« Il faut vivre d'amour, d'amitié, de défaites
Donner à perte d'âme, éclater de passion
Pour que l'on puisse écrire à la fin de la fête
Quelque chose a changé pendant que nous passions… »
Elle excelle dans les montages poétiques de la chanson française : on se rappelle en 2014 le délirant Welcome to the années folles et en 2012, son explosif Cabaret du Chat Noir. Le spectacle créé cette fois par Laurence Briand a encore du cœur, du corps et du mouvement et toujours du Verbe! Cette fois, elle fait équipe avec une autre princesse de la Chanson française ressuscitée : Amélie Segers qui nous livra son inoubliable « Sous le ciel de Paris » sous la direction de Bernard Damien au théâtre du Grand Midi à Ixelles, en 2012.
Exploitant le poignant poème d’Aragon « Est-ce ainsi que les hommes vivent » , Laurence s’interroge sur le mystère de notre existence : Comment et pourquoi vivons-nous ? Le spectacle tout en roses de la saint-Valentin se mue en spectacle rouge sang, à moins qu’il ne s’agisse des noces avec la vie ? Les robes sont rouges, comme pour les mariages indiens. Un mariage pur-sang fait de poésie forte, de présence, de proximité, de dynamisme échevelé fait la nique à la léthargie ambiante, émaillant l’élan passionnel de lucides traces de désenchantement. Les deux artistes, que le destin scénique a réunies, sont toutes deux en marche, et chantent sans concession l’amour à travers l’enfance, la guerre, la solitude, la séparation pour terminer sur un crédo en la vie.
Texte, voix, musiques, jeu scénique, apprivoisent et enchantent le lecteur d’oreille. Les mélodies et les chansons de Reggiani, Barbara, Brassens, Ferré, Montand, Jean Ferrat, Brel et bien d’autres refleurissent soudain dans les cœurs, telles de fleurs sous une pluie soudaine en plein désert. Les yeux verts de renard et ceux de braise brillent de la connivence qui s’établit de part et d’autre de la rampe. La diction impeccable des jeunes artistes, leur souffle et leurs visages œuvrent sans complexe dans une proximité bouillonnante, ajoutant dans les chansons tout ce dont on ne se souvient pas ou plus, soulignant ce qu’on n’avait jamais remarqué avant à l'écoute des vieux vinyls. C’est un transport de bonheur partagé. Les deux consœurs mimétiques vivent la mélodie et le texte à fleur de peau tandis que le pianiste brode son clavier et leur sert de temps en temps de tiers révélateur. Seuls « leurs baisers au loin les suivent, comme des soleils révolus! » Et pour nous, le cadeau de leur mise en oreille de textes et mélodies impérissables!
Sûr que face à la violence de la vie, il faut vivre, nous soufflent Reggiani et ses prêtresses, « pour pouvoir écrire à la fin de la fête : « quelque chose a changé pendant que nous passions ! » Lisez: « Passion ».
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Dans le cadre de la St Valentin
Avec : Laurence Briand et Amélie Segers
Au piano : Arnaud Giroud
Montage des chansons en spectacle : Laurence Briand
Coaching vocal : Marie-Laure Coenjaerts
Mise en scène : Hélène De Wilde
Production : Toc Toc Art
Les mercredi 11, jeudi 12, vendredi 13 et samedi 14 février 2015 à 20h30 NB. Nouvelles dates en Mars!
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Maintenant à la Samaritaine (Bruxelles) du 15 au 19 novembre à 20H30 ensuite au Centre Culturel Action Sud à Viroinval (à la frontière française, à proximité de Chimay) le 9 décembre à 20h.
L'interview de Laurence Briand http://cultureremains.com/ainsi-hommes-vivent-spectacle/
Comment votre troupe de comédiens cabaretiers s’est-elle formée ?
Au départ j’avais envie de créer un spectacle musical de chansons françaises. Et j’ai eu l’occasion de faire partie des ateliers de la chanson où j’ai rencontré Amélie Segers qui est également une grande passionnée de chanson française. Je lui ai donc proposé de rentrer dans l’aventure avec moi, ce qu’elle a tout de suite accepté. Quant au pianiste, Yvann Drion, nous avons le même professeur de chant (Marie-Laure Coenjaerts, également coach vocale du spectacle – ndlr) qui nous a présentés, le feeling est tout de suite passé et nous travaillons depuis sur deux spectacles ensemble, celui-ci et « Sur un air de cinéma ».
Pourquoi avez-vous désiré faire un spectacle de ce type ?
J’aime l’ambiance des cabarets, j’aime le mélange du chant et du théâtre. J’adore la variété dans un spectacle et cette forme permet de passer d’une ambiance à l’autre, d’un personnage à l’autre. Le public ne s’ennuie pas. En Belgique, il y a peu de spectacles cabaret et c’est dommage car, quand on est en France, on remarque l’immensité des spectacles musicaux proposés et on constate que c’est vraiment ancré dans la culture française. D’ailleurs, au festival d’Avignon, il y a une rubrique « spectacle théâtre musical » et c’est super.
