Avec Leo Nucci, Désirée Rancatore, Gianluca Terranova,
Luciano Montanaro, Carla Dirlikov... Du 15 au 31 mars 2015
http://www.operaliege.be/fr/activites/operas/rigoletto
Au seuil des années 1850 après sa création de « Luisa Miller » son premier drame intimiste qui émeut aux larmes, Verdi entame sa grande trilogie de la maturité : « Rigoletto », « Il Trovatore » et « La Traviata ». Celle-ci va révolutionner l'art lyrique. La porte s’ouvre vers le romantisme. Verdi a trouvé dans « Le Roi s'amuse », le drame censuré de Victor Hugo, les ingrédients propices à développer ses idées dramaturgiques qui concernent l’humain. La violence est partout : passion ardente, amour malheureux, enlèvements, arrestations, haine, vengeances à répétition, tueur à gages, complots. C’en est fini de l’unité de temps, d’action et de caractère. Le déroulement musical de la partition épouse le rythme de l’action et la gestuelle théâtrales.
Avec « Rigoletto » nous sommes devant un drame humain poignant, où le machisme est la cause de tous les malheurs et où les femmes sont des victimes sacrifiées sur l’autel du pouvoir. Les sentiments paternels abusifs, les intrigues de courtisans profiteurs basées sur la corruption, l’arrogance d'un monarque affamé de puissance et délirant de libertinage aboutissent à la mort d'une jeune fille innocente qui préfère sacrifier sa vie pour un homme qui lui a menti, plutôt que de vivre dans ce monde machiavélique. Le pouvoir en place (l’Autriche) s’indigne et censure. Verdi résiste, persiste et signe moyennant quelques légères concessions.
Chaque personnage est un être fascinant, hors normes, il a son caractère propre, une couleur bien individualisée et un style de chant immédiatement repérable. Au sommet de sa puissance créatrice, Verdi mène ce drame qui fait la part belle au grotesque, tambour battant, enchaînant des duos parmi les plus beaux jamais composés. Le rideau se lève sur un décor grandiose, fidèle aux décors originaux, majestueusement antique, comme on les rêvait à l’époque de la création de cet opéra. Les costumes aux textures rutilantes sont tout aussi impressionnants par leur authenticité. Nous sommes à la cour en collerettes du duc de Mantoue, au cœur du 16e siècle, mais on est tout à l’envers des sentiments de Roméo et Juliette.
Le Bouffon bossu Rigoletto est doublement laid, physiquement et moralement. Instrument du pouvoir, il est obligé de faire rire son prince et s’attire invariablement la haine grandissante des courtisans qui chercheront à se venger. Interdit de larmes par métier, son personnage devient pathétique. Veuf et père affligé d’une possessivité maladive, il est bientôt la proie d’une malédiction infernale autant que grotesque. Leo Nucci l’incarne avec une vérité théâtrale saisissante et une voix paternelle impressionnante. C’est l’Avare de Molière, doublé d’un détestable Quasimodo qui sans patrie, sans parents ou amis enferme sa fille Gilda car il n’a qu’elle. Mais il éprouve aussi une tendresse infinie pour elle et souhaite fiévreusement « que rien ne vienne blesser sa candeur ! » Lorsqu’elle lui est enlevée il éprouve une colère effroyable vis-à-vis de son protecteur qui lui a volé sa fille et une indicible douleur. Il va jusqu’à demander pardon aux courtisans moqueurs pour qu’ils lui rendent sa fille : « Pieta, pieta signori ! » Lorsqu’il la retrouve et qu’elle lui confesse sa rencontre avec le jeune Gualtie Malte dont elle ignore qu’il est le duc, les accents de tendresse mutuelle sont alors à leur comble.
Désirée Rancatore interprète Gilda avec grande sensibilité et expression. Au début elle est encore une enfant d’une naïveté touchante : ni la gloire ni le pouvoir n’intéressent la jeune fille. Sa seule valeur est l’amour, qui la rapproche des anges. D’ailleurs sa mère est là-haut et veille sur elle! Dès qu’elle a découvert les tressaillements de l’amour, elle prend de l’assurance et vocalise de bonheur, explore les terres nouvelles du sentiment, semble improviser, son âme chante dans l’extase vocale. Elle annonce, sinistre prémonition, que son dernier soupir sera pour cet homme qu’elle aime! Le climax musical de l'opéra est au troisième acte, dans lequel les quatre personnages chantent un quatuor fait de deux duos : le père et sa fille à qui il fait entrevoir qu’elle est trompée et le duc volage (Gianluca Terranova, italien en diable) qui séduit une nouvelle proie: l'ardente bohémienne Magdalena, sœur du tueur à gages. C'est Carla Dirlikov qui interprète ce rôle avec beaucoup de subtilité et de sensualité.
