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PLUIE D'ETE...

Parti le soleil, et bonjour la pluie!

La terre se fait glaise et l'asphalte luit.

La douceur extrême, encore est de mise

Et je me sens bien dans cette journée grise...

Fenêtres grandes ouvertes, la maison respire

Et le chat content, des caresses m'inspire...

Dans le parterre de lavandes et de roses

C'est à qui sera la première éclose!

Au bout de ses branches, le saule dit pleureur

Semble retenir encore quelques pleurs...

Ce rien de fraîcheur après canicule

Qui dans le sentier creuse quelques ridules

De mon coeur fané réveille l'émoi...

Et je me surprends des pensées en soie!

J.G.

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Alvéoles (5)

Situé entre le massif du Mont-Blanc et le Valais, le barrage d'Émosson s'était délesté de ses visiteurs depuis quelques heures. En cette saison, ils étaient nombreux à venir admirer le panorama sur les aiguilles de Chamonix – et l'édifice lui-même, bien entendu – avant d'opter pour l'une ou l'autre balade longeant le lac.

Le soir venu, même en été, l'air frais et le calme reprenaient leurs droits : seuls deux points lumineux demeuraient visibles, comme deux chandelles sous les étoiles. L'un d'eux était un refuge situé en bordure du barrage supérieur, à plus de deux mille trois cent mètres d'altitude. Il accueillait quelques randonneurs curieux de découvrir la montagne de Barberine au lever du jour. L'autre était l'hôtel-restaurant situé juste à côté du barrage inférieur : peu de gens s'y attardaient le soir, sauf quelques fêtards convaincus de ne pas reprendre le volant.

Quand au barrage lui-même, il ne disposait pas à proprement parler d'un poste de contrôle sur place : l'ensemble des installations était piloté depuis la vallée, à proximité de Martigny.

Milos n'avait jamais visité le site, et il se faisait une idée très vague de la topographie des lieux, malgré les informations qu'il avait trouvées sur le Web. Depuis une demi-heure, il observait un à un les écrans de surveillance du barrage, dont il avait trouvé l'accès sans difficulté aucune. Il avait même pu constater que bien d'autres pirates l'avaient précédé, en laissant des traces plus ou moins grossières selon les cas. D'autres, plus impertinents, s'étaient amusés à modifier l'orientation de certaines caméras. Milos avait repéré les fichiers qui récoltent la trace des transmissions d'images aux différents terminaux de surveillance, et en avait gardé une copie avant de se mette au travail. Une fois son opération terminée, il replacerait cette copie à l'endroit initial : toute trace de son intrusion dans le réseau des caméras serait indétectable.

Mais ce n'était pas pour une simple prise de vue qu'il avait pénétré ce réseau. Ce qu'il s'apprêtait à faire s'avérait bien plus ambitieux.

L'heure approchait. En bien d'autres circonstances il se serait senti nerveux, mais l'essentiel de son travail était maintenant terminé : il ne lui restait plus qu'à lancer l'opération : quelques séquences sur son clavier suffiraient.

La plupart des caméras montraient des dédales de couloirs bétonnés, des murs incroyablement hauts, des câbles courant le long des parois, accompagnés d'une guirlande de lumières pâles. Il trouva une seule image de l'extérieur, où l'on devinait le bord incurvé du barrage sous la lumière grise de la pleine lune. Il décida de maintenir le contact avec cette caméra durant toute l'opération, du moins jusqu'à la chute du premier élément, qui couperait toute communication.

Pour que sa mission porte pleinement ses fruits, Milos devrait lancer lui-même l'exécution de son script. Il aurait préféré laisser ce soin à son commanditaire et rentrer chez lui, dormir vingt heures, et ensuite seulement, lire la presse. Son succès se mesurerait à la grosseur des titres.

Il était fatigué. Depuis qu'il avait expliqué les principes de la « chute des dominos » aux huiles qui l'employaient – il avait entendu voler les mouches durant son exposé – il ne s'était passé que trois semaines. Mais ces trois semaines avaient changé sa vie. Non seulement le cyberpirate suspecté de nombre de méfaits plus ou moins répréhensibles était en passe de devenir comme par miracle un consultant en sécurité informatique respecté (avec à la clé un coup de torchon sur ses méfaits passés), mais à cette occasion il s'était attiré la sympathie d'une des plus jolies recrues de son nouveau commanditaire.

L'architecte de réseaux informatiques se prénommait Sabrina : sa peau ambrée et son corps de danseuse ravissaient Milos. Ils ne s'étaient pas vus souvent depuis leur rencontre, car elle virevoltait de mission en mission, aux quatre coins du monde. Ils se retrouvaient chaque jour sur un « chat » nommé « al mandaloun », que Milos avait réservé à leur usage exclusif. Lorsqu'elle était de passage et qu'elle acceptait de passer la nuit chez lui, il fallait bien admettre que Sabrina profitait au mieux de ses appétits, dopés à la fois par le manque, et les films pornographiques qu'il avait téléchargés, puis regardés à s'en user les yeux.

 

*

 

— Un dragon fort et fier se promenait sur ses terres. Quand soudain, ploc ! Il tombe par terre !

Valérie battait des mains. Cela faisait trois fois que son papa lui lisait la même comptine, mais elle en redemandait. Il poursuivit :

— Qui a fait ça ? demande le dragon. C'est moi, le mille-pattes des Carpates ! Et maintenant tu as le nez comme une pa-ta-te !

— Encore !

— Non, ma puce, je t'ai promis de te raconter l'histoire une dernière fois, mais c'était vraiment la dernière fois. Il est temps de dormir.

— Bisous alors !

— Bisous et câlin, ma choupinette ! Mouah ! Dors bien.

Après trois bisous, quatre câlins et deux répétitions du tout, Daniel s'éloigna de sa fille, lui envoya un « baiser qui vole » avant de refermer la porte. Il tendit l'oreille pour percevoir la petite voix évoquer le « dradon » et le « mipatte », mais cela faisait bien longtemps que sa fille s'endormait en silence. Dans quelques minutes elle dormirait à poings fermés.

Faustine n'allait pas tarder à rentrer, fatiguée, comme chaque soir. Depuis qu'il avait perdu son emploi, Daniel se sentait coupable : sa femme avait dû reprendre un horaire plein pour compenser la perte de revenus de son homme. Certes, il finirait bien par retrouver du travail, même s'il devait aller le chercher plus loin que prévu. Faustine ne s'était jamais plainte, mais cela n'y changeait rien : Daniel était mal à l'aise.

Le sentiment d'avoir gagné un peu d'argent « comme ça » ne l'amusait guère : même s'il avait été bien payé pour ce petit travail, le montant en lui-même était dérisoire une fois comparé aux revenus nécessaires à sa famille. Et puis ce type de travail n'offrirait aucune récurrence. La preuve : l'annonce à laquelle il avait répondu sur un site Internet local avait été supprimée.