L’époque des années 30 jusqu’aux années 70 semble vous passionner (allusion à votre spectacle sur le cinéma traitant plus ou moins de la même époque). Est-ce simplement pour les chansons de cette époque ou plus largement pour toute l’ambiance de ces années traversées par des périodes difficiles (la guerre) et par des périodes d’abondance ?
Oui cette période me fascine. Le vocabulaire était d’une richesse et d’une recherche incroyables. On racontait des histoires au travers des chansons, on était dans l’universel. Les accompagnements se faisaient avec de vrais musiciens en live. C’était une époque riche du point vue de la chanson. Il y avait un nombre invraisemblable de chansonniers de grands talents, Brel, Ferré, Ferrat, Reggiani… mais aussi la chanson réaliste des années 30. Les chansons pouvaient même être drôle tout en étant cruelles, comme la chanson de Francis Blanche « Ca tourne pas rond » que j’interprète dans le spectacle. De plus, ce sont des chansons qui parlent à tout le monde. Aux jeunes parce qu’ils découvrent parfois des chansonniers qu’ils ne connaissaient pas et aux plus âgés parce qu’ils redeviennent nostalgiques d’une époque où les mots et le verbe avaient une importance. Et, bien évidemment que cette époque était difficile, traversée par une guerre, et du coup les préoccupations s’en ressentent que ce soit chez Barbara ou même chez Boris Vian avec Le déserteur. Concernant la chanson, cette époque est pour moi un puits inépuisable et chaque fois que je crée un nouveau cabaret je suis émerveillée car je fais toujours de nouvelles découvertes de chansons qui sont de vrais petits bijoux de drôlerie comme Veuve de guerre ou encore Frantz.
Que pensez-vous de la musique française actuelle ?
J’écoute la chanson française actuelle et je suis toujours à la recherche de nouvelles choses en dehors des sentiers battus comme la chanteuse L que j’aime beaucoup. La chanson actuelle propose de belles choses mais elle est souvent ego-centrée. On s’éloigne pour moi de l’universel. Et évidemment, il n’y a pas cette conscience collective que l’on retrouve dans la chanson des années 30-70 ce qui est bien évidemment normal puisque nous n’avons pas le recul nécessaire.
Cela prend-il beaucoup de temps de mettre sur pied ce spectacle ?
La création de ce genre de spectacle est très exigeante. Je cherche d’abord l’idée centrale afin de définir le sujet principal du spectacle (dans ce cas-ci une ligne de vie) ; ensuite, je passe à la phase « recherche et documentation ». Puis, à la phase de « construction ». J’assemble, je construis, je déconstruis. Je multiplie les versions. Cette phase-là prend facilement deux mois. Et ensuite, il y a la phase de lecture où je me rends compte des aménagements à faire, ce qui prend encore deux bonnes semaines. Vient alors la phase répétitions des chansons qui prend un bon mois. Et pour terminer, la phase de création, avec mise en scène et répétitions qui prend également entre un et deux mois.
Quelles sont les chansons les plus compliquées à interpréter ? Et les plus faciles ?
C’est surtout l’écoute qu’il faut apprivoiser et tenter de marier aux mieux les trois voix qui sont sur le plateau. Trouver la tonalité qui conviendra à tout le monde pour les chansons communes.
Quelles sont vos chansons préférées ?
Dans le spectacle, j’aime beaucoup Le petit garçon de Reggiani.
Que diriez-vous pour inciter les gens à venir voir ce nouveau spectacle ?
Je dirais que c’est une belle manière de redécouvrir des chansons et peut-être d’en découvrir de nouvelles. Surtout que le parti pris de ce spectacle est de chanter les chansons mais également de les théâtraliser en les parlant. Ce qui permet d’entendre la chanson de manière différente. En effet, tout ce qui est dit est issu de chansons, parfois redécoupées, entrecoupées d’autres textes d’autres chansons. Un doux mélange qui interpelle le public qui peut s’amuser à reconnaître les chansons et qui pourra sûrement les fredonner avec nous. De plus, ce spectacle donne la pêche et met de bonne humeur ce qui en ce début d’hiver, n’est pas de refus.
Ce spectacle minutieusement préparé et interprété est donc à ne pas manquer !
Revisionnez la vidéo du teaser, retrouvez toutes la présentation du spectacle et plus d’informations sur le spectacle sur le site de Toc Toc Art !… Un petit passage qui vous ouvrira l’appétit pour aller les voir de plus près, en live, sur les planches !
Quelle belle brochette d'artistes! Playing soon! @LA SAMARITAINE!
Une très belle saison avec les reprises de "Est-ce ainsi que les hommes vivent?" à La Samaritaine du 15 au 19 novembre 2016;
AND also:
"14-18 par des artistes belges" au Théâtre Poème les 5 et 6 novembre 2016,
+ "Sur un air de cinéma" en tournée à Jodoigne, Café de la rue, La Roche-en-Ardenne, Soignies, Martinrou, Waterloo, Perulwelz, Samaritiane. Toutes les dates sur www.toctocart.com
NB. pour Welcome to the années folles et Cabaret du Chat Noir, Les montages textuels ont été réalisés par Rosalie Vandeportaele
http://www.bellone.be/fra/persondetail.asp?IDfichier=1918651