Un mur sépare les protagonistes mais la fluidité et la vérité de leurs états d’âme se fondent en une musique torrentielle, un déluge d’émotions contradictoires. A la fin du troisième acte Gilda expire dans un dernier filet de voix, à peine audible après une dernière preuve d’amour filial extrêmement touchant.
Soulignons encore les couleurs plus que sombres du tueur à gages, l’épouvantable Sparafucile sous les traits de Luciano Montanaro, un personnage dont l’infamie est campée comme une fleur vénéneuse plongeant ses racines dans l’atmosphère écrasante de la malédiction si bien rendue par l’orchestre. Son timbre est au mieux avec la fourberie, la cupidité et l’absence de scrupules.
Émotionnellement chargé d’une authenticité de sentiments extraordinaire, ce « Rigoletto » de Verdi est exécuté d’un bout à l’autre de façon poignante. Les chœurs masculins sont admirables et le chef d’orchestre (l'illustre Renato Palumbo) fait preuve d’une connaissance très fine de la richesse incandescente de la musique Verdienne. Cette prestation exemplaire peut être rangée parmi les plus belles interprétations de cet opéra, qui est l’un des plus joués au monde.
Commentaires
Pour les amateurs ou pour les curieux, le spectacle est visible encore quelques temps via Culture Box. N’hésitez pas !
1er avril 2015?
Tourné au vinaigre : Rigoletto à l’Opéra Royal de Wallonie
Chronique décalée du samedi 28 mars
J’sais pas vous, mais moi, je trouve qu’un match de foot, c’est un vrai opéra (avec des retournements de situation, un récital d’Hazard ou la malédiction de Vermaelen). Alors, ce samedi, n’ayant aucune envie de braver la météo à Bruxelles, j’ai troqué la vareuse pour une veste de costard : aux diables les Diables, buonasera Rigoletto ! En tant que néophyte de l’art de Puccini, Wagner ou Bizet, je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce classique de Verdi. Et pour une première fois, je ne fus pas déçu !
Nous étions installés au 5ème étage du théâtre lyrique datant de 1820 et rénové en 2012. Autant dire le plus loin possible de la scène. L’équivalent au stade du Standard de la tribune U1, celle dans le coin près de la T4 qui n’accueille des spectateurs que quand les Rouches sont dans une bonne phase, jouent contre les avant-derniers et que Jean-Guy veut emmener sa bourgeoise et les deux fils de son premier mariage pour une soirée « super sympa ». 5ème étage qu’on appelle assez cyniquement le paradis : il y fait 8.000 degrés, le cerbère qui vous place est aussi sympathique qu’une porte de prison lituanienne et on y est serré comme dans le 27 en heure de pointe (c’est le bus qui relie le Standard à l’Opéra. C’est une comparaison filée, suis un peu, crétin).
20h01, les lumières se tamisent et les premières notes retentissent… et c’est une première claque (je rappelle aux personnes qui ne connaissent de l’opéra que celui de Dove Attia sur Mozart que le spectacle n’est pas sonorisé). Ces cuivres, qui sont si loin de moi, résonnent avec puissance et me plongent directement dans la pièce. J’ai l’impression d’être dans un film de Coppola mais en Dolby 25.1.
Je vous avoue que j’avais une idée de l’opéra un peu fausse : un truc très sérieux, très tragique, un peu chiant. Que Nenni ! C’est léger, c’est drôle et ça vous prend aux tripes. Je me suis surpris à avoir des frissons sur des chansons alors que la musique classique, ce n’est pas trop mon truc. L’histoire, déjà, est terrible. Elle nous plonge dans une ville italienne où se lie le destin des trois protagonistes :
(Si ça vous fait penser à un homme politique français socialiste, c’est normal).
(Si ça vous fait penser à un humoriste français black(listé), c’est normal).
(Si ça vous fait penser à Natascha Kampusch, bravo, vous avez de bonnes références, mais on n’en est pas là).
Evidemment, cette cruche de Gilda va tomber amoureuse du duc, qui va la sauter et donc Rigoletto veut faire la peau à son maître !
La musique est tout simplement sublime. Quel plaisir de pouvoir entendre en live le Duca duca ebben ou La Dona e mobile (oui oui, c’est la pub Ristorante, merci). Les premiers rôles sont parfaits, les décors claquent et les costumes émerveillent. Bon, d’accord, je n’ai pas vraiment de point de comparaison, mais je me dis que si ces trois heures de spectacle (oui, c’est un opéra plutôt court) sont passées en un clin d’œil, c’est que le spectacle devait être très bon. Le public avait l’air de mon avis puisque les gens ont applaudi chaleureusement la troupe et l’orchestre pour cette prestation très généreuse. Je voulais finir avec un jeu de mot pourri avec les passés simples des verbes opérer et verdir, mais pour une fois, je me dis que vous valez mieux que ça.
http://bouchonmag.be/2015/04/02/tourne-au-vinaigre-rigoletto-a-lope...
