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Publications de Arwen Gernak (34)

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On n'arrêtera jamais

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L'homme n'arrête pas de parler; il ne peut s'en empêcher. Non content, il pousse le bouchon plus loin: tout ce qu'il n'a pu dire, il l'écrit. Combien d'arbres tuera-t-on encore pour lui ? Je fais partie de ceux-là. J'en ai honte. Combien de mots inutiles proférés, combien de pages sans intérêt publiées ?

Et l'on continue à se poser des questions pour le plaisir d'y répondre. Travaille me dit mon cerveau. Travaille dur au point que le soir venu il ne te restera que la force de t'endormir.

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Je veux survivre

12272722474?profile=originalUne pensée pour le Japon...si peu de chose...mais peut-être cela restera-t-il ainsi en ma mémoire. Nous ne gardons point de souvenirs de nos poumons qui s'ouvrent pour la toute première fois, nous ignorons le jour où la vie nous ouvre les bras. Ainsi reste secret le jour où elle nous sera reprise. Et le temps court si vite....

Ainsi Marie me racontait sa peine. A cinquante et un an, elle m'avouait son angoisse du temps qui passe, des accidents qui surgissent n'importe quand et n'importe où. Elle me disait que sa tête n'avait que vingt ans et que son corps ne voulait pas le reconnaître. Je l'ai vue, Marie, des larmes plein les yeux de ne pouvoir pactiser avec un diable. Je l'ai entendue me dire qu'elle offrirait son âme pour obtenir l'éternelle jeunesse. Je l'ai prise dans les bras, sans trembler, sans douter un instant qu'elle pensait vraiment ce qu'elle disait. Je l'ai serrée très fort et au travers de quelques larmes, lui ai rappeléqu'on ne change pas le voyage qui nous est destiné le jour de notre naissance. Je lui ai murmuré que demain n'existe pas et qu'il est bien inutile de se gâcher le jour présent en lui refusant la possibilité d'être vécu avec joie et à pleines dents.....Marie ne m'a pas entendue et est rentrée dans son épouvantable angoisse, la mort déjà au fond des pupilles....

Au Japon, là où la mort menace, de petites mains s'affairent à survivre....Pauvre Marie, pars et va voir que la vie est un bien si précieux qu'on ne le gaspille pas en lamentations. La seule façon de vivre est d'agir sur le jour qui passe et de l'imprimer de tout notre être.

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Au bout de la nuit


Au bout de la nuit

 

Sur la lune timide et blême danse un voile.

Mes yeux rougis et fatigués par les sanglots

Ne s’ouvrent déjà plus aux éclats des étoiles.

Je vacille comme la flamme d’un falot

Qu’un vent de tempête giflerait sans pitié.

Quelque part, au bout de la nuit, un cri s’élève.

Est-ce une bête agonisante ou un nouveau-né ?

Peut-être n’est-ce que moi au milieu de mon rêve !


Plus rien n’est réel, ni les formes, ni leurs ombres.

Ta silhouette floue envahit ma vision.

Mes morts marchent à tes côtés et en grand nombre.

Leurs mains froides et maigres cherchent ma raison.

A nouveau, au loin, résonne ce cri d’effroi.

Des réverbères aux rayons ocre s’alignent

Au milieu de nulle part pour un chemin de croix

Dont je suis l’unique fidèle qui se signe.

Au devant du cortège, tes doux cheveux d’or

Volent au vent glacial. Ta voix soudain m’appelle.

Le voile de brume descend, je ne vois pas ton corps.

Ce cri terrifiant encore une fois m’ensorcelle.

Un tambour, je ne sais où, scande cette marche.

Sont-ce les aiguilles de l’horloge ou bien mon cœur ?

Soudain, tout se tait et la lune bleue se cache.

Tu n’es pas là ! Je suis seule avec ma douleur.


Sur la lune timide et blême danse un voile;

Du ciel impuissant se sont enfuies les étoiles.

Tout devient réel. Ce n’était donc pas un rêve,

Cette vision funeste où je marche sans trêve.

Mes yeux las sont ouverts malgré les sanglots.

Je vacille et me laisse envahir par leurs flots.

Le vent a suspendu son souffle dans la nuit.

