Le public et les amis du Lions Club en tenues de soirée et tenues de ville, se sont pressés dans la salle du Centre Culturel de Woluwe Saint-Pierre le 18 janvier dernier pour applaudir un spectacle débordant de bonne humeur et de vitalité. En effet le spectacle de Gala de la section 112C célébrant le jumelage avec la section du Lions de Paris présentait le charmant opéra bouffe « Les bavards » de Jacques Offenbach.
Une soirée placée bien évidemment sous le signe de la générosité puisque les bénéfices vont intégralement à Cap 48 que le Lions Club soutient depuis maintenant 9 ans. « Les bavards », un petit chef-d’œuvre musical aux accents mozartiens fut créé aux Bouffes Parisiennes en 1862. Il fut écrit pour le théâtre à Bad Ems, une station estivale à la mode, où les riches touristes côtoyaient la noblesse lors de leurs séjours aux sources thermales. Offenbach lui-même y cherchait la guérison ou le soulagement de ses accès de goutte chronique. Lors de ses séjours, ce toxicomane de la roulette a également perdu plusieurs fortunes sur les tables de jeu de ce charmant lieu de villégiature.
L'action des « Bavards » met en scène un jeune poète noble mais impécunieux, amoureux bien sûr et que la volubilité de parole hautement vertigineuse servira pour le rhabiller de pied en cape, lui faire gagner un pari et remettre ses finances à flot. En prime, une façon élégante de s’introduire chez la belle à l’insu de son oncle Sarmiento. Il a promis à celui-ci de réussir à faire taire l’irrépressible bavardage de sa femme Beatrix (une impérieuse Pati Helen-Kent). Et voilà le vieux barbon (joué brillamment par le très réputé Chris De Moor) affublé de deux bavards invétérés dans sa maison! Qu’importe, après une série d’intrigues et une scène de silence extravagante où la salle entière n’en peut plus de rire, Roland sera enfin récompensé par le tuteur et une fois réargenté (!) obtiendra la main de la jeune fille!
Cette œuvre musicale se doit d’être jouée avec brio, élégance et vivacité. Le tout jeune chef d’orchestre Ayrton Desimpelaere a saisi la balle au bond et nous a conçu une mise en musique limpide et élégante. Il allie un grand sérieux et une connivence naturelle avec les solistes et le chœur. Tout est joué avec précision extrême et justesse de ton : du lyrique au comique il y a ce qu’il faut d’humour pour les scènes où le ridicule fait rire le spectateur aux éclats. Usant d’une gestique sobre, il souligne avec délicatesse les tranches de bavardage, le bruit argentin des sous, les coups de théâtre et la vie passionnée de Christobal, l’alcade de la ville et de son greffier. L’aspect farce satirique n’empêche pas une exquise légèreté. Et, sensualité parfois. Ce jeune chef en herbe d’à peine 23 ans réussit à donner une très belle musicalité dans une salle habillée de moquette qui pourrait en assourdir les sonorités. L’œuvre musicale est prise à bras le corps, les dialogues avec les comédiens-chanteurs sont subtils et finement ciselés. C’est le plus souvent la richesse des mélodies qui séduit et le rythme enjoué de l’ensemble. Malgré la légèreté du propos, pas l’ombre d’un ennui ou d’un bâillement devant cette œuvre qui pourrait nous sembler dater quelque peu par les accents misogynes d’une autre époque. La fraicheur extrême de l’interprétation a séduit et a fait de cette petite fantaisie théâtrale une source d’émerveillement moderne. La comparaison des époques étant déjà en soi une source naturelle d’hilarité!
Le décor et la mise en scène sont aussi responsables du succès du spectacle: ils sont aussi volubiles et pittoresques que le texte. On a devant les yeux le bouillant folklore de la rue animée, le palais orgueilleux et tous les accessoires de la chaude Espagne passionnelle. Il y a la grande richesse scénique d’un opéra où le chœur très présent évolue selon une chorégraphie bien huilée et où des danses de flamencos torrides virevoltent sur les parties instrumentales. La distribution étincelante est dirigée par la chorégraphe, danseuse, chanteuse, professeur de danse et metteuse en scène : Maria Angela Gonzales Sanchez. Elle a signé la chorégraphie de la « Mélodie du bonheur » avec Ars Lyrica au PBA de Charleroi, Bruxelles, Cirque Royal et Forum de Liège.
Lionel Couchard a interprété le rôle de Roland, le jouvenceau, avec beaucoup d’à-propos et d’intelligence. Sa voix chaude, son énergie primesautière et sa présence scénique donnent une réelle envergure à l’ensemble. On le retrouvera dans le rôle-titre de « Orphée aux enfers » d’Offenbach présenté en février 2014 pour la ville de Neuilly. Cécile Lastchenko est également passionnée par le chant lyrique et se produit régulièrement à L’opéra Royal de Wallonie. Nous l’avons applaudie dans le rôle de Susanna dans « les noces de Figaro « de Mozart au théâtre royal du Parc. Le rôle d’Ines qu’elle interprète dans « Les bavards » est pure gourmandise. Malicieuse comme chez Molière, elle conquiert le public dès la première scène galante avec Roland. Elle traite sa tante et son oncle avec une savoureuse dose d’humour et d’impertinence. On sait tout de suite que la jeunesse et la joie de vivre auront le dernier mot. Mais la plus belle voix est sûrement celle du greffier qui flanque le seigneur de la ville. Elle épouse avec éclat leurs ardents ébats amoureux aussi drôles qu’emphatiques. Il s’agit de Joanne Deom, soprano vive, puissante et sensuelle qui donne une réplique sidérante à Cristobal, l’excellent baryton Marco Zelaya. … C’était Lopez de la Plata dans l’opéra « L’amant Jaloux » de Grétry l’été dernier, un rôle qui lui allait aussi à ravir! Bref un spectacle de Gala qui regorge de vitalité et de fraîcheur fort bienvenues.
L’ensemble Pizzicato dirigé par Ayrton Desimpelaere est un orchestre de 13 musiciens pétulants issus des Conservatoires royaux de Belgique. La première représentation des « Bavards » a eu lieu au château de Marcilly sur Maulne en juillet 2013. Une pépite à haut potentiel?
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de la Compagnie des Bavards d'Europe !
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Depuis 2008, un groupe de professionnels et d'amis grands amateurs de lyrique, réunis autour du ténor et metteur en scène Hervé Fabre, ont eu envie de faire partager leur passion de l’opéra comique français au plus grand nombre, à travers toute l'Europe !
Un répertoire souvent méconnu, mais qui trouve un écho de plus en plus important auprès du public et des professionnels.
Un style reposant sur un mélange de modernité et de classicisme, d’exigence musicale et dramaturgique, d’humour et d’émotion.
Des partenaires et des solistes de talent associés à une troupe permanente.
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Hervé Fabre
Les Bavards d'Europehttp://www.lesbavards.eu
Petite précision : Il s'agit ici de la troupe "Les Bavards d'Europe", sous la direction d'Hervé Fabre qui en assure la mise en scène.
Merci beaucoup pour ce très beau texte !
crédit photos: PAUL COERTEN
http://www.ayrton-desimpelaere.com