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TRILOGIE LUEZIOR 2015 : Dans la voie lactée du dire...



Si l’on se souvient de ce qu’écrivait Ernest Pischari, petit-fils de Renan,  le silence est un peu de ciel descendu sur la terre, on peut penser que le poète CLAUDE LUEZIOR solfie la musique des sphères pour dire ses mots-nuages, ses mots-silences.

Pour atteindre ce ciel, il pose son échelle de Jacob contre les parois d’un puits inversé, monte et descend, casse les barreaux de l’aube. Sous sa plume, entre souffle et soufre, ailes et cendres, volupté et humour, naissent des oiseaux qui prennent leur envol dans des syllabes de rosée. Théâtre, tragédie dans la voie lactée du dire.

Si créer c’est collaborer avec les dieux, CLAUDE LUEZIOR vit avec leDaïmon cher à Socrate.  Il aiguise le chant de sa pensée au plus près de l‘image, tantôt noire comme l’or du démon qui inscrit le signe d’Hérode / sur ma porte, tantôt bleue comme les premiers matins qui s’étoilent, pensées / au firmament / de tes yeux. Ainsi roule la pierre de ses lignes sur la marelle de sa materia prima.

Ses mots ont le goût d’un vagabondage : il y a toujours un puits où l’on attend une femme ou le sens du recueillement : la cathédrale étire / ses colonnes et arcatures / sur une verticalité / nervurée de prières.  Entre Éros et Thanatos, le poète coule sa liturgie / celle où une audace / enfin se liquéfie. La psyché de l’écrivain peut implorer, sur les cimes d’un glacier : écoutez, je vous prie / ma supplique d’écorché ; plus loin, la voilà qui  s’agenouille au fond du gouffre ou d’un ciel en gésine pour détacher l’hostie du ciboire / et la parole de nos déserts.

CLAUDE LUEZIOR marie le sacré au profane, le piment des petits riens (boire l’hydromel / de ces riens sans importance / qui signent la vie) au gond plus grave du quotidien en interrogeant la lumière qui s’encalmine sur l’ombre des étoiles. On partage ses lignes d’horizon, ses éclaboussures d’ombres. Ses mots prennent alors le reflet de celui qui lit : osmose des mystères.

CLAUDE LUEZIOR peaufine la couleur d’un silence, écrit en fragment sur l’arc solaire et, d’un seul geste, ouvre les abois du crépuscule. Dans cette trilogie, le silence et la nostalgie (ivre d’un mal étrange / l’ombre chancela / on entendit  une masse / mon corps m’avait trahi) sont davantage présents que dans ses précédents recueils, sans pour autant, ici là, retrouver l’espoir : ensemencer le sillon / quand chuchote la glèbe.L’auteur griffe ses miroirs, nage dans ses marées tumultueuses et nous renvoie, avec un rare sens du dire et de l’image, les échos intérieurs de sa mythologie intime.

Il déplie avec un art consumé l’éventail de ses émois, pensées et désirs. Ce, dans une crémation du dire où il entraîne le lecteur. On ne peut que suivre le poète sur les chemins escarpés de ses songes, sauter dans sa barque qui n’est pas celle de Charron mais plutôt celle du nautonier qui sait hisser les voiles de son illimité.

Claude LUEZIOR, Trilogie : Fragment, D’un seul geste, La couleur d’un silence. Collection Poésie(s). Éditions L’Harmattan, Paris, 2015.

©Nicole Hardouin in : site de la revue Traversées, 2015





Claude Luezior : le prophète et le silence 



Les « fragments » ou la somme de Claude Luezior deviennent de fabuleux dépôts contre la mort et le silence (c’est parfois la même chose).  Les mots ruissellent de leur liqueur dans chaque page. Ils se mettent aussi  à voler, à flotter sur la terre comme au ciel, aujourd’hui comme demain, ici et ailleurs, dans le réel comme dans l’imaginaire mais toujours pour venir à bout du néant.

