Nous avons été jeunes sous tes frondaisons, ô forêt.
Je me souviens de tes clairières mystérieuses et des lacs bleus sous la lune.
Les branches entremêlées de tes arbres étaient plus noires que la nuit et de curieux oiseaux traversaient le néant en appelant la mort.
Parfois, la brise s’élevait dans le grand bois sonore et c’était là une musique étrange, comme venue d’un autre monde.
Dans l’obscurité, nous parlions à demi-mots de choses impossibles, t’en souviens-tu mon amour ?
Nous avions cet âge où l’on croyait encore qu’une caresse sur une peau nue pouvait ouvrir les portes de l’impossible. Ta voix était douce et inquiétante comme celle de la forêt, pleine des mystères de ta féminité.
Ta voix était la nuit et depuis toutes ces années j’en cherche encore le chemin.
Par les sentiers sinueux, j’erre en vain, troublé à l’idée qu’un soir, peut-être, je te retrouverai là, assise en silence au bord du lac bleu. Sur tes épaules nues la lune tracera la marque de l’au-delà et moi je me cacherai dans l’ombre pour mieux contempler celle que j’ai tant aimée et que je n’ai jamais revue.
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