, toile, 1909)

 

12273299086?profile=originalDiego Rivera

Nu assis

(huile sur toile)

 

Paris où il fit atelier commun en 1916 avec son ami italien, le peintre futuriste, un temps cubiste, Gino Severini.

 

12273299665?profile=originalGino Severini

Cortone (Italie), 1883- Meudon, 1966

La famille du peintre

(huile sur toile, 1936)

Rivera et le cubisme :

 

12273300073?profile=originalDiego Rivera

Plaza de toros de Madrid

(huile sur toile, 1915)

 

12273300667?profile=originalDiego Rivera

L’architecte Jesús T. Acevedo

(huile sur toile, 1916)

Construction, déconstruction, reconstruction, les bases étaient jetées…

 

Racines et muralisme :

 

12273301473?profile=originalDiego Rivera

Vendeuse d’arums

(huile sur toile, 1942)

 

12273301885?profile=originalHistoire du Mexique : le monde aztèque

 Peinture murale du Palais national de Mexico réalisée entre 1929 et 1930.

 (photo captée sur le net)

 

A suivre… avec José Clemente Orozco.

Retrouvez ici une présentation générale de la peinture mexicaine contemporaine et du muralisme en particulier (İ Que viva Mexico !) :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/los-tres-grandes-rivera-orozco-siqueiros-1-re-partie-que-viva?xg_source=activity

 

      Michel Lansardière (texte et photos, sauf mention contraire)

 

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