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Un mariage ordinaire

 

La richesse n’intéresse pas la plupart des filles lorsqu’elles ont vingt ans. Néanmoins, elles sont séduites par la situation qu’elle vous procure auprès de ceux qui en ont moins. Entre Pierre et George, c’est Georges qu’elle avait choisi. Georges, son père et l’usine du père de Georges, d’un seul oui l’avait propulsée dans le monde des gens biens.

Pierre était le secrétaire du père de Georges. C’était un garçon sensé et raisonnable, il comprenait Isabelle et il fût son témoin de mariage.

Georges était un garçon simple. Il n’était pas attaché au besoin de paraître. Sa voiture, un cabriolet anglais, une Aston-Martin, était la voiture la plus sale de la ville. L’une d’entre elles en tout cas. Lorsque son père souhaitait qu’il profitât de ses passages à l’usine pour la faire laver, il répondait :

- Ta Bentley, je comprends. C’est une question de standing,  mais moi ?

Mariés, Georges et Isabelle firent leur voyage de noces à Bali.

C’est au retour, en embrassant Pierre qui était venu les attendre à l’aéroport qu’elle prit conscience que c’est Pierre qu’elle aurait du épouser. Il s’était penché pour l’embrasser et durant un instant elle avait eu le sentiment que c’était son mari qui l’embrassait. Elle ne pouvait pas se l’expliquer, elle y avait réfléchi le soir même, c’était comme si leurs corps s’étaient reconnus.

Georges, après avoir embrassé celui qui était son meilleur ami, l’invita à dîner pour le lendemain soir.

- On t’en dira des choses, Pierre. Bali, c’est formidable.   Isabelle a adoré. Si tu avais été à ma place, tu aurais adoré aussi.

- A ta place, à ta place…

Ils se mirent à rire mais pour chacun d’entre eux la nature du rire avait été différente.

Le lendemain, comme promis, ils dinèrent ensemble, Georges dit que Bali était spectaculaire, elle ressemblait à ce qu’en disaient les brochures touristiques, et les balinaises étaient typiques, les mêmes brochures le confirmaient.

Ils burent une bonne bouteille et un peu plus tard, ils se séparèrent  en riant de ce même rire  qu’ils avaient eu la veille. 

Parce que quelques mois plutôt, Pierre aurait terminé  la nuit dans l’appartement de Georges.

- Hé oui, Pierre. Entre Isabelle et toi, je choisis Isabelle.

- Je ferais comme toi.

Isabelle se redressa

- Vous, les hommes ! Et moi, personne ne demande son avis aux femmes.

Deux mois à peine après son mariage, Isabelle s’ennuyait déjà. Georges était souvent à l’étranger, son père lui avait confié le contrôle des filiales étrangères. Chez elle, le plus gros des tâches dévolues à une épouse, étaient le lot d’une servante. L’ennui corrode les plus belles unions.

- Je m’ennuie Pierre.

Pierre lui tenait compagnie lorsque Georges était absent.  Et lorsque Georges l’appelait au téléphone, elle lui transmettait le bonjour de Pierre.

Un soir que Pierre l’embrassait avant de renter chez lui, elle le retint.

- Reste Pierre.

Il arrive qu’un mari ait une maîtresse de laquelle il attend les élans dont il prive son épouse. Il arrive qu’une épouse ait un amant qui lui confirme qu’elle est la plus séduisante. Cela pourrait donner à penser qu’une tragédie est peut être en train de naitre.

En réalité, dans la vie courante, il dépend des médias qu’une tragédie  soit un fait dit de société ou une bête histoire de cul. Les histoires de fesses, on en parle peu. Elles sont souvent le pain d’unions parfaitement honorables, à deux ou à trois, et souvent heureuses.

- Je t’aime. C’est toi que j’aurais du épouser.

En général, entre amants on s’aime bien ou on s’aime beaucoup, s’aimer tout court suppose beaucoup d’amour. Et de mensonge. Pas seulement l’abandon  de son corps.

Aimer la femme d’un ami est une situation inconfortable pour l’esprit. Etre son amant  oblige à des manœuvres complexes pour être fidèle à sa maîtresse et à son ami. Il y a peu de solutions faciles. Le meurtre de son ami vous lie à sa femme indéfiniment. La rupture d’avec sa femme vous sépare de lui pour très longtemps sinon pour toujours. Comment faire ?

Heureusement la vie dispose de solutions simples et souvent répétées mais les héros n’en sont pas conscients.

Parce que l’excitation du début de sa liaison avec Pierre qui avait ajouté du piment à leurs ébats avait laissé place à des angoisses, Isabelle convint avec Pierre dont Georges deviendrait un jour le patron, qu’il valait mieux rompre.

- Tu comprends Pierre. J’aime Georges.

- Je te comprends Isabelle. L’amour compte plus que le sexe.

Michel, c’est dans le salon d’un hôtel de luxe qu’elle l’avait rencontré. Le salon des hôtels de luxe était le terrain de chasse préféré de Michel. Endroit neutre, les engagements n’y étaient pas profonds.

C’est curieux, pensait Isabelle. De  tromper son mari avec des inconnus lui apparaissait plus honorable que de le tromper avec son meilleur ami.

 

 

 

 

  

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Commentaires

  • Il me semble qu'Isabelle est souvent l'héroïne de vos nouvelles .... Mais quel numéro !!! Et que de jeux de chassés-croisés !!

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