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ATTENTION! PEINTURE FRAICHE

Un jour, mon grand-père demande à mon mari de bien vouloir le conduire « derrière la gare ».  Cette expression était et l’est encore je le pense, courante pour désigner la rue commerçante un peu snobée par les gens du « village ». Le mot « village » étant ici utilisé pour en situer le centre. C’est peut-être un peu compliqué pour les personnes de l’extérieur, mais notre territoire est très morcelé dans l’esprit des habitants : le petit village, le grand village, derrière la gare, Marche, ainsi que les hameaux…  On est toujours de quelque part mais on le reste durant toute sa vie quoi qu’on fasse. Et nul besoin d’expliquer que l’on colle une étiquette à chacun selon la réputation (vraie ou fausse) de l’endroit où il habite.

Cette digression nous éloigne quelque peu de ce jour de fin de siècle où mon grand-père pour qui internet ne voulait rien dire, demande à mon époux de l’emmener acheter des pots de peinture pour rafraîchir sa maison.

Comme je m’étonnais, qu’ayant deux magasins tout près, il lui fallait aller voir ailleurs, il se fâcha pensant que nous ne voulions pas accéder à sa demande. Il avait bien le droit d’aller voir là où il en avait envie et ce n’est pas nous qui lui empêcherions de suivre son idée…  Quand il était dans cet état, inutile, bien sûr de le contredire. Mais, si nous voulions bien l’emmener où il le désirait, encore fallait-il qu’il y eut un magasin. Or, il y avait bien longtemps que la boutique n’existait plus « derrière la gare »…

Furieux et conforté dans son idée que nous refusions de lui rendre service, il se dirige vers la remise où il mettait le tas de journaux destinés à la récolte sélective et en revient avec une publicité… Triomphant, il me dit : « Tu vois, toi qui sais toujours tout, qu’il y a bien un magasin de peinture ». Partagée entre l’envie d’éclater de rire et de garder mon sérieux devant le visage furibond de mon grand-père, j’essaie d’avoir assez de diplomatie pour lui expliquer la différence entre émail et [iméél[… Que ce n’était pas un magasin de peinture mais bien un informaticien qui offrait ses services et notamment la possibilité d’envoyer des emails à un prix attractif. Mais pour quelqu’un qui n’avait jamais approché un ordinateur, ce que je lui disais équivalait à lui parler en hébreux. Nous l’avons quitté furibond non sans lui avoir proposé de lui démontrer que c’était la réalité. Il détestait avoir tort…

Quelques jours plus tard, il était occupé à repeindre sa cuisine quand nous sommes arrivés. Je ne lui ai jamais demandé d’où venait la peinture, il ne s’est jamais excusé de s’être emporté mais il me dit : « C’était bien un magasin d’informatique ».  Il était bizarrement « passé devant » à bicyclette, alors que ce n’était pas son circuit normal. Ma grand-mère l’appelait ‘Saint Thomas’. Mais ainsi l’honneur était sauf.

 

 

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Commentaires

  • Merci Josette

  • belle histoire  Yvette

  • Hihi, en effet Michel,

    Bon week-end ensoleillé

  • Gentil quiproquo ou l'art de tourner autour du pot.

  • Merci Marie-Josèphe et Jacqueline... ce petit souvenir qui m'est revenu, j'ignore d'ailleurs pourquoi, est en effet cocasse et émouvant. Mon grand-père s'en est allé depuis quelques années déjà mais les petites choses du quotidien ravivent parfois ces moments d'une autre époque

  • Et bien Yvette, je viens d'avoir le sourire, les conflits de génération sont toujours cocasses mais des petits souvenirs tendresse malgré tout.

  • eh bien quelle aventure.... c'est très drôle ! bravo Yvette

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