Pendant des années, je me suis inquiétée des uns et des autres, pris des nouvelles, envoyé des tonnes de messages téléphoniques ou de mail… Cela me semblait la normalité.
Aux fêtes importantes, je préparais des vœux originaux quelques jours avant la date. C’était pareil pour les anniversaires. J’étais présente virtuellement lors de gros chagrins, de départs pour un monde meilleur, de fêtes familiales ou autres… Je tenais d’ailleurs un agenda pour ne pas oublier.
C’était sympa, j’ai reçu des réponses de mes correspondants souvent émus que j’y aie pensé. Mais rarement, c’était l’inverse. Même mon anniversaire passait à la trappe… On me répondait parce que j’y avais songé en premier. A vrai dire, si mon mari n’y était pas dupe, je trouvais cela normal. Il en fallait bien un ou une qui commence. Et j’étais celle-là…
Il y a un peu plus de deux ans, j’allais très mal autant moralement que physiquement… On m’en a même voulu de changer, de me refermer comme une huître… Qu’aurais-je bien pu avoir à leur dire à ceux qui ne prenaient jamais de mes nouvelles ? Était-ce à moi de leur en donner ?
J’étais dans les difficultés… Sans en parler, les plus attentifs s’en sont aperçus et m’ont demandé ce qui se passait. Je ne suis pas de celles qui pleurent sur leur sort. Mais parfois, ça fait du bien de se confier. Ca fait aussi du bien de recevoir des marques d’affection aussi petites soient-elles…
Parfois, dans une solitude imposée par les vacances des uns et des autres, par le mauvais temps, le manque de transports, les tarifs qui augmentent pendant les mois de juillet et août (rien n’est gratuit et quand on a peu de moyens…), un seul petit ‘Coucou, comment ça va ?’ peut mettre un rayon de soleil pour toute la journée. Pourtant, quand on a besoin d’une présence attentive ou d’un conseil, de jour comme de nuit, on se souvient de mes coordonnées…
Beaucoup décrient les réseaux sociaux… Pourtant, bien utilisés, ils sont une petite merveille : des petits bouts de cœur qu’il faut découvrir ça et là mais qui existent bel et bien. J’ai notamment trouvé quelques merveilleuses amies que je ne rencontrerai peut-être jamais en vrai, vu la distance, mais qui me sont bien plus proches que certains qui pourraient venir me rendre une petite visite de temps en temps. Ces amies me font me sentir exister pour quelqu’un… C’est ce qui manque bien souvent à ces gens qui finissent par mourir de solitude...
On me rétorquera que j’ai des activités et une vie sociale plus que satisfaisante. Heureusement. Mais durant ces deux mois de vacances, cette vie est mise entre parenthèses, chacun ayant sa propre vie privée. C’est alors que la solitude se rappelle à vous. Sournoise, elle vous vous fait penser que, peut-être vous n’avez pas su y faire du côté de l’amour. L’angoisse de mourir seul et que personne ne le remarque recommence à se lover dans vos tripes tel un serpent qui n’attend que son moment pour vous étouffer…
Je n’en veux à personne. Chacun a sa propre vie bien remplie. Combien de fois n’ai-je entendu ou lu, après un long moment de silence : ‘Je ne t’oublie pas, mais je n’ai pas le temps’…
Combien de temps cela prend-il pour écrire un sms ou un mail : ‘Coucou, comment ça va. Bisous’… et l’envoyer ?
Commentaires
J'ignore si je suis gentille ou pas... J'ai parfois un sacré caractère mais je suis ainsi faite. Je m'attache, je m'inquiète et si je n'attends rien en échange, la solitude prolongée me fait réfléchir au fait que peut-être bien... Mais finalement, lorsqu'une visite ou un petit 'coucou' vient faire la nique à cette solitude forcée, ça me rebooste et -on ne se refait pas, je leur trouve à tous de bienveillantes excuses.
Merci, Rolande, de tes encouragements
Un texte d'une profonde vérité qui fait comprendre combien les gens "gentils" sont trop souvent malmenés.
Je me souviens de ce livre qui a fait beaucoup de bruit. Je ne l'ai pas lu et pourtant !
Je maltraiterai certainement le titre, mais vous comprendrez vite de quoi il s'agit :"Ne soyez pas gentils, soyez vrais".
J'avoue ne pas avoir apprécié. Car il sous-entend que les gens gentils ne le sont pas vraiment. Et qu'ils trichent en quelque sorte.
Malheureusement, si vous êtes nés "gentils" il vous est quasi impossible de changer. Avec le risque évident de vous faire avoir à chaque coup .... et de devenir la cible des harceleurs. De tous poils. Car l'être humain peut aller très loin dans la destruction morale d'un individu. Surtout s'ils s'y mettent à plusieurs pour vous démolir.