Le régime des poèmes est fait d’images ardentes et pénétrantes. Elles sont moins des figures de style que la manière de créer un autre rapport au réel que celui de la littéralité. L’apparition, le surgissement de la métaphore transmuent les événements afin que ce qui pourrait mourir ressuscite avant même que la messe soit dite. C’est pour Luezior un ordre, un souhait, une invite, une adresse à l’autre et à soi-même. Le poète revendique le cycle vital ininterrompu qui désigne l’ordre mouvant d’une vie faite bien sûr d’accidents de parcours. Mais il en donne un contrepoint. A la ténuité des vers répond leur alchimie qui vient broyer le silence pour échapper aux Golgotha du temps.

La trilogie reste une arche singulière et unique, tout ce que le monde contient de beauté, de grâce et de magie et de douleurs aussi est rameuté dans un « paysage poétique » qui n’a rien de mièvre ou d’anthropocentrique : les sentiments contribuent à faire de ce recueil l’étrange narration d’une perpétuelle résurrection contre le silence de plomb. Avant d’être un miracle révélé, cette renaissance apparaît ainsi comme le destin d’un monde qui croît encore au futur à partir d’un présent constamment mouvementé et pas forcément « positif ».

Face au silence de mort c’est  finalement de réconciliation qu’il s’agit : concorde et concordance des êtres en dépit de leurs différences. Encore faut-il accepter comme le fait Luezior le glacis du temps qui passe et ses vicissitudes  pour espérer croire en la résurrection des corps. Elle est aussi celle du monde, celle d’une vie que le froid hivernal endort pour mieux assurer sa poursuite. Dès lors, les Métamorphoses que contait Ovide Luezior les reprend à sa main : il suffit de quelques mots, d’un choix finalement assez restreint d’expressions pour dire la grâce et la nécessité d’une création qui impose - contre vent et marée -  une sérénité. On l’appellera folie du sage.

 

Jean-Paul Gavard-Perret in : Salon-littéraire.com



Ref : Claude Luezior, Trilogie : Fragment, D’un seul geste, La couleur du silence, 90 p., 92 p., 100 p., 12 Euros chacun, 2015, coll. Poesie(s), L’Harmattan, Paris.



 


CLAUDE LUEZIOR : trilogie 2015


L’imaginaire et le réel remarquablement travaillés par la langue du poète fribourgeois font que les notations-événements à caractère descriptif deviennent  l’objet d’une transformation plus existentielle que « littéraire ». La mutation des formes d’écriture s’opère dans la réduction et la densité  et l’enrichissement de la langue au moyen d’images qui effacent les contingences pour les densifier. Par exemple Luezior transcende la lutte de la femme (une amie poétesse de l’auteur) devant la maladie : « elle est là devant toi / et ton aiguille vile / elle est là, poitrine offerte / victoire de Samothrace / à la proue des embruns / elle qui brise le tumulte / du crabe qu’elle défie » et afin de parachever sa lutte le poète ajoute : « la vestale respire / de son verbe / de ses murmures / déjà / elle nous donne la vie ».


Luezior renverse donc les données dites objectives : l’espoir est l’étincelle qu’il jette au vent de la vie pour faire resplendir une sorte d’au-delà. Mais ici-même, ici bas. Le poète ne lâche rien : certes par essence la vie use mais il s’agit de faire résistance contre le silence : le poème devient le cri des oiseaux en plein vol. Comme eux il s’agit aller au-delà des neiges et des rochers pour atteindre les mots parfois encore indéchiffrables qui font taire le mutisme.

