Les intermezzi musicaux des Midi-Minimes… Eté 2013
L’une des plus belles œuvres de musique de chambre, le quintette en Ut majeur de Schubert a été composé peu après sa dernière symphonie durant l'été 1828, deux mois avant la mort du musicien. Il a été créé bien plus tard, en 1850, au Musikverein de Vienne et publié en 1853. Il nous a été servi comme une 7e merveille de la musique par l’émouvant Quatuor Alfama au Conservatoire Royal de Bruxelles, lors d’un de ces midi-minimes inoubliables de la cuvée 2013. On y a couru à cause de Camille Thomas, rencontrée au festival Musiq 3 2013 et on y a découvert une violoniste exquise: Elsa De Lacerda Setas. On reste longtemps sous l’impression d’avoir voyagé au cœur d’un rare cristal musical hier midi! Une merveille!
Dès les premières notes on est happé par un long appel strident joué par le Violon ensuite repris par le timbre profond du premier Violoncelle. Si le premier mouvement évolue longuement dans les contrastes de registres aigus et sombres, on arrive vite dans une explosion de mouvements impétueux, dont la puissance est garantie par la voix chaleureuse des deux violoncelles unis. Cascades émouvantes du Violon vers les graves, déferlement avant une gamme ascendante qui s’élance à l’assaut du bonheur. Mélodie en duo des deux Violoncelles qui s’entrelacent: serait-on au paradis ? Au cœur d’un cristal musical où les pans sonores miroitent de tous leurs feux.
Et voici que vient la beauté surnaturelle dans ce chef d’œuvre de l’humain : l’Adagio. Au recueillement en volutes pointées du Violoncelle, répond en échos attentifs la voix du sublime Violon par des pizzicati délicats du même registre. Le jeu de l’écoute est passionnant, comme si les doigts du Créateur tendaient la main à l’homme de la Chapelle Sixtine. Il est Petit mais à l’image de Dieu. Les grondements des autres cordes tissent une mélodie tragique cueillie par les accords graves du Violoncelle. Les vagues sombres semblent être soulignées par le passage de nuages par-dessus la verrière du Conservatoire. Des silences haletants ponctuent de longs accords et redonnent la vie au jeune Violon qui ose fleurir sur un terroir de tristesse. On se berce dans la pureté de son de l’instrument, qui ressemble beaucoup à la respiration vivante d’une extase. La douceur atteint des summums avant le retour des pizzicati du début, sous la conduite du Violon cette fois. La lumière musicale et apollinienne inondent l’assemblée qui entoure les musiciens ; un ultime crescendo souple et poignant soutient l’émotion jusqu’à la dernière note, tenue avec immense respect. Le sentiment nostalgique d’un dernier rayon de l’astre solaire vous étreint brièvement avant de plonger dans le troisième mouvement.
Le scherzo sera sautillant ! Back to Earth ! Le Violoncelle prend des allures de grand seigneur qui tournoie joyeusement… Réapparaissent les notes sombres de la perte de la joie. Les larmes perlent sous l’archet de la violoncelliste Le mal à l’âme se déplie et atteint tous les instruments mais une extrême douceur subsiste au cœur de la gravité. Retour versatile à la volubilité intense du début, et touches délicates encadrées d’appels que l’on imagine ceux de cors au fond des bois. Des appels, encore, de nature royale !
Applaudissements intempestifs, tellement la plastique de l’œuvre est intense et superbe. L’ensemble musical peu surpris en profite pour se réaccorder et lance l’Allegretto jubilatoire, toute peine bue. Effeuillée la tristesse, restent les pétales joyeux, un calice aux vertus musicales, à boire ad libitum. Des pieds légers et juvéniles touchent à peine le sol à moins que ce ne soient ces mystérieux papillons qui accompagnent souvent l’âme dans son élévation. Peut-être comme semble dire la musique, qu’ils retombent en longs poudroiements fertiles et sans cesse renaissants.
Ovation (f)estivale pour ce quatuor Alfama et ses jeunes instrumentistes extraordinaires.
Atmosphère: cliquez ici: http://secure.smilebox.com/ecom/openTheBox?sendevent=4d7a63304e444d7a4d6a453d0d0a&blogview=true&campaign=blog_playback_link&partner=commissionjunction
« D’année en année, les artistes des Midis-Minimes forment une communauté plus large et plus créative, où les personnes se rencontrent, où les genres se décloisonnent, où les croisements s’opèrent. Grâce à la confiance établie avec le festival, ceux qu’on a entendus en quatuor, se retrouvent à l’opéra, le théorbiste a fondé son ensemble, la lauréate du concours Reine Elisabeth a troqué son archet contre la baguette, le hautboïste tâte du doudouk, tous poursuivent, en solitaire ou en bande, leur recherche du bel et insaisissable objet musical, rejoints par d’autres musiciens où l’on notera, cet été, de nouveaux et brillants internationaux.
Le moteur de cette effervescence et de ces audaces ? L’écoute ! Votre écoute, celle d’un public incroyablement ouvert, concerné, actif, authentique partenaire artistique du concert. Merci à vous.» Besoin d’un petit coup de pouce à votre curiosité ? Voici le lien pour aller glaner un programme qui vous plaît et vivre l’été autrement cette année : http://www.midis-minimes.be/fr/calendrier.php
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