Daniel décida de compter sur son optimisme jusqu'alors intact, et de préparer un bon repas pour sa femme. Il frissonna en ouvrant le frigo. Lui, qui d'habitude n'avait jamais froid, accueillit avec une petite grimace la caresse de l'air sur ses pieds. Il sortit deux filets de poisson du congélateur et se saisit de quelques légumes. Huile d'olive, épices, cela ferait l'affaire.

Il fit sauter les légumes dans une poêle avant de les couvrir : ils seraient croquants comme elle aime. En ouvrant le four pour y faire rôtir le poisson sous un lit de basilic, une vague de chaleur vint envelopper ses bras. Un frisson prit ses coudes d'assaut, grimpa vers ses épaules avant de s'écouler lentement dans son dos.

Ce n'était vraiment pas le moment de se laisser abattre par les microbes.

Daniel n'avait pas été malade depuis la naissance de Valérie. « Notre fille ne m'en laisse pas le temps », plaisantait-il lorsque Faustine évoquait sa robustesse. C'était une boutade, certes, mais elle avait un fond de vérité : Valérie emplissait le cœur de Daniel depuis le premier jour. Il parlait souvent de « sa vie pleine » en évoquant ses deux femmes – peut-être un peu trop souvent d'ailleurs, car à force de réflexions, il en était arrivé à craindre que Faustine ne lui reproche de ne pas désirer un deuxième enfant.

Daniel était encore perdu dans ses pensées lorsqu'il entendit la voiture de sa femme approcher. Le poisson était délicieusement parfumé : il dressa les assiettes et vint à la rencontre de sa femme dans la salle à manger, où elle venait de débarquer.

— Bonsoir, ma courageuse femme qui sonde les âmes... Assieds-toi, je te sers à l'instant.

Il servit la table d'un geste, en se disant qu'il ne la ferait pas longue ce soir : les courbatures qui commençaient à l'envahir ne lui disaient rien qui vaille. Il leva la tête et vit immédiatement au visage de Faustine que quelque chose n'allait pas. Son regard exprimait quelque chose comme une mauvaise surprise, teintée de dégoût.

Elle porta sa main gauche à la bouche et dit à mi-voix :

— Mon Dieu, Daniel, qu'est-ce qui t'arrive ?

 

 

 

Alvéoles est disponible en texte intégral ici...

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À quoi pense cette mouette?

Gouin 6552

 

 

Le parc offre un décor immense,

Emplissant l'âme de bonheur,

Une profusion de couleurs,

Enrichie par de l'or intense.

...

Le fleuve argenté, nonchalant,

Semble figé comme une image,

Tant son eau claire reste sage,

Aucun canard n'y va glissant.

...

Dans le silence non troublé,

La nature est majestueuse

Mais également gracieuse,

Elle a le don de cajoler.

...

Je savoure la poésie

Qui comble mon être en entier,

M'attarde, en de petits sentiers

Où abonde la fantaisie.

...

Tout près de l'eau, une mouette

Jouit de l'instant, comme moi

Immobile, elle pense à quoi?

Elle a choisi d'être seulette.

 

Ier août 2012

 

 

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Panique blanche


Sur l’arbre séché par l’oubli
Tombent les feuilles des souvenirs
Une à une rouillées de mes plaies
Et la branche se dégarnit
N’en reste que l’écorce gercée
Comme brûlée d’éloignement
O mes larmes cessez de pleurer
Qu’y a-t-il d’autre à regretter

Mes cheveux blancs vous le diront
Et mes pupilles
Voilées par tant d’affliction
Le pain a le goût de mes nuits
Et l’air a le son de mes heures
Qu’envient le silence de mes pleurs
Et la longue et fausse accalmie
Mon album que tue l’amnésie
Pleure ses pages jaunies par le vide
Et ses houleux spectacles que rident
Le ressassement et tant d’ennui
Sur l’arbre séché par l’oubli
Trône un corbeau faisant la fête
Le chant tempête, le vent croasse
Qu’y a-t-il encore de si beau
Dans ce théâtre si macabre
Que les relents des feuilles charognes
Dont le cadavre n’ose danser
Que consume la froide braise
Et que nul volcan n’apaise
Que l’appel du firmament

Khadija, Agadir, Samedi28/7/2012
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Du Temps de l'Avent à celui de l'Épiphanie


Évocation de Fastes aux Reflets d’Antan

et Parfums Nostalgiques…

basés sur des Traditions Occidentales séculaires immuables :

l’Art Sacré infusant l’Art Profane

 

 

Époque XIXème S. (dernière moitié) et XXèmeSiècle (premier tiers) :

de la Génération Romantique à l’Aube des Années Folles

 

 

 

"Le souvenir est le seul paradis

 d’où l’on ne puisse être chassé."

Jean Paul Richter.

 

 

 

 

                                    Assurément, notre calendrier grégorien [1] adapté lui-même du calendrier Julien , legs romain empreint de rituels ancestraux, ponctué de saints issus de la religion Judéo Chrétienne, n’offre guère d’opportunités d’unir les Hommes de bonne volonté (pour reprendre une formule de Jules Romains) autour d’heures claires et allègres spirituellement s’entend, chantant ad libitum l’émergence d’une météore ou étoile filante baptisée de Lumière du Monde, selon la définition de Saint Jean, vie nous remémorant, que l’on soit agnostique, athée ou dévot, que chaque naissance humaine relève du rationnel et donc des sciences naturelles, mais avant tout, tient du prodige, de l’indicible et du sacré, acte rempli de mystère et d’espérance, dans « l’éclosion » de sa dimension, la fraîcheur de son innocence, dont la nature bienveillante, lorsqu’elle se fait féconde, gratifie notre espèce d’Hominem, bien que la faculté d’émerveillement de cette dernière soit quelque peu tempérée par le paysage ethnique, le milieu et maints critères d’évolution au sein desquels elle baigne.

                                   Pourtant, s’il est une parenthèse à l’aura bénéfique, nous incitant à déposer les armes, c’est volontiers, celle célébrant la Nativité de l’Enfant Roi. Temps de Noël (et de l’Avent) que l’Église romaine choisit à l’orée du haut Moyen-Âge - aux environs de 330 – en situant l’anniversaire de l’Enfant Jésus à la date du 25 Décembre , afin de recouvrir et d’abolir, comme de coutume, de séculaires mœurs païennes liées au solstice d’hiver , telles que les Saturnales [2], temps de félicité et de ferveur, de préparation propitiatoire au partage (du moins concernant les « règles » religieuses de l’Occident) et qui devrait, logiquement, pouvoir générer une trêve salvatrice, à défaut d’être en mesure de faire naître une alliance éternelle entre les esprits belliqueux, menaçant notre mère nourricière, la planète terre !

                                   En vertu de cette considération philosophique, sans doute serait-il sage, toutefois, de méditer sur le sens profond à donner à ce moment de rassemblement mystique ou de liesse populaire.