Sans toi, je suis perdue ; sans toi, l'agonie.

 

Arwen Gernak -  2006

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Ô fontaine, ô bouche, ô lèvres

Ô fontaine, ô bouche, ô lèvres



Ô fontaine de jouvence, eau reposant
Dans le jardin enfoui d'un palais discret
Pour éteindre le cierge turgescent.
O fontaine qui soulage les désirs secrets.

Toi source toujours tiède, jamais tarie
Qui offre ses caresses aux stèles droites
Toi qui te fais muette et pourtant convies
Entre des lèvres, portes charnues et étroites.

Toi secourable fontaine où vient tremper le glaive
Quand il sort des braises, durci pour la bataille
Fontaine païenne où l'homme se damne pour Ève.

O fontaine, ô bouche, ô lèvres tentatrices
Qui vous faites voluptueux sérails
Des larmes blanches, vous qui êtes tendre supplice !

A.Gernak

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Mes champs de ronces essartés…

Mes champs de ronces essartés…



Un ciel paludéen, déserté même des oiseaux,
Enfume l'horizon et envahit la peau de la terre.
La pluie, saumure ou alors bave de crapaud,
Dégorge rageusement son poison mortifère.
Mon cœur dans un étau, mis en demeure,
Maraude à un vent arrogant, une inspiration
Pour résister encor aux sombres humeurs,
Averses agressives, tranchant ma respiration.
Mon étouffement arme mon bras d'une faux;
Je ne peux donner la victoire aux ronces
Alors, je tente, face à face avec ce fléau,
De rendre l'éclaircie à l'espoir qui s'enfonce.
Chaque foulée débroussaille des souvenirs
Bons et mauvais. Y trouverais-je ton visage ?
Mes javelles honteuses rognent et font vieillir
Le croissant de fer ; mon essartement est carnage.
Mes yeux versent un sang caustique, crevés
Par l'effort dont il faut bien payer la dette.
Était-ce une rose ou un rossignol, ce cri inachevé ?
A mes pieds, fatigués et ensanglantés, gît une tête.
Pardon, mon rêve, d'être à bout de lame,
Pardon de n'avoir plus la force d'avancer,
De ne plus distinguer un rire d'une larme.
Je m'agenouille et prie : dis-moi où te trouver !
Un soleil timide et exsangue prend le relais.
L'astre a-t-il compati à la prière sincère ?
L'horizon tremble et secoue son sombre dais :
A quelques pas du désespoir, brille la lumière !
A genoux mais vivante, je tends les lèvres :
Des gouttes emplissent mon palais asséché ;
Les larmes du soleil se posent sur ma plèvre
Et rendent un sérum vital au rêve ébréché.



A. Gernak

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Le jardin des tentations + Leny Escudero



"Enfin, je vais être ce que tu as voulu
Voici le jour des jours, une autre humanité
Ils vont enfin savoir pourquoi ils sont venus
Et le prix de la vie et de l'éternité

Je vais marcher la tête haute, me tenir droit
Tu peux me regarder tu seras fier de moi
Je vais chanter ton nom tout au long du chemin
Pour leur apprendre à vivre, leur montrer le divin

Ils peuvent me frapper et me jeter des pierres
Ils peuvent rire de moi, de ma bouche tordue
C'est vrai que ça fait mal sur les reins la lanière
C'est vrai que ça fait mal qu'ils me crachent dessus

Mais surtout n'aie pas peur, aie confiance en moi
Je sais je vais tenir parce qu'il faut que je tienne
Et chasser le désordre pour que ton ordre vienne
Pour qu'ils sachent enfin qu'ils ont besoin de toi

Mais ça fait mal tu sais, ça tourne dans ma tête
Mais ils frappent trop fort, je n'en peux plus déjà
Et ils chantent, ils rient, ils se croient à la fête
Parce qu'ils ne savent pas, parce qu'ils ne savent pas

Je ne sais pas non plus et je ne comprends pas
Mais je ne renie rien, j'ai accepté le rôle
Mais je ne savais pas le prix de chaque pas
Ton dessein est trop grand, trop grand pour mes épaules