 

Jean-Paul Gavard-Perret 

in : De l'art helvétique contemporain, blog 24Heures, 2015
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Voyage.

l'aéroport, le port ;

ma maison blanche,

l'avion, le bateau ;

l'écriture fluide et chaude,

le ciel, la mer ;

l'encre bleue, chuchotement du silence,

Le voyage, l'itinéraire ;

la poésie, les mots,

le grand soleil ;

vous dans ma tête,

la vie absolument nue ;

cet enlacement du ciel et de la terre ,

la jouissance exprimée ;

la musicalité des mots !

NINA

 

 

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LORSQUE...

Lorsque les mots perdront leur sens

Ne seront plus que coquilles vides...

Au mieux, de vieille réminiscence

Qui nous laisseront impavides!

Lorsque le ciel, même en été

N'ayant que des relents d'orage

N'arrivera à nous éclairer...

Qu'aimer nous semblera mirage!

Lorsque lassé au bout des ans

Déposerons enfin le fardeau

Et que notre cœur palpitant

Aura atteint le point zéro!

Lorsque dans l'infini partis

Nous ne seront plus que poussière

Que de nous, on aura tout dit!

Que se fermeront les barrières...

Alors, peut-être en souvenir...

D'anciens mots tendres et colorés

Susciteront quelques sourires

Au parfum de notre passé!

J.G.

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Vacances enfantines.

La maison de mon enfance,

au mois d'août,

toute blanche, chaude,

avec des volets verts,

 au moment de la sieste entrebâillés,

semblait flotter en plein soleil.

Dans son ventre frais, ombragé,

refroidissaient souvent

des pots de gelée de groseilles,

de framboises, de cassis,

juste à côté d'un grand saladier en faïence blanche ;

puis ce bourdonnement

de mouches, d'abeilles en permanence,

berçait mes après-midi, mes goûters de petite fille :

Signatures volatiles de l'été.

Je me souviens de ce rideau de

 lanières multicolores qui ondulait à la porte d'entrée,

puis le chat noir et blanc de tante Ida,

qui s'en amusait

du matin jusqu'au soir,

quand bien sûr il ne somnolait pas.

Le carillon tout en chêne,

qui trônait sur le mur blanc de la pièce à vivre,

célébrait les quatre d'heure, les demi-heures

et les heures, puis juste après l'absolu silence

retentissait, s'imposait, ponctué ici et là,

par la voix laiteuse de ma mère,

par le chant vert des arbres.

Mes cahiers, mes crayons de couleurs,

mes stylos disséminés sur la toile cirée

 de la table en bois clair,

présageaient déjà de ma propension

à écrire, de mon activité principale, solitaire.

Je flirtait déjà avec l'encre bleue et noire !

La maison fleurait bon le lait et le pain d'épice,

 puis l'haleine du jardin rose,

 qui respirait tout autour d'elle,

s'y immisçait, la parfumant ainsi

 de l'aube au crépuscule ;

 ma mère se refusait de couper les fleurs,

 de les incarcérer dans un vase,

bref d'introduire dans la maison blanche

 le non-vivant !

Respirer en elle, nous emplissait, nous suffisait.

Tout cela m'a donné l'écriture.

NINA

                              

