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Dumas (3)

administrateur théâtres

Le Masque de fer? Rouillé? Jamais!

Rouille et or s’y entrelacent : La couleur de l’amertume devant un monde qui raconte l’apogée et le déclin ? Ou un âge d’or rêvé ?

Un Masque de fer …spectaculaire

L’histoire énigmatique de l’homme au Masque de fer, un chapitre sombre et flamboyant du Vicomte de Bragelonne, ouvre la nouvelle saison du Théâtre du Parc. Rideau levé : au centre du plateau, un immense œil, presque vivant, nous fixe. Vision inquiétante, presque biblique — on songe à Caïn dans sa tombe, scruté par un regard implacable, de la plume immortelle de Victor Hugo. Thriller immédiat : serions-nous déjà enfermés avec le prisonnier sous son masque, et sur le point de découvrir de terribles secrets du XVII e siècle, contés par Alexander Dumas ? Il faudra bien du temps pour arriver à la lumineuse rencontre. Accomplir tout un chemin avec les célèbres protagonistes, et cette fois-ci… plusieurs femmes.   

Le premier tableau frappe de plein fouet : un père et sa fille croisent joyeusement le fer pour s’exercer….  Et, soudain, un meurtre. Et la  vaillante jeune fille en larmes, devant le corps de son père rendant son dernier souffle. Le ton est donné : violence, injustice, larmes, colère. Vengeance ?

 Le spectateur sera rapidement happé dans une incroyable mosaïque de scènes très brèves, incisives comme des éclats de feu d’artifice, brillantes comme des pierreries. Le décor pourtant, est nu et fixe  mais sans cesse innovant.  Les personnages surgissent, disparaissent, le rythme donne le vertige. Celui de notre époque ?  La narration semble une fuite en avant permanente. Vers un précipice ?

Voici donc le grand retour des mousquetaires. Vieillis, cabossés, mais soudés. Athos, Porthos, Aramis, d’Artagnan — et même Planchet, valet tellement attachant et fidèle. Maroine Amini, un favori de la scène bruxelloise.  L’Hôtel Bourguignon redevient le lieu des serments. Mais Thierry Debroux nous fait une surprise de taille, celle de ressusciter la terrible Milady, vénéneuse, imprévisible, spectrale, marquée au fer de la vengeance. Anoushka Vingtier est extraordinaire dans le rôle.  Dans son ample robe guerrière, de la verte couleur de la jalousie, celle du « the green-eyed monster », elle se pose en victime mais avance en prédatrice. À ses côtés, Mordaunt (Emilie Guillaume), fils maudit, silhouette au crâne rasé, troublante, évoque le miroir sombre d’une jeunesse désenchantée et dévoyée.

Et là, au centre, Bernard Yerlès. Son d’Artagnan est à la fois usé et lumineux, père contraint, soldat loyal, ami indéfectible. L’ombre du Masque de Fer pèse sur lui : ce prisonnier au visage effacé, frère possible du roi. Un second fils ? La légende du jumeau de Louis XIV plane, et Thierry Debroux la traite comme matière dramatique. Car oui, le prisonnier masqué a existé : les registres de la Bastille en attestent. Voltaire en a parlé. Et Pagnol, même ! Tout au long de la subtile intrigue, on voyage entre mythe et vérité. De Paris à Cannes, avec grande curiosité.

 Autour de Yerlès, une troupe de près de vingt comédiens compose la vibrante fresque. Chacun trouve son éclat, entre humour, émotion et flamboyance. On rit même avec Porthos (un formidable Eric De Staercke) qui hésite entre saucisson et pâté, on frémit avec la délicieuse Clémence (Clémentine Fargéas-Sichler) qui se bat pour l’amour au cœur des ténèbres, on tremble face à Milady, la revenante qui marche au-delà du destin. On s’émeut et on soupire avec la vie secrète d’Anne d’Autriche (une inoubliable Perrine Delers). Aramis, sous les traits de Denis Carpentier, joue finement ses différentes alliances.  Le sévère mais attachant Athos et son fils Raoul sont craquants de vérité sentimentale avec le beau duo Laurent Bonnet et Julien Besure.

