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Charleroi :: Exposition d’artistes précaires

Du 26 au 28 novembre dernier, la salle culturelle La Braise a accueilli l’exposition de quatre artistes, mais pas n’importe lesquels. Des personnes précarisées, qui utilisent l’art comme moyen d’expression et l’exposition comme lieu d’échange et de rencontres.

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Pendant trois jours, 250 personnes ont visité l’exposition de quatre artistes, peintres et sculpteurs. Selon Piet, initiateur du projet, « les sculptures, tu peux les frapper, les couper, les caresser et recommencer. Avec la peinture, tu peux expliquer beaucoup de choses (colère, angoisse, tristesse, peur, espoir) sans rien dire. » (Photo Solidaire, Sophie Lebeau)

L’Atelier Piet asbl et la Braise culture se sont associées pour donner la possibilité à des artistes méconnus et n’ayant jamais exposé de pouvoir montrer leur travail. 

Rosalia Biancucci, peintre, a eu un parcours de vie difficile. La peinture lui a permis de se passionner et d’exprimer ce qui la touche au plus profond d’elle-même. David Massarelli, peintre également, a été étudiant aux Beaux-Arts. Au bout d’un certain temps, il a succombé à l’attrait d’un travail salarié n’ayant aucun rapport avec sa passion. C’est pourquoi il profite du projet de la Braise et de l’Atelier Piet et ose enfin proposer ses créations longtemps restées au placard. Le fait de se « greffer » à cette équipe lui donne plus de confiance et plus de motivations. Et, finalement, de lui permettre d’exposer, simplement. Pino Bonelli, peintre et sculpteur, est touche-à-tout, rêveur autodidacte. Il se définit comme artiste (peintre, sculpteur et auteur-compositeur-interprète). Il ose espérer que même s’il avait été riche, ce fait aurait été le même, car l’art fait partie de lui. Pino se revendique « cigale au pays des fourmis » ! Piet Vandenhende, peintre et sculpteur d’origine courtraisienne, est l’initiateur du projet. Il est heureux que des artistes aient confiance en lui pour exposer ensemble et est heureux de pouvoir partager avec eux son expérience (Montmartre, expo à la prison de Jamioulx).

Exposer seul, c’est un parcours du combattant

L’Atelier Piet asbl et la Braise culture se sont associées pour donner vie à ce projet. Leurs objectifs se croisent. A l’Atelier Piet asbl, on organise des ateliers d’arts ouverts à toute personne précarisée qui n’a pas la place ni les moyens de s’adonner à son art en privé. Cette asbl se veut être un pont entre la précarité et l’académie. La Braise Culture asbl, elle, se veut un forum d’échanges et de rencontres entre tous les types de cultures (art, cultures ethniques, culture ouvrière,...), en rassemblant le front le plus large possible dans la région parmi les syndicalistes, progressistes, immigrés, groupes sociaux et culturels.

Pourquoi réaliser cette exposition ensemble ? Pour motiver des artistes à montrer leur travail, car les artistes qui n’ont pas la chance d’aller plus loin, souvent, se découragent. Et puis, parce qu’une expo c’est motivant et encourageant ! Parce qu’exposer seul, c’est un vrai parcours du combattant, que ça coûte cher et que les artistes ne savent pas par où commencer. Et parce que l’art est une forme de guérison. Pour les personnes seules, les personnes qui rencontrent des difficultés dans le quotidien (maladie, alcoolisme, délinquance, problèmes financiers) et qui ont, donc, une vision différente de la vie et de la société, l’art un exutoire, un moyen de donner le meilleur de soi. Enfin, parce qu’une expo comme celle-ci est un lieu de rencontres et d’échanges qui peut ouvrir des portes.

Les deux asbl aimeraient reconduire ce projet tous les trois mois. Si vous êtes artistes ou en connaissez (stylisme, photo, bronze-fer-verre, sérigraphie), contactez Piet (Atelier Piet asbl) : 0485 10 65 52 ou Sophie (La Braise Culture asbl) : 0472 30 80 08 ou labraisecharleroi(at)hotmail.com .

Piet, artiste et initiateur du projet

Piet a eu un parcours atypique : « ex-taulard », ex-SDF et alcoolique abstinent depuis trois ans. « Un jour, j’ai eu un “flash” et j’ai décidé d’arrêter, pour prouver à mes enfants que je suis quelqu’un de bien, quelqu’un de normal. » Et selon lui, l’art a joué un rôle important dans ce changement radical, « car les sculptures, tu peux les frapper, les couper, les caresser et recommencer. Avec la peinture, tu peux expliquer beaucoup de choses (colère, angoisse, tristesse, peur, espoir) sans rien dire. » L’art a été un exutoire à son mal-être, un moyen de réinsertion. Piet veut aujourd’hui « prouver qu’il est possible de s’en sortir grâce à l’Art ! ». La devise de Piet, c’est qu’« ensemble, on est plus fort. Souvent, les artistes n’ont pas les moyens ni les connaissances et, puis, ils ont peur de se lancer. Un projet tel que celui-ci ouvre des portes (rencontres intéressantes, opportunités d’autres expos). » Dernière chose à noter, cette exposition a rassemblé des artistes francophones et néerlandophones. Selon Piet, « cela prouve qu’il n’y a pas de racisme entre Wallons et Flamands…ou alors, juste au gouvernement ! »

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