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12273103273?profile=original"Criton ou Du Devoir"est un dialogue de Platon (428-347 avant JC.). A son vieil ami Criton qui tente de la convaincre de s'évader de prison, Socrate expose les raisons pour lesquelles il préfère laisser la loi suivre son cours. Criton s'est introduit à l'aube dans la cellule de son maître: le navire qui chaque année porte à Délos le don votif va rentrer au port; et à son arrivée, Socrate devra mourir. Socrate accueille la nouvelle avec calme et en souriant comme si la pensée de la mort ne le préoccupait nullement. Criton insiste pour que Socrate s'enfuie: il est soucieux du jugement du monde; personne ne croira que Socrate a refusé de s'évader de prison, on pensera que ses amis n'ont pas fait tout ce qui était possible pour le sauver et ils ne recueilleront que le mépris. Craindrait-il par hasard que sa fuite n'amène des ennuis à ses fidèles disciples? Mais ceux-ci sont disposés à tout. Que Socrate enfin n'oublie pas les obligations qu'il a envers ses enfants! N'est-ce pas les trahir que de refuser de s'évader? Mais Socrate repousse toutes ces objections: ce n'est pas du jugement des gens qu'il faut tenir compte, mais plutôt de celui de sa propre conscience: de plus les devoirs envers sa famille ont une importance secondaire en face de ceux que l'homme a envers lui-même et envers ses propres principes. De même que pour le corps on doit suivre les prescriptions des médecins et des maîtres de gymnastique, sans quoi l'on risque de ruiner sa santé, de même doit-on tout faire pour préserver son âme, en restant fidèle aux principes dont on s'inspire pour distinguer le juste de l'injuste et le mal du bien. Socrate n'a-t-il pas toujours affirmé que la justice est, dans la vie de l'homme, ce qui a le plus de valeur? Et qu'à aucun prix l'homme ne doit répondre à l' injustice en commettant lui-même une injustice? Criton est obligé de l'admettre.

C'est donc en regard de la justice que Socrate doit déterminer son attitude. En s'évadant, ne porterait-il pas atteinte aux Lois de la patrie? Socrate imagine en effet qu'à sa sortie de prison, les Lois se présenteraient à lui et lui reprocheraient de les vouloir détruire et, avec elles, détruire l'Etat. Ne sont-ce pas les Lois qui l'ont créé tel qu'il est? N'ont-elles pas présidé à sa naissance et à son éducation? N'est-il pas par conséquent leur créature et ne leur doit-il pas le respect dû aux parents qui vous ont élevé? Car enfin il les a acceptées de bonne grâce, alors qu'il aurait pu partir pour Athènes avec tous ses biens si elles ne lui avaient pas convenu? N'a-t-il pas envers les Lois de plus grandes obligations que tous les autres citoyens, lui qui, en tant que philosophe, s'est plu à leur obéir par le passé et, à son procès encore, a refusé de se faire condamner à l'exil? Pourrai-il enfin reprendre sa mission auprès des autres peuples, et prêcher l'observance de la vertu et de la justice, alors qu'il aurait de son côté transgressé les lois de sa patrie, auparavant librement acceptées? Ne porterait-il pas du même coup un grand préjudice à sa patrie et à lui-même en se présentant aux autres peuples comme un évadé des lois et un rebelle? Il vaut mieux qu'il se présente à l' Hadès avec la conscience intègre d'un homme vertueux et même avec l'auréole de celui qui meurt injustement condamné, non par la faute des lois, mais par l' envie des hommes. Voilà, déclare Socrate, ce que diraient les Lois de la patrie et il ne peut que leur obéir. Criton lui-même doit se convaincre que son attitude est juste; l'ami renonce alors à sa tentative et s'en remet au jugement éclairé de Socrate.

Ce sublime dialogue qui nous montre la figure de Socrate dans le charme vivant de sa simplicité et de sa grandeur, possède une clarté élégante et bien ordonnée, animée d'une intime ferveur.

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Faire pousser des fleurs, écrire.

 

Faire pousser des fleurs sur un balcon

fait taire sensiblement la ville, l'assagit ;

ne sont perceptibles alors que le balbutiement

des roses, des primevères,

 lorsqu'elles conversent entre elles ;

des chatoiements musicaux.

A tout cela, viennent se greffer,

 les rires de l'enfance si proches, indissociables,

 puis le parfum des arbres ;

Cette fulgurance intensément vivante,

engendre une sonorité claire,

une virtuosité toute simple,

 palpable par nos peaux nues et chaudes.

L'écriture nous fait grandir ;

elle est un peu le relais de la mère, sa continuité,

oui c'est cela, l'immatérielle caresse

qu'elle nous donne,

préserve en l'écrivain, ce brin bien vert de l'enfance.

Point de grandeur sans lui !

NINA

 

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