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Publications de Yvette Hulin (83)

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BRUMES DE NOVEMBRE (extrait de 'Confiance')

Perdue dans le brouillard de mes pensées…

Brumes de novembre, jour de Toussaint,

Loin des années passées me rendant oppressée.

Seul me manque le rendez-vous des cousins.

 

Les fleurs comptées vérifiées par mammy,

Les pesantes obligations de la matinée,

Les retrouvailles chaleureuses de l’après-midi,

L’irréelle envie d’encore tous les retrouver…

 

La douleur de ton absence me fait peur.

Je refuse d’en parler si ça ne vient pas de moi.

Je sais que ton départ a brisé leur cœur

Et plus rien ne sera jamais pareil sans toi.

 

Journée douillette où je m’accroche à ma foi…

Une fête, où seuls toi et moi, cœur à cœur,

Nous trinquerons à l’Amour et ferons repas de roi.

Avec toi, la mort ne me fera jamais peur.

 

De l’autre côté, si près de moi, à vie tu seras là.

Il me faut toutefois continuer à bien vivre.

Aux larmes à la douleur, tu as mis halte là,

Tu m’as fait promettre de plus que survivre.

 

Toujours pour toi et en ton seul nom,

J’ai relevé là tête et avancé dans le brouillard:

Un avenir m’attends de l’autre côté du pont.

Il me suffit pour cela de croire à mon art.

 

 

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MORTELLES VACANCES

 

Pendant des années, je me suis inquiétée des uns et des autres, pris des nouvelles, envoyé des tonnes de messages téléphoniques ou de mail… Cela me semblait la normalité.

Aux fêtes importantes, je préparais des vœux originaux quelques jours avant la date. C’était pareil pour les anniversaires. J’étais présente virtuellement lors de gros chagrins, de départs pour un monde meilleur, de fêtes familiales ou autres… Je tenais d’ailleurs un agenda pour ne pas oublier.

C’était sympa, j’ai reçu des réponses de mes correspondants souvent émus que j’y aie pensé. Mais rarement, c’était l’inverse. Même mon anniversaire passait à la trappe… On me répondait parce que j’y avais songé en premier. A vrai dire, si mon mari n’y était pas dupe, je trouvais cela normal. Il en fallait bien un ou une qui commence. Et j’étais celle-là…

Il y a un peu plus de deux ans, j’allais très mal autant moralement que physiquement… On m’en a même voulu de changer, de me refermer comme une huître… Qu’aurais-je bien pu avoir à leur dire à ceux qui ne prenaient jamais de mes nouvelles ? Était-ce à moi de leur en donner ?

J’étais dans les difficultés… Sans en parler, les plus attentifs s’en sont aperçus et m’ont demandé ce qui se passait. Je ne suis pas de celles qui pleurent sur leur sort. Mais parfois, ça fait du bien de se confier. Ca fait aussi du bien de recevoir des marques d’affection aussi petites soient-elles…

Parfois, dans une solitude imposée par les vacances des uns et des autres, par le mauvais temps, le manque de transports, les tarifs qui augmentent pendant les mois de juillet et août (rien n’est gratuit et quand on a peu de moyens…), un seul petit ‘Coucou, comment ça va ?’ peut mettre un rayon de soleil pour toute la journée. Pourtant, quand on a besoin d’une présence attentive ou d’un conseil, de jour comme de nuit, on se souvient de mes coordonnées…

Beaucoup décrient les réseaux sociaux… Pourtant, bien utilisés, ils sont une petite merveille : des petits bouts de cœur qu’il faut découvrir ça et là mais qui existent bel et bien. J’ai notamment trouvé quelques merveilleuses amies que je ne rencontrerai peut-être jamais en vrai, vu la distance, mais qui me sont bien plus proches que certains qui pourraient venir me rendre une petite visite de temps en temps. Ces amies me font me sentir exister pour quelqu’un… C’est ce qui manque bien souvent à ces gens qui finissent par mourir de solitude...

On me rétorquera que j’ai des activités et une vie sociale plus que satisfaisante. Heureusement. Mais durant ces deux mois de vacances, cette vie est mise entre parenthèses, chacun ayant sa propre vie privée. C’est alors que la solitude se rappelle à vous. Sournoise, elle vous vous fait penser que, peut-être vous n’avez pas su y faire du côté de l’amour. L’angoisse de mourir seul et que personne ne le remarque recommence à se lover dans vos tripes tel un serpent qui n’attend que son moment pour vous étouffer…

Je n’en veux à personne. Chacun a sa propre vie bien remplie. Combien de fois n’ai-je entendu ou lu, après un long moment de silence : ‘Je ne t’oublie pas, mais je n’ai pas le temps’…

Combien de temps cela prend-il pour écrire un sms ou un mail : ‘Coucou, comment ça va. Bisous’… et l’envoyer ?

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LA NUIT DES ETOILES FILANTES

Je n’y ai jamais cru auparavant. J’étais bien trop rationnelle pour cela. Et j’avais les pieds bien ancrés sur le sol. Je croyais que je n’avais pas le droit de rêver… J’étais heureuse et cela me suffisait. Jusqu’à ce que tout s’effondre…

J’avais déjà vécu une première nuit des étoiles filantes le cœur gros parce que mon mari était à l’hôpital, qu’il avait subi une opération très conséquente et qu’il lui fallait encore en subir une toute aussi importante quand il aurait repris des forces. Des amis nous avaient invités, notre fils et moi, à passer cette nuit autour d’un feu de camp en chantant des chants scouts au son de la guitare… Je me suis surprise à faire le même vœu, en boucle, à chaque fois qu’une étoile tombait. Et il a fini par se réaliser.

Beaucoup d’étoiles ont dû ainsi chuter depuis cette fameuse nuit… Je n’y ai plus pris attention. Je ne souhaitais plus rien depuis que tout avait fichu le camp. Ma petite vie bien réglée s’était transformée en une mélasse glauque dans laquelle je m’engluais…

Et pourtant dans l’univers, une étoile a continué de briller plus fort que les autres. Elle a fini par atteindre mon imaginaire et m’a permis de renaître de mes cendres. Et je me suis autorisée à rêver… A oser croire que l’univers n’est pas aussi grand qu’il n’en a l’air et qu’il peut être à ma portée.

Autrefois, quand je regardais le ciel étoilé, je me sentais si minuscule. Maintenant, je suis grande et les étoiles semblent si petites que je me sens enfin importante. Plus pour quelqu’un en particulier, mais bien pour cet univers dont je fais partie. Elles se mettent même à mon service pour réaliser tous mes vœux…

Cette nuit, pour la toute première fois, je voulais leur en faire part. J’espérais qu’elles seraient nombreuses à vouloir me faire plaisir… Hélas le ciel était tout moutonné.