                                   Encore faudrait-il pour cela, en paraphrasant la devise  d'une grande mystique vivant à l'ère du bas Moyen-âge, Sainte Catherine de Sienne, d’abord avoir soif :

 

a)                    soif  de se rejoindre et d’apprendre à se redécouvrir 

                       au-delà  de retrouvailles superficielles et vaines,

b)                    soif  de renouer les prémices d’un dialogue,

c)                    soif  de la révélation de son prochain,

d)                   ou soif   d’un mouvement de communion de cœur et

                      d’esprit même si nous sombrons pour cela dans un cliché utopique !

 

                                

                                    Or, ce globe terrestre abritant faune et flore confondues, que nous maltraitons « assidument » à qui mieux mieux, et où réside le commun des mortels, cet être double, mi-ange, mi-démon, réunit, lors de ces journées qui se veulent tissées de joies et de sérénité, son cortège de croyants et de mécréants, rejetant de ce fait, en cette période privilégiée de réjouissances (Ô temps suspens ton vol/ Et vous, heures propices, suspendez  votre cours  [3]  ) les barrières et autres clivages relatifs aux conditions sociales des Créatures de Dieu, qu’elles revendiquent ou non le dogme du Christianisme, qu’elles pratiquent ou non l’Office divin, qu’elles soient animées d’une foi ardente si ce n’est inébranlable, ou que le doute assaille leur âme de pauvres frères humains  [4], reliés entre – eux et parfois malgré eux, suivant un élément marquant de l’histoire imprégnant les chroniques de l’humanité : l’avènement du Sauveur, revêtant présentement les tendres traits du Divin Enfant, né en l’honneur de notre rédemption, et qui, grâce à son sacrifice, racheta nos péchés, comme ceux engendrés par la Guerre qui tout dévoie, cependant que Paix est vrai trésor de joy [5].

 

 

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Scène de La Nativité

de Léonard Tsuguharu Foujita

 

 

                               Aussi, dans le monde tourmenté auquel nous sommes continûment confrontés, que la spiritualité représente ou non, une aide secourable favorisant notre maturation personnelle, comment pourrions-nous demeurer en retrait d’un thème flamboyant, enluminant l’obscurité du Villain Yver  [6], en dépit du fait, que nous devons fréquemment emprunter la passage obligé d’un système mercantile, en affrontant les assauts commerciaux et médiatiques d’une société dite de consommation, davantage encline à s’attacher au matérialisme ambiant, qu’à s’adonner à de Nouvelles Méditations, ou à se ressourcer en faisant jaillir un florilège d’Harmonies poétiques et religieuses. [7]

                              Mais alors nous direz-vous, chers auditeurs ou amis lecteurs, quel serait le motif exact d’un semblable déploiement d’allégresse détenant une popularité inégalée, n’ayant de cesse de se répandre à partir de la deuxième moitié du XXème, allant crescendo au fur et à mesure de sa progression vers le XXI  ème siècle ? Quelle signification véritable attribuer à cette profusion de célébrations envahissant notre environnement, parant, en fonction de notre volonté, les foyers de la Vieille Europe  [8] ?

                              Pour une raison spontanée, instinctive et « officielle », en imitation d’usages du passé, transposés, destinés à glorifier une valeur fondamentale, la famille, emblème du héros du jour et de son illustre parenté, « fratrie » enfin recomposée nous exhortant à communiquer et à faire preuve d’une grande tolérance, du droit et du respect à la différence d’autrui, instants rares et chéris miraculeusement subtilisés à l’usure du quotidien, et aux agendas surchargés de chacun d’entre-nous, jouant en permanence à l’ « homme pressé  », n’accordant son écoute qu’avec parcimonie, et qui nous conduisent, en cette pause temporaire, à rivaliser, dans une saine émulation fraternelle, de plénitude, d’ingéniosité, d’imagination foisonnante afin de saluer dignement les proches appartenant à son arbre généalogique ou à sa famille d’adoption, de cœur.

 

                            À l’heure où la majorité de la « confrérie » de plantes « herbacées ou ligneuses  », effectue une cure de sommeil, où exceptées les vertes frondaisons persistantes d’essences botaniques isolées, l’ensemble des arbres se dépouille, conformément au cycle immuable de la végétation, nous privant par leur splendeur , d’un spectacle vivant incomparable , nous ne pouvons nous défaire quelque peu d’une sensation de mélancolie, même si nous savons pertinemment que la toison de la feuillée renaîtra sous les auspices de Primavera [9] , ce seigneur d’une folle maestria régnant sur le printemps et sa ribambelle de feuillaison, de mille et une fleurettes émaillant prairies et jardins, s’appliquant, inlassable, à les faire ressurgir opportunément.

                           Dans l‘attente de cette perspective heureuse, il nous faut instamment recourir à un subterfuge afin d’apprivoiser pareille lacune, et conjurer immanquablement la « carence » en luminosité, ainsi que l’absence quasi générale de la « gent chlorophyllienne ». Envers quelle alternative ou produit de  substitution se tourner, pour atténuer la perception d’engourdissements que Dame Nature nous livre, sinon de s’approprier les maigres liens restants de celle-ci, ou en désespoir de cause de sélectionner un palliatif de qualité, déguisé sous les contours de végétaux en reproduction, de fleurs de soie, répondant à l'intitulation de « trompe l’œil », tant ces « faussaires », hélas inodores, sont criant de vérité ?

 

                           Effectivement, qui dit se regrouper afin de festoyer dans la chaleur de l’unité retrouvée, invite sitôt à concevoir une mise en scène enchanteresse dévolue à faire s’extasier petits et grands, à voir s’illuminer leurs prunelles devant une « débauche  » d’ornements féeriques en  Robes de parade [10], choisissant d’élire, selon son inclination et Affinités électives  goethéennes, un Minuit chrétien ou un Minuit profane, chaque « maisonnée » offrant l‘hospitalité, restant in fine, seule juge du mode et de la stylistique à adopter, s’abandonnant à une inventivité sensible et débridée, parlante, manifestant une expression artistique inhérente à son tempérament, rehaussée, inconsciemment ou non, d’images d’antan évocatoires de la prime enfance, réminiscences lointaines sublimées, ou imaginaire créatif débordant, enrichis depuis, de références issues de notre patrimoine culturel, engrangées au long du Livre d’échéances  [11] parcouru, feuilleté de manière confidentielle, puisant au tréfonds de ses propres souvenirs.

 

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La célébration de la Noël :

la préparation de la veillée et de son repas festif

de Carl Larrson

 

                         Nuit d’étoiles  [12] évocatrice d’un autrefois disparu, idéalisé voire fantasmé, dégageant moult effluves nostalgiques certes, et nous conviant allégrement à soupirer auprès d’une candeur « égarée», en partant incontinent, à la Recherche du Temps Perdu [13].

