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administrateur théâtres

Après le magnifique concert d’ouverture de la Présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne  pour l’année 2016, qui se donnait le 22 janvier dernier en présence des couples royaux de Belgique et des Pays-Bas, le Koninklijk Concertgebouworkest  est revenu au Palais des Beaux-Arts ce 6 février. Sous la direction, cette fois, de Semyon Bychkov et dans un splendide programme : Cinquième Concerto pour piano de Beethoven et Une vie de héros de Strauss. L’Orchestre royal du Concertgebouw sera en effet en résidence au « Bozar » toute cette année. Le prestigieux soliste  Jean-Yves Thibaudet  a dû être remplacé à la dernière minute  pour raisons médicales, par Nelson Freire: aucun regret, ce fut une soirée exaltante.

Dans le concerto de Beethoven, le soliste brésilien  offre sa fluidité lumineuse à un orchestre  scintillant dirigé par Semyon Bychkov, avec netteté et douceur à la fois. Les dialogues instrumentaux jaillissent avec majesté. Les cors anglais sont complices d’un rite mystérieux qui  se confond  parfois avec la légèreté de l’être. La tonalité en mi bémol arrache des larmes intérieures, le soliste brode avec minutie sa partition sur les notes sombres des cors. On écoute les couleurs de l’enluminure.  A la fin du premier mouvement, après un crescendo plein de résonance, le  jeu du pianiste rebondit sur les pizzicati des violoncelles en autant de coups de cœur et  conclut par des bouleversants glissements chromatiques ponctués par les pianissimi des violons. Quel sens de l'équilibre! Le deuxième mouvement enchaîné au troisième se fera déferlantes. Semyon Bychkov, le chef d’orchestre dirige à la force des poignets et du bout des doigts, comme un timonier. La courbe de l’index volette pour entraîner le nectar musical. Jeu de colibri. Il remercie du regard les pupitres qui ont pressenti ses injonctions. Le pianiste étale des accords étourdissants, repris par un orchestre galvanisé par l’esprit de liberté. Ensuite, Nelson Freire  livrera une cadence soyeuse devant le silence respectueux de la salle. L’orchestre devenu  pneumatique,  répond en échos  à  la finesse et l’élégance  du jeu au clavier. Un écheveau de bonheurs magnétiques défile  alors à grands pas et sème l’émoi bienfaisant. Quelques battements de percussion discrets avant les  ultimes mesures de la finale. Le bis est offert, au cœur  de l’intime, sur un  plateau recueilli. Il s’agit de rivières de larmes souterraines,  dont on rêve qu’elles puissent guérir le monde. C’est la plainte d’Orphée dans Orphée et Eurydice de Gluck.  

Ecouter Une vie de héros (1898) de  Richard Strauss  en  deuxième partie du concert est un deuxième cadeau que nous fait l’illustre Koninklijk Concertgebouworkest. Les cordes sont unies et soyeuses, les bois sont d’une précision et d’une justesse remarquables. L’expressivité règne en maître à tous les pupitres. L’interprétation poétique de Semyon Bychkov qui a maintenant saisi sa baguette rend la partition  très évocatrice  et lui donne une respiration naturelle bienvenue.  Le phrasé est ample et lyrique, ménageant des sections bien contrastées et intelligibles.  Les jeux de timbres surprennent,  écoutez ces déferlements de flûtes acides qui s’écroulent comme châteaux de cartes, ces cors plus sérieux que sages antiques, des harpes qui taquinent les violons farceurs, le public est médusé. La bravoure du héros invincible s’installe sur les commentaires sombres des cors. Trois trompettes s’éclipsent, la rêverie langoureuse s’installe. L’esprit chevaleresque inonde l’orchestre, sans aucune grandiloquence, avec une énorme générosité. Des images de paix et de clémence flottent dans l’imaginaire, tandis qu’un catalogue de griefs se grave dans les archets et que  la révolte, la colère, la guerre gronde. Un appel aux armes prend comme une traînée de poudre. Un ultime hommage à la vie qui s’échappe ou qui renaît,  s’élève en action de grâce  et se conclut par une dernière envolée des cuivres dans un impressionnant crescendo. La baguette du chef redescend au ralentissimo, comme un vaste soupir de gratitude qui pousse au recueillement intense de part et d’autre du plateau,  avant les salves d’applaudissements. 

Le lien avec l'événement: http://www.bozar.be/fr/activities/5696-koninklijk-concertgebouworkest

Les musiciens: http://www.concertgebouworkest.nl/en/orchestra/musician/

Notez que dans le cadre de la présidence néerlandaise du Conseil de l’Union européenne, l’Orchestre philharmonique de la Radio néerlandaise sera également accueilli à « Bozar » le 9 mars, sous la direction de Diego Matheuz, dans des œuvres de Rimski-Korsakov, Tan Dun et Stravinski.

La grande Pâque russe, Ouverture, op. 36 Nikolay Rimsky-Korsakov
Tears of Nature (création belge) Tan Dun
Le sacre du printemps Igor Stravinsky

Coproduction : Bozar Music, Klarafestival (09 mars '16 / 24 mars '16)
Dans le cadre de : La Présidence hollandaise du Conseil de l’Union européenne

http://www.bozar.be/fr/activities/5814-nederlands-radio-filharmonisch-orkest

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