Ma sœur m’avait un jour dit : ‘Quand tu seras trop triste, regardes le ciel… S’il y a des nuages, c’est Claude qui est en train de les ranger et s’il pleut, c’est qu’il fait le grand nettoyage… tu sais comme il était maniaque du rangement et de la propreté’. Cette nuit, il a dû donner un sérieux coup de balai pour que je puisse voir ces trois braves étoiles chutant à toute vitesse. Et moi pensant très fort à ce que je souhaitais qui se réalise un jour. J’ignore quand, mais je n’ai aucun doute : cela se réalisera. Peut-être n’est-ce qu’un rêve. Mais qu’il est bon de rêver…

J’avais d’autres vœux… ce sera pour une autre nuit magique. Je ne suis pas pressée. Je sais que ma vie sera longue. Et que l’univers a d’autres étoiles qui me sont réservées.

 

 

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ATTENTION! PEINTURE FRAICHE

Un jour, mon grand-père demande à mon mari de bien vouloir le conduire « derrière la gare ».  Cette expression était et l’est encore je le pense, courante pour désigner la rue commerçante un peu snobée par les gens du « village ». Le mot « village » étant ici utilisé pour en situer le centre. C’est peut-être un peu compliqué pour les personnes de l’extérieur, mais notre territoire est très morcelé dans l’esprit des habitants : le petit village, le grand village, derrière la gare, Marche, ainsi que les hameaux…  On est toujours de quelque part mais on le reste durant toute sa vie quoi qu’on fasse. Et nul besoin d’expliquer que l’on colle une étiquette à chacun selon la réputation (vraie ou fausse) de l’endroit où il habite.

Cette digression nous éloigne quelque peu de ce jour de fin de siècle où mon grand-père pour qui internet ne voulait rien dire, demande à mon époux de l’emmener acheter des pots de peinture pour rafraîchir sa maison.

Comme je m’étonnais, qu’ayant deux magasins tout près, il lui fallait aller voir ailleurs, il se fâcha pensant que nous ne voulions pas accéder à sa demande. Il avait bien le droit d’aller voir là où il en avait envie et ce n’est pas nous qui lui empêcherions de suivre son idée…  Quand il était dans cet état, inutile, bien sûr de le contredire. Mais, si nous voulions bien l’emmener où il le désirait, encore fallait-il qu’il y eut un magasin. Or, il y avait bien longtemps que la boutique n’existait plus « derrière la gare »…

Furieux et conforté dans son idée que nous refusions de lui rendre service, il se dirige vers la remise où il mettait le tas de journaux destinés à la récolte sélective et en revient avec une publicité… Triomphant, il me dit : « Tu vois, toi qui sais toujours tout, qu’il y a bien un magasin de peinture ». Partagée entre l’envie d’éclater de rire et de garder mon sérieux devant le visage furibond de mon grand-père, j’essaie d’avoir assez de diplomatie pour lui expliquer la différence entre émail et [iméél[… Que ce n’était pas un magasin de peinture mais bien un informaticien qui offrait ses services et notamment la possibilité d’envoyer des emails à un prix attractif. Mais pour quelqu’un qui n’avait jamais approché un ordinateur, ce que je lui disais équivalait à lui parler en hébreux. Nous l’avons quitté furibond non sans lui avoir proposé de lui démontrer que c’était la réalité. Il détestait avoir tort…

Quelques jours plus tard, il était occupé à repeindre sa cuisine quand nous sommes arrivés. Je ne lui ai jamais demandé d’où venait la peinture, il ne s’est jamais excusé de s’être emporté mais il me dit : « C’était bien un magasin d’informatique ».  Il était bizarrement « passé devant » à bicyclette, alors que ce n’était pas son circuit normal. Ma grand-mère l’appelait ‘Saint Thomas’. Mais ainsi l’honneur était sauf.

 

 

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DIALOGUE DE SOURDS

Comme je m’enquérais auprès de maman des résultats scolaires de mes petits-enfants que je ne vois plus depuis deux ans maintenant, la conversation a glissé tout naturellement vers ce dont elle était la plus fière : la réussite de mon neveu. Je le savais puisqu’il l’avait annoncée sur facebook… Mais vu que j’étais très contente pour lui, cela me faisait plaisir d’en parler avec elle. Nous n’avons plus beaucoup de sujets de conversations et encore moins ceux pour lesquels nous sommes d’accord. Et comme elle est âgée et de santé précaire, je préfère ne pas la contrarier.

 

Comme elle me semblait bien disposée, je suis passée outre du fait que j’avais réussi le même cursus il y a une vingtaine d’années. Mais à l’époque, elle avait estimé qu’à 39 ans, c’était mon âge, on avait autre chose à faire que deux ans d’études en plus de son travail et du ménage. Le diplôme obtenu était passé, pour elle, à la trappe. Et j’en avais pris mon parti. J’avais toutefois fêté l’événement avec mon mari et mon fils. Et c’était ce qui m’importait.

 

Je l’ai laissée pendant quelques instants à sa fierté… Et puis, naïvement, je lui dis : « Moi aussi, j’ai reçu mon diplôme ».

-         Ah ! De quoi ?

-         Tu sais que j’ai fait trois années de sophro ?

Haussant les épaules :

-         Ah oui, « ça » ! Tu aurais pu faire institutrice.

-          Tu sais que je suis à la retraite ?

-         Oui, mais institutrice, ça aurait pu te rapporter de l’argent. Tu n’auras encore rien avec « ça ».

-         Je ne vois pas pourquoi j’aurais fait institutrice, j’ai fait un métier qui me plaisait et j’avais un salaire…

-         De toute façon, ça ne te rapportera encore rien…

Puis, tout naturellement, elle changea de sujet. Jamais elle n’a été fière de moi. Finalement, je n’aurai jamais été que la fille qui n’en a jamais fait qu’à sa tête et qui n’aura jamais rien, de sa faute.

Cette conversation aurait pu me mettre dans tous mes états il y a encore deux ou trois ans, mais je n’ai plus rien à lui prouver. Ni à qui que ce soit d’ailleurs. Il est vrai que la sophro ne me rapportera pas grand-chose financièrement mais, qu’est-ce qu’elle peut me rapporter au point de vue développement personnel et estime de moi qu’elle m’a refusé durant toute mon enfance !

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SERENITE

Quelle sérénité j’ai acquise ! Au fil des séances de sophro, des introspections, du travail fait sur moi-même, j’ai grimpé peu à peu les échelons vers la sphère des pensées positives quoi qu’il arrive.

Que pourrait-il d’ailleurs m’arriver de pire, sinon la mort ? Et elle ne me fait pas peur. Je suis croyante et je sais que je retrouverai mon Amour ainsi que tous ceux pour qui mon cœur a pleuré. J’espère aussi des retrouvailles avec tous mes petits compagnons qui m’ont aidée à surmonter les douleurs que les humains m’ont causées.

Il y a deux ans, on me promettait six mois de vie… Je suis aujourd’hui on ne peut plus vivante, de cette vie intense qui brûle dans mes veines. Au début, ce combat était une absolue nécessité et puis, il s’est transformé en force vive. Celle dont je me sers pour aider mes semblables à aller mieux. J’ignore si je deviendrai un bon sophro-conseiller, mais chaque personne que je rencontre me dit que notre entrevue lui fait du bien et lui rend espoir… Que faire de plus, sinon continuer dans cette voie ?

