"Le roi nu"
Présenté au Festival d’Avignon cet été et joué sous chapiteau à Louvain-la-Neuve les derniers jours de septembre, Le Roi nu a fait recette. Cette collaboration artistique entre l’Atelier Jean Vilar, la Maison Ephémère et les Baladins du Miroir se base sur une pièce écrite en 1934 par Evguéni Schwartz, auteur russe dénonçant le régime totalitaire.
La recette : inspirée du savant mélange de trois contes d’Andersen (La Princesse au petit pois, Le Garçon porcher et Les Habits neufs de l’empereur), l’auteur a désossé les nervures du conte traditionnel pour les fondre dans une fable moderne percutante. La mise en scène jubilatoire a chemisé le tout de chorégraphie musclée, de costumes et grimages aussi savoureux que satiriques et et aromatisé l’ensemble de musiques étincelantes balançant entre rock et chansons d’amour. La pièce montée finit par prendre des allures de joyeuse comédie musicale tellement l’orchestration des nez de cochon et les versets chantés sont joyeusement cadencés. Il restera sur vos papilles un goût caramélisé de divertissement et le zeste d'une vive leçon donnée aux grands de ce monde, ou à ceux qui se croient l’être. Sublime pâté d'alouettes!
Henri - un garçon porcher, pas le roi de la poule au pot - aime Henriette, la fille d’un Roi. Henriette est bien sûr contrariée dans ses amours ancillaires et envoyée sur le champ comme promise au « Roi d’à côté » qui n’a rien du charme de Riquet à la Houppe ni d'un quelconque crooner. Jusque-là, décemment vêtu de munificents atours et halluciné par sa propre splendeur, il rêve seulement de se procurer une nymphe pure et de noble race ! Rien que cela, lui qui est difforme, laid, vieux, égoïste et absolument rébarbatif ! « Le faste, voilà le grand soutien du trône! » clame-t-il, sans rire ! Ce sera sa perte !
On assiste aux multiples préparatifs du mariage sur fond de folie et de vulgarité, épicée de parodies où l’on rit de très bon cœur. Le public applaudirait bien debout car toute la classe gouvernante sans classe, d’ici et d’ailleurs est dans le viseur. Le jeune porcher - il est beau comme un berger ! - est bien déterminé à déjouer les arrangements parentaux et la bergère est tout-à-fait d’accord. Leurs atouts sont la sincérité, la grâce, l’intelligence, mais surtout, l’amour. De stratagème en stratagème, on s’achemine vers la victoire incontestable des tourtereaux et la chute délectable d’un roi totalement mis à nu.
Le grain de sel : secouez ce merveilleux sac à malices, ajoutez une bonne dose d‘étoiles dans les yeux et conseillez le spectacle à 10 de vos meilleurs amis, si par aventure, le chapiteau en liesse plantait son décor à deux pas de chez eux !
Balançons donc leur programme, à ces merveilleux Baladins du Miroir et vivent les alouettes!
Le Roi nu
Evguéni Schwartz
Traduction André Markowicz
Mise en scène Guy Theunissen
Avec Hugo Adam, Line Adam, Allan Bertin, Andreas Christou, Stéphanie Coppé, Joséphine De Surmont, Monique Gelders, Aurélie Goudaer, François Houart, Geneviève Knoops, Diego Lopez Saez, David Matarasso, Virginie Pierre
- Création
- 20 septembre au 3 octobre 2016
- Sous chapiteau - Parking Baudouin Ier
- Durée : 2h30 entracte compris
Commentaires
TV Lux vous dévoile les coulisses du Roi nu à l'occasion des représentations à Durbuy ces 20 et 21 mai. On vous y voit?
Le Festival de Spa dévoile sa programmation avec, à l'affiche, Le Roi nu du 12 au 14 août! Si vous ne l'avez pas encore vu, foncez!
http://www.festivaldespa.be/site/event/a-la-frite/
Le Roi Nu en tête du classement des spectateurs dans Le Mad / Le Soir!
Merci à tous, et rendez-vous à Jodoigne, Durbuy, Tubize, Arlon... Pour ceux qui ne l'auraient pas encore vu! http://devmad.ne.be/scenes/
LIEGE du 03 au 12 février 2017. Résa. Théâtre de Liège.
