Guernica, mi amor
de et par : José Perez
José Perez est traducteur, poète-partisan, et conférencier. Nous avons applaudi son précédent spectacle en octobre dernier au théâtre de la Clarencière. Il mettait en scène la poésie de Garcia Lorca, et ce fut un triomphe! La salle, ce soir, est à nouveau comble. « Le rôle des poètes, c’est d’y croire ! »
José Perez est né dans le même quartier de Malaga en Espagne que Picasso. Cela fait 20 ans qu’il méditait de rendre hommage à Guernica, cette toile mythique qui fut une révélation pour lui dès le plus jeune âge, une toile qui fut le témoignage visuel le plus éloquent et le plus fort de l’horreur absolue de la guerre, tant défensive qu’ offensive. Pablo Picasso dit lui-même de ce manifeste : « Cette peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre, offensif et défensif contre l’ennemi. » Elle symbolise la colère ressentie par le peintre à la mort des innombrables victimes tombées le 26 avril 1937, un jour de marché, à16h30 sous le feu des escadrilles allemandes à la demande du Général Franco. On se souvient de cette célèbre anecdote qui raconte qu’Otto Abetz, alors ambassadeur du régime nazi à Paris, aurait lors d'une visite d’atelier devant une photo de Guernica demandé à Picasso avec colère: « C'est vous qui avez fait cela ? » Et Picasso aurait répondu bravement: « Non… c'est vous ! »
José Perez ne croit pas aux tables qui tournent ni à aucune bondieuserie, mais il croit dans le Diable et conte l’histoire du Mal : «Et puis le diable s’en était pris à mon village », raconte-t-il, alors que l’innocent village basque préparait une noce ! La toile fut exposée il y a 80 ans au Pavillon espagnol de l'Exposition internationale à Paris en 1937. On ne peut passer cet anniversaire sous silence!
C’est l’occasion pour José Perez de réunir sous sa plume les deux figures tutélaires espagnoles :
« A ton chevalet, peintre, à ta muse, poète,
Dessine-nous le jour, invente-nous la fête,
La surface de ta page blanche, inondée de vermeil,
La surface de ta toile blanche, inondée de soleil,
Que luisent tous les feux tournés vers l’Empirée,
Que nagent les dauphins vers le port de Pirée. »
Aujourd’hui, les bombes tombent de plus en plus près, et de plus en plus souvent. Convoquer Picasso après avoir invité Garcia Lorca pour condamner le franquisme est une évidence. Il faut prendre les armes poétiques et artistiques pour confronter le Mal absolu. Pour que les gens se rendent compte des relents de la bête immonde qui se réveille… partout dans le monde en 2017. Elle est parmi nous.
Il ne faut plus la faire, la guerre. C’est écrit dans le sang de la terre, « quand il n’y a plus de ciel pour bercer la campagne, quand il n’y a plus de feu pour chauffer l’Espagne ! » Quand des noms d’hommes sont mis en répertoires, quand on se tient au mur sous le bruit des sirènes. Quand la chemise est maculée de sang. Et que les hommes se sont enfuis dans la forêt. Il y a tant d’hommes et de femmes accablés et torturés dans les cachots pour avoir condamné le silence. Il y a tant d’enfants sacrifiés dans le grand saccage.
« …Est-ce ainsi que les hommes vivent
Et leurs baisers au loin les suivent… »
Très habilement, José Perez mélange le terreau des grands poètes français Aragon, Apollinaire et d’autres encore, l’argile féconde de vastes musiques classiques et la tourbe légère de chants traditionnels espagnols, le feu de sa propre passion poétique, la voix de la Résistance, la guitare, le talon, le bâton, la berceuse de Brahms et la valse de Chostakovitch pour nous émouvoir et nous faire entrevoir l’avènement de la démence et l’épouvantable suicide de la Liberté.
