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administrateur théâtres

12272926064?profile=originalVous y étiez?

 

Etre l’un des dix mille spectateurs de la douzième  Nuit Musicale du château de Seneffe et quelques jours après, être encore sous le charme d’une mise en espace musical prestigieuse et … gourmande. En effet le programme célébrait les joies de la gastronomie et des plaisirs de la table.  Au hasard de la fourchette, mêlée au diapason bien sûr, si on vous dit « Musique et Pain d’épice… »  que me répondriez-vous ? Hansel et Gretel de E. Humperdinck, bien sûr ! L’ensemble Quartz, réunissant des diplômés des conservatoires belges et étrangers, en donnait à tous vents une exquise adaptation en français pour septuor à vents et trois chanteurs au bord du Grand Bassin, côté jardin.

12272926471?profile=originalVous préférez du salé ? Courez au Jardin du théâtre et pendez-vous aux lèvres salaces de Francis Perrin (comédien-bouffon) et son complice de toujours, le  pianiste-ménestrel Patrice Peyriéras. Le parterre est comble. On croit voir une crinoline, on aperçoit un Monsieur en habits. Après avoir tâté au repas gargantuesque du Roi Soleil sur musique de Lully,  on prend le thé avec Offenbach, on part avec lui à Philadelphie, on se marre avec une soupe aux choux sûrement grivoise. God save the king ? on finit par en connaître la fine origine…! Historiettes savoureuses, et recette des tartelettes amandines… C’est la  fête des papilles et des ouïes. Tu l’as dit, bouffi !

 12272926270?profile=originalNous avons cherché en vain l’apéritif espagnol qui nous aurait transportés dans le pays de la danse, des tapas et des olives. Tant pis pour le duo violon piano  Manuel de Falla ses chansons et la Danza de la vida breva. La vie est trop brève en effet pour s’en inquiéter et nous avons viré vers l’île aux plaisirs orientaux où nous attendaient  les sept musiciens du  groupe «Les mésopotamiens ». Leur  caravane des arômes portait de magnifiques sonorités sous le ciel étoilé dans la partie du parc laissée libre aux herbes folles. La  direction du groupe est assurée par Wessam 12272927467?profile=originalAyoub Al-Azzawy, l’un des plus grands connaisseurs du maqam irakien et le plus grand joueur de santur d’Irak.  Saveurs du monde, donc, nos préférées, bordées par les flammes dansantes de milliers de petits flambeaux au sol qui guident vos pas pendant cette nuit de senteurs. Santur? Un instrument à cordes frappées, voisin du cymbalum aux sonorités brillantes, qui donne l’impression d’un chœur de cordes vibrantes et produit des harmonies capiteuses. L’assemblée est fascinée… des instruments tapés, soufflés, frottés  d’ail et de piment royal de l’antique Bagdad.  Une richesse sonore de musique traditionnelle irakienne qui remue tous les sens et chatouille la curiosité et l’imaginaire.

 On revient sur ses pas, vers le château  et l’on perçoit au fil de la promenade de larges effluves des Carmina Burana chantés par le Chœur de Clerlande qui livre tout au long de la soirée  une  prestation à la hauteur de leur réputation. Leur inspiration  dans leur choix musicaux démontre  leur attachement à la diffusion de la musique classique. Leur devise est peut-être celle de la semeuse du petit Larousse : « je sème à tous vents ! » symbole de semence, de germe, de fructification par l'instruction! Vive la réunion et le partage ! L’oreille accroche ci et là quelques bonbons viennois, des  airs de valses  et extraits d’opérettes : la brasserie est en fête !