Je vis avec la douleur de l’arthrose au quotidien, j’ai une côte fissurée… et pourtant, cela ne m’empêche plus de faire de ma vie une fête perpétuelle. Je m’adapte. Il est des jours où cela va moins bien. Peu importe, je me repose et voyage dans mes livres, mes pensées ou sur internet… Et puis, cette douleur n’est-elle pas la meilleure des preuves que je suis bel et bien vivante ? Qu’est-ce que ça peut bien représenter face à un cancer rare qui vous menace de récidive ? Et ce, jusqu’à la fin de vos jours… Je fais confiance à mon super médicament, la dextérité d’un chirurgien qui n’a pas hésité à prendre ses responsabilités et qui pourrait encore venir à mon secours, au bataillon de spécialistes en tout genre qui prend soin de mon petit corps, mieux qu’une voiture à l’entretien au garage… Et en mes capacités d’avoir le dessus sur tout ennemi viral grâce à  l’activation de mes « petits soldats de la paix » que sont mes anticorps.

Quand au chagrin qui m’a habité pendant trop longtemps face à l’incompréhension, à l’in amour et l’éloignement d’êtres chers, il est devenu sérénité. Je n’en veux à personne, j’espère qu’un jour nouveau éclairera les cerveaux, je respecte leur volonté… Je ne suis pas celle qu’ils souhaiteraient… Tant pis pour eux, je suis enfin en accord avec moi-même et c’est ce qui importe. On ne peut plaire à tout le monde.

Et pour le reste, ce n’est que matériel… Il est inutile de me mettre la pression pour une décision qui ne viendra que l’année prochaine ou plus tard encore. Beaucoup de choses peuvent encore se produire d’ici là et je fais confiance en ma bonne étoile… En attendant, je profite de mon foyer tel que je l’ai aménagé.  J’ai aussi quelques idées pour colorer mon jardinet et profiter d’un printemps qui s’annonce radieux.

 

 

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14 FEVRIER 1976

14 février 1976… Le plus beau jour de ma vie, j’allais enfin pouvoir m’envoler.

Ce matin, les larmes…

Le discours fait à mes petits compagnons qui n’ont compris que ma tristesse…

Le petit câlin dans le divan où ils se sont encore plus appliqués à être adorables…

Dans deux mois, cela fera six ans que tu t’es endormi…  Et cinq anniversaires sans toi.

Comme tu l’as toujours fait, tu continues de veiller sur moi… La parution de ce bouquin n’est pas fortuite. Et tous ces gens si gentils… Tu resteras ma merveilleuse étoile.

Mais comment encore aimer ce jour de st Valentin ?

Chaque année, je revis, de plus en plus intensément, ce jour unique…

Mon lever après une heure ou deux de sommeil en alternance avec les larmes : nous nous étions disputés la veille, toujours à cause de ma grand-mère qui avait refusé que nous nous voyions,  comme nous le faisions chaque jour depuis nos fiançailles. La boule à l’estomac : tu m’avais dit que tu ne viendrais pas… Je n’en avais parlé qu’à ma sœur. Je l’avais chargée de venir me prévenir quand tu apparaîtrais  (je me préparais chez mes grands-parents qui m’avaient élevée mais le cortège démarrait de chez mes parents).

Les dernières recommandations de ma mère-grand qui seraient les dernières. Je me le jurai intérieurement. Ma pâleur extrême… Et toujours cette angoisse jusqu’à ce que mon frère et ma sœur apparaissent le sourire fendant leurs visages : tu étais là ! Tu ne m’avais pas fait faux bond. D’ailleurs, tu ne l’as jamais fait en trente-deux ans de mariage.

Et puis la sortie définitive de ma prison dorée pour voler vers la liberté, congratulée par les voisins postés le long du parcours long d’environ deux cent mètres… Et puis, toi et moi enfin ! Plus rien depuis ne nous a séparé.

Le reste de la journée s’est passé comme dans un rêve. Nous étions présents sans vraiment l’être : déjà seuls au monde.

La panne : il avait gelé toute la journée et la voiture garée devant le restaurant refusait de démarrer. Tous les hommes de la famille aujourd’hui disparus, en bras de chemise, poussaient ou donnaient des conseils. Le champagne et l’air frais m’avaient tellement grisée que je me suis affalée dans le divan une fois rentrée. Tu m’as laissé dormir et tu es allé me préparer du café fort. Tu as patienté le temps qu’il fallait : tu voulais que je profite pleinement de notre première nuit d’amour.

Une nuit rien qu’à nous… Plus rien ne nous séparerait jamais, nous nous l’étions promis. Ce lien perdure d’ici à là-bas… C’est pourquoi, à chaque st Valentin, je me sens tellement ‘double’ : la tête dans les nuages et les pieds sur terre, le cœur qui déborde d’amour et de larmes, l’œil humide et le sourire figé…

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TADAM! UNE BONNE NOUVELLE NE VIENT JAMAIS SEULE...

Dans la foulée, aujourd'hui, j'ai reçu les exemplaires que j'avais commandé de 'La petite fille qui aimait trop... les st honorés'...

Une année qui s'annonce littéraire pour moi.

Comme il ne paraîtra pas de sitôt en librairie, toute personne intéressée peut me contacter via ma boîte mail: 

yvette.hulin@skynet.be

En voici un extrait:

 « Ne bouge pas, arrête de respirer…

« Souffle maintenant… Encore… Encore… Encore… 

« Très bien.

« Maintenant, il va falloir que tu sois un petit peu courageuse.

« Ca ne va pas durer longtemps, mais pour guérir, il faut passer par-là »

 

Pas longtemps qu’il a dit Monsieur le Docteur, ça me semble une éternité à moi.

Je regarde maman en me pinçant les lèvres pour ne pas crier.

Son regard en dit long : si je ne suis pas sage, pas question de st honoré…

Mes yeux coulent tous seuls… Pourvu que ça s’arrête vite !

Ca s’est enfin arrêté.

Maman est fière de moi… Enfin, je ne sais pas, elle ne me l’a pas dit mais m’a offert le st honoré tant convoité.

Mais mon petit bras est tellement douloureux que j’ai du mal à porter la cuillère  à la bouche. Et pas question de me faire aider par maman. Je suis une grande fille maintenant, j’ai trois ans !

Plus tard, il y aura d’autres st honoré…

Ils auront tous le goût d’une récompense amplement méritée.

Quand maman en parle maintenant, j’ai l’impression qu’il s’agissait d’un simple caprice de ma part.

Je déteste les st honoré… Que dis-je ? Leur simple vue me donne envie de pleurer.

Une grande fille ne pleure pas n’est-ce pas ?

Eh bien, si, j’ai appris à pleurer… Mais cinquante ans plus tard !