Arrêtons maintenant et dis-leur s'il te plait
Oui dis-leur qu'ils me laissent m'en retourner chez moi
Surtout ne m'en veux pas, j'ai essayé tu sais
Le chemin est trop long et trop lourde la croix

Oh, viens je t'en supplie, viens pour que tout s'arrête
Et dis-leur maintenant ce qu'ils doivent savoir
Dis-leur tout si tu veux, mais maintenant arrête !
Je vais pleurer, je vais crier, j'ai peur du noir

Mais dis-leur maintenant, dis-leur que tu es Dieu
Dis-leur que tu es bon, généreux et puissant
Garde pitié de moi et regarde mes yeux
Deux trous d'éternité et de larmes de sang

Mais tu n'écoutes rien du haut de ton empire
Mais je suis à leurs pieds et je vais te maudire
Arrête maintenant ! Arrête, je n'en peux plus !
Je vais te faire honte et me pisser dessus

Non ça n'est pas Judas qui m'a trahi le plus
Même trente deniers, la pauvreté est garce
Judas criait famine, Judas marchait pieds nus
Mais toi, dis, toi, c'est pour la sainte farce !

Je voudrais maintenant, je voudrais qu'une femme
Me fasse enfin crier, tout comme au premier jour
Et tant pis pour l'enfer et tant pis pour mon âme
Mais avant de mourir, mourir aussi d'amour

Tu m'as fait fils de Dieu, sur l'épaule une croix
Et moi, je voulais vivre et avoir des enfants
Et vieillir près d'une femme qui me dirait parfois
«Tu t'en souviens dis, tu t'en souviens d'avant ?»

Enfin tu as gagné, enfin je me résigne
Je vais dire les mots, tous les mots que tu veux
Je vais jouer le jeu, je vais faire le signe
Pour que le feu enfin me délivre du feu

Je vais parler d'espoir et de miséricorde
Dire qu'il n'y a que toi quand on parle d'amour
Oui, mais je t'en supplie qu'ils tirent sur la corde
Et qu'ils frappent plus fort et qu'ils frappent plus lourd

Je sais que c'est la fin, que tu ne viendras pas
Moi je suis jeune encore et je suis vieux déjà
La parole donnée, c'est vrai j'ai cru en toi
Mais tu veux qu'on te craigne et tu ne m'aimes pas

Regarde-moi mon père, j'ai rempli mon office
Je t'ai suivi en tout, jusqu'au dernier supplice
Mais je crie maintenant, mais je crie maintenant
Sois maudit, sois maudit jusqu'à la fin des temps !

Oh non, je te le jure, je n'ai pas dit cela
Oh non, je t'aime, je t'aime et je n'aime que toi
Mais j'ai si peur, mais j'ai si peur et j'ai si froid !"
Ainsi parlait Jésus sur son chemin de croix.



Leny Escudero




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Quand on ramène un oublié des amoureux d'Arts et de Lettres, s'appuyer sur un grand nom de la littérature belge me semble une manière plus que logique.
Je vous livre donc la préface du recueil ' L'heure équilibre' de Gaston Godfrin par Michel Joiret en 1982. Tous les recueils de ce poète sont en possession de ma famille. Ce que je trouve le plus regrettable c'est que le sang de son sang ne prête pas plus d'attention à celui qui les aima tant. Je prends le relais, ne lui arrivant pourtant pas à la cheville. Aujourd'hui, mieux que jamais, je comprends d'où provient cette hypersensibilité qui m'habite.

Voici donc cette préface, qui vous fera sans doute comprendre et connaître qui était ce poète belge:

"Peut-être oserais-je mourir
Un rêve fou entre les dents...."

Gaston Godfrin parle si doucement de la mort que d'obscures connivences se tissent entre le poète et sa lyre noire. On ne peut en effet être dupe : chez un être dont l'intelligence des choses est toujours en éveil, une connaissance profonde de l'espace et de ses limites prend des formes concrètes et nuancées. N'est-ce pas Camus qui disait que la lucidité est une forme supérieure du désespoir ? Godfrin ne définit pas la poésie mais il parle d'un état de grâce et de disponibilité second à aucun autre........

"Longues rames d'ennui
Dans les gares sans tête
Un train trébuche et tette
Le sein plat du ciel gris."