                        Veillée , précédée de ces semaines de l’Adventus  infusant les usages séculiers, ô combien nimbée de magie, d’onirisme, ponctuée d’une farandole de petites lueurs disséminées à la façon d’« un bon génie », non sans motif et symboles historiques, ornée d’un fleurissement privilégiant de verdoyants rameaux d’espèces végétales non caduques[14] sous la présidence du maître suprême, le genre des résineux y compris sa Majesté Epicéa, bref, toute une suite de nobles éléments d’ordre « décoratif », mais véhiculant, outre, leurs brillantes et charmantes enveloppes, une abondante signification dépassant les apparences, ayant pour vocation initiale d’exalter la grandeur de ces heures uniques et protégées, (ne serait-ce que l’ espace d’une halte) des clameurs de l’univers et de ses violences, et qui semble, de surcroît, nous conseiller de savourer ce Carpe diem  [15] fugace – gage de promesses « concrètes », « tangibles  » - dont il nous faut nous délecter avant qu’il nous néglige en s’envolant, cueillant sans ambages ni scrupules, les fruits de celui-ci !

                        Plaisir, vous qui toujours, remplacez le bonheur, s’exclamait clairvoyante, la poétesse Anna de Noailles, sachant mieux que quiconque, non seulement discerner le premier du deuxième, mais distinguer en l’occurrence, les agréments, qui ne sont que clairsemés sur cette terre  où nous ne sommes que de passage, éphémères et volatiles, telles nos amies les fleurs, décernés au gré du destin avaricieux, et ne sauraient donc se comparer aux « félicités célestes » que la Providence s’engage dans un devenir futur et sous un « aspect » différent, à nous allouer…

 

                       En attendant, faisons montre de sapience [16], et place à la solennité des rites fêtant sur un ton éclatant la venue du Roi des Cieux, contemplé, choyé par la Vierge Marie entourée d’angelots et d’archanges aux dous souris, touchant tableau d’une scène éminemment confessionnelle qui imprime à son tour la classe des laïcs [17], et suscite un vaste éventail d’us et coutumes , ne cessant point de se transformer au fil des siècles (non par le fond mais par la forme, le style), cheminant au cœur de notre hexagone, lui-même dérivant de civilisations lointaines et avoisinantes…

                       Formulons le vœu afin que la luxuriance de l’ornementation végétale sacrée, et son indissociable pendant, les parures d’essences profanes représentées jadis, dans une « débauche » de luxe inouïe et inimitable, perdure à infuser nos imaginaires , nos esprits créatifs en éveil (gage d’une société  équilibrée, épanouie…) réalisant là, la synthèse d’un naguère florissant révolu, sorte de trait d’union se voulant à la fois un vibrant hommage aux traditions d’antan et une libre interprétation de leur histoire [18], transposition d’un idéal rêvé grâce à l’apport de force témoignages documentaires, littéraires ou illustrés reposant principalement sur la seconde moitié du XIXème siècle , où sévit le goût et le mouvement Romantique , pour parvenir aux aurores de 1930.

                      Années Folles auxquelles l’on rattache communément l’entrée, conquérant notre territoire, de la couronne de Noël   [19] (symbole d’hospitalité  et de protection…) venant remplacer les simples branches décorant auparavant le seuil des demeures de nos ancêtres, alors que celle dite de l’Avent [20], inséparable des annales de notre continent, trône, impériale, déposée dessus un meuble ou métamorphosée en lustre, accompagnée d’un flot de guirlandes, guirlandes festons garnissant les manteaux de cheminées, encadrements de portes, tentures etc., tandis que dominant de toute son ampleur, l’assemblée, s’élève un auguste médiateur porteur de paix et de réconciliation entre les hommes, ce joyau des festivités : le sapin de Noël aux aiguilles périssables…

                      Essence végétale façonnée de contrastes, rappelant notre propre dualité, plante de prédilection, vigoureuse en tout point, lorsqu’au commencement de son « exil », nous la convoitons et la sacrifions, dès son enlèvement, sur l’autel de nos égoïsmes collectifs, puisque, à moins de lui conserver ses racines, dans un geste d’un idéal écologique responsable, notre tentative « d’acclimatation » exercée sous la contrainte, échoue systématiquement. Blessée, privée de son milieu biologique nutritif, elle ne tarde pas à dépérir et à se dénuder, enfin ses « modestes défenses » jonchant le sol de sa « prison dorée », elle s’éteint d’une manière implacable, nous obligeant, les agapes accomplies en ce début de nouvel an, à assister, impuissants, à pareille déchéance, transformant malgré nous, nos salons en « chambres funéraires » d’un pan du monde botanique.

                     Toutefois, le Picea  [21](épicéa, en langue vernaculaire) quand il est encore gorgé de sève, puissamment irrigué de chlorophylle, renforce son image traversée d’une énergie vitale hors–norme, renouant avec force récits bibliques :

                    Arbre de vie, de la Connaissance du Bien et du Mal  [22] (par conséquent de la Tentation) en lieu et place de l’arbre fructifère comestible, il se fait l’attribut du Paradis d’Adam et Eve, lors des Mystères [23] médiévaux (Bas Moyen – âge), organisés précocement en Alsace (province précurseur, à l’époque, non rattachée au royaume Françoys ,acquise sous Louis XIV et annexée en 1871 jusqu‘en 1919 par l’Allemagne, berceau du territoire « français » de cette coutume venue d’Outre-Rhin, qui consiste à habiller les branches d’un sapin entier [24] , de pommes rouges appétissantes…) « lecture » simplifiée et revisitée des Saintes-Écritures, assignée à être décryptée et assimilée par les humbles ne prisant que l’oralité, à l’inverse de savants exégète, d’où ce rôle de figurant jouant au tentateur…

                    Dautres témoignages théologiques de référence nous attestent que son empire comporte un éminent fleuron, le Christ, la fleur des fleurs métaphorique de l’arbre de Jessé [25], rose sortant d’un délicat rameau, la Vierge Marie, que nous retrouverons bientôt sous une configuration dissemblable, fleurissant sa seigneurie sylvestre.

 

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Stille Nacht ou la ronde autour du sapin

de Viggo Johansen, XIXème siècle,

 

(tableau illustrant fort bien par exemple l'une des scènes de réjouissances

dépeinte au cœur fameux conte "le Sapin" d'Hans Christian Andersen)

 

 

 

                    « Doué » d’un langage ambivalent, que pragmatiques, nos vénérables anciens lui ont octroyé en corrélation de la famille des conifères à la ramée perpétuellement pigmentée de verdure , habitée d’immortalité ou presque, ifs, cyprès, genévriers, sapins blancs ou vrais, pins, cèdres etc. … aux forces antagonistes, transmettant une « dialectique  » de vie et de mort, puis de résurrection (légendes mythologiques et chrétiennes à l’appui…) notre Sapin de Noël, quelquefois désigné par le surnom de Sapin rouge ne saurait être confondu avec des descendants de sa « frèrie  », car sans embrasser pour autant le Violon d’Ingres de Jean-Jacques Rousseau, ce Promeneur solitaire chevronné et féru d’observation naturaliste, d’herborisation, sa silhouette élancée reconnaissable entre toutes parmi ses comparses, fut admirablement « dessinée » par un chantre du XXème siècle, qui nous la restitua sans traits abusifs ou erronés, la croquant en « blason » coiffé d’un couvre-chef fantasque :

 

Les Sapins en bonnets pointus

De longues robes revêtus

         Comme des astrologues… [26]   […]

 

                       Nous ne pourrions prétendre à la complétude de son effigie, si nous négligions de lui consacrer un condensé de ses facultés ornementales.