Le comte Monterone *(baryton),
Roger Joakim
Au début de ma carrière, Raymond Rossius, alors directeur général de l’ORW, baryton de son état, me confia : « Le plus beau baryton de l’heure, c’est Leo Nucci et il a une telle santé qu’on l’entendra encore dans 25 ans. » C’était il y a 35 ans ! Et il est toujours là. Et il incarne un Rigoletto à la fois bravache, surprotecteur, vengeur et meurtri. Le portrait complet d’un homme qui souffre à force de (mal) aimer.
Créé à Venise, l‘opéra de Verdi est sans doute son chef-d’œuvre le plus populaire avec La Traviata. Et certainement celui qui pousse le rapport père-fille, ciment de la dramaturgie du compositeur, à son plus haut niveau d’implication.
Leo Nucci est un véritable cas : il aura 73 ans en avril prochain et continue à parcourir le monde avec une poignée de rôles de baryton romantique où s’imposent la fermeté de son timbre, la longueur de son souffle, l’efficacité de sa ligne de chant. Certes, il est aujourd’hui plus à l’aise dans l’imprécation vengeresse que dans le long legato tendre où il doit parfois un peu soutenir la phrase. Mais par ailleurs, quel naturel, quel engagement ! Au point, avec un sourire narquois, de s’autoriser de sensationnels bis en plein milieu d’un spectacle qui met la salle à ses pieds.
Dans Rigoletto, c’est le fameux duo avec Gilda qui clôt le 2e acte. Un exploit pour la soprano qui l’accompagne et dont Desirée Rancatore se tire avec un beau panache. Mais quel est donc le ressort d’une telle condition physique ? La réponse est claire : son entretien. Quand il ne chante pas, notre homme fait 80 km à vélo par jour !
On pouvait s’attendre à ce que le spectacle soit conçu autour de la personnalité de son principal protagoniste et il veille évidemment à lui faciliter la tâche dans ses déplacements et ses plages de repos. Mais il ne perd rien de sa pertinence.
Stefano Mazzonis le conçoit comme une dénonciation du machisme, les femmes étant d’ailleurs absentes des chœurs (les seules robes du prélude appartiennent à deux travestis). Mais tout ce petit monde évolue avec naturel dans des décors mobiles inspirés des anciennes toiles peintes.
Avec une belle ardeur, la Gilda de Rancatore est plus femme que jeune fille et le comte de Gianluca Terranova a l’insolence et la morgue de son personnage de séducteur sans cervelle. Sombre Sparafucile de Luciano Montanaro, éclatant Monterone de Roger Joakim : tout le monde se mêle à ce tourbillon auquel le chef Renato Palumbo imprime une montée dans l’intensité qui culmine dans un quatuor du 4ème acte, particulièrement senti.
SERGE MARTIN
http://www.forumopera.com/rigoletto-liege-inoxydable-nucci
and last but not least! un clin d'œil /de et à/ Roger Joakim: un merci particulier aux groupies ayant avec une certaine violence vocale hurlé leur amour pour Montérone...Grazie mille...
Dossier pédagogique Rigoletto
Opéra de Lille, mars 2008 | 4
FICHE RÉSUMÉ
Rigoletto est un opéra en trois actes, dont le livret est de Francesco Maria Piave et la musique
de Giuseppe Verdi (1813-1901).
Inspiré de la pièce de Victor Hugo Le Roi s’amuse, l’opéra fut créé à Venise au Théâtre de La
Fenice, le 11 mars 1851.
Chef-d’oeuvre bouleversant, Rigoletto, quinzième opéra de Verdi, fait partie de sa trilogie
romantique (Rigoletto 1851/ Le Trouvère 1853 / La Traviata 1853) qui le rendit célèbre dans le
monde entier.
Résumé :
L’action se situe à Mantoue, au XVIe siècle. Lors d’un bal au palais ducal, Rigoletto (bouffon
bossu du Duc de Mantoue) se moque du Comte Ceprano dont la femme est courtisée par le duc,
libertin cynique et grand coureur de jupons. Il se moque aussi de Monterone qui fait irruption
pendant le bal, dont la fille a été séduite également par le duc. Monterone va alors maudire le
duc et Rigoletto. Par un subterfuge, c’est au tour de Gilda, la propre fille de Rigoletto que ce
dernier surprotège, d’être livrée au duc pour subir pareil sort. Pour venger son honneur,
Rigoletto fait appel à un tueur à gages mais il en vient, par malédiction, à provoquer la mort de
son enfant adorée.