On observera l'aisance de la transcription métaphorique, la disposition classique d'un hexamètre très souple, la musicalité des syllabes élues semble-t-il pour leurs vertus acoustiques, l'intériorité d'un ensemble que le confort du genre dispute à la fantaisie, voire à l'audace du trait. Poète rassurant par le ton et l'obédience à la tradition, Gaston Godfrin cède à l'inquiétude quand elle s''écrit en filigrane de la tendresse d'être, cette même tendresse qui est le patronyme de la poésie de Godfrin, présente à tous les échelons d'une existence aux sens tendus comme les conques, toujours à l'écoute des êtres et des choses. L'heure équilibre est le recueil d'un autre temps, sorti vivant des " yeux du Grand Meaulnes".

" Seul l'homme est briseur d'équilibre
Ses mains ouvertes sont plateaux
D'une balance que ne vaut
Pas le poids clair d'un oiseau libre "

Dieu, la femme, l'enfant, la mort sont les protagonistes d'un drame dont le poète distribue les rôles selon l'humeur des choses et du temps. "'Refermons ce silence" dit le poète sensible à la vie intérieure, à l'absence même de la vie là où Dieu s'arrange avec l'image qu'il laisse de lui aux hommes de passage.

" Crane à l'envers
Où roucoule la pluie"

Il est clair que Gaston Godfrin a toujours recherché la vérité par de fréquentes plongées dans l'inconscient, il est évident qu'il vivait en poésie comme on vit en religion, toujours prêt à assumer l'indifférence des tribuns et des marchands.
Qu'on se garde de "tuer quelqu'un
à coup de mémoire"
le poète, lui, résistera à la vanité des thuriféraires comme au geste débonnaire des indifférents. " J'ai le bonheur profond au sein de ma maison", disait-il en substance à ceux qui voulaient bien l'écouter. Mais écoute-t-on les poètes dont l'engagement est bien plus un acte de foi qu'une incitation à la parole ?

Il se devait que Marin mourût au cœur de la bataille de la lys et que Périer s'éteignît tout près du Bois de la Cambre. Il est juste, sans doute, que Gaston Godfrin trouve au terme de ses jours, des accents nouveaux, qu'il avait appelés de toutes ses forces mais qui l'attendaient au terme de son existence, comme s'il fallait les mériter, les voir venir, comme si la douleur et l'ombre négociaient pour s'approprier avec l'âme, la charpente verbale du poète. Ainsi, Godfrin restera le poète d'ombre et de lumière comme chez Périer, comme chez Marin. A nous de faire le jour au-delà de l'éloignement.

" Laissons mourir le rêve
D'avoir été nous-mêmes"

Tout ceci est simple, presque évident. Carême se rapproche. On se souvient de Bernier, de Périer, de Marin. On dresse le couvert pour l'éternité et les mots circulent. Gaston Godfrin nous parle avec lenteur, ce ralenti d'un vécu intense, d'une circulation vive de l'essentiel.

Décidément, il y a des mots qui nous font douter de la mort elle-même....


Michel Joiret
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Gaston Godfrin, poète oublié


Il était vital pour moi de ramener à la lumière du présent ce poète belge, originaire de Neer-Heylissem.
Il publia son premier recueil en 1950. Le dernier, il ne le vit pas paraître. Sa femme, Vony, son épouse de toute éternité veillera à le faire éditer. Son titre: 'L'heure équilibre' paru aux éditions ' LA DRYADE'.

Voici quelques extraits de cette 'HEURE ÉQUILIBRE':

Au fort du rêve

Ourle ton âme
D'orages verts,
Recouds de flammes
Le cœur ouvert
Qui, sous le marbre,
Corne l'oubli.
Crois en ton arbre
Malgré Midi
Brûlant les feuilles.
Au fort du rêve,
Que tu le veuilles
Ou non, se lève


La folie d'être


Gaston Godfrin


L'heure équilibre


Peut-être, oserai-je mourir
Un rêve fou entre les dents,
Comme un faucon dans l'air ardent
Et que Midi vient éblouir.

Je grifferais la peau du ciel
D'un grand coup de songe affûté
Au diamant de mes étés
Quand giclent les roses de sel.

