« Paix Nationale » de Geneviève Damas Comédie satirique
Mise en scène : Pietro Pizzuti, Avec : Geneviève Damas, Alexandre Von Sivers Scénographie, costumes : Delphine Coërs
Texte querelleur dit par deux personnages largués après un cataclysme linguistique. Les gens de Là-bas se sont disputés avec ceux d’Ici pour un lieu qui était au Centre. N’allez surtout pas croire qu’il s’agit de la Belgique ! Toute ressemblance…Y’avait une ville et y’a plus rien. Que se passe-t-il? Je n'y comprends rien. Y'avait une ville. Et y'a plus rien. Sous un joyeux soleil de mai. C'était plein de couleurs… Après la grande fracture et le Détachement final, Geneviève Damas scrute la situation d’un œil désabusé et fabrique un texte finalement porteur d’espoir. Sous-titres en flamand de chaque côté de la scène. A bons entendeurs, Salut ! Il y a sûrement moyen de s’entendre sur quelque chose ou sur quelqu’un. Ce sera le début de la sortie du tunnel. On apprendra la langue d'Ici, de Là-bas, d'Autre part ou de Partout... L’amitié est un chemin, la haine est un mur.
L’atmosphère est beckettienne avec ces deux paumés, l’un, de Là-bas, rustre, bougon et autoritaire, mais désormais privé de sa langue car il a été puni pour être trop d’Ici, l’autre délicieuse aristocrate un peu fofolle qui regrette son bien le plus précieux : sa fermette - blanche sans doute - ses géraniums, ses rideaux de Vichy bleu et ses sourires. Elle a mis des jours à s’extraire de la grande fissure qui a emporté son rêve pour remonter au bord du gouffre. Elle se retrouve avec Bril, un de Là-bas, abandonné par ses confrères, à cause de ses racines d’Ici. Il est lui aussi assigné à travailler dans la zone d’acclimatation sous l’œil goguenard et les micros du grand régisseur de la PAIX NATIONALE. Mission : « être heureux ». Elle est pour l’art et l’art de vivre. Lui, scrute. « Là-bas est là-bas, Ici est ici, à perte de vue. » Attente et désolation. Punition ? Ils doivent trier (ensemble ?) l’intriable.
Elle porte une jupe droite, un chemisier de mousseline de soie à grandes fleurs et des chaussures à hauts talons. Lui des combat boots dénouées, et un accoutrement d’ouvrier qui laisse voir un maillot de corps très défraîchi. Physique de déménageur. Le décor évoque une marine de l’antique Knokke-le-Zoute ensablée dans le charbon des terrils. La langue qu’ils parlent est surréaliste mais ils communiquent car ils se disputent comme des chiffonniers, chacun fidèle à son style! Matuvu ou bordélique, ou les deux. Nombreuses réminiscences de l’humour de Raymond Devos ou de l’esprit de Jacques Brel. Et les spectateurs rient de bon cœur tant le burlesque dépasse tout ce qui est imaginable. Tant le rire qui s’applique à l’action des comédiens s’applique aussi à nos faiblesses et à nos préjugés. Autodérision réussie donc, objectif atteint par Geneviève Damas, alias Mimi, puisque c’est elle qui joue son propre texte. Elle est exquise. Et Alexandre von Sivers, jubilatoire. Il n’y a plus qu’à tirer chacun les conclusions de la parabole du « survivre ensemble ».
Jusqu’au 30 juin 2012.
http://www.theatrelepublic.be/play_details.php?play_id=294&type=2
Geneviève Damas
http://www.genevievedamas.be/biographie/biographie.html
Elle a reçu le prix Rossel pour son premier roman: "Si tu passes la rivière"
http://www.lesoir.be/culture/livres/2011-12-07/le-prix-rossel-consacre-genevieve-damas-882209.php
Commentaires
Gagnez vos places pour la pièce "Paix Nationale"
Comédie surréaliste, au théâtre Le Public, le 14 juin à 20h30
Bonjour Deashelle,
Merci des informations partagées !
Ce doit être un spectacle savoureux !
Belle journée à toi ! Amitié, Nicole