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Seulement imaginer...

Ils partent. Elles partent. Sans un mot. Sans une main pour dire. Sans un regard qui parle. Sans retour. Elles partent, ils partent assuré(e)s des gestes de santé, des gestes d'affection de celles et puis de ceux qui les soignent et vivent avec eux.
Elles partent. Ils partent. Sans revoir, sans au revoir. Sans merci, sans baiser. Sans tendresse en retour. Sans retour de celles et de ceux qui étaient leur tout. Celles et ceux qui nous ont aimés. Que nous avons aimés. Nous nous sommes grandis, nous nous sommes élevés, nous avons partagé, reçu, et puis c'est arrivé. Confinés, isolés, enfermés, consignés, internés, détachés.

Elles sont parties. Ils s'en sont allés. Pouvons-nous simplement penser, seulement imaginer, peut-être réaliser ce que c'est d'être seule, ce que c'est d'être seul à ce moment-là ?

Des pensées plein la tête on traverse la rue, on pose quelques pas et on rentre chez soi. Les pensées en exodes, des visages en abîmes et le simple soudain qui nous semble si loin. Ce que nous repoussions à demain ou plus tard porte violemment le timbre de l'urgence. Être là mais pas seul, affronter sans un mot le désert du regret. L'unisson de l'amour retentit tout à coup : silencieux faux-fuyant. Il nous semble barbare de se tenir lucide debout face à la vie de l'être qui s'en va qu'on ne peut reconduire qu'importe son chemin.

Nous ne serons pas là pour les accompagner. Pouvons-nous simplement penser, seulement imaginer, peut-être réaliser ce que, pour nous, c'est de ne pas être là, avec elles, avec eux à ce moment-là ?

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Commentaires

  • Bonjour André,

    Je comprends tout à fait votre texte, un texte dont le sujet est d’une importance considérable. Qui décide que l’accompagnement des mourants et les rites funéraires ne peuvent pas se faire, ne comprend strictement rien de ce qu’est l’humanité et de ce qu’est une civilisation. Telle décision est une humiliation vis-à-vis de tous. Nous ne devrions pas admettre la remise en cause des rites funéraires, le respect que l’on doit à nos morts pour aucun motif que ce soit. Les rites funéraires constituent la manifestation première et primordiale de toute civilisation, la manifestation d’une humanité se distinguant de l’animalité.

    Bien à vous. Amitiés. Gil

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