« Les sociétés démocratiques ont besoin de médias forts, et WikiLeaks fait partie de ces médias. Les médias aident à préserver des gouvernements honnêtes. WikiLeaks a révélé des vérités solides à propos des guerres d'Irak et d'Afghanistan, et a sorti des affaires de corruption de la part d'entreprises ».
Julian Paul Assange, spokesperson and editor in chief for WikiLeaks
La chasse est ouverte. La guerre contre Wikileaks est engagée.
Un certain nombre d'actions » pourraient être menées.
Victime de nombreuses attaques informatiques, sous la pression des autorités de plusieurs pays, le site a perdu son adresse Wikileaks.org et a été transféré sur Wikileaks.ch.
Wikileaks est décrété « menace pour l’armée » par le pentagone...
La France par l’intermédiaire d’Eric Besson, nain politique et ministériel, propose de mettre un terme à l’hébergement sur le territoire français du site Wikileaks ; une France qui est passée en cinq ans, dans le classement de Reporters sans frontières, du 11e rang au 44e rang de la liberté d'informer…
Jusqu'où la classe médiatique et la classe politique dans son ensemble entendent-elles laisser filer cette liberté ?
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« Dans une décision-clé concernant les documents du Pentagone, la Cour suprême américaine a déclaré que “seule une presse libre et sans restriction peut efficacement révéler ce que cache un gouvernement”. Aussi, la tempête qui entoure WikiLeaks aujourd'hui renforce le besoin de défendre le droit de tous les médias de révéler la vérité. »
Julian Paul Assange, spokesperson and editor in chief for WikiLeaks
Certes, WikiLeaks n'est pas à l'abri de critiques, pas plus que n'importe quel autre média.
Mais qu’il soit ici permis de rappeler ce qui suit :
Sans briser le off, sans « indicateurs », sans le vol, sans le recel, sans la dénonciation de clause de confidentialité ou du devoir d’une quelconque réserve, sans la rupture de la loi du silence, sans « traitres "...
PAS D'INFORMATION !
Ou bien alors : quelle information ?!
Celle qu'on aura bien voulu nous concéder au journal de 20H ?!
En France, les 50 ans d’activité du “Canard enchaîné” (Claude Angeli, son rédacteur en chef, parle d’une "société molle" dans sa défense de la liberté d’information et d’opinion) et plus récemment le journalisme d’investigation de Rue89, Bakchich et Mediapart sont là pour nous le confirmer.
Quant à ceux qui tentent d’amalgamer (*) le souci de transparence chez ceux qui soutiennent mordicus Wikileaks (souci propre au régime démocratique : droit à une information indépendante et honnête pour le plus grand nombre) avec le fascisme et les régimes nazi, stalinien et maoïste, on leur rappellera que ces régimes n’ont jamais cultivé cette transparence mais bien plutôt la propagande, la falsification, le mensonge, l’intimidation, l’assassinat et le meurtre de masse.
* – Ce sont l'identité et l'idéologie mêmes des détracteurs de Wikileaks (la droite autoritaire et toute la classe médiatique) qui nous poussent aujourd'hui à soutenir cette agence d'information : à ce sujet, il suffit de se reporter à la revue La règle du jeu de BHL qui publie un article d’une imbécilité sans nom.
En revanche, si on oublie un moment les amalgames malhonnêtes ou plus simplement des rapprochements qui ne sont que le fruit d’une ignorance crasse, un parallèle peut être fait : le parallèle entre certaines des révélations de Wikileaks et les « Pentagon papers », diffusés à l'époque de la guerre du Vietnam, et qui ont joué un rôle important dans l'évolution de l'opinion publique américaine contre cette guerre aussi cruelle que stupide.
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Les journaux partenaires qui se font les relais de Wikileaks - Der Spiegel, The Guardian et The New York Times l’attestent : Wikileaks fait vivre la démocratie bien plus sûrement que ceux qui comptent dans les mois et les années à venir, s’acharner à détruire cette agence.
Et même si de nombreuses défections sont déjà attendues à Gauche (et plus particulièrement au Parti Socialiste qui n'a de cesse depuis trente ans de cultiver non pas le courage mais... la dérobade et les compromis proches du déshonneur politique et moral)...
Il semble bien que l'heure soit venue pour chacun de choisir son camp.
Commentaires
très belle mise au poing!
Cher Robert Paul,
Merci à vous de soutenir ce billet "dans l'esprit" même si "dans la lettre" vous pouvez avoir des réserves... ce qui est votre droit le plus absolu.
Cordialement
Serge ULESKI
Bien que ce réseau soit uniquement consacré aux arts et lettres, et que ce billet traite d'un problème qui touche aux médias, à la politique, à la gouvernance diplomatique des Etats, j'ai autorisé son édition. Les remarques concernant certaines personalités intervenantes sur le sujet n'engageant que l'auteur du billet.
Mais il s'agit là du surgissement d'une nouvelle forme de polémiques, qui, à mes yeux, concerne l'histoire de l'Edition, ce qui a un réel intérêt et une connexion évidente quant à l'histoire de la littérature (qu'elle soit purement littéraire ou dans ce cas bien précis, journalistique). L'on serait bien aveugle de cacher sous le boisseau, des controverses qui deviendront cruciales et ne feront que se multiplier dans le futur: c'est bien un sujet qui touche de très près des sujets de démocratie. J'ajouterais encore simplement qu'il est très judicieux que - Der Spiegel, Le Monde, The Guardian et The New York Times, trient, filtrent et recoupent les informations de Wikileaks, qui, lui, fournit les informations ex abrupto, ce qui ne relève quand même pas strictement du même registre que l'offre de la presse de qualité et de haut niveau.