Quand le film documentaire se fait dépassement personnel et démarche vers l’Autre
VIETNAM – LAOS – CAMBODGE
à pied sur la Piste Rouge
Film présenté par Cécile Clocheret & François Picard
En salle du 12 novembre au 16 décembre 2012
Le centre culturel d’Auderghem accueille non seulement Paris-Théâtre mais aussi les magnifiques reportages de l’Exploration du monde. Après le reportage passionnant de Patrick Mathé sur les peuples Naxi aux confins du Yunnan et l’histoire passionnante de JF Rock qui entre 1920 et 1949 fut le premier à se pencher sur la mystérieuse écriture des Naxi et à photographier les étranges cérémonies de leurs shamans, voici le récit de l’aventure stupéfiante de François Picard et de Cécile Cocheret, explorant « La piste rouge », la terrible piste Hô Chi Mihn que certains n’hésitent pas à appeler « The Blood Trail ». Vivant plusieurs mois dans des conditions extrêmes, à l’instar de pèlerins de l’humanité, François et sa compagne ont parcouru à pied les 2000 km de cette piste où ont transité près d’un million d’êtres humains transformés en bêtes de somme, victimes de deux décades de lutte sanglante entre le bloc communiste et le monde libre jusqu’à l’unification du Vietnam en 1976.
Ces deux jeunes journalistes-explorateurs sont les premiers occidentaux à reconstituer le trajet de cet axe qui serpente entre le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Il faudra encore 100 ans pour arriver à déminer ces régions des bombes non explosées qui minent le sol. Le but de deux aventuriers a été de rencontrer les habitants qui vivent au fond de jungles interdites au tourisme. Cette piste permettait aux soldats Viet Cong d’acheminer pieds nus en poussant leur vélo d’énormes charges de munitions, de provisions et carburant vers le Sud. Le but des Américains fut d’essayer de neutraliser cette piste avec les dégâts humains que l’on connaît.
Le récit extraordinaire de l’aventure personnelle des deux explorateurs qui sont partis sac à dos et à pied est doublé de celui de l’histoire des trois pays qu’ils traversent. Ce reportage permet à l’occidental de se rendre compte d’une réalité que jamais il ne rencontrera lors d’une visite organisée dans ces pays. C’est poignant de voir combien les habitants sont chaleureux vis-à-vis des visiteurs malgré les obstacles de la langue et de la culture. Ceux-ci ont eu bien sûr des démêlés avec la police vietnamienne qui les prenait pour des espions mais malgré la mousson, les moustiques, l’épuisement, l’itinéraire impossible à travers la jungle, le manque de nourriture, le logement précaire, ils ont réussi le défi qu’ils s’étaient fixé.
Ils nous rapportent combien au Cambodge, les trois religions Bouddhisme, Christianisme et Islam font bon ménage, acceptant les mariages mixtes et vivant côte à côte sans se gêner. Ils utilisent dans leur film des images d’archive de l’époque, empruntées à Washington pour la partie historique. Non moins crucial est leur cri d’alarme pour la conservation de notre bien commun car le Cambodge s’avère être l’un des pays les plus touchés au monde par la déforestation. Ce reportage de L’Exploration du monde qui a été présenté dans le cadre des après-midis douceurs au centre Culturel d’Auderghem est une leçon de solidarité, d’humilité, d’humanité et d’endurance.
François Picard est fondateur de Culture-Aventure, association reconnue d’utilité publique en France.
Un reportage par ce couple d’explorateurs solidaires sur la culture Khmer et ses temples est en préparation depuis cet été. Souhaitons que les instances d’Exploration du monde acceptent le nouveau projet de ces jeunes explorateurs intrépides qui ont un don évident pour établir la communication avec des humains appartenant à un monde on ne peut plus différent du nôtre.
Commentaires
Merci pour ce conseil de lecture, que j'ai aussitôt mis à profit. Et que je me permets à mon tour de recommander.
Une écriture blanche, précise, pudique. Un récit tendre et poignant qui dit en peu de mots le destin d'une nation, d'une femme. Des destins croisés, petits riens, solidarité.
"Seuls autant qu'ensemble, tous ces personnages de mon passé ont secoué la crasse accumulée sur leur dos afin de déployer leurs ailes au plumage rouge et or, avant de s'élancer vivement vers le grand espace bleu, décorant ainsi le ciel de mes enfants, leur dévoilant qu'un horizon en cache toujours un autre et qu'il en est ainsi jusqu'à l'infini, jusqu'à l'indicible beauté du renouveau, jusqu'à l'impalpable ravissement.",
Kim Thuy, ru (ed. Liana Levi, collection Piccolo).
Oui, vraiment, à lire absolument.
Un livre magnifique qui nous emmène du Vietnam au Québec grâce au témoignage d'une petite fille devenue maman : Ru, de Kim Thuy.
miroir d'humanité, dans chaque éclat on peut se voir et voir le monde!
Il faudra 30 ans pour que cette jeune femme d’origine vietnamienne raconte. Elle avait dix ans quand tout lui est arrivé: la partition de son pays en deux communautés ennemies, la guerre, les camps de rééducation, les boat people, les camps de réfugiés, l’exode, et enfin l’accueil inconditionnel au Canada. Que ne pouvons-nous pas nous laisser inspirer de cette réussite d’intégration de peuples immigrés au Canada! Cela tient peut-être à ce qu’ils sont les maîtres de la pédagogie et qu’ils sont généreux de nature et que le combat contre la sévérité de la nature, donne de l’humilité et de la solidarité!
Kim Thuy se penche sur les pages éparses de son passé répandu sur la plage, retrouve quelques bribes et fragments, et fabrique patiemment un livre beau comme un vitrail où se jouent la lumière et les couleurs de l’espoir. Point d’hostilité alors que les épreuves ont été une vraie descente aux enfers. Point de recherche de culpabilité, rien qu’une dignité sereine et louable, presque aristocratique, un amour de la vie inconditionnel. La peur est muselée. Elle a l’art de lâcher la tristesse et de se désencombrer l’âme. Perdu le besoin d’avoir. Gagné le bonheur d’être.
La poésie et l’humour lui redonnent maintenant une nouvelle harmonie. Une nouvelle vie grâce à l’écriture sensuelle, à côté de ce rêve américain réussi mais de béton, qui n’est pas elle. Le souvenir de ses attaches asiatiques ne la caractérisent qu’à traits grossiers. Ce qui la fait, c’est sa langue d’adoption, un merveilleux français qui nous berce et nous bouleverse, dans lequel elle pense, elle aime, elle ressent. Derrière les yeux bridés, il y a les yeux de l’âme. Grâce aux efforts de chacun dans sa famille elle a conservé le sens de la cohésion, elle n’a pas sombré dans l’aliénation et a eu, à tout moment, la capacité de rebondir en préservant son mystère intime d’humanité… et celle de pouvoir savourer les moindres moments de bonheur.
On ressort de ce livre, plein de respect, baigné d’espoir, baigné du bonheur d’avoir vaincu le mal dans l’homme… car elle décline à tous les modes le verbe aimer, et le chante sur tous les tons, comme si le français devenait une langue tonale!
Dans ce premier roman elle trouve des phrases, qui semblent l’effet d’une grâce… C’est un livre-bijou merveilleux.
http://culture-aventure.fr/periples/francois-picard.htm
voici le lien pour contacter François Picard
Culture, aventure, passion, solidarité, universalité... quel beau programme.
(une suggestion aux auteurs-réalisateurs, fin novembre 2013 devrait se tenir la 4e biennale du livre et du film de voyage à Marly-la-Ville, Val d'Oise)