Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.(I)
Jolie formule musicale de carpe diem : du 7 au 11 juin à Waterloo, on pouvait assister à pas mois de 38 concerts courts et variés en 5 lieux répartis dans Waterloo et les alentours. Cela se clôturait de manière printanière et festive dans le cadre bucolique et accueillant des jardins d’Argenteuil, à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth, par une garden party, devenue maintenant traditionnelle. Le premier MuCH Waterloo Festival, un bouquet de talents virtuoses.
Le premier concert du festival auquel nous avons assisté est le très émouvant Oratorio, The Creation, (Hob. XXI:2) - Die Schöpfung de J.Haydn, donné dans la belle acoustique de L’Eglise Saint-Joseph à Waterloo, le 8 juin dernier. Cette oeuvre lumineuse symbolise l'incarnation de l'immense foi et gratitude de Haydn envers son créateur. En homme profondément religieux, Haydn écrivit : « Je n'ai jamais été aussi dévoué que lorsque je composais La Création. Chaque jour je priais Dieu à genou afin qu'il me donne la force nécessaire pour cette œuvre ». Première oeuvre de type cosmopolite, elle a été écrite dès sa création pour être chantée en trois langues : allemand, anglais, français, anglais. La création française eut lieu le 24 décembre 1800 à Paris. C'est ce jour-là qu'en se rendant à la représentation, Napoléon Bonaparte faillit être victime d'un attentat.
Bart Van Reyn dirige chœurs et orchestre : L’Octopus Choir et Le Concert d’Anvers avec des solistes de tout premier rang: Julia Szproch et Cécile Lastchenko, sopranos, Pawel Konik, baryton, Denzil Delaere, ténor et Bertrand Duby, basse.
Une oeuvre empreinte de mystère et de tendresse : « leise , leise… ». Voilà offerte toute la beauté du monde chantée par le tenor Hugo Hymas (GB) qui remplace Denzil Delaere, souffrant! Trois solistes représentent trois anges qui racontent et commentent les six jours de la création du monde selon la Genèse: Gabriel (soprano), Uriel (tenor) et Raphaël (basse). La nature est une cathédrale qui berce. L’ange Gabriel (Julia Szproch) chante avec puissance juvénile et souples vocalises, les produits nourriciers de la terre et l’innocence de la création. Sa voix charmeuse nantie d'une palette d’une très belle envergure fuse vers les hauteurs. Le chœur fait preuve une diction allemande remarquable et r enchante le public avec « Die Himmel erzählen die Ehre Gottes Und seine Hände Werk zeigt an das Firmament » Cette interprétation donne lieu à un dégagement d’énergie incroyable qui inonde les moindres recoins du lieu. Les étoiles de l’univers dansent avec jubilation. La musique joue au télescope et sonde l’immensité.
La deuxième partie de l'oratorio commence avec la création des oiseaux. L'orchestre se livre aux plaisirs d'une musique imitative. Une véritable nuée de voix s’envole vers le ciel, alors que les violons répondent en écho à chaque appel. Les roucoulades des flûtes soulignent l’innocence du monde, avant que ne s'élève la sombre voix du Seigneur après son impressionnante création des monstres marins: « Seid fruchtbar ... » La basse - Bertrand Duby, - vous donne le frisson ! « Erfreut euch in euren Gott ! » Ce dernier mot semble vibrer indéfiniment.
Le très beau récitatif n° 23 du ténor décrivant la création de l’homme à l’image du Seigneur repose sur l’écrin délicat du clavecin, celui des violoncelles ronronnant de plaisir accompagnés de bois aériens. Dieu lui-même est content ! La plénitude envoûtante du Terzett 25 remet en lumière l’exultation du chœur.
Mais bien sûr c’est le duo très attendu du couple radieux d’Adam et Eve « Holde Gattin, dir zur Seite Der tauende Morgen » qui donne toute la dimension mystique de l'oeuvre, qu’ils remercient le créateur pour la merveille de la création ou qu’ils se disent leur mutuel amour et admiration dans de superbes lignes mélodiques. Cécile Lastchenko, soprano et Pawel Konik, baryton sont absolument extraordinaires. Le public s'en trouve bouleversé. « O glucklich paar ! »
Le choeur semble bondir dans une éternité sublime : « Singt dem Herren alle Stimmen... Des Herren Ruhm, er bleibt in Ewigkeit! Amen! » Ce dernier couplet rassemble sous la baguette fougueuse et créatrice de Bart Van Reyn toutes les énergies terrestres et spirituelles des Amen retentissants, exaltés et parfois acrobatiques. C’est enfin un public transfiguré par l’émotion engendrée par cette apaisante fresque narrative de la création, qui a exprimé sa joie dans un tonnerre prolongé de fervents applaudissements.
http://opera.stanford.edu/iu/libretti/schoepf.htm
http://musicchapel.org/event/much-waterloo-festival-5/
Commentaires
Et vous pouvez consulter le deuxième article d'Arts et Lettres publié au sujet du Festival sur le lien: https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/le-premier-much-waterl...
Toutes les photos du festival! https://photos.google.com/share/AF1QipOur2NGLsk8GJq6DU7A4pU8wBC4HRS...
MuCH Waterloo Festival: N. Régnier & Artemis Quartet
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L’Homme qui plantait des arbres
Pour que le caractère d’un être humain dévoile des qualités vraiment exceptionnelles, il faut avoir la bonne fortune de pouvoir observer son action pendant de longues années. Si cette action est dépouillée de tout égoïsme, si l’idée qui la dirige est d’une générosité sans exemple, s’il est absolument certain qu’elle n’a cherché de récompense nulle part et qu’au surplus elle ait laissé sur le monde des marques visibles, on est alors, sans risque d’erreurs, devant un caractère inoubliable.
Il y a environ une quarantaine d’années, je faisais une longue course à pied, sur des hauteurs absolument inconnues des touristes, dans cette très vieille région des Alpes qui pénètre en Provence.
Cette région est délimitée au sud-est et au sud par le cours moyen de la Durance, entre Sisteron et Mirabeau ; au nord par le cours supérieur de la Drôme, depuis sa source jusqu’à Die ; à l’ouest par les plaines du Comtat Venaissin et les contreforts du Mont-Ventoux. Elle comprend toute la partie nord du département des Basses-Alpes, le sud de la Drôme et une petite enclave du Vaucluse.
C’était, au moment où j’entrepris ma longue promenade dans ces déserts, des landes nues et monotones, vers 1200 à 1300 mètres d’altitude. Il n’y poussait que des lavandes sauvages.
Je traversais ce pays dans sa plus grande largeur et, après trois jours de marche, je me trouvais dans une désolation sans exemple. Je campais à côté d’un squelette de village abandonné. Je n’avais plus d’eau depuis la veille et il me fallait en trouver. Ces maisons agglomérées, quoique en ruine, comme un vieux nid de guêpes, me firent penser qu’il avait dû y avoir là, dans le temps, une fontaine ou un puits.... " Texte complet ici:
https://www.atramenta.net/lire/lhomme-qui-plantait-des-arbres/27915