Les personnages, leur voix :
Le Duc de Mantoue (ténor)
Rigoletto, bouffon du Duc et père de Gilda (baryton)
Gilda, fille de Rigoletto (soprano)
Sparafucile, tueur à gages (basse)
Maddalena, soeur de Sparafucile (contralto)
Giovanna, gouvernante de Gilda (mezzo-soprano)
Le comte Monterone *(baryton)
Marullo, un noble (baryton)
Matteo Borsa, un courtisan (ténor)
Le comte de Ceprano (basse)
La comtesse de Ceprano (mezzo-soprano)
Un Huissier de la cour (basse)
Un Page (mezzo-soprano)
Courtisans, Dames, Pages, Hallebardiers, Serviteurs
*C'est de lui que vient toute la malediction!
SYNOPSIS
Acte I
Au XVIème siècle à Mantoue. Une fête est donnée au palais ducal. Le Duc de Mantoue et le
courtisan Borsa évoquent une charmante inconnue aperçue à l’église. Le Duc a des vues sur la
jeune femme dont il sait cependant qu’elle reçoit les visites nocturnes d’un inconnu. Mais il vient
de reconnaître parmi ses invités la comtesse Ceprano qu’il courtise au nez de son mari.
Revendiquant son libertinage, il invite la comtesse à le suivre dans ses appartements.
Le bouffon du duc, Rigoletto, paraît et se moque de l’infortuné comte. Le courtisan Marullo
prétend que le bouffon, malgré sa difformité (il est bossu), a une maîtresse. Le comte Ceprano jure
de faire payer au bouffon ses moqueries. Faisant soudain irruption, le comte Monterone accuse le
duc d’avoir déshonoré sa fille. Alors qu’il se fait arrêter par le Duc, Monterone profère une
malédiction contre le bouffon et le maître des lieux.
Rentrant chez lui dans la nuit, Rigoletto est ébranlé par cette malédiction quand il croise le tueur à
gages, Sparafucile, qui lui propose à tout hasard ses services. Arrivé chez lui, le bouffon conseille à
sa fille Gilda de ne pas sortir seule ; il évoque sa femme disparue et confie, avant de partir, la jeune
fille à sa servante. Le Duc entré en cachette, se précipite aux pieds de Gilda et, en se faisant passer
pour un étudiant, lui déclare sa flamme. Sa déclaration est cependant interrompue par des bruits
de pas dans le jardin. Gilda restée seule se remémore le nom de cet étudiant. Mais les pas étaient
ceux des courtisans venus enlever par vengeance Gilda qu’ils pensent être la maîtresse du bouffon.
Rigoletto entretemps, est abusé par ces derniers, qui lui font croire qu’ils s’apprêtent en fait à
enlever la comtesse Ceprano. Le bouffon est enrôlé dans l’expédition les yeux bandés. Quand il
comprend qu’il a été trompé, il est trop tard, sa fille a disparu.
Acte II
Dans un salon du palais, le Duc semble affligé par cette disparition, quand Marullo et les siens lui
annoncent qu’ils ont enlevé de la maîtresse de Rigoletto qui est maintenant dans le palais. Le Duc
a compris qu’il s’agit de Gilda et se précipite pour la retrouver au moment même où paraît le
bouffon qui se répand en invectives contre les courtisans et les implore avec une douleur
pathétique.
Gilda sort affolée des appartements du Duc et avoue en larmes qu’elle a été séduite par le libertin.
Le bouffon chasse les courtisans et tente de consoler sa fille. Quand il aperçoit Monterone qu’on
conduit en prison, Rigoletto lui promet la vengeance et jure de tuer le séducteur.
Acte III
Dans une auberge isolée, Sparafucile vit avec sa soeur Maddalena qui lui sert d’appât pour
détrousser ses victimes. Le Duc fréquente ce lieu et Rigoletto désire que Gilda en ait la preuve
tangible. Du dehors, tous deux voient entrer le débauché qui entonne le célèbre air « La donna e
mobile » et courtise Maddalena. Sparafucile sort un moment pour recevoir la moitié de la prime
promise pour éliminer le Duc. On convient que le corps de ce dernier sera remis dans un sac.
Rigoletto renvoie Gilda en lui demandant de revêtir par précaution des vêtements d’homme, puis
s’en va à son tour. Le Duc monte se coucher. Maddalena qui a été séduite par le Duc, obtient de
son frère qu’il l’épargne et qu’il tue à sa place le premier homme qui se présentera à l’auberge
avant minuit.
Or Gilda qui est revenue sur ses pas et a tout entendu, décide de se sacrifier en frappant à la porte.
Elle entre et se fait donc tuer par Sparafucile. L’orage qui sévissait ayant cessé, Rigoletto vient
prendre possession du sac macabre, pour le jeter à la rivière, quand il entend avec stupeur s’élever
la chanson du Duc. Ouvrant fébrilement le sac, il découvre avec horreur sa fille agonisante. La
malédiction a frappé.
D’après le synopsis in lAvant Scène opéra.