« Picasso colombe au laurier
Fit Guernica la mort aux cornes
Pour que dans un monde sans bornes
La nuit ne vienne plus jamais
La nuit ne vienne plus jamais
La nuit ne vienne plus jamais » – Jean Ferrat
« Je n'ai jamais considéré la peinture comme un art de simple agrément de distraction. Ces années d'oppression terribles m'ont démontré que je devais combattre non seulement pour mon art mais aussi pour ma personne ». Pablo Picasso
µ https://www.laclarenciere.be/
µ José Perez prépare un autre spectacle à La Clarencière, pour le mois de Juin : « le Carré Long » La franc-Maçonnerie a 300 ans. Avec Myriam Kaminski, Kate Rizzi, Cécile Rigot, et François Mairet. Les 23 et 24 juin 2017
µ Rejoignez-nous! https://www.facebook.com/groups/364779173602534/
µ Et profitez-en pour plussoyer la page de l'auteur de cet article où vous retrouverez quelques photos du spectacle! https://www.facebook.com/plusde500billetsdeDHL/
Commentaires
Révolté par le bombardement des troupes nazies de la ville basque, le 26 avril 1937, le maître catalan peint son chef-d'œuvre, symbole universel de la cruauté de la guerre, pour le présenter dans le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris, la même année.
Chaos, effroi, agonie... Il est le symbole de l'horreur de la guerre. Guernica est l'une des œuvres les plus importantes de Picasso, né en Espagne en 1881 et décédé en France en 1973 à 91 ans. En pleine guerre civile espagnole (1936-1939), elle fut peinte à Paris en quatre semaines, entre mai et juin 1937 pour dénoncer le bombardement d'un village basque nommé Guernica par la Légion Condor. Cette unité aérienne de l'Allemagne nazie formée de volontaires allemands, vient soutenir le camp des forces nationalistes de Francisco Franco.
Une opération meurtrière qui fait plus de 1600 victimes. La presse internationale s'empare du sujet et Picasso élabore sa toile monumentale à partir des photographies publiées de la ville meurtrie, après une commande du gouvernement républicain de Francisco Largo Caballero pour le pavillon espagnol de l'Exposition universelle de Paris de 1937. Sous les toits de son atelier parisien de la rue des Grands-Augustins, le peintre travaille d'arrache-pied et la livre en quatre semaines.
«Quelques jours ont passé avant que Paris n'apprenne ce massacre. Un million de manifestants descendent dans les rues. On demande à Picasso de peindre une fresque pour l'exposition universelle. Il procède à des ébauches dans son atelier. Trois mois plus tard, Guernica est présenté au pavillon espagnol. Le tableau est d'abord mal reçu, mais emporte vite les suffrages, au fil des expositions en Europe et en Amérique du Nord» écrivait Roger Cohen, en 2012 date du 75e anniversaire du tableau, au New York Times.
Conservé aux États-Unis pendant toute la dictature franquiste
«Ce tableau résume plus que tout autre l'esprit de la guerre moderne. Les bombes de Hitler tombent, pour le compte de Franco, un jour de marché dans le nord de l'Espagne. Tout n'est que contorsion et dislocation. Un homme hurle, un enfant gît inerte, un cheval hennit: chaque expression exige, à sa façon, de savoir pourquoi les Cieux apportent la mort et non la lumière», analyse l'éditorialiste britannique.
Conservé pendant toute la dictature franquiste aux États-Unis, le tableau ne revint qu'en 1981 en Espagne, une fois la démocratie installée après la longue dictature de Franco (1939-1975). Quelques années avant sa mort, Picasso avait lui-même demandé que Guernica ne soit rendu à son pays natal que lorsque les libertés publiques y seraient restaurées.
Pour célébrer le 80e anniversaire de la création de Guernica, le musée Reina Sofia présentera jusqu'au 4 septembre à Madrid l'exposition Le chemin vers Guernica. L'occasion de «contempler près de 150 chefs-d'œuvre de l'artiste, en provenance des fonds de la collection (du musée) et de plus de 30 institutions du monde entier» précisait, en janvier dernier, le musée national d'art moderne et contemporain.
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2017/04/26/03015-20170426AR...
son précédent spectacle:
Allez applaudir "Le procès en hérésie de Federico Garcia Lorca" au théâtre de la Clarencière jusqu'au 1 oct. 2016. Cinq comédiens brûlants de vérité! https://artsrtlettres.ning.com/…/le-proc-s-en-h-r-sie-de-fed…
Et il est présent sur Arts et Lettres! Quelle découverte! https://artsrtlettres.ning.com/profile/JosePerez
Les photos du spectacle: https://www.facebook.com/plusde500billetsdeDHL/