 

 Pour voir la couverture, cliquez sur le lien suivant: 1B.jpg

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YOUPIIIIIEEEEEEEEEEE

Je viens de remporter mon premier prix d’écriture : le droit de paraître dans le recueil de formes brèves sélectionnées dans le cadre du concours d’écriture du Printemps des bibliothèques 2013 (organisé par la Bibliothèque centrale de la Province de Hainaut et les bibliothèques hainuyères)

Le prix remporté est : un bouquin sur les contes et légendes de Wallonie (peut-êtrematière à… ultérieurement ???) et ma place dans la plaquette qui sera distribuée dans toutes les bibliothèques de Wallonie ainsi que les institutions de la Province de Hainaut !!! Tadam !!!

Nombre de caractères imposés sur le thème : ‘Ô temps…’ 
Bon, faut aimer hein ? Ce n’est pas, à mon sens, ce que j’ai écrit de mieux mais puisque ça a plu…
Et bien sûr, y qu’à moi que ça arrive, ces choses-là, j’ai reçu un mot d’excuse parce qu’ils avaient attribué mon prix à quelqu’un d’autre (qui a été plus que correct) parce qu’il a signalé que ce texte n’était pas de lui. Ils ont donc dû procéder à la réimpression de la plaquette. Vu le truc, ça a dû leur coûter quelques euros ! 

Inutile de vous dire que je suis sur un petit nuage !!!

Donc, voici: Les cinq sens du temps

Aveugle, il trace mes rides
Sourd, il croque mes os
Insipide, il égare mes papilles
Inodore, il me parfume
Et à la fin, tremblent mes mains

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Je dirais que cette tumeur était le concentré de tout ce que j’avais amassé depuis le déclic que j’avais ressenti en moi en découvrant le corps inanimé de mon amour. J’ignore pourquoi, sans l’approcher, sans le toucher, je savais qu’il n’était déjà plus de ce monde… A l’instant même, j’ai ressenti une chose indescriptible, un choc d’une violence inouïe…  Il n’était pas possible que moi aussi, je ne m’effondre pas… Je pense que « ça » date de cet instant précis…

 

Au fil du temps, j’ai nourri de mes chagrins ce que j’appellerais une montgolfière immonde, vu sa forme… La perte de mon complice de toujours, celle de ma grande copine qui avait décidé qu’on mette fin à son calvaire en débranchant les machines qui la maintenaient en vie, mes déboires perpétuels et grandissants avec la famille, les enfants… des soucis matériels… un manque d’amour chronique… Elle a tout englouti goulûment.

 

Une fois ma boule de chagrin envolée, j’ai commencé ma convalescence…

J’avais mis à profit ce séjour à la clinique pour réfléchir à ce que serait ma vie… Je ne devais plus m’embarrasser de ces choses qui avaient empoisonné mon existence jusqu’ici…

 

J’ai passé des heures à observer le petit bout de ciel que je voyais depuis mon lit d’hôpital. Ce morceau d’univers me parlait…

Quoi ? Les nuages… Eh bien oui, ils sont chargés, énormes et pourtant, ils finissent par s’écarter… Parfois, une éclaircie… vite reprise d’assaut… Mais le ciel ne se décourage jamais… Même si parfois, il en pleure, même si sa peine inonde le monde… Demain, il fera meilleur.

 

Demain arrive toujours…  Mon petit bout de ciel me souriait quand j’ai enfin pu me lever…  J’étais toujours connectée à un tas de tuyaux mais on avait accompli sur moi un excellent travail et le reste ne dépendrait plus que de moi…

Sous ce ciel d’humeur changeante, je m’aperçus très vite qu’il y avait le monde… Je l’avais déjà vu auparavant, mais il me semblait différent…

Je n’existais pas pour ces gens affairés, souffrants ou soignants, visiteurs et travailleurs… vivants. Mais eux, existaient pour moi… Ils étaient ce qui me reliait à cet univers en marche… Bientôt, j’en referais partie… De la meilleure façon qui soit… J’y veillerais…

 

Mais ça commençait déjà à cet instant précis… On riait beaucoup dans ma chambre… Les infirmières adoraient y venir décompresser… J’ai bénéficié de toutes leurs petites attentions…

Je dormais peu… Je refaisais le monde avec l’infirmière de nuit…

J’étais connue à tous les étages où je déambulais avec mon pied à perfusions…  Ma kiné a vite démissionné… Elle était censée m’apprendre à respirer convenablement et à m’aider à marcher sans que je ne m’effondre…  Au début, il fallait bien qu’elle justifie son salaire… Alors, elle m’accompagnait dans le couloir où nous parlions sophrologie…

 

Chaque jour était un combat gagné… Ma victoire : une sonde, un redon, une perfusion enlevés… Jusqu’à ce que je sois libre de mes mouvements… Quelques jours plus tard, je quittais la clinique, forte de ce petit bout de ciel bleu ancré en moi… Cette espérance d’une vie nouvelle… Une autre chance qui était offerte à ma petite personne…

 

http://www.lulu.com/spotlight/Yvette13

 

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NUL N'A DEMANDE A NAÎTRE...

Nul n’a demandé à naître  du mauvais côté de la planète… Qui souhaiterait vivre de l’autre côté de la bonne fortune ?

Le monde s’éveille ce matin avec un village philippin rayé de la carte et le nombre de morts égal aux habitants de mon bourg. Quelques-uns verseront peut-être une larme et ensuite vaqueront à leurs occupations dominicales.

La planète crève de l’avidité, de l’individualisme et de l’inculture des uns et des autres. On s’inquiète du réchauffement, de la paupérisation, de la mainmise de la finance, des parachutes dorés, de la montée du racisme, de la xénophobie, de l’insécurité grandissante, de la mauvaise gestion des dirigeants, du manque de liberté, d’otages de pirates modernes… De-ci de-là des voix s’élèvent, des groupes réagissent, certains agissent… petites gouttes d’eau dans un océan d’égocentrisme.

Ce matin, une famille prendra son petit déjeuner sans songer aux dégâts causés sur la faune et la flore à cause de l’huile de palme qu’elle ingurgite sans modération, ni au sdf qui, pendant une nuit glaciale de l’hiver, crèvera  devant la porte fermée de la gare. Ensuite, les parents se partageront les tâches : conduite du grand au foot et de la ballerine à son spectacle de danse… Avant d’aller faire les courses en râlant que le magasin ferme ses portes bien trop tôt, sans songer que la caissière rêve d’enfin profiter de sa petite famille à qui elle ne pourra rien offrir d’autre que les pré-périmés qu’elle aura acheté à trente pourcents de leur prix.

Pendant ce temps, derrière le magasin, quelqu’un fait l’inventaire de la poubelle espérant trouver de quoi faire un repas ‘convenable’… Hélas, le directeur général a donné ses ordres : plus question de permettre à qui que ce soit de consommer sans payer. Alors, il s’en ira, tête basse, échafaudant des plans pour braquer le magasin. Beaucoup en rêvent, peu le font.

