Je suis allé au puits. Dans le pourpre du couchant. J’ai trouvé une femme nue. Qui es-tu femme nue ?
- Je suis ton écriture. Je suis dans tes mots. Je suis un poème. C’est toi qui m’as écrit. Tu ne te souviens pas ?
- Je n’ai plus de mémoire jeune femme. Je veux me replonger dans la profondeur et le silence du puits.
- Tu trouveras la vérité …
Je suis allé près des pierres. Dans le sanglot et la voix. Je suis allé sur le chemin de soi. J’ai trouvé un vieux moine. Qui es-tu vieil homme ? De quelle foi me parles-tu ?
- Je suis ton écriture. Je suis ce poème que tu as perdu. Tu ne te souviens pas ?
- Non je n’ai plus de mémoire vieil homme. Laisse-moi me perdre dans les pierres. Je veux revisiter la source et le don.
- Tu trouveras l’humilité …
Je suis allé près des arbres de mon enfance. Dans le rêve turquoise. Et là j’ai trouvé un grand chêne. Qui es-tu grand chêne ? Et quel langage me parles-tu ?
- Je suis ton écriture et ta frondaison. Je suis la sève de tes mots. Tu ne te souviens pas.
- J’ai une mémoire d’âne et je ne retrouve plus le chemin. Laisse-moi me perdre dans le vitrail des forêts. Je veux retrouver l’enfance.
- Tu trouveras l’innocence …
Je suis allé dans la nuit des mots et l’heure était tardive. J’ai rencontré un nain. Qui es-tu petit homme ? De quelle fin me parles-tu ?
- Je suis la mort me dit le nain. Je suis dans ton écriture depuis l’origine. Tu pensais avoir percé le mystère. Eh bien je suis là devant toi.
- Tu peux passer ton chemin petit nain. J’appartiens au pays de vivants.
- Tu trouveras l’éternité dans un souffle …
© Patrick Chemin (2012) Extrait du livre « Les écrits dans l’arbre » Paru aux Editions Epingle à Nourrice Le 17 avril 2013 © Droits réservés Editions Epingle à Nourrice
Commentaires
"Votre poésie de l'essentiel nourrit l'âme assoiffée d'esprit." C'est tout à fait cela Rébecca (dit au passage : j'apprécie beaucoup vos textes !).
Puits : archétype du passage d'un monde à un autre, là j'ai plutôt la vision du puits de Jacob où l'on puise l'Esprit (breuvage de vie et d'enseignement) jusqu'au fond, fond inexistant tant que nous disposons de l'énergie nécessaire pour puiser et brasser. Nulle "frontière" à mon avis entre un monde et l'autre, et peu importe, l'essentiel est d'avoir animé le plus pur de cet esprit, d'en avoir transmis le nectar à ceux qui ont fait signe et dont on sait qu'ils poursuivront le partage de ce breuvage (délicieux lorsqu'il n'est pas pollué !).
L'éternité dans un souffle ...
et dans un grain de sable...
Votre poésie de l'essentiel nourrit l'âme assoiffée d'esprit.
Si le Verbe était ainsi encore vivant, les défunts ou plutôt sphériens ne vivraient pas la famine
alors qu'ils recherchent une telle nourriture émanant des êtres de la Terre.
Puits -
archétype, passage d'un monde à un autre, celui qui ne passe pas...
Et bien sur ma sensibilité irrésistible au puits ... où Isaac reconnu mon ancêtre !
Superbe poème ! Je ne le publie pas sur FB comme à mon habitude car je vois que les droits sont réservés. Dommage que je ne sois peintre ! Félicitations.
Merci pour vos contributions pour ce poème
Avec mon amitié
Patrick
Voici ma contribution,
Marie-Françoise, je n'osais commenter , mais Dominique l'a fait d'une peinture d'Olivier, alors allons-y, ce beau poème a le don de 'titiller" notre imagination...
Merci Patrick !
Je voudrais bien trouver une illustration... J'ai tant de croquis de modèle vivant dans mes cartons, mais ce sont des croquis, justement... Il faudrait presque plusieurs illustrations pour les différentes séquences ou images du texte. Difficile exercice ! Je suis habituée à illustrer des oeuvres plastiques par des mots, mais pas l'inverse ! Or, ce défi me paraît tentant !
Le résumé de toute une vie, très beau texte! Félicitations.
Adyne
Merci beaucoup de tous vos commentaires
Amitiés
Patrick
une belle poésie qui définit parfaitement le chemin de tout homme
merci