                      Vers quelle datation de l’histoire devons nous nous tourner, afin de rattacher l’introduction de son usage, puis de sa propagation au sein de notre pays ?

                      Nous répondrons sans atermoiement, en divulguant une thèse  que, botanistes et historiens de l’art reprennent de concert, s’accordant à accréditer une version similaire concernant son « apparition » : avant de se répandre au cœur de notre France profonde et de « convertir » chacun de ses terroirs, forts d’une floraison de spécificités, c’est l’antique cité de Lutèce qui, en pionnière, pu se flatter d’un tel prestige, plus précisément, la cour des Tuileries du roi Louis-Philippe et de sa dynastie (« Orléans », ayant pour la postérité, forgée une relation étroite avec Amboise et son château royal ligérien…), où il provoqua la surprise de l’assistance, lors de son « exhibition » confidentielle de 1837 (certains contradicteurs nous opposerons l’année 1840…), en concomitance du mouvement romantique alors à l’acmé de sa création, et ceci, grâce à un personnage féminin de haute extraction, belle-fille du souverain, la duchesse Hélène de Mecklembourg.

                    Néanmoins, bien que s’attachant les faveurs d’un cercle d’initiés, d’esthètes vivant dans l’opulence et goûtant la nouveauté, il faudra attendre le conflit de 1870 pour que son expansion puisse se concrétiser (fait de l’occupation allemande exportant ses traditions ou de celui du repli parisien des Alsaciens après la défaite ?) et se démocratise à fortiori « en sourdine », au début du XXème siècle, où dorénavant notre population succombe à son attraction, touchant en particulier les classes sociales favorisées en ayant la primeur, reproduisant le schéma de celles associées à l’Empire Britannique, car en concomitance de l’instauration française de l’arbre de Noël, une version historique soutient la théorie, que ce serait en provenance d’Allemagne et des contrées nordiques, qu’il se serait implanté en Angleterre ; d’aucuns chroniqueurs corroborent l’hypothèse que les marchands germaniques y ont grandement contribué, tandis que d’autres certifient que sa diffusion en reviendrait au Prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha par son union en 1840 avec la Reine Victoria .

                  Ah ! Le charme ineffable légendaire et incomparable des Noëls anglais sous le règne de cette souveraine…

 

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Carte postale anglaise fin XIXème représentant

le Divin- Enfant symbole charismatique du sapin

 

 

                 Concernant notre patrie, il est à signaler que nous éprouvâmes des difficultés à nous délester des a priori, de la défiance tenace dont les catholiques l’entourèrent, en regard de la veine protestante de ce sapin, « rival symbolique de la crèche sanctifiée », idéalement édifiée selon les préceptes de l’Église romaine.

               Quant aux « suspensions » originelles éclairant notre « porte-bonheur », l’épicéa, le Grand Siècle du Roi-Soleil [27] possède la prérogative de ces innovations porteuses d’un code sacré : pommes susmentionnées, hosties (préparation issue d’une variété de blé, le froment, attribut christique par excellence et de fertilité…), roses en papiers peints (symboles de l’unique terminaison florale « couronnant » l’arbre de Jessé, le Christ.

                 Avec l’échelonnement des ans, vinrent les rejoindre des fils d’or, des noix dorées et argentées (emblèmes de fécondité), des confiseries régionales, des étoiles [28] , des jouets, des rubans et des bougies (une douzaine correspondant à chaque mois de l’année, dit-on), faisant le ravissement de notre réveillon (terme né au XVIII  ème siècle) et de ses soirées d’avant première.

                Est-il besoin de vous stipuler que cette pléiade d’objets symboliques était prometteuse de vie et de prospérité ?

                Ainsi, pour clore notre entretien traitant des coutumes ornementales efflorescentes d’un Noël ancien atteignant sa quintessence à l’aube du XXème siècle, nous oserons affirmer, que le sapin dégage une noblesse d’expression telle, qu’il magnifie nos désirs prosaïques d’hédonistes, et par ses ramifications d’envergure, relayées d’un « idiome » interne, parait nous dispenser un message de sagesse universelle (ravivant notre souvenance parfois oublieuse, occultant le sort inexorable qui nous attend…) et nous conforte dans ce contexte indéniable, que rien ni personne, ici-bas, ne peut prétendre à l’éternité de la « matière », monument verdoyant, chef-d’œuvre naturel ou en reproduction [29], détenteur du titre envié du Roi des forêts, escorté de verts sujets, nous convoquant à nous réjouir, sinon à jouir d’instants précieux, bénis des Dieux !

                Fasse, que conscients de cette réalité, plongeant dans un élan salutaire et jubilatoire, au cœur d’une Fontaine de Jouvence compensatoire, ou de tout autre exutoire, source de rayonnement, nous puissions à l’unisson clamer ce credo :

 

"L’on n’échappe pas au monde

plus sûrement que par l’art,

et l’on ne s’y unit pas

plus sûrement que par lui."

                                                                                     

                                                                                      J.W. Goethe.

 

 

 

Étude de Valériane d‘Alizée.

Historienne chercheur de la flore,

et auteur-Interprète  de textes naturalistes.

Tous droits de reproduction réservés.

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L'Adoration des Mages d'Edward Burne Jones (vers1887)

 

 


[1] : Le calendrier grégorien ( calendrier provenant du latin Calendarium signifiant   livre d’échéances , dérive de la locution latine Calendae, ces calendes qui représentent le premier jour de chaque mois pour la civilisation antique romaine ) est ainsi nommé en mémoire de son instaurateur le pape Grégoire XIII , qui en  1582 , réforma le Julien son prédécesseur , institué quant à lui , dès 46 avant J.C,.par Jules César, et se base sur le rayonnement de l’astre solaire ; répartie en douze mois, l’année se divise en quatre saisons, comme chacun sait, saisons comportant les solstices (été hiver) et les équinoxes (printemps automne). Le Calendarium liturgique régi autour des fêtes de Noël et de Pâques fut établi entre les IVème et IXème siècles, et l’année organisée autour des rites liturgiques chrétiens commence à la période dite de l’Avent (du latin Adventus, terme aux racines profanes traduisant la Venue au sens d’avènement du mot…), ce temps de préparation de réjouissances religieuses annonçant l’épisode clé de la Nativité de Jésus-Christ. Célébré invariablement depuis le VIème  siècle, le Dimanche le plus proche de la Saint André (le 30 Novembre), il est synonyme, à partir du milieu du Moyen-âge, de gai recueillement destiné à louer l’apparition du Sauveur de l’humanité. C’est la raison pour laquelle, Noël, se plaçant dans l’hémisphère nord, au centre de la sombre époque hivernale, il était d’usage de se prémunir de l’éclipse du soleil et de la végétation, - en ayant recours à des artifices ornementaux, cierges, bougies, lanternes et végétaux, censés éloigner les âmes en errance des défunts et des démons, se réveillant ponctuellement au cours des fameux douze jours jugés dangereux, se déroulant de Noël à l’Épiphanie…

La fête de Noël, à proprement parler, ne remonte qu’au IVème siècle, aux années 330, précisément.