Les vrais braqueurs ne sont pas souvent ceux qu’on croit. Ils le font ouvertement en imposant des lois absurdes, abjectes parfois, qui profiteront toujours à ceux qui sont nés du bon côté de la fortune.

 

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COMME UN GAUCHER CONTRARIE...

A chaque fois que j’ai montré un soupçon d’exubérance, je me suis fait taper sur les doigts… Comme pour écrire de la main droite, la ‘belle main’ comme on disait à l’époque, à tout prix même si, étant ambidextre, la main gauche me démangeait…

J’ai été la poupée Barbie de ma grand-mère jusqu’à mon mariage… Elle pensait et agissait pour moi jusqu’à me dire ce que j’aimais et ce qui me déplaisais. Et j’acquiesçais. Non pas que je n’aie aucune personnalité mais à quoi bon la contrarier ? J’avais fait quelques tentatives et j’en avais subi ses foudres ou pire encore, ses reproches incessants ou ses simagrées qui fonctionnaient si bien : yeux de cocker larmoyants, profonds soupirs… Alors, pour elle, j’écrivais mon comportement et mon apparence de la main droite.

Et, pour être tranquille, je continuais d’accepter son mauvais goût et l’obsession du qu’en dira-t-on de mon grand-père… J’étais la parfaite petite Martine des couvertures de la collection du même nom, avec mes robes d’un autre temps et mes petites culottes en dentelle que ma grand-mère achetait sur le marché avec les pièces de monnaie de ma tirelire… puisque c’était ce que j’étais censée avoir envie. J’avais d’ailleurs fini par le croire.  Malgré que j’aurais tellement aimé être habillée de ces choses colorées et fleuries que portaient les filles de mon âge, des pantalons pattes d’éléphant, des chaussures à la mode, des sacs et des vestes à franges, grimper aux arbres, marcher dans la rivière comme les autres enfants de la rue, jouer et rire avec eux… J’étais prisonnière de la -non-démonstration de mes sentiments et de cette fichue main droite.

Et pourtant, bien souvent, au fond de moi, ça bouillonnait… Les rares fois où j’ai osé une colère, elle était la plupart du temps dirigée contre moi et mon impuissance à affronter mes geôliers… Elle se passait en dehors de la cellule familiale, je voyais rouge, cassait toujours quelque chose et ça se terminait immanquablement en crise de larmes et en culpabilité immense de m’être ainsi laissée aller à une démonstration publique. Au point que, par peur d’être dénoncée par l’un ou l’autre et surtout par dégoût de ma couardise, j’en faisais une déprime. J’ai flirté avec l’anorexie et ensuite eu mes périodes de boulimie… Là, je n’avais pas trop de mes deux mains pour engouffrer tout ce que le frigo contenait y compris ce que je n’aurais jamais mangé en autre temps.

Quand je me suis mariée, j’ai plusieurs fois explosé… Pour éviter de casser trop de choses (comme par exemple toutes les boules du sapin de Noël), j’avais pris l’habitude d’attraper mon vieil ours en peluche quand je sentais la colère monter et une fois que je n’en pouvais plus, je le lançais contre un mur… Il traversait bien souvent la pièce emportant les bibelots qui étaient sur son passage. Jusqu’au jour où j’ai failli étrangler mon chien qui avait tué quelques-uns de mes cobayes en jouant avec eux un peu trop brutalement…

Cette fois-là, j’ai vu rouge, mes doigts étaient crispés autour de son cou et je ne le sentais pas se débattre ni n’entendais les cris de mon mari. J’ignore ce qui m’a fait arrêter et ne pas devenir ainsi un monstre. C’est depuis ce jour que j’ai décidé de m’interdire toute colère. J’avais bien trop peur qu’un jour se trouve entre mes mains un cou humain. Cela se passait en 1990… Je n’ai plus jamais dépassé le stade du mécontentement. J’ai pour cela compensé par l’expression immédiate : moi la timide, j’ai dû travailler ma personnalité pour oser les éclats de voix et les grands gestes ainsi que les grignotages intempestifs.

J’ai toutefois fait mienne la philosophie qui dit que la colère est mauvaise conseillère. J’essaie de gérer au mieux cette boulimie qui se rappelle de temps en temps à moi. Comme en ce moment : je pensais pourtant ne pas être en colère  mais un sentiment étrange, mélange entre impuissance et chagrin, reste tapi au fond de moi… Il se réveille aux environs des anniversaires ou des dates qui ont été importantes dans ma vie. Ca bouillonne et je rumine au propre comme au figuré… Et je me triture les mains, la gauche essaie d’imposer sa loi à la droite qui ne comprend plus rien à rien : elle avait pourtant bien tout fait comme il le fallait puisque c’était ainsi qu’elle avait été éduquée.

Un peu fou, l’index gauche se pose alors sur ma tempe et entreprend un pas de danse circulaire… 

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BLABLA...

Il est toujours étonnant de constater que certains en savent plus que vous sur votre propre vie…

A croire qu’ils pénètrent votre esprit et votre cœur pour en connaître les moindres détails et vos ressentis. Mais à force d’imaginer, de bâtir des plans sur la comète et de sans cesse ressasser et cancaner, ils sont bien souvent très loin de la vérité. Comme je ne suis pas du genre à me défendre ou à nier quoi que soit, leur sac à débilités grossit, grossit… Jusqu’à, sans doute, leur exploser un jour au visage.

J’ai vu très tôt ce matin, une interview (très bien faite) de Delphine Boël. Ne croyez pas que la rancœur ou la déprime m’empêche de dormir mais je n’ai pas besoin de nombreuses heures de sommeil pour être en forme.

Delphine Boël , donc, est une femme qui sait ce que veut dire le mot « ragots » qu’elle appelle « blabla »… Elle en a énormément souffert mais elle s’est servie de cette souffrance pour en faire sa propre force. Loin de moi l’idée de m’identifier à elle. Nous avons des parcours de vie différents. Et pourtant, nous avons cette force en commun. Si vous voulez croire, libre à vous… Si vous n’avez d’autre intelligence que celle de « blablater », grand bien vous fasse. Je poursuis mon chemin, celui de la vie.

Cette vie m’est d’autant plus précieuse que j’ai failli la perdre, que j’ai vu la mort dans les yeux de celui qui avait tant de fois flirté avec elle jusqu’à finalement l’embrasser pour de vrai. Cette mort avec laquelle j’ai engagé un combat que je finirai bien par perdre un jour mais le plus tard possible, je refuse d’en parler avec d’autres que des professionnels, les seuls à même de vous prodiguer conseils et soins appropriés,  tout simplement parce que je trouve inutile d’en faire l’éloge alors que la vie est tellement plus belle… Et sans doute aussi pour conjurer le sort… Ce sort qui semble s’acharner.

