Raphaël : Une exposition impossible

La région des Marches en Italie a voulu rendre un vibrant hommage à la vie et l’œuvre de Raphaël, l’un des piliers de la Renaissance en Europe après Leonardo Da Vinci.

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Cette exposition a été conçue et réalisée par Renato Parascandolo sous la haute supervision scientifique de Ferdinando Bologna, hélas récemment décédé.

Elle se tient à Bruxelles,cœur de l’Europe, du 14 février au 14 mars 2020, dans l’espace du palais des Congrès, le Brussels Convention Center, au Mont des Arts, une adresse on ne peut plus appropriée! Nommée « The Square » pour les citoyens du monde!

Avantage inattendu, l’entrée est totalement gratuite et l’expo est visible tous les jours de 10 à 19h. C’est l’occasion rêvée, non seulement de venir découvrir en un seul lieu nombre d’œuvres du grand maître italien Raphaël, mais même d’y retourner plusieurs fois, si le cœur vous en dit!

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Selon Renato Parascandolo, l’organisateur de cette exposition dite « impossible », nous serions comme au début de la Renaissance: au tournant d’une nouvelle ère, au seuil d’une nouvelle période artistique. Tout comme à la Renaissance, qui débuta une nouvelle phase formidable de l’histoire humaine, après le « sombre Moyen-Age». Il n’empêche, l’organisateur n’hésite pas à qualifier généreusement l’âge des cathédrales de génial et de créatif, malgré ses guerres incessantes, sa misère, ses famines, ses maladies dévastatrices, son fanatisme et son obscurantisme religieux. Oserait-il un parallèle avec notre époque?

En termes simples, il estime sérieusement que la culture est l’un  des plus grands réservoirs d’énergie pour notre espèce humaine, doublé d’un inestimable facteur de paix. La culture soutient non seulement l’évolution de la pensée humaine, le progrès scientifique et la spéculation créative, mais elle offre même des effets pratiques immédiats en termes de progrès économique, un motif si cher à notre siècle!

En effet, cette initiative culturelle italienne qui célèbre le génie de l’illustre peintre et architecte Raphaël (1487-1520) part de l’institut du tourisme des Marches, en Italie, qui fête les 500 ans de la mort de l’artiste.

Depuis plus d’un an, un nombre conséquent de rencontres et activités culturelles ont lieu autour de Raphaël, en particulier dans sa ville natale, Urbino. Sa renommée ne cesse d’attirer un public toujours plus nombreux.

Sans compter que la région des Marches vient d’être classée en seconde position du top 10 mondial des régions les plus intéressantes à visiter en 2020, selon Lonely Planet « Best in travel 2020- Régions ».

Après Bruxelles, cette expo d’un genre complètement inédit se transportera après à Paris, Moscou, Yekaterinburg (Oural), Sofia, Munich, Frankfurt et Vienne, pour un tour d’Europe prestigieux.

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L’exposition est dite totalement « impossible » puisqu’elle réunit, dans un même lieu, 45 œuvres d’art venant de 17 pays différents, dont une reproduction grandeur nature de l’immense «Fresque de l’école d’Athènes» dédiée à la philosophie et conservée au Vatican.

Il est extraordinaire de se rendre compte, qu’avec nos nouvelles technologies, nous pouvons désormais faire voyager des œuvres en copie parfaite, pour disséminer la culture de par le monde. Au Moyen-Âge, les grands peintres, tel que Raphaël, s’entouraient d’élèves qui participaient à la création des œuvres et qui en reproduisaient des copies pour la circulation de la culture. Aussi,avec les moyens technologiques dont nous disposons aujourd’hui , il serait malvenu de reprocher cette nouvelle forme de vulgarisation.

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crédit photo : Laurent Nizette

Voir l’œuvre originale dans son lieux de conservation est évidemment un privilège inestimable, mais permettre à un large public d’être confronté à la beauté des œuvres et l’amener à les appréciés est non moins souhaitables. Citons André Malraux:

« Aucune reproduction, même parfaite techniquement, ne peut convaincre et émouvoir davantage que l’oeuvre d’art originale. Pourtant, la reproduction photographique de l’oeuvre d’art a permis à des dizaines de millions de personnes de découvrir, d’apprécier des chefs d’oeuvre des grands artistes de toutes les époques, et en même temps de leur donner envie de visiter les lieux où ces chefs d’oeuvre se trouvent, pour pouvoir les admirer dans la splendeur de leur authenticité »

« The Impossible Exibit » ouvre un nouveau type de musée, destiné non seulement à ceux qui aiment l’art, mais aussi à ce large public de gens qui ne fréquente pas souvent des musées, et en particulier à ces jeunes, si friands de nouvelles technologies et d’«edutainment». L’utilisation de plus en plus courante de celles-ci met les jeunes dans une position bénéfique de réception optimale de la culture. Ainsi,s’acheminerait-on vers une sorte de nouvelle «démocratie culturelle».

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L’extraordinaire beauté des peintures de Raphaël est captée sur des toiles reproduisant à l’identique les œuvres originales du peintre, texture, format et couleur. La peinture est sublimée par un éclairage venant de derrière la toile qui invite à contempler et découvrir encore plus le détail et les moindres recoins d’une œuvre qui apparaît comme fraîchement restaurée. L’avantage est que l’on peut s’approcher sans crainte de celle-ci, sans risquer de l’endommager ou de se faire refouler par des gardes ou des sonneries d’alarme intempestives. On peut aussi photographier sans limite. Et le coût du voyage des œuvres ne passe plus par des contrats d’assurances astronomiques!

Raphaël a eu une carrière brillante mais brève puisqu’il est décédé à seulement 37 ans. L’exposition retrace son parcours au moyen de reproductions d’œuvres exposées dans les plus grands musées du
monde : La galerie des Offices, les musées du Vatican, la Pinacothèque de Brera à Milan, la galerie Borghese à Rome, le Louvre à Paris, le Prado à Madrid et la Gemäldegalerie à Berlin, ainsi que l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et la National Gallery de Washington, pour n’en citer que quelques-uns. Ces musées conservent d’incroyables chefs-d’œuvre comme la Madonna del Cardellino, La Deposizione, Il Ritratto di Baldassare Castiglione et l’oeuvre commandée par le pape Giulio II, Le Stanze Vaticane, qui fit de lui le meilleur interprète de la Maniera Moderna.

En direct vous aurez des commentaires, bien trop brefs hélas, sur chaque œuvre exposée si vous disposez d’un smartphone.

Mais que tout cela bien sûr, n’empêche personne de voyager, dans le temps et l’espace, de se rendre sur les lieux pour approcher les œuvres inestimables dans les écrins séculaires qui les abritent!

Dominique-Hélène Lemaire ( pour Arts et Lettres)