Pour avoir vécu certaines situations de ce type qui vous plongent dans une solitude sidérale avec le risque d'en finir, vous avez la tentation ultime de vivre en retrait avec le moins de contacts possibles. Devenir une ermite. Pourquoi pas.
D'accord avec Jacqueline, toi Yvette, Liliane. Et bien évidemment avec les autres car "donner à sens unique" finit par vous détruire, tout simplement. Mais, avant de le comprendre, vous y laisser néanmoins une partie de votre énergie.
Heureusement, le pouvoir de résilience est parfois étonnant lui aussi.
Alors, oui, confiance, espérance .... et retrait dans un ermitage intérieur pour le ressourcement.
Bonne fin de dimanche et toutes mes amitiés. Courage ! Rolande
Un sage conseil Jacqueline... Merci pour ces mots de miel (j'adore l'expression)...
Bon dimanche à toi aussi.
Un sujet universel... la solitude qui a dit qu'elle n'existait pas! Elle est présente tout au long de la vie quoi que l'on fasse... dans les moments importants elle nous rattrape toujours... mais les mots que j'appelle de miel, ceux qui nous donne un peu de peps pour continuer la route, c'est vrai qu'ils sont trop rares et si nécessaires alors qu'importe l'attitude des autres n'en soyons pas avare...Il est tellement vrai aussi que parfois les inconnus de la toile nous semblent mieux nous cerner et nous comprendre que ceux qui vivent au plus près de nous!
Tu as raison Liliane il y a un temps pour assumer une forme d'égoïsme, un temps où l'on a envie de simplement crier " Excusez moi de vivre!" alors saisissons de la vie ce qu'elle peut nous donner tant qu'il en est encore temps, sans remord et sans oublier la chaleur des amitiés partagées
Bon dimanche à tous
Jacqueline
J'aime aussi écouter le silence... Il est bien plus bavard qu'on ne le croit.
Mais l'intense solitude des mois de vacances ne me convient pas trop cette année. En autre temps, j'ai une vie sociale assez satisfaisante qui me permet de ne pas la ressentir. Au contraire, il m'arrive de renoncer à une activité pour me ressourcer dans cette bienfaisante quiétude.
Je n'attends pas après les autres pour trouver un équilibre mais je pense aussi que j'en ai terminé d'être poire.
Merci Jacqueline
'Je ne t'oublie pas mais.......' que de fois ais-je aussi entendu cette phrase, c'est une situation vécue par toutes les personnes isolées mais il faut apprendre à trouver dans le silence son propre apaisement ce ne sont pas les autres qui aident à trouver l'équilibre intérieur. Le silence ne porte pas à conséquence car on n'attend pas de réponse.
Oh, je n'attends rien de particulier quand je demande des nouvelles ou que je rends des services.
Ici, le temps est plutôt propice à se dire: 'le vide total... ben zut alors, moi qui n'arrête pas de penser aux autres' mais je n'en veux à personne.
Je suis seulement un peu soufflée quand je lis, et ça m'est réellement arrivé plus d'une fois: 'je ne t'oublies pas mais pas le temps'... la première partie de la phrase m'aurait vraiment rendue heureuse...
Merci Sandra.
Merci Liliane...
Une très belle analyse.
Gros bisous!!!
Toujours émouvant tes textes, Yvette.
Toujours aussi tellement humains.
Et toujours aussi tellement proches de ce que nous pouvons ressentir, toutes et tous, au cours de notre vie affective.
Ce que tu décris ici est courant.
Le don de soi, la générosité du coeur n'ont pas la cote en général.
Les gens s'habituent à ta présence généreuse et ne pensent pas plus loin.
Tu es politiquement correcte, alors tu rassures et tout va bien.
Je pense sincèrement que tous, à un moment ou un autre, avons du ressentir cette frustration du " Et moi alors ??? "
Trop donner, est synonyme de déception amsi aussi de faiblesse.
Or la faiblesse est méprisable dans notre société.
En famille parfois, mais surtout au travail et aussi dans nos loisirs, les personnes éprises d'empathie pour les autres se ramassent de sévères claques.
Le problème de la générosité est que l'on attend un juste retour.
Eh oui ! mais voilà ! Le retour ne vient pas ! Ou si bref. Ou si peu.
Epris d'un besoin de reconnaissance, nous multiplions les mains tendues vers les autres.
Cela finalement relève d'une addiction.
Punis pour avoir vécu à travers les autres, il faut des années et des années pour réaliser que nous ne vivons pas pour nous même, mais bien pour les autres.
Et lorsque les autres se rendent compte que enfin, nous avons compris, nous sommes tagués d'égoïste.
Et bien soit ! Et tant mieux.
Sans regret, enfin vivre pour soi-même, heureuse dans mes choix, j'assume mon égoïsme et je ne donne que lorsque cela me fait vraiment plaisir, sans attendre de retour, car finalement, l'acte d'offrir n'est-il pas un plaisir égoïste ?