Peu me connaissent finalement et c’est bien ainsi… Beaucoup n’attendent de moi que j’écoute tout simplement leur ‘blabla’… Leur « comment vas-tu ? » n’est en somme qu’une possibilité de me dire comment eux vont. Ils m’auront ainsi sortie du tiroir qui m’est consacré dans leur grande commode de la mémoire, constaté que j’étais toujours en vie et puis remis à la place qu’ils ont convenu de me donner. Et je m’intéresse parce que je suis ainsi faite, parce que je pense que toute gentillesse est bonne à prendre et que sans doute, ils font partie d’une infime parcelle de ma vie.

Si je veux bien admettre mon mutisme, force est de constater que beaucoup s’en sont arrangés. D’autres ont voulu en savoir plus et ne se sont pas contentés de vagues explications et d’un semblant de joie de vivre qui leur paraissait incongru. Mais que les premiers ne se sentent pas offusqués que le ciel leur soit, selon leurs propres dires, tombé sur la tête parce que je ne l’ai pas souhaité. Pourtant, depuis qu’ils savent, je n’ai remarqué aucun changement si ce n’est pratiquement une mise à l’écart. Et, finalement, plutôt que de récolter doléances, regards et avis désapprobateur, ricanements et quolibets, je ne m’en porte que mieux. Ce fut difficile, je n’avais pas besoin d’ondes aussi négatives dans mon combat, mais je l’ai gagné.

Je ne pourrai jamais dire que je suis guérie, j’aurai toujours cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais je n’en suis devenue que plus forte… Forte d’une vie débarrassée de choses inutiles amassées au fil du temps, de sentiments faux, de manipulation, de profiteurs, de petits esprits…

J’acquiers peu à peu cette espèce de sagesse qu’ont atteinte ceux qui se sont dépouillés des effets néfastes de notre société de consommation. J’ai appris à vivre autrement, plus sainement et sans le carcan des obligations qu’on s’impose ou qui nous sont imposées. J’ai pourtant essayé de suivre le rythme, il ne me convenait pas… J’ai déplu. Qui s’est soucié alors de ma douleur ? Ce n’était pas ainsi que je devais me comporter. Cela ne se faisait pas… Il y avait des règles. Et je les transgressais. Je suis ainsi devenue celle qui trahissait. Curieuse vision de ceux qui devaient sans doute se regarder dans un miroir. Si trahison il y a eu, elle n’allait pas dans le bon sens… Mais ne dit-on pas qu’on est noirci par plus noir que soi ?

Je me suis aperçue que dans ce monde sans foi ni loi, il n’y aucune limite et que je n’étais même pas libre de disposer de ce que nous avions acquis à la seule sueur de notre front. J’ai ainsi pu voir à quoi tenait ce mince lien sur lequel on tirait tellement fort et souvent qu’il a fini par se briser. Je pense n’avoir même pas été déçue parce qu’au fond de moi, je l’ai toujours su. Je n’en ai eu que la confirmation.

Je suis pauvre et pourtant tellement riche de ma vie nouvelle. J’explore d’autres univers et ceux-là me conviennent enfin. Je pense avoir bien mérité cette paix intérieure que je ressens lors de rencontres sympathiques, d’échanges amicaux, de sorties en tous genres… Là où je ne suis ni jugée ni jaugée… Là où on m’apprécie enfin pour ce que je suis et où on m’autorise aussi à n’être que moi-même.

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LE CHOC DES MONDES

 

Cela fait la seconde fois, en peu de temps, que j’observe des gens en train de faire les poubelles du magasin dans lequel je viens d’échanger un paquet de nourriture pour mes cobayes, acheté la veille par ma serviable mais distraite petite voisine, contre leurs croquettes préférées.

L’homme ne me regarde même pas lorsque je passe à deux pas de lui, trop absorbé par son inspection du conteneur hors duquel sort une odeur nauséabonde. Il fait très chaud et j’imagine le mélange répugnant de viandes périmées, de légumes défraîchis, de poissons surchauffés… Il porte un casque de motard, je ne le reconnais donc pas. Est-il véritablement un inconnu ? Il se pourrait que je le côtoie régulièrement sans imaginer sa détresse.

Poursuivant mon chemin au travers du lotissement où de nouveaux riches ont fait bâtir la maison de leurs rêves, un papy ventripotent et plein de sueur joue au ballon avec sa petite fille tout en observant le motard du fond de son jardin…Un peu plus loin, une tondeuse robot rase inlassablement une pelouse déserte. Ses propriétaires, sirotent un apéro à l’ombre.

A quelques mètres de là, deux petites filles jouent dans les cailloux devant une maison nouvellement construite. Un marquage au sol nous fait deviner l’emplacement d’une future piscine.

Sous le soleil encore très vaillant, je regagne ma petite maison… Une épée de Damoclès m’empêche d’espérer y terminer ma vie… Peut-être d’ailleurs, un jour mon tour viendra-t-il de faire l’inventaire des poubelles ?

Ainsi va la vie… On rame durant des années, se prive pour acquérir une toute petite maison. On est fier de pouvoir enfin s’en sentir véritablement propriétaire sans plus rien devoir à personne. On y fait son nid… Et puis un jour tout bascule. Le destin a beaucoup d’humour. Il se rappelle à vous en prenant tous les visages, sous n’importe quel masque, à la vitesse de l’éclair sans que vous ne l’ayez vu venir. Et puis vous vous remettez à prier, parce qu’il n’y a plus rien d’autre à faire. Vous recommencez  à trembler en attendant le passage du facteur, messager de noirs oiseaux…

Peu de mains se tendent mais celles-là, il ne faut pas les rater pour éviter de sombrer. Des emplâtres sur des jambes de bois, mais elles reculent l’échéance fatale. Et on se prend à espérer quelque chose, n’importe quoi qui tarde à arriver. Il ne peut en être autrement, assurément. Et on y croit très fort.

Dans l’autre monde, on rit, on chante, on boit, on mange (mal) à s’en faire claquer la panse… On ignore tout du motard ou de celle qui a trop honte d’avouer à ses voisins qu’on la mise sur la paille. On ne sait même pas qu’ils existent, ils se fondent dans la masse des ombres, celles qui ne font pas de bruit pour ne pas déranger l’équilibre du monde. Celles qui hantent furtivement les couloirs des institutions charitables, qui constituent inlassablement des dossiers pour essayer de sortir de l’inextricable situation dans laquelle elles ont été involontairement plongées.

Ce monde des ombres existe bel et bien et il ne tient bien souvent qu’à un mince fil qui se rompt soudainement, pour y plonger… Commence alors le voyage dont on ne revient que rarement.

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DESTINATION BONHEUR

Ce texte a été présenté au concours de textes de la Maison de la Francité (thème: Destinations ailleurs) - Il n'a malheureusement pas été retenu...

En refermant l’enveloppe dans laquelle elle avait religieusement placé les trois graines de tournesol et la lettre qu’elle avait cent fois relue, elle se demandait si elle oserait mettre son plan à exécution. Que de plans n’avait-elle d’ailleurs échafaudés qui étaient restés à l’état d’ébauche parce qu’elle était trop couarde pour aller jusqu’au bout ?

