L'ALLEE DU ROI
De : Françoise Chandernagor, Jean-Claude Idée | ||
Mise en scène : Jean-Claude Idée | ||
Avec Jacqueline Bir | ||
Ultimes représentations ! |
"Je brûle mais ne me consume"
A quatre siècles d’intervalle, deux génies, deux destins s’entrecroisent. Celui de Françoise d’Aubigné, devenue marquise de Maintenon et celui de Jacqueline Bir, actrice. Toutes deux douées d’une rare intelligence, elles sont de fines psychologues qui ne pouvaient que se rencontrer et ravir notre imaginaire. Et nous faire tâter ce qu’est la résilience. Jacqueline Bir manie la langue avec esprit et sensibilité et nous conte avec connivence le destin hors du commun de cette jeune fille roturière, née en prison d’un père assassin et d’une geôlière. Malgré le désamour, après un parcours étourdissant et courageux, elle épouse le poète burlesque Scarron infirme et barbon dont elle est veuve à 24 ans. Elle devint par la suite l'épouse du roi Louis XIV après avoir été la fidèle gouvernante de ses nombreux enfants, nés de la frivole Athénaïs, Louise de Montespan.
Jacqueline Bir est comme l’héroïne : habile, enjouée, solide. « Votre Solidité » avait coutume de dire Louis XIV à sa future épouse par analogie avec les habituels « Votre Majesté » ou « Votre Sainteté », marques suprêmes de respect. C’est ce que l’on ressent quand on voit Jacqueline Bir se mouvoir devant nous, changer de costume, parler, chanter, danser le menuet, camper une multitude de personnages, y compris le roi. Le public est conquis. Le fabuleux décor de Serge Daems et la mise en scène intelligente de Jean-Claude Idée achèvent de séduire les spectateurs les plus exigeants.
Jacqueline Bir fait surgir de l’histoire et semble vivre elle-même une personnalité lumineuse, forgée dans l’adversité, une ascension sociale extraordinaire et une vérité humaine profonde, au soir de sa vie: celle que « Tout n’est rien ». Mais elle n'a jamais raté une marche. Mieux : chaque fois qu'elle montait d'un degré, elle voyait assez bien la marche d'après... Sous nos yeux et sous les yeux attendris de la statue équestre du Roi Soleil, elle se met à fabriquer un escalier que Gide nommera plus tard « suis ta pente du moment qu’elle monte ». Mais malgré son accession à l’amour, au pouvoir, à la richesse, elle vivra aussi le renoncement. Elle contemple impuissante et résignée la longue descente du règne aux abîmes avant de faire un dernier « à Dieu » au roi qui s’éteint.
Elle n’a plus que les arbres, les livres et les enfants lorsqu’elle se retire à Saint-Cyr. « A force de voyager entre le roi et Dieu, je suis restée en chemin » nous confie-t-elle humblement. Elle regrette que jamais personne ne lui ait demandé si elle était heureuse, elle qui n’a eu ni père, ni mère et qui ne rêve que d'un peu de chaleur humaine. Après Le Roi bien sûr, il n’y avait plus que Dieu… Mais au moment ultime de sa mort elle a peur « de cette glace qui pénètre mon cœur et mon esprit. » Une vie belle comme un chef-d’œuvre. « L'eau qui tombe goutte à goutte perce le plus dur rocher». Une pièce jouée comme un chef-d’œuvre d’esprit et de cœur.
C’est avec une sobriété majestueuse mais jamais ronflante que Jacqueline Bir joue la courtisane d’une classe imperturbable alors que souffle autour d’elle un tourbillon vertigineux de grandeur et de décadence.(Le Soir, mars 2008)
Une production du Théâtre Royal des Galeries.
Le 27 mars à 19h : conférence du philosophe Franck PIerobon (entrée libre sans réservation)
Lieu : Théâtre Jean Vilar Dates : du 22 au 30 mars 2012 Durée : 2h20 avec entracte |
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