Elle est venue frapper à ma porte,
vêtue d'une robe blanche, les yeux verts,
une longue chevelure brune toute nattée,
puis des mots en forme de fleurs, de fruits,
de nuages clairs, parfois d'oiseaux sombres,
se sont évadés de ses lèvres nacrées et nues,
impuissantes à les retenir,
pour de plein fouet me toucher, me bouleverser,
m'apprendre l'instant nu ; cet essentiel d'ici et là,
Ce grand silence !
Elle était là, impalpable et pourtant tellement chaude,
comme ensoleillée, elle ne cessait de contempler
ce grand vide en moi, ce soleil froid, tout en sang, sans vie ;
ma mère l'ayant pris en s'en allant en plein juillet !
Elle devinait je crois, dans mon invisibilité lourde,
une légèreté possible, une vie consacrée à l'écriture,
cette disponibilité là ; donc des cris, des rires, des larmes,
des colères enfin audibles,
depuis mon ventre point encore mère,
exprimés, trop vivants.
Depuis j'ai pris son bel accent, j'écris tout le temps,
je laisse ma porte puis mes fenêtre ouvertes,
je guette sa robe blanche, ses longues tresses brunes
parsemées de fils d'argent, puis je reçois ses mots,
que je restitue un peu plus bleus,
un peu moins grands mais indemnes,
dont la texture est identique à la sienne ;
la poésie est son Prénom.
NINA
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