 La splendide dramaturgie explose dans onze combats — chacun réglé avec une précision d’orfèvre par Émilie Guillaume, cascadeuse et chorégraphe, épaulée par Felipe Salas. Du duel intime au final apocalyptique à douze, six contre six, chaque affrontement devient une pièce de théâtre en soi. La beauté des échanges fascine. Il n’y a pas un combat de trop ! Certes, les mousquetaires ont vieilli, mais chacun garde son style de lame, sa respiration, son âme. Même rouillés, ils gardent leur panache. Leur esprit légendaire. Leur devise immuable : Tous pour un, un pour tous !  Les deux rampes inspirées d’un skate-park deviennent champ de bataille, et la salle sous le choc, admire. Même le balcon étroit qui domine le plateau sert de terrain de lutte mortelle.  Tout le vertige de la spirale de la violence est là…

 Aussi, chaque vêtement épouse et vibre avec son comédien, respire ses moindres émotions. C’est du grand art.  Les costumes sont pour la plupart, de véritables armures vivantes. En tout cas, ce que chacun donne à voir : les apparences ? En tout, quarante-cinq silhouettes imaginées par Béa Pendesini et son atelier. Cuir, scuba, mesh : matières hybrides qui allient noblesse et souplesse, beauté et efficacité. Les costumes royaux, lourds de perruques et traînes, ont été conçus pour traduire qui, la majesté, qui, la folie emplumée. Tout est message et mouvement ! Et, lorsque ... le Roi danse, la salle entière se trouve coincée et muette, devant l’image du pouvoir absolu, dansé, déclaré et clamé haut et fort. Un rôle porté avec grâce par Lucas Cruz.

La scénographie de Saïd Abitar et Thierry Debroux a choisi la rouille, la corrosion, la décadence ?  Mais aussi, l’aventure, le voyage imaginaire, le rêve du Bien ? Les savants éclairages, les niveaux multiples, les projections vidéo —balayent l’espace de l’ombre à la lumière. Tous les tableaux utilisent l’œil monumental pour évoquer d’une traite le nouveau lieu d’action. Autant que lorgnette de l’histoire, cet œil est aussi l’image d’un veilleur de nuit qui veille en permanence, symbole du temps et de la conscience.

Dans ce mythe du prisonnier sans visage, muré dans le silence, on traverse une épopée de fer et de chair, une légende réinventée en 2025 avec fougue et poésie.  Thierry Debroux signe à nouveau un théâtre total, où le souffle des mousquetaires ranime les souvenirs heureux des lectures de jeunesse, et incitera sans doute, - quel bienfait - les plus jeunes à la lecture des chefs d’œuvre classiques, nous menant dans une épopée qui ne finit pas… A never ending story… ?

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres

 

Crédit Photos Aude Vanlathem

 

🎭 Du 4 septembre au 18 octobre 2025

Peut être une image de 10 personnes et texte qui dit ’LEMASQUEDEFER MASQUE LE Photo notoderépétition de répétition . വாരண/ @MnHE.CALANCReAM Eric DE STAERCKE Porthos Bernard BernardYERLES YERLES D'Artagnan Denis CARPENTIIER Aramis Laurent BONNET Athos Mise en scène Thierry DEBROUX Assistanat Catherine COUCHARD の’

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Kean Ressuscité au théâtre des Galeries

Spectacles

Kean en crescendo saisissant au Théâtre des Galeries

Mai 2025. Pari osé, pari tenu. Le Théâtre des Galeries ressuscite Kean, d’abord imaginé dans une pièce en 5 actes, par Alexandre Dumas en 1836, puis transfiguré par Jean-Paul Sartre en 1953, dans une version dense, réflexive, parfois vertigineuse.

Ce qui aurait pu devenir une représentation poussiéreuse de héros de théâtre romantique, sous les traits d’un menteur professionnel, se révèle être une mise en abîme haletante de l’identité, du jeu, et de la solitude de l’artiste torturé.

Daniel Hanssens y est immense. La pièce repose presque entièrement sur ses épaules. Et quelles épaules ! L’acteur belge, connu pour sa générosité scénique et son ancrage populaire, atteint ici une forme de sommet dans la tragi-comédie. Il mêle avec virtuosité la gouaille de Falstaff, les états d’âme d’Alceste, le questionnement d’Hamlet, la sauvagerie d’Othello, la débauche de Don Juan. Couvert de dettes, il est tour à tour clown, tragédien, ivrogne, séducteur, enfant blessé. Il passe d’un masque à l’autre sans jamais perdre de vue l’abîme intérieur de Kean : un homme qui ne sait plus où finit le théâtre et où commence la vie. Dans certaines scènes, particulièrement celle du miroir, Hanssens semble littéralement se désincarner : le public, suspendu, devient témoin d’un effondrement autant que d’une révélation.

« Kean », c’est nous, c’est vous, c’est tout lui.

Dans cette triple identification, on entend l’écho de l’existentialisme de Sartre : l’être humain n’est pas une essence figée, mais une construction perpétuelle à travers ses actes, ses choix, et son regard sur soi. Kean, comédien qui perd sa propre identité dans ses rôles, devient un miroir dans lequel chacun peut se voir. Nous sommes tous, à un moment donné, des “Kean” : tiraillés entre l’image que les autres attendent de nous et notre vérité intérieure, fuyante, mouvante, insaisissable.