12272927492?profile=originalTrop tard hélas, pour la revue de Cuisine H. 161 de Bohuslav Martinu avec l’excellent ensemble Khéops, dont Marie Hallynck au violoncelle et Muhiddin Dürrüoglu au piano. Ce sont des instrumentistes bien connus du Festival de musique de chambre de l’Orangerie de Seneffe qui se tient chaque année entre le 14 et le 21 juillet. Par contre, le trio à clavier « à l’Archiduc » N° 7 opus 97 de Beethoven allait nous ravir dans sa simplicité, son enthousiasme musical et la beauté des variations. Au piano on découvre Aveline Gram, au violoncelle  c'est Sarah Dupriez et au violon Gayané Grigoryan ,12272927701?profile=original trois jeunes sylphides pétulantes dans leurs robes de satin, belles comme de grands rivages… de la dune jusqu’au bord de l’eau, à marée basse! Beauté musicale complice, jolis contours mélodiques et harmoniques,  le piano tressaute sous l’abondance de pizzicati des cordes radieuses. La vie est une truite bondissante dynamique et enjouée, des sonorités princières fusent du Grand bassin, car le Quintette 114 D667 de Schubert a enchaîné avec en plus Pierrre Boigelot à la contrebasse et Vincent Hepp comme altiste. Ils se sont regroupés spécialement pour la Nuit musicale sous le nom de Brussels Chamber Artists. Encore du beau monde rencontré  au festival de L’Orangerie. Le scherzo est pétaradant, on croirait entendre une phrase humoristique du Roi Dagobert, qui aurait perdu son sabre de fer. « C’est vrai lui dit le roi : Qu’on me donne un sabre de bois! » On les quitte à regrets.  Ils nous ont offert des effets acoustiques virevoltants,  leur jeunesse et leur passion véritable pour la musique, ils ont mêlé l’onde sonore et l’onde fluviale de la vie joyeuse, étincelante de vitalité. Une rasade de bonheur qui nous change des discours blasés et de l’angoisse qui imprègne l’avenir du monde.

Auriez-vous par hasard eu  cette belle page de « La maison de Claudine »  de Colette en dictée dans votre jeunesse? La revoici : « On vous conté que l’araignée de Pellisson fut mélomane ? Ce n’est pas moi qui m’en ébahirai. Mais je verserai ma mince contribution au trésor des connaissances humaines, en mentionnant l’araignée que ma mère avait – comme disait papa – dans son plafond, cette même année qui fêta mon seizième printemps. Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée. Elle dormait ou chassait, le jour, sur sa toile au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers trois heures, au moment où l’insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre de chevet de ma mère, la grosse araignée s’éveillait aussi, prenait ses mesures d’arpenteur et quittait le plafond au bout d’un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait, toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait tête première, et buvait jusqu’à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu’impose un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie. »12272928492?profile=original  Jacques Mercier et Daniel Blumenthal nous ont donné rendez-vous à la volière pour quelques ...frugalités et nous dire tout le bien du chocolat, la nourriture des dieux, selon le naturaliste suédois Carl von Linné, tentation diabolique, d’après Madame de Sévigné. Le chocolat est souvent associé à la volupté. Casanova ou Madame du Barry, la favorite de Louis XV lui prêtaient volontiers des vertus aphrodisiaques. Et notre farceur n’hésite pas à proclamer que l’amour est un substitut du chocolat et non le contraire. Cum grano salis… Gioachino Rossini, compositeur et gastronome, a intitulé le volume IV de ses Péchés de vieillesse, œuvres pour piano, Quatre mendiants et quatre hors d'œuvres. Il a titré les quatre premières parties les figues sèches, en ré majeur, les amandes, en sol majeur, les raisins, en do majeur et les noisettes, en si mineur et majeur. Les quatre mendiants font partie de la composition des treize desserts en Provence. En rappel des robes de bure des quatre principaux ordres mendiants, ces fruits secs représentent les différents ordres religieux ayant fait vœux de pauvreté, noix ou noisettes pour les Augustins, figues sèches pour les Franciscains, amandes pour les Carmes et raisins secs pour les Dominicains.  Et si la musique était du chocolat ?

La soirée se termine sans que l’on ait pu goûter à tous les plats dont le programme regorge.  La nuit musicale va se clore sous  une pièce montée de pyrotechnique qui embrase le ciel.  Le feu d’artifice minutieusement dessiné par Stéphane Dirickx est fait de haute voltige lumineuse, de gerbes inédites et de parapluies d’étoiles qui se dissipent en farine lumineuse. On a sans doute oublié la musique pour ne contempler que les salves de lumière fracassante sur le grand plan d’eau.  Un huitième art qui conclut ce rendez-vous d’été gastronomique et musical… car nombreux sont ceux qui se sont inscrits au panier gourmand, savoureux péché mignon,  qui pouvait accompagner la promenade vespérale au cœur du domaine du château.

12272748692?profile=originalhttp://www.chateaudeseneffe.be/FR/evenement.php?id=36

http://www.070.be/lanuitmusicale/le-domaine/presentation/

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