[2] : Les Saturnales surnommées libertés de Décembre, étaient des festivités placées sous la présidence de la Rome antique, ayant lieu vers le 17 Décembre, lors du solstice d’hiver ; elles avaient pour mission de faire revivre l’Âge d’Or, phase mythique où l’ensemble des hommes était heureux et fraternel, d’après les récits fondateurs de l’Antiquité grecque, infusant ceux des Romains. Parrainées par le dieu Saturne dont l’appellation sous-entend semences et fécondité , ces pratiques devaient se dégrader en se dirigeant vers la débauche, ce qui notamment servit de prétexte, comme à l’accoutumée, aux Pères de l’Église, pour les éradiquer et leur substituer celles de la Noël et de l’Épiphanie, conservant de ces premières impies, quelques traditions, semblables au Grand repas, aux présents mutuels échangés, à la galette partagée, au décorum végétal etc. … 

[3] : Célèbres vers issus du poème d’Alphonse de Lamartine : Le Lac.

[4] : Expression poétique due à l’auteur médiéval François Villon.

[5] : Allusion à la fameuse ballade de Charles d’Orléans, Prince des poètes lié à l’histoire du château royal d’Amboise ; pièce poétique (Priez pour paix), dont le compositeur Francis Poulenc réalisa une sensible mise en musique ; ces vers furent écrits à l’origine en Moyen Français: En deboutant guerre qui tout desvoye… / Priez pour Paix / Le Vray trésor de joye ‘.

[6] : Détournement d’une citation extraite du rondeau de Charles d’Orléans : Yver vous n’estes qu’un villain ...

[7] : Emprunt au recueil poétique d’Alphonse de Lamartine.

[8] : Formule historique désignant ici, les pays nordiques (Scandinavie) et germaniques, l’Angleterre, et la France ; Il semblerait que ceux du pourtour méditerranéen aient fait preuve de modération, étant moins sensibles aux fastes floraux de Noël, à de rares exceptions près !

[9] : Divinité tutélaire du Printemps sous l’Antiquité romaine, le complice de la déesse Flora présidant à la destinée des fleurs, Flora ou Flore, cette Belle Rommaine chère à la littérature et aux arts décoratifs, dont François Villon cita les attraits au cœur de sa ballade des  Dames du temps jadis.

[10] :Formule empruntée au poète Albert Samain(recueil Au Jardin de l'Infante).

[11] : Métaphore et traduction de Calendarium (expression latine désignant le mot calendrier).

[12] : Emprunt d’une pièce poétique due à Théodore de Banville, devenant une mélodie pour chant et piano sous la plume musicale de Claude Debussy.

[13] : Allusion à l’œuvre romanesque de Marcel Proust.

14 :Le feuillage persistant tel que celui appartenant à nombre de conifères, lié également au lierre, houx, buis, laurier noble etc...exprime dans sa globalité une symbolique de vie, de pérennité, porteuse d’une sève quasi immortelle que l’humanité peut envier, humains souhaitant plus que jamais se réjouir, en cette période de Natalies dies (jour de naissance) ou d’Emmanuel (Dieu avec nous en langue hébraïque), leur faisant oublier, du moins le temps de ces réjouissances, qu’ils dirigent leurs pas vers l’inéluctable ; ainsi les verts branchages semblant encore vivants en plein cœur de l’hiver synonyme de trépas pour certains feuillus, nous renvoyant l’image du nôtre, exorcisent en quelque sorte, nos aptitudes à disparaître…

15: Locution latine dont la traduction littérale est : cueille le jour, invitation à jouir de l’instant présent.

 [16] : Formule ancienne médiévale signifiant : foi, sagesse, patience et science.

[17] : Depuis des temps immémoriaux et cela en dépit des confessions de différentes civilisations, ne perdons jamais de vue, que le sacré a constamment nourri les mœurs et l’art profane, même si une certaine élite ecclésiale de chrétiens, relayée d’une édile d’aristocrates nantis de puissants pouvoirs ont violemment rejeté la culture des Païens…pour s’empresser de la remodeler à leur guise, selon leurs convictions !

[18] : En effet, bien que nous nous basons sur des recherches historiques approfondies étayées d’une iconographie de choix, l’ornementation végétale de cette Célébration de Noël, alliance de la théorie et de la pratique, c'est-à-dire de la vision d’un chercheur en histoire de la flore unie à celle d’un floraliste d’art, laisse heureusement une part importante à la liberté d’expression, et ne se veut en aucun cas une reconstitution décalquée d’un faste d’antan, mais suggère plutôt une évocation de style, d’un lustre floral du passé …

[19] : De souche Anglo-saxonne, la couronne de Noël représente la parure fétiche destinée à être suspendue à l’huis des maisons.

[20] : La couronne de l’Avent munie de ses quatre bougies, célèbre un rite de l’Europe du Nord, inspiré de la Sainte Lucie (incarnation suédoise de la lumière fêtée le 13 décembre) pour parvenir ensuite en Allemagne orientale au  XVIème s. et se répandre plus tardivement chez les luthériens et catholiques germaniques, avant de nous être redistribuée vers 1930.  

[21] : Notre seul vrai arbre de Noël, Picea en latin,  dit aussi Sapin rouge (son écorce écailleuse se colore d’un brun rougeâtre) étend ses souples rameaux  et ses fruits  coniques, au centre d’un territoire forestier français favorable à son épanouissement. Essence botanique du froid humide, elle est la merveille incontestée du massif des Vosges, du Jura, des Préalpes du Nord, où elle semble partir à l’assaut de je ne sais quelle montagne, à la façon d’escadrons de bon petits soldats dressés en rangs serrés.

22:L’espérance de vie de notre arbre de Noël (Picea) couvre une longueur de 500 à 700 ans, que malheureusement celui-ci a bien du mal à atteindre, étant donné que nous continuons à la prélever indéfiniment, malgré la présence de son substitut le sapin blanc ou argenté (Abies alba mill)…, heureusement, l’élevage de l’épicéa par le biais de la sylviculture est de plus en plus développé, ce qui contribue à le protéger de ces pillages anti écologiques.