Jean-Paul Sartre dans sa réécriture de Dumas ne se contente pas de moderniser un texte : il y insuffle sa vision de l’homme, de la liberté, de la responsabilité. Kean, dans ses mains, devient un être en crise, en lutte avec l’absurde de l’existence, avec la nécessité de jouer un rôle — littéralement et symboliquement — pour être aimé, reconnu, exister. Le théâtre devient le lieu même de la conscience de soi.

Daniel Hanssens est la chair de ce mythe. Il ne joue pas Kean : il le devient, au sens sartrien du mot. Il incarne la complexité humaine, dans toute sa grandeur et ses failles. Il nous rappelle que le comédien, comme tout homme, est condamné à la liberté — à la fois bénédiction et fardeau. Par son jeu, il révèle que l’acteur et le personnage, l’homme et son rôle social, ne font qu’un dans le vertige de l’existence.

La mise en scène d’Alain Leempoel opte pour une esthétique épurée : peu de décors ou de mobilier, à part des immenses livres grands comme des portes, et 5 grands miroirs à bords dorés, flottant, avec ou sans tain. Ils captent les personnages ou ceux-ci  les traversent. Des lumières tranchantes, des points de fuite changeants. Partout, les livres de Shakespeare en édition ancienne, jouent les géants silencieux qui montent la garde des lieux, du temps de de l’action. Tout conduit à arracher les voiles de l’hypocrisie et à rendre compte des impostures. Seul le décor de la taverne nous ramène au réalisme du début du 19e siècle. Ce dépouillement sert le propos : l’essentiel est dans le verbe, dans le geste, dans la tension entre ce que l’on est et ce que l’on prétend être.

Ainsi, la troupe solide papillonne avec effervescence autour du lion Kean, cet acteur qui a réellement existé, figure publique adulée, et cependant …aux pieds d’argile, perpétuellement inquiet dans sa quête bouleversante de lui-même et le désir ardent de changer le monde. La mièvrerie, les grimaces, les jeux de dupe, la cruauté, s’entrechoquent autour de lui alors que les rires et l’amusement s’enchaînent la salle. Tous, les comédiens sont de brillants personnages bien ciselés, que ce soit l’aubergiste (Marc De Roy), Salomon, l’intendant de Kean (David Leclercq) ou le ridicule Lord Mewill (Pierre Poucet). Avec trois autres comparses réputés de la comédie : Robin Van DijkVirgile Magniette et Michel Hynderyckx, chacun participe à sa façon au crescendo du jeu de massacre qui se produit au cours de cette effarante construction équilibriste.

Le rôle d’Elena, comtesse de Koefeld (Laurence d’Amelio), épouse de l’ambassadeur du Danemark (Jean-Michel Vovk) est magistralement tenu ainsi que celui de la très merry wife, Amy, comtesse de Gosswill (Christel Pedrinelli), elle aussi, amoureuse du King !

Le rôle du prince de Galles, très improbable ami de Kean, est campé avec le brio du gentleman éternel par l’élégant Dominique Rongvaux.

La pétulante Shérine Seyad, en comédienne en herbe qui ne s’en laisse pas conter, nous séduit par sa franchise et sa vivacité.

Il faut cependant admettre que c’est le monologue intérieur de Kean — incarné dans chaque regard, chaque intonation, chaque geste — qui sculpte vraiment le cœur du spectacle.

Kean, pièce sur le théâtre, nous confronte sur notre manière de jouer à être, chaque jour. Dans cette version incisive et dépouillée, le Théâtre des Galeries offre bien plus qu’un spectacle : toute une expérience existentielle. Un miroir tendu, déformant et troublant. On en sort secoué, peut-être, plus authentique ?

 

Dominique-Hélène Lemaire , Deashelle pour le réseau Arts et lettres 

  Kean » D’Alexandre Dumas et Jean-Paul Sartre, Du 30 avril au 25 mai 2025 , Billetterie : du mardi au samedi de 11h à 18h – 02 / 512 04 07

 

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administrateur théâtres

Spectacles

Monte Cristo? Tout un destin. Glaçant. Tout démarre avec le sort innommable des prisonniers politiques, ces victimes de délits d’opinion et leurs conditions de détention atroces. Cela vous dit quelque chose ?

 Et pour exemple Edmond Dantès, héros du roman feuilleton Le Comte de Monte Cristo (1844-46), jeune marin, dans cette belle production du Théâtre du Parc, sous les traits de Quentin Minon. Il est accusé à tort de bonapartisme et enfermé sous le nom de Numéro 34 dans la forteresse du Château d’If au large de Marseille pendant 14 ans. Une chance, il se lie d’amitié au fond de son sépulcre avec un vieux détenu, brillant homme d'église, incarné par Guy Pion, l’inénarrable abbé Faria, qui lui servira de précepteur enthousiaste. Une bonne âme de Sichuan ?  

