Statistiques google analytics du réseau arts et lettres: 8 403 746 pages vues depuis Le 10 octobre 2009

administrateur théâtres

« Je ne te servirai plus de poupée gonflable… » 13344542_10209700038360510_6635381921918966401_n.jpg?oh=85edead30bb57179bf7c393c0a8362c2&oe=58029A9F

Tout commence par ce qui semble être un massage cardiaque, à moins qu’il ne soit d’une autre nature… La comédienne est belle à ravir : frange bombée de poupée, casque de cheveux aux reflets auburn  et dorés intenses, parfaitement peignés, joues roses, bouche en cœur ravissante sur une dentition parfaite. Lascivité mécanique. Un corps musclé et souple, beau de partout et sous tous les angles. Des habits d’écolière comme Alice et  presque une princesse égyptienne, pour le maquillage. La diction est exquise, les mouvements, de vrais miroirs de l’âme. Symboliquement infantile. Son nom : Daphné Huynh, prononcez Win. And she won, believe me!

13346445_10209849338571276_7800055680928850477_n.jpg?oh=23dd47cab25f16dfaf55c703ee72ec88&oe=57D04091

Comment l’esprit vient aux  filles… et aux femmes de ce début du 21e siècle est la question innocente posée par  Naomi Golmann, la jeune auteur du spectacle dont c’est le premier opus. A l’heure où le foulard et la burqa risquent de mettre en danger les faibles acquis du mouvement féministe (une goutte dans l’océan de l’histoire), voici  Daphné et Naomi transformées en  équipe féminine de choc  pour faire la peau à la Walt niaiserie qui encombre le corps et l’esprit de tant de jeunes filles et femmes modernes. Ce n’est pas que ces deux complices  nient l’utilité des contes, bien au contraire. Enfants, elles ont aimé les contes et savouré  plus tard la lecture complexe de la « Psychanalyse des contes de fées »  de Bruno Bettleheim  où chacun peut se retrouver dans la symbolique de l’un ou l’autre personnage de Perrault ou d’Andersen.   Ces contes, racontés et lus aux  jeunes enfants,  relus à l’aube de l’école primaire, avaient un caractère fondateur sur la notion de bien et de mal, sur la cruauté qui existe et sur les épreuves que chacun doit s’attendre à surmonter pour accéder à la maturité et devenir des adultes équilibrés et heureux.

Ils avaient  un impact symbolique considérable sur l’évolution des enfants jusqu’à… l’avènement des générations Disney. Malgré quelques plantes et monstres  bien effrayants, la représentation cinématographique, quoique très esthétique et merveilleuse a quelque chose d’enfermant, et semble avoir ôté aux contes lus ou racontés leur mystérieux pouvoir de développement de l’imaginaire et de l’introspection. Le modèle édulcoré et univoque de la princesse belle à ravir, gonflée de partout, semble avoir vidé les contes de  leur sens et de leur substance.  Le cœur de la nouvelle princesse – mais est-elle une princesse ? est un trou béant. «  Qu’on m’arrache le cœur, qu’on l’enferme dans une boîte et qu’il s’arrête de me battre! » se plaint la jeune comédienne. La princesse n’est plus qu’une coquille vide en attente de panoplies de Barbie et d’un  hypothétique prince charmant.  

13418803_10209847030233569_2019058496389322363_n.jpg?oh=75470cda356428b265e931a06d3aeab7&oe=57C534AE 

Le texte de BABYDOLL écrit par Naomi Golmann est le résultat d’un questionnement personnel intime et profond, d’une écriture très forte, cathartique sans doute,  lentement distillée sur une période de trois ans.  Féroce, sexy et pudique à la fois,  cette écriture dénonce les  dérives de notre imaginaire dans un langage cru et parler vrai, truffé de double-sens en séries. A notre époque, tout d’abord la princesse n’existe pas, elle est la boulimie des hommes comme Nabilla Benattia et autres consœurs, un fantasme ambulant créé pour  lui plaire, et si possible aussi vide qu’une poupée de porcelaine qui aurait perdu son mécanisme. Ou alors, totalement cynique.  De plus, le prince n’est qu’un Peter Pan fétichiste, « puer aeternus », enfant-roi qui refuse de grandir et qui, lorsqu’il rencontre la jeune fille, a  souvent déjà derrière lui  une solide exposition à la pornographie. Vivent les nouvelles technologies! Nous sommes à l’envers du conte! Les syndromes de Cendrillon, Belle-au-bois-dormant, Blanche-Neige et autres sont disséqués avec humour et raison. Car la réification de la femme, quoi qu’on en dise, va bon train! Parodiant Simone de Beauvoir, Naomi Golmann  déclare « On ne naît pas femme, on pratique les hommes et on le devient. »

BBDoll21.jpg

Sur scène et dans la mise en scène au scalpel percutante et  poétique de l'auteur, l’esprit, le corps et les cinq sens en éveil se confondent et se répondent comme dans une série harmonieuse de haikus.  Lewis Carroll est l’esprit frappeur, et Walt Disney l’esprit frappé. Pole dancing verbal et écriture physique se croisent en un ballet fulgurant de vérités. La  parodie des  dérives modernes : le jeunisme obligé,  la séduction féminine codifiée à outrance, l’hyper sexualisation dès le plus jeune âge, bat son plein  pour devenir  à son tour,  une sorte de conte  post-moderne, raconté avec verve par deux jeunes femmes désenchantées. Est-ce ainsi que les hommes vivent?

13403119_10209823002032879_7292988694313966854_o.jpg

Bbdoll

Par : Daphné Huynh
Ecriture et Mise en scène : Naomi Golmann
Lumières : Arnaud V. Acker 
Musique originale : Witold Bolik

Crédit photos spectacle : Antoine Lanckmans

Crédit photo affiche : Christian Laloux

mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 juin 2016 à 20h30

AU THEATRE DE LA CLARENCIERE

Rue du Belvédère 20-1050 Bruxelles

Infos Réservation : 02 / 640 46 17

http://www.laclarenciere.be/

Presse :

- L'économie du matin - http://www.economiematin.fr/news-theatre-crowdfunding-bb-doll-zuckerfree-cie-bruxelles

Helpline?

 C'et la mode... et c'est efficace pour soutenir dans leur envol les toute jeunes compagnies: PLUS QUE 8 JOURS :https://www.kisskissbankbank.com/projects/71402 Ne les laissez pas tomber en panne! 

Aidez-nous à donner vie à #bb_doll, la femme-enfant / femme-objet / femme-poupée de la TDZ cie !
KISSKISSBANKBANK.COM|BY KISSKISSBANKBANK
Envoyez-moi un e-mail lorsque des commentaires sont laissés –

Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !

Join Arts et Lettres

Sujets de blog par étiquettes

  • de (143)

Archives mensuelles