23 : Les Mystères (provenant de Ministerium) mot latin désignant la cérémonie) étaient des représentations scéniques interprétées sur les parvis ou sur les porches des édifices religieux des grandes cités, basées d’après une thématique sacrée ; ces jeux liturgiques, cousins des Miracles (drames médiévaux relatant tout au long de l’année la vie des saints, dispensés en salles ou en plein air…), extrêmement populaires entre le XIVème et le XVème siècle, avaient pour fonction de divertir, tout en éduquant, et se déroulaient lors de célébrations chrétiennes de premier plan (Noël, Épiphanie, Pâques) ; les fêtes princières eurent également recours à leur service. Concernant les festivités de la Nativité de l’Enfant-Jésus, deux scènes majeures furent facilement théâtralisées, celle, d’une part, de nos premiers parents, le couple mythique Adam et Ève, et celle, de l’autre, des bergers venus adorer dans sa crèche, le Sauveur de l’humanité…

[24] : Prenant le relais des verts rameaux dispersés sur le devant et à l’intérieur des demeures de leurs aînés, mœurs léguées par les Romains polythéistes contre lesquelles l’Église s’insurgea (se reporter aux notes précédentes…), la coutume de dresser un arbre  persistant dans son intégralité remonterait au Xème siècle et prendrait sa souche en Allemagne (Hôpital de Fribourg-en Brisgau), 1419,date correspondant à trois ans près à la fin de notre fameuse guerre dite de Cent ans et à l’avènement de Charles VII (1422 ). Sous la Renaissance, Sélestat (Bas-Rhin) mentionne déjà le premier arbre vert (1521).

[25] : Allusion à l’arbre généalogique du Christ, illustré soit dans les arts décoratifs (vitrail…), soit dans la littérature dès le XIIème siècle, à partir d’un texte prophétique d’Isaïe, que certains auteurs médiévaux reprendront à leur tour.

[26] : Les trois premiers vers des Sapins (recueil Alcools, 1913) issus du poème de Guillaume Apollinaire, pièce poétique honorant non pas les Sapins dans leur généralité, mais  dans son genre Épicéa…

[27] : Toujours au XVIIème siècle, au domaine royal de Versailles, la princesse Palatine Élisabeth-Charlotte, épouse de Monsieur, frère de Louis XIV, se rappelait non sans émotion, les arbres de Noël de son pays d’origine, où les minois enfantins, semblables au sien, contemplaient éblouis, les branches de ces derniers, lourdes de bougies, de guirlandes de sucres filé et de pommes caramélisées…

[28] : L’étoile du sapin proviendrait de l’étoile de Bethléem ou de l’Épiphanie, astre à son lever guidant les Mages venus d’Orient jusqu’à Bethléem en Judée, afin d’adorer l’Enfant Jésus (d’après l’Évangile selon Saint Mathieu). Elle est devenue, par analogie, le symbole de la lumière protectrice.

[29] : De tout temps, l’homme n’a cessé pour pallier au déficit des fruits de la nature (morte saison oblige) de vouloir les reproduire en employant des matières nobles, tissus (soie…) cire, papier etc. …copies ressemblant comme des sœurs aux modèles originaux, subtilement ouvragées par  des  mains délicates et cela depuis l’Antiquité, en passant par la Chine ancienne jusqu’aux confins de 1950 où des ateliers d’artisanats d’art officiaient encore. De nos jours, quoique certaines maisons de luxe défendent toujours cette pratique du trompe–l’œil, une large diffusion de produits bas de gamme sévit à loisir, inondant à notre grand dam le marché, étant donné que s’incrustant chaque année davantage, en provenance d’Asie, ils déforment l’optique et le goût des consommateurs, tant et si bien que même si un nombre de  résistants à l’artificiel persévère à n’employer que des végétaux indigènes ou cultivés (mais éphémères) fraîchement cueillis, afin de servir de supports à la fabrication de l’œuvre souhaitée, adaptée selon ses propres desiderata, la majorité de la clientèle tentée par la facilité et le coût de l’article, acquiert des assemblages stéréotypés, des choses toutes faites , qui, hormis cet aspect clinquant s’éloignant de plus en plus du réalisme des végétaux, possèdent deux atouts majeurs : ils sont réutilisables (jusqu’à l’écœurement !) et ne demandent guère d’investissement de temps, puisque ils sont déjà prêts à décorer nos habitats, au détriment de tant de valeurs méprisées, dont celle de la créativité individuelle et des métiers d’art. Que dire des modèles de sapins en reproduction, tellement ils sont dénaturés, dépourvus d’odeurs !

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Abandon

 

Pour me reposer, je ferme les yeux.

S’installe le noir, la nuit où je sombre.

Rien d’impératif ne me sort de l’ombre,

J’ai l’âme engourdie, l’esprit oublieux.

...

S’installe le noir, la nuit où je sombre,

Un espace uni, sans coin lumineux.

J’ai l’âme engourdie, l’esprit oublieux,

Non embarrassé de mots ou de nombres.

...

Un espace uni, sans coin lumineux,

Sans vent, sans remous, sans aucun encombre,

Non embarrassé de mots ou de nombres,

Le temps s’y fait lent et silencieux

...

Sans vent, sans remous, sans aucun encombre,

L’îlot où s'endort tout besoin fâcheux.

Le temps s'y fait lent et silencieux,

L'envie d'exister surgira de l'ombre.

...

7 novembre 2006

 

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Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi . Nul de nous

n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous

vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se

plaint quelquefois des écrivains qui disent moi . Parlez-nous de nous, leur crie-t-on .Hélas !

quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah !

insensé, qui crois que je ne suis pas toi !

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Pensée matinale,

Paris matinal,

s’éveille le vieux canal,

porte Saint-Martin,

baille la capitale ;

une fillette joue à la balle,

mon cœur s’emballe,

mon corps a mal,

je songe à vous ;

la pénombre sous les arbres,

m’enveloppe en entier,

dissimule mon absolue nudité,

invisible étrangement.

Par la pensée,

je me donne tellement,

je déborde de moi-même,

je vous cherche ;

Touchante le suis-je ?

Me sentez-vous un peu ?

L’arborescence murmurante,

légère et  tiède sur moi,

 est un chandail vert, entrouvert ;

il fait si chaud !

Ma gorge est fraiche à l’instar de l’ondée,

qui s’abat soudainement,

 me traverse, alourdit ma parure,

se mêle à toute ma peine, en même temps que ma joie ;

 Celle d’aimer infiniment.

Je vous espère, vous reçois,

tatoue votre regard, votre sourire,

sur ma peau,

enfin, partout où je résiste,

 où je respire.

Ne point vous perdre mon cher ami,

mon seul amour !

 

 

 

 

 

 

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Alvéoles (4)

— Combien, tu as dit ?

— Deux cents.

— Ça fait cent euros de l'heure. Tu devrais en faire une activité permanente.

— C'est ça, moque-toi.

— Je ne me moque jamais d'un ami qui m'offre un petit blanc, Daniel.

— En tout cas j'ai été payé cash, et avec le sourire.

— Et tu as fait progresser la recherche.

