Une petite momie
Je déambule le pas méfiant
Le destin a frappé
Parfois clément aujourd’hui sévère
La vie ressemble à un enfer
C’est commun à tous l’enfer
Lorsque le drame tombe
Je le vois en flammes venues de la terre
Le ventre en peur j’évolue paniquée
Je connais la peur
La peur c’est le ventre coupé en deux
Pantin creusé plié crevé
L’écho de mon cri déchire la nuit
Les dalles noires moi toute blanche faisons une harmonie
Chorégraphie macabre musique et son a capela
J’ajuste la cadence
Souris des villes souris des morgues
Pas questions qu’ils sachent que je suis là
Paparazzo paparazzi les papas
Qu’ils sont interminables les couloirs muets des hôpitaux
Je suis aux « Grands brûlés »
Les murs salis bardés de fissures colorées
Courent les blessures du sol au plafond
« Il court il court le furet …. »
Ils ont imités les « boyaux »
Dessinés en nombre des oiseaux
Je m’effondre fatiguée
Puis soudain saisie par mon image
Que me renvoient les carreaux sans pitié une nuit d’hiver
De l’autre coté il pleut sur mon visage
De mémoire de Chantyne à l’instant même j’ai tout oublié
Je me retrouve assise sans air particulier j’écoute
Vert bleue comme mes yeux sont les tabliers des bouches qui expliquent
J’acquiesce de la tête surtout ne pas parler
Je suis l’élève attentive
« VITRIOL , mort, peut être, grave, coma, plus jamais »
Je suis accablée je m’absente du drame
Figée dans le déni, je repose ma vie
J’émerge pendant que
Sinon je meurs aussi
ASSASSIN
Le chien Remko pisse encore et encore
Nous marchons,Remko lui et moi
Nous pleurons l’un sur l’autre
J’ai soif je bois j’avale des substances allopathes
J’essaie d’ajouter un suicide à ma mort tacite
Quelques heures seulement
Elle a besoin de moi
Je me dérobe de ma peau de femme
Je deviens sœur statue
Mon cœur s’accroche à l’absente
Je ne veux pas re re re ressentir cette douleur Je n’en suis plus capable
C’est pourtant connu les hommes sont faits de haine
Ils bâtissent l'avenir à jets de vitriol
J’ai hâte, d’un moment consolateur
Les hommes en vert bleue refusent
Ils m’endorment du bout de leur aiguille
Je suis dans une pièce agencée d’un parc aux ballons roses et ronds
Il servent à faire patienter et amuser les enfants
Sur la porte d’entrée on peut lire « les grands brulés »
J’ai pleuré sur des épaules inconnues
Merci aux épaules.
Ils m'introduisent à son chevet
Derrière notre passage la double-porte se ferme automatiquement
Le bruit des machines est stridents et répétitifs
Je vacille en cet univers de fin de monde
Se déchirent un peu plus mes entrailles
Je ressemble aux hommes en vert bleue
Ils m’étouffent d’un masque
Qu’on me lâche
Jamais je ne pourrai oublier les odeurs qui émanaient de son corps embaumé alité dans l'antichambre de la mort
J'en frissonne à l’instant précis lorsque j’écris
Reliée aux machines de vie
Le regard déjà rempli d'horreur je n'ose observer le spectacle
Une petite momie me nargue
Toute de blanche vêtue
« Ils » me disent que c’est ma sœur
Il me murmure à l oreille « Ce n’est pas elle »
Je reconnais ma voix
Je vais perdre la raison
Quelque soit la façon
Nous partirons à deux
Rejoindre petit Pierre il nous attends quelque part dans l'espace
Un tuyau installé dans la petite momie sert d’orifice
Les bras ouverts la voilà crucifiée comme Jésus sur un lit d’hôpital
Je lui parle car sait-on jamais
Je me présente, c'est une première rencontre depuis le drame
Je rassure la petite momie
Je refuse tout en bloc
Je me statufie en forme de sœur
Une nuit de décembre 2009
Nous sommes toutes deux raides crevées
Ma pensée s’est arrêtée
Je sais qu’elle est morte
Qu’ils jouent « docteur »
Avec son petit corps décharné
Mais ça fait mal de jouer « docteur »
Je m’en souviens quand petite fille
Il coupait mon corps en deux
ASSASSIN
Perdu un œil
Tomber l’oreille
Couper le doigt
Brûler cheveux
Visage en petits morceaux
Petit nez amputé
Corps en plastique
Femme tuée
Amour foutu
Deuil flouté
L'histoire est digne d’un cauchemar plus vrai que nature
Il est 06h30' ce 10 décembre de l'année 2009
Il me faut raison garder et m'en aller rejoindre mes enfants
Chantyne
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