Question de ménager un peu la sensibilité des spectateurs, il y a un côté Bertolt Brecht dans l'écriture magistrale de Thierry Debroux.   Cette fois, le très malicieux Guy Pion, encore lui, grand pourvoyeur d’espoir, presque un deus ex machina, se présente comme un lecteur passionné de l’œuvre du grand Alexandre et endosse adroitement le rôle intemporel de narrateur omniscient. Le comédien est en pleine forme, car, depuis sa plus tendre enfance, il s’est réfugié dans la lecture salvatrice, dans l’imaginaire, pour fuir les brimades du monde. Conseil aux plus jeunes ?

Question mis en scène, la situation effroyable de ce jeune homme mis au cachot à 19 ans, par traîtrise et pour de soi-disant délits d’opinion, est illustrée par la scénographie saisissante de Thierry Debroux et Saïd Abitar. L’atmosphère étouffante est celle du ciel de Baudelaire qui pèse comme un couvercle, du pendule fatidique d’Edgar Poe et une référence obstinée aux œuvres de Pierre Soulages, ou : comment faire de la lumière avec du noir. Les couleurs ? Absentes ou presque.  C’est le noir du puits sans fin d’un monde fossilisé dans la haine, comment en sortir ? La question sous-jacente ? 

Il y a pourtant le Rouge sang de la vendetta sur les mains. Il éclate régulièrement derrière les panneaux mobiles et les praticables qui s’écartent et se referment pour donner le frisson de la mort : un trop plein de haine nourrie de vengeance. Pour couronner le tout, Bea Pendesini (création de costumes) a osé. Voilà des comédiens qui osent les costumes verts… Vert émeraude comme le green eyed monster ! La peur et l’angoisse hantent les planches.  Aux lumières, Xavier Lauwers, à la création de vidéos, Allan Beurns et aux impressionnants décors sonore, Loïc Magotteaux qui, sans relâche enchaîne bruitages et références musicales, des polyphonies corses à Beethoven.   Ce trio émérite de mousquetaires artistes s'unit pour créer des tableaux graphiques et grandioses. Mais, entre l’intensité du jeu des comédiens et la noire splendeur des décors, que choisir ?  

 

 Toutefois, revenons au personnage principal. Grâce à son amitié avec l’abbé Faria, le prisonnier patiemment instruit par son mentor, se retrouve libre et Comte de l’île de Monte Cristo, personnage richissime. Il n'a qu'une idée, celle d' assouvir tranquillement et machiavéliquement son immense désir de vengeance. Insaisissable serial killer aux multiples déguisements, y compris celui …d’un bon samaritain, il n'est donc pas totalement diabolique... Là c’est le magnifique Itsik Elbaz qui se mesure avec panache et entêtement à toutes les convulsions de la vengeance.

Certes, la vengeance, est à la fois jouissance et soulagement du persécuté, mais aussi nouvel enfermement, l'abbé aura prévenu... Pire, engrenage aux conséquences finalement franchement dramatiques pour des innocents pris dans la foulée. Et là on verse dans l’écriture d’une noire comédie de Shakespeare. Avec un nombre faramineux de personnages, des changements d’identité, des phrases prophétiques, des brassées de mensonges, des assassinats, des scènes de combat (Emile Guillaume) et aussi une héroïne, exemplaire dans son interprétation, jouée par la merveilleuse Anouchka Vingtier, toute vêtue d’une extraordinaire robe bleue, bleu radieux ou bleu de Blues, tellement l'espoir est absent. C’est la belle Mercédès, l’ex fiancée du jeune Dantès qui s’est laissé séduire par Fernand de Morcerf (Nicolas Ossowski), un voyou dans l'âme et un traître, bref, représentant un monde de notables et de banquiers plus pourri que le royaume de Danemark. Il faut dire que quand la Justice est absente, grande est la tentation de la faire soi-même.

Mention spéciale pour deux autres femmes intrépides : la royale Haydée (Tiphanie Lefrançois), somptueuse esclave, victime des agissements du comte de Morcerf, et Valentine (Lou Hebborn), un adorable bijou de fraîcheur et de jeunesse.  Et pour achever de nous fasciner, voilà aussi le jeu innocent de ces deux jeunes garçons pré-ados, perdus dans le poison fétide d’une société qui se dévore. Très touchants. Et dire que, Vingt ans avant, c’était …le bonheur !

 

Dominique-Hélène Lemaire, Deashelle pour le réseau Arts et lettres  

 

Crédit Photos:  Aude Vanlathem

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