Elle avait connu cette peur durant toute sa vie : depuis l’enfance où on l’avait préservée dans une bulle quasi stérile de toute invasion extérieure pour lui épargner plaies et bosses tant morales que physiques jusqu’à maintenant où, lasse de son manque affectif chronique, elle avait décidé d’agir.

Comme elle était dépendante des propositions de sorties de l’une ou l’autre copine dont elle ne partageait pas forcément les idées festives ou culturelles, elle se retrouvait immanquablement seule face à elle-même. Mais elle sentait bien que ça ne pourrait durer éternellement. La vie monacale n’était pas son lot. Elle avait tellement de choses à partager et beaucoup d’amour en retard tant à donner qu’à recevoir.

Il avait d’abord fallu qu’elle soigne ses plaies : celle de la perte de son double parti pour un monde meilleur, le seul voyage qu’il avait entrepris sans elle. Elle avait d’ailleurs l’espace d’un instant songé à le rejoindre. Mais il continuait de veiller sur elle comme il l’avait toujours fait. Il lui avait envoyé un enchanteur qui avait réussi à la transformer et à lui donner l’envie de se battre contre ses peurs, ses dérives et ses démons. Maintenant, elle était prête à ouvrir son cœur à un doux sentiment.

Mais comment faire pour rencontrer l’âme sœur ? Elle ne s’était jamais posé la question. Elle était si jeune quand elle avait rencontré l’amour. Les choses s’étaient faites ainsi, tellement simplement… C’était une évidence qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, même si elle était beaucoup plus jeune que lui. Dès qu’elle avait atteint sa majorité, ils s’étaient mariés et à la fin de l’année, le fruit de leur amour voyait le jour. Si, pour elle, le bonheur avait été complet,  ce qu’elle voyait autour d’elle aujourd’hui ne l’encourageait pas à songer à refaire sa vie. Beaucoup de couples qu’elle avait côtoyés s’étaient déchirés avant de se défaire. Et elle avait peur de souffrir une nouvelle fois. Il y allait de son équilibre. Depuis son enfance, il lui semblait que son lot était l’abandon : celui de ses parents, de ses soi-disant amis, de son unique amour, de son enfant… Il ne fallait plus qu’on la rejette, elle ne le supporterait plus.

Il fallait donc qu’elle se mette en quête de quelqu’un qui correspondrait à ce qu’elle était devenue et qui l’accepterait pour ce qu’elle était. Elle avait bien reçu des appels du pied de certains de son entourage mais si elle avait été attirée par eux, elle l’aurait su depuis longtemps. Il fallait donc qu’elle entreprenne la démarche d’aller seule vers un « ailleurs » qu’elle ne connaissait pas. Comme elle était très organisée, l’idée de s’embarquer pour une destination imprévisible lui faisait perdre tous ses moyens. Tout simplement parce que, même si des tas de choses s’étaient mises en place, il y aurait toujours une part d’inconnu et donc, de danger possible, tapie dans l’univers du virtuel et des sites de rencontres.

Après avoir fait le tri des réponses reçues : celles de jeunes coqs rêvant d’un paradis aux rues pavées d’or et de couguars généreuses, de vieux beaux désirant un bâton de vieillesse avec qui faire joujou, des plans culs et des quelques dégénérés obsessionnels, il ne restait plus grand monde avec qui correspondre. Mais n’est-ce pas la qualité, plus que la quantité qui compte ? Et puis, qu’est-ce qu’elle risquait à se cantonner au monde virtuel le temps de faire connaissance ?

Faire connaissance, là était bien son souci : si elle était toujours franche et directe, comment savoir si l’autre l’était tout autant ? Un ménage à trois était toujours foireux. Et là entre eux, un « personnage » de poids : son vieil ordinateur gigantesque. Elle avait refusé de donner d’emblée son numéro de téléphone et comme elle n’avait pas de caméra, il fallait que les deux interlocuteurs se contentent de tapoter les touches du clavier. Ca ralentit sérieusement les contacts. Mais elle hésitait à franchir le pas. Elle ne ressentait pas ces contacts assez fiables et sérieux pour entreprendre le voyage vers l’Amour. Même si elle ne l’avait pas encore fait, elle envisageait sérieusement de se désinscrire du site de rencontres. Elle n’avait plus envie d’attendre des messages qui se faisaient de plus en plus rares. Et finalement, après plusieurs jours de silence, ressentir le sempiternel abandon.

Il lui fallait donc absolument trouver une autre solution. Et c’est ce matin, en se levant que l’idée avait germé… L’avait-elle rêvée ? Elle ne se souvenait que de deux mains lui tendant un énorme tournesol. Elle ne se déplacerait pas mais le virtuel allait lui servir pour mettre son plan à exécution. Pour le reste, elle comptait sur sa bonne étoile pour lui amener l’amour sur le pas de sa porte.  Comme elle se déplaçait peu et dans un univers restreint, le destin allait voyager pour elle : sous forme d’une enveloppe et de trois petites graines…

Et le petit mot écrit à la main derrière sa plus belle photo prise après métamorphose : « Je crois au Destin. Si vous aussi et que l’extravagance, l’authenticité, l’amour de la nature et des animaux et plus si affinité ne vous font pas peur, plantez ces trois petites graines. Quand les fleurs seront écloses, cueillez la plus belle et venez me l’offrir avec votre plus beau sourire. »… Et son adresse. Il fallait maintenant qu’elle trouve quelqu’un à qui l’envoyer. Mais comment faire ? Elle devait n’être que la main du destin pour que la surprise soit totale. La rue Paradis s’infiltra insidieusement dans son esprit en ébullition. Pourquoi pas après tout ? Était-ce là encore un petit coup de pouce de son amour de toujours qui n’aurait pas aimé la voir aussi solitaire qu’elle l’était devenue ? Elle le croyait en tout cas. Elle entreprit donc des recherches sur son ordinateur. Il en existait plusieurs… Elle choisit une destination au hasard. Pourquoi pas vers le soleil ? Nice ou Marseille ?  Grâce aux blogs, elle avait fait la connaissance d’une amie – jamais rencontrée en réalité – dans la ville du mimosa. La distance les avait empêchées de se voir malgré des contacts réguliers sur la toile. Si le hasard lui était favorable, c’était l’occasion rêvée. 

Rue Paradis, il y avait au numéro un, un hôtel de luxe. Tant qu’à faire, autant joindre l’utile à l’agréable… Mais qui peut bien se rendre dans un tel hôtel et vouloir cultiver des fleurs ? Chassant ses idées un peu trop terre à terre, il fallait qu’elle joue le jeu à fond, elle décida de lâcher prise et de se laisser guider… Sur l’enveloppe, elle écrivit : Hôtel Paradis – A l’attention du Monsieur seul de la chambre 7 (elle aimait ce chiffre qui avait une connotation de septième ciel) – Attendre son arrivée s’il n’est pas déjà là – Rue du Paradis 1- Nice.