En collaboration avec La Vénerie
. Vendredi 9 décembre à 20h30
. Samedi 10 décembre à 20h30
. Dimanche 11 décembre à 16h00
. Mardi 13 décembre à 20h30
. Mercredi 14 décembre à 20h30
. Jeudi 15 décembre à 20h30
. Vendredi 16 décembre à 20h30
. Samedi 17 décembre à 20h30
. Dimanche 18 décembre à 16h00
> 02 672 14 39
> http://booking.utick.be/?POS=VENERIE
BRUXELLES du 9 au 18 décembre 2016. Résa. La Vénerie, Centre culturel de Watermael-Boitsfort
LIEGE du 03 au 12 février 2017. Résa. Théâtre de Liège.
JODOIGNE les 21 et 22 avril 2017.
TUBIZE les 12 et 13 mai 2017.
Durbuy les 20 et 21 mai 2017.
http://www.tvcom.be/le_roi_nu_une_fable_insolente_et_tonitruante-18...
Félicitations et merci Deashelle pour tous les billets toujours très bien présentés et documentés.
Bien cordialement
Adyne
Gaspar Lecler (successeur de Nele Praxinou aux Baladins du Miroir) a confié ses artistes au metteur en scène Guy Theunissen : une greffe réussie pour cette première pièce (1933) d'Evgueny Schwartz (1896-1958).
Fable fantastique, farcesque… et politique, le Roi nu puise dans trois contes d'Andersen – Le garçon porcher, La princesse au petit pois et Le costume neuf de l'empereur. Mixez le tout : il était une fois une princesse amoureuse d'un porcher (sacrilège !) mais que l'on veut marier à un cousin, le roi d'à côté (bête, vieux et gros, vaniteux et cruel…) qui entretient une cour servile, abrutie, terrorisée. Et il faudra toute la ruse du porcher amoureux et de son ami tisserand pour qu'échoue le mariage, que se révèle la bêtise du roi (sa nudité sous un tissu invisible !) et que le peuple le pousse dehors.
Schwarz y dénonçe les impostures des dictateurs, leur culte de la personnalité, leur cruauté. Sous le sarcasme et le rire, ce sont bien tous les mécanismes de la terreur, de la lâcheté qui sont ici démontés.
Taillant dans le texte en s'appuyant sur la traduction d'André Marcowicz, Guy Theunissen l'a épicé à la belge : le poète de la cour s'exprime avec la saveur d'Arno, la généalogie royale passe par Albert Ier… Deux exemples parmi bien d'autres références à l'actualité !
Mais l'on reste admiratif de l'incroyable dynamique que le créateur de la Maison Ephémère (avec Brigitte Bailleux) a insufflée au plateau, plutôt rock dans une scénographie de Michel Suppes relativement simple et souple de panneaux coulissants, d'ouvertures étagées, avec trône bricolé, drap de lit sur un énorme pois bien vert, etc.
La quarantaine de personnages de Schwarz reposent sur les épaules des douze Baladins, comédiens chanteurs et musiciens, tous virtuoses de la métamorphose. A peine le temps de déposer qui un accordéon, qui un violon (ils jouent live sur le côté de la scène), et les voilà réapparus en dame de la cour militarisée ou en ministre des tendres sentiments…
La princesse et le ministre des Sentiments.
Si l'on excepte une petite baisse de rythme juste après l'entracte, ce Roi nufonctionne à merveille et avec rigueur, tout en permettant de saisir tout le suc du texte en sens multiples.
Joséphine De Surmont a la grâce piquante de la princesse et Allan Bertin la présence un peu pataude mais roublarde de son porcher, flanqué du vif argent de Diego Lopez Saez. Le roi a la fausse bonhommie de François Houart, pas totalement nu, quoique… Andreas Christou trottine en vieux chambellan et ces dames Geneviève Knoops, Aurélie Goudaer, Virginie Pierre, Monique Gelders, Stéphanie Coppé multiplient leurs personnages, et c'est succulent !
Musicalement, le plateau est mené de son clavier et de sa flûte par Line Adam, un as de la musique de scène, dans tous les registres. Coup de chapeau aussi aux costumes loufoques et colorés (ah, cette robe de princesse composée uniquement de cravates !) de Françoise Van Thienen, dont les scintillements ont l'art de retenir les lumières de Laurent Kaye.
MICHÈLE FRICHE
(édition du 21/09/2016)