La maison de mon enfance,
au mois d'août,
toute blanche, chaude,
avec des volets verts,
au moment de la sieste entrebâillés,
semblait flotter en plein soleil.
Dans son ventre frais, ombragé,
refroidissaient souvent
des pots de gelée de groseilles,
de framboises, de cassis,
juste à côté d'un grand saladier en faïence blanche ;
puis ce bourdonnement
de mouches, d'abeilles en permanence,
berçait mes après-midi, mes goûters de petite fille :
Signatures volatiles de l'été.
Je me souviens de ce rideau de
lanières multicolores qui ondulait à la porte d'entrée,
puis le chat noir et blanc de tante Ida,
qui s'en amusait
du matin jusqu'au soir,
quand bien sûr il ne somnolait pas.
Le carillon tout en chêne,
qui trônait sur le mur blanc de la pièce à vivre,
célébrait les quatre d'heure, les demi-heures
et les heures, puis juste après l'absolu silence
retentissait, s'imposait, ponctué ici et là,
par la voix laiteuse de ma mère,
par le chant vert des arbres.
Mes cahiers, mes crayons de couleurs,
mes stylos disséminés sur la toile cirée
de la table en bois clair,
présageaient déjà de ma propension
à écrire, de mon activité principale, solitaire.
Je flirtait déjà avec l'encre bleue et noire !
La maison fleurait bon le lait et le pain d'épice,
puis l'haleine du jardin rose,
qui respirait tout autour d'elle,
s'y immisçait, la parfumant ainsi
de l'aube au crépuscule ;
ma mère se refusait de couper les fleurs,
de les incarcérer dans un vase,
bref d'introduire dans la maison blanche
le non-vivant !
Respirer en elle, nous emplissait, nous suffisait.
Tout cela m'a donné l'écriture.
NINA
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