— Oui il paraît. Enfin, sur le coup... ne me demande pas trop de détails, hein... tout ce que je sais c'est qu'il s'agit d'observer des phénomènes dans la basse atmosphère.

— Ouais, c'est bien gentil tout ça, mais pourquoi ne font-ils pas le boulot eux-mêmes ?

— Ces gars n'ont aucune connaissance de la région, c'est aussi simple que ça. Tu aurais dû voir celui qui a pris contact avec moi... Super sympa, mais aussi sec qu'une trique ! Il aurait laissé ses poumons à mi-chemin du col.

— Hé, Daniel, joue pas aux héros, c'est quand même pas la mort de monter là-haut.

— Non, mais le truc que j'avais sur le dos, eh bien, il ne l'aurait pas emmené sur le sien, je te le dis franchement.

— Et c'est quoi au juste ?

— Une petite station météo en miniature, m'a dit le gars. Difficile de vérifier : c'est un truc d'un seul bloc, sans aspérités. On dirait qu'il y un petit moteur dedans : j'ai senti des vibrations.

— Et c'est tout ? Tu l'as laissé là ?

— Quelqu'un d'autre viendra le chercher quand leur expérience sera terminée. Ils doivent venir sur place avec un ordinateur, et tout et tout... On me préviendra si on a besoin de moi.

— Hé bien, je ne sais pas ce qu'ils vont nous trouver dans la basse atmosphère, mais moi... j'ai intérêt à filer doux. La patronne n'aime pas me voir arriver en retard le samedi midi.

— Ni aucun autre midi ! plaisanta Daniel.

— Ouais. Mais là, maintenant, on est samedi. Et si je me fais pas engueuler, ce sera déjà ça de gagné. Tu passes demain avec tes pitchounes ?

— Avec plaisir. À l'heure où ta Syrah est au frais par exemple ?

— J'allais le dire.

Daniel adressa un clin d'œil à son ami et le regarda s'éloigner. L'idée de s'envoyer un ballon de rosé en sa compagnie le lendemain lui mit l'eau à la bouche. Il avait bu trois cafés pour se remettre de sa randonnée, avant de commencer à « vraiment » se désaltérer. L'arrivée de son ami lui avait fait boire un ou deux verres de plus qu'il escomptait, certes, mais il aimait sa compagnie débonnaire et ne se privait jamais d'accepter ses invitations.

Son « vieux chercheur » était venu le rejoindre ici même, environ une heure plus tôt. Il lui avait immédiatement tendu une enveloppe pliée en deux, contenant quatre billets de cinquante euros, l'avait remercié après avoir accepté un thé au lait. À l'exception de la moiteur de ses mains, Daniel avait trouvé l'homme extrêmement sympathique. Souriant, manifestant un sens de l'humour subtil, il contrastait avec l'image qu'il se faisait d'un chercheur.

L'homme avait montré un visage amusé :

— Vous savez, mes collègues et moi sommes tout le temps sur le terrain. Nous sommes en contact répété avec nombre de personnes qui nous aident. Même si c'est la première fois que nous collaborons, vous et moi, je suis tout le contraire d'un rat de laboratoire, croyez-moi. Je ne les apprécie pas beaucoup moi-même.

Après s'être assuré du fait que les consignes aient été scrupuleusement respectées, l'homme avait pris congé :

— Je suis désolé de ne pas pouvoir rester plus longtemps, mais j'ai encore de la route à faire avant mes prochaines réunions. Si vous souhaitez me joindre, voici mes coordonnées. Laissez-moi un message au cas où je ne pourrais vous répondre. Je vous rappellerai ou vous enverrai un email.

Il s'étaient salués, et même si l'homme lui avait adressé à nouveau un sourire amical tout en le remerciant vivement, Daniel avait une fois encore ressenti un léger frisson au contact de ses mains chaudes et moites.

 

***

 

L'alfa noire filait à allure régulière vers le sud.

— Tu sais quoi ? demanda Judith.

— Quoi ?

— Je t'aime.

— Ah ? Mais c'est bien, ça ! Donc on a eu raison de se marier alors ?

— Pff, ne joue pas les désinvoltes, ça te va très mal.

— C'est ça, c'est ça... Dis-moi, quand on s'est rencontrés, tu me prenais pour David Caruso dans « Les experts, Miami », n'est-ce pas ? Eh bien, j'en prends les attitudes.

— Moi ? Je n'ai jamais dit ça.

— N'importe quoi ! Je peux même te dire le jour et l'heure !

— Quelle importance, puisque moi, je ne m'en souviens pas ?

— Si je te donne le jour et l'heure, cela pourra t'aider à te souvenir.

Judith mima une position de défense – façon manga japonais – en mettant ses avant-bras en croix :

— N'y compte pas, ma mauvaise foi est invincible. Quand tu seras vieux, tu deviendras sourd pour ne plus m'entendre. Alors moi, je fais dans l'amnésie maintenant, à titre préventif !

— Toi ? À ton âge ? Zut alors... Tu aurais dû me le dire avant ton « oui » de tout à l'heure.

— Je n'ai pas dit « oui ». Toi non plus d'ailleurs. Pff, les hommes, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre !

— Tu as bien raison ! D'ailleurs ma maman disait la même chose des femmes.

— C'est vrai ?

— Oui. Enfin... elle a commencé à le dire au début de mon adolescence.

— Tiens donc, la Mamma protège son Mimmo chéri. C'est un truc à rester puceau jusqu'à trente ans, ça !

— Mais je le suis précisément resté jusqu'à trente ans !

— C'est du joli ! Voilà bien le genre de choses que l'on n'apprend jamais avant de se marier !

Judith glissa son épaule sous la ceinture de sécurité et se rapprocha de son mari. Elle lui glissa à l'oreille :

— Tu t'es bien rattrapé par la suite, mon homme. Tu me fais merveilleusement bien l'amour. Et j'en viens à me dire que passer notre nuit de noces dans ta voiture n'était pas une si bonne idée que cela.

Elle embrassa Dominique en prenant soin de ne pas brouiller son champ de vision. Il se laissa faire avec délectation, puis ajouta :

— Sois rassurée, nous n'allons pas rester dans ma voiture bien longtemps.

L'alfa ralentit, et sortit de l'autoroute. Judith se rassit en silence.

— Dans dix minutes nous serons arrivés. Nous reprendrons la route demain matin. Je me suis dit que nous serions mieux dans un grand lit... Même si l'idée de voyager cette nuit était très originale.

Judith ferma les yeux et baissa la tête. Son mari s'inquiéta :

— Mon amour ? Ça ne va pas ?

Elle sourit et le regarda d'un air mi étonné mi amusé :

— Si... C'est parfois troublant comme tu peux lire dans mes pensées. Je suis crevée.

— Pour tout te dire, moi aussi je suis crevé.

— Alors emmène-moi au château, mon prince... Laissons les chevaux se reposer.

— My pleasure, Milady.

(Alvéoles est disponible en texte intégral ici...)

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