Mes dieux à peine éteints fuiraient
Sur d'asiatiques cavales;
Je volerais à ras d'étoiles,
Piqué d'orages et de forêts.

Sevré de l'arbre aux apparences
Comme l'écho de son métal,
Je peuplerais mon champ spectral
Des photons d'or de mon enfance.

Je planerais longtemps ainsi
A voir naître l'heure équilibre
Où sur le corps, l'âme éclôt, libre,
Et le calcine au flanc d'un cri.


Gaston Godfrin


Le transétoiles


Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.
Par un beau clair de coeur
Comme il en fait quand on prie,
Les volets verts du bonheur
Redescendront sur ma vie.
Dans mes valises, l'amour,
Torturé comme les rues
A la queue des vieux faubourgs,
Se souviendra de la nue
Où il faisait bon rêver
Entre une lune bien rousse
Et un brin de vent bleuté.
Sans sous, je paierai ma course
Avec l'air grue du voisin
Qui n'a jamais rien compris
A l'horaire de mes trains.
Le quai désert, mes amis,
Attablés à mon passé,
Mâcheront un pain d'épeautre,
Se boiront morts pour chasser
Le vide qui remplit l'autre.
Je brûlerai les signaux
Où tout songe est un flambeau
Des nuits ferrées de folie
D'où fusent nos autres vies.
La Terre me croisera
Qui fut l'arc de mes poèmes;
Brillant de mille carats
Y dansera ma bohème.
Comme un pays de moineaux
Peuplé de vertes prières,
A Dieu tirant ses rideaux
Je tendrai ma foi première.
Je prendrai le transétoiles
A la tombée des regrets
Dans la gare provinciale
Qui ne compte plus d'arrêt.

Gaston Godfrin


Oubli

Comme une armée de pas longtemps en marche
Comme dans les branches du poème
Les mots assassinés
Comme on descend ses Champs-Elysées
Dans une coque de bois mort.

Oubli

Retourner soi-même
A la vague première
Comme la première mer.

Oubli

Chance de n'être
Qu'une rumeur à naître
Dans le silence fruité
D'un grand songe d'été.




....A Gaston Godfrin mon grand-oncle
....mon maître
....celui que je n'oublierai jamais.



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Sous la nacre lunaire....Comme un rêve



Dans Bruges, la belle dentellière,
Sous les rayons de la nacre lunaire,
Dorment les vieux et longs canaux.
Les silences de ces miroirs d'eaux
Règnent sur une ville assoupie
Dans les bras généreux de la nuit.
Ô lune, belle comme une perle,
Bientôt tu rendras aux jeunes merles
Le pouvoir d'éclairer
De leurs courts becs dorés
Les voies aux arcs voutés,
Petits ponts ombragés.
Dont les passants curieux
Sont les plus amoureux.
Mais dors encore, Bruges ma toute belle !
Repose-toi sous les draps du ciel..






Comme un rêve


Tandis que j'admire le jour
Dans son sublime abandon
Livrer à la nuit son agonie

Comble de tous ses amours
Un soupir franchit mes lèvres.
Alors, dans un élan de sérénité
Quand vous quitte la fièvre
Et l'oubli vous fait don
De quelques secondes d'Éternité
J'offre les pauvres fruits
De mes errances quotidiennes
Misères que l'on égrène,
Aux bras tendus de l'Infini.

Arwen Gernak

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Je porte une Lune


J'ai donné vie à Lune le jour où l'ensemble de mon vécu se mit en guerre contre lui-même. Anciennes blessures et joies comme une entité étrangère bâtissaient un bastion alien; alien ce mot si proche d'aliénation.
J'en suis aujourd'hui à la troisième semaine de ce maelström meurtrier.

Je porte Lune en moi, lourdement, péniblement. J'attends le développement de cet embryon. Elle se nourrit de mon énergie. Affaiblie, tous les piliers que j'avais érigés, que je croyais inébranlables et sur lesquels je me suis toujours appuyée, ont été frappés dans leur fondation et dans leur structure: ils tanguent dangereusement. Tout imprévu engendre un malaise nouveau. Je devais m'attendre à ce que, tôt ou tard, Lune pointe le nez. J'ignore si elle verra le jour. Il faudrait pour cela que le ciel reste à découvert. Les nuits me sont plus propices m'offrant dans le sommeil des moments de trêves réparatrices.