Elle soupira… Combien de chance y avait-il pour que son plan réussisse ? Foin d’hésitation, elle donna sa lettre au facteur qui venait de frapper à sa porte. Encore un coup du destin, elle n’en douta plus. Et la lettre entreprit le voyage vers l’aventure et qui sait ? Peut-être le bonheur…

Le réceptionniste haussa les épaules. Mais il ne s’en étonna pas : il avait déjà vécu et vu tellement de bizarreries qu’une de plus ou de moins… Il déposa donc la lettre dans le casier. La chambre était vide et aucune réservation prévue en cette période creuse. Ce ne serait donc pas demain la veille qu’elle serait dans les mains de son mystérieux destinataire. Il se repencha sur le bouquin qu’il était en train de lire. Quand il releva la tête, un homme se tenait devant le comptoir.

Il attendait sans bruit, un peu dans la lune. Grand, portant magnifiquement sa soixantaine, il observait chaque détail du hall de l’hôtel en se demandant ce qu’il était vraiment venu y faire. Ce n’était pas dans ses habitudes. Il préférait les chambres d’hôtes, les auberges accueillantes mais ici, il se sentait étranger à ce luxe si impersonnel. Il voyageait beaucoup, toujours à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un qui ne venait pas. Les quelques rencontres qu’il avait faites s’étaient toutes soldées par un échec.  Cette fois, tout avait été différent : depuis son choix de destination jusqu’à cet hôtel tellement froid et sans âme. Il n’avait pas réservé et inconsciemment, il espérait que l’hôtel fût plein. Mais non, l’employé lui tendit la clé de la chambre 7 et une enveloppe. Il faillit la lui rendre : personne ne savait où il atterrirait. Mais la curiosité l’emporta. Une fois dans la chambre qu’il ne vit même pas, il s’installa sur le lit contemplant cette enveloppe qu’une voix intérieure lui soufflait : « Ouvre-la, idiot. » Il la tritura dans tous les sens. Visiblement, elle ne lui était pas destinée. Et pourtant, il se surprit à espérer tellement fort… Espérer quoi ? Il ne le savait pas mais il ressentait depuis trop longtemps un besoin de quelque chose de beau, de grand, de fort… qu’il n’avait jamais connu. Ou bien il l’avait oublié. Alors, il ouvrit la lettre.

Cette journée d’août avait été très lourde, l’orage grondait. Elle était en train de s’assoupir sur son sofa, ses deux petits chiens vautrés à ses côtés. Quelques coups brefs frappés à sa porte la firent sursauter, son cœur battant la chamade.

Elle n’avait prévu aucune visite. Tous ceux qui la connaissaient savaient qu’il fallait prévenir… Qui osait déroger à cette règle qui relevait plus de la précaution que de la bienséance ? Elle était un peu échevelée, peu à son avantage à cause de la chaleur et d’assez mauvaise humeur. Elle prit la peine de faire passer ses chiens dans l’autre pièce avant d’aller ouvrir.

Devant elle se tenait, un grand gaillard aux yeux rieurs, aux cheveux ruisselants de pluie et aux vêtements trempés. Il lui tendait, blotti entre ses deux longues et belles mains un énorme tournesol. Il lui fallut un moment pour revenir de sa surprise mais le tableau qu’il lui offrait l’émouvait plus qu’elle ne l’aurait voulu. Elle le fit entrer tout en lui tendant les mains. Le tournesol fut maintenant encerclé de quatre mains qui n’étaient pas prêtes à se lâcher.

 

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ANTHROPOMORPHISME

Mon Dieu ! Mes chiens deviennent tellement humains !

Ce matin, j’étais en train de me laver quand Nicky s’est approché en faisant des sons modulés… Je lui ai demandé s’il voulait sortir mais il n’a pas bougé. Au contraire, les sons sont devenus plus insistants…

Je lui réponds alors dans un éclair de lucidité : « Après, je vais m’habiller…» Automatiquement, il se dirige vers l’escalier qui mène à la chambre. Normal me direz-vous. Ce n’est cependant pas la première fois. Son frère et lui alternent la « surveillance » pour s’enquérir de mes faits et gestes à venir.  On pourrait penser que ce sont des habitudes mais c’est bien de compréhension dont il s’agit. Depuis que j’ai décidé que ma vie ne se limiterait plus au ménage et aux papotes entre copines, je suis devenue assez imprévisible. C’est depuis lors qu’ils ont montré ces signes d’intérêt.

Après les croquettes et bout de madeleine du petit déjeuner, nous nous réunissons sur le divan pour le petit câlin du matin. Et là, je leur explique ce que je ferai dans les heures qui vont suivre, qui viendra nous rendre visite, s’ils vont devoir rester seuls longtemps ou pas, le temps que je compte leur accorder, etc.

Dans le courant de la journée, l’un ou l’autre vient « me demander »  ce que je ferai l’instant d’après. Si c’est Tommy, il s’assied dans l’encadrement de la porte et met la tête de côté en faisant un petit « wouf » discret…  Et en fonction de ma réponse, il rejoint son frère. Ils se concertent et se dirigent immédiatement vers l’endroit où je compte me rendre. Nicky, lui, est plus tactile. Il me met la patte sur le bras et s’exprime avec un mouvement des lèvres comme s’il me parlait. En général, aucun son ne sort. Et si je fais mine de ne pas comprendre, son frère vient à la rescousse en poussant des petits cris de plus en plus aigus. Il va alors jusqu’à me gronder si je ne me remue pas un peu.

Il est vrai que, sans m’en rendre compte, je me parle à moi-même et je pense que,  grâce à cela, ils ont acquis un vocabulaire assez etoffé.

Loin de moi l’idée de les confondre avec des humains. D’ailleurs, je crois que, en regardant vivre certains de mes congénères, ce ne serait pas une promotion pour eux. Il faut toutefois leur concéder une intelligence similaire à celle d’un enfant. Et plus on leur témoigne d’intérêt, plus ils ont de capacités intellectuelles.

Alors, je pense à ces pauvres bêtes qu’on abandonne. Quelle conception doivent-il avoir de ceux en qui ils ont mis une totale confiance ? Je pense qu’ils sont très capables de sentiments. Quand un animal aime, il se donne à fond pour celui qu’il a choisi pour maître. Je peux très bien imaginer le désarroi qu’il peut ressentir lorsque l’être aimé lui tourne le dos…

Que dire aussi de ces animaux martyrs servant de dérivatif à la violence ou à la bestialité de leurs maîtres ? Des exemples pleuvent sur les réseaux sociaux où quelques bons samaritains les aident à sortir de leur marasme quand il n’est pas déjà trop tard…

Dans ces cas-là, impuissante face à toute cette souffrance inutile, je serre très fort mes deux petits chiens sur mon cœur et leur dit que je les aime tout en leur demandant pardon de n’être qu’humaine.

Alors, non, mes petits chéris… De grâce, restez à votre place de délicieux toutous. Et continuez de m’étonner avec vos facéties… C’est vous qui m’avez permis de voir la vie sous un autre angle.

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