Le choc du conscient et de l'inconscient, je l'avais souvent lu, entendu. Je redoutais de le vivre.
Malheureusement, on ne choisit pas vraiment. Le conscient lutte aussi longtemps qu'il peut, jusqu'au jour où il trouve face à lui l'autre, celui qui durant tant d'années a pu grossir, se faire des muscles d'acier, enseigner à son regard l'acuité, se nourrissant du conscient inattentif. Lune, mon inconsciente, vomit aujourd'hui l'amoncellement de tout ce qui n'a pas été digéré quand il le fallait.

Lune est la nouvelle moi et si j'ai pu l'aimer les premiers jours, aujourd'hui, je commence à lui vouer une profonde haine . Son stade embryonnaire n'est sans doute qu'un passage obligé ouvrant sur la Lune fœtale que je pourrai regarder sous un autre angle, celui d'un futur être vivant ayant sa place ou non dans ma maison.

Trois semaines ...... ce n'est déjà plus la crise, c'est la guerre.

Une seule envie: hurler au secours !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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L’heure prochaine


L’heure prochaine

Notre lac n’a plus la couleur du ciel en fleur
Où nous avons pleuré nos plus terribles peines.
Des rides noires, en nids d’abeille, plissent son cœur
Sous le souffle du vent à la fétide haleine.

J’aime pourtant y musarder, les yeux en poche,
Malgré les berges sauvages qui me retardent.
La vie est au loin, la paix profonde si proche.


Le corbeau immobile à la branche du chêne,
Tour centenaire où un siècle fou se lézarde,
Le corbeau sombre, colore l’heure prochaine.

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Quelques vers à songe


Quelques vers à songe



A colmater les brèches et les fissures du temps,
Mon âme s’est décapitée aux aiguilles
Devenues couteaux à dépecer mes horloges,
équarrisseuses de souvenirs.

A planter des graines d’amour
dans les déserts cuisants
D’existences perverses,
Mon cœur s’est enlisé
Dans les sables mouvants
De l’absurdité.

A chaque porte ouverte,
Ton visage est absent.
A chaque lune naissante,
La solitude hurle ton nom.
Jamais, il ne lui fait écho.

Je déambule claudicante
Dans les couloirs de Rouge-Mort,
Une fleur sanglante entre les lèvres.

Ma poitrine en recueille
Les gouttes tièdes
Mais mon cœur s’essouffle
Chaque nuit un peu plus.

L’amour manqué n’a plus rendez-vous
Au pays des verts espoirs.
Une heure encore
A déserté le cadran.

S’avance en triomphe
L’intemporelle cadence
Des armées de la Mort.
Le vent se lève à l’ouest
Alors que le soleil déjà se meurt.

C’est la dernière nuit de sève.
L’arbre à rêves, dépouillé
De son ultime ardeur,
Trône sur le reg
Des mémoires calcinées.

Leurs cierges dont la mèche
A tout offert de sa virginale ferveur,
Ne sont plus que des parodies de dentelles
Et la cire écoule sa désespérance
Au pied de mes ex-voto.

Sur les dalles froides et ternes
De la Superbe et de la Convoitise,
S’acharnent
Quelques vers à songe
Autour d’un lambeau pourrissant de féerie.

Les feux follets sont
Les nouveaux réverbères
Au cimetière de mes émerveillements.


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Les éclaireurs


Les éclaireurs

Enfants, voici recomposée, votre image.
Ce ne sont plus les lys des champs, la folle avoine,
Les bluets et les coquelicots dont vous parez vos tabliers,
C’est maintenant l’azur du ciel et le sang de l’Agneau
Que vous avez en votre garde.
Vous, qui n’aurez pas connu les turpitudes
Des cœurs tourmentés,
Vous êtes parties avant l’âge
Où les passions exercent leurs ravages,
Vous êtes les pures offrandes
Qu’a pu concevoir, dans la honte,
Une génération d’aveugles-nés.
Par le prix de votre souffrance,
Vous nous offrez, en Dieu,
La joie de votre pureté,
Feu où se consume, ardente, l’âme,
Feu qui guérit la pauvreté.


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