New York 26 Avril 2011 >> 14 Mai 2011 Les Riches-Claires
De et mis en scène par Dominique Bréda
Avec Alexandre Crépet, Emmanuel Dekoninck et Alexis Goslain
Création lumière : Thomas Vanneste
Scénographie : Auffray Deghorain
Une fumée qui ne pique pas les yeux flotte, suspendue au-dessus d’un quai de gare abandonnée. Un décor pour Beckett ou Cocteau ? La toile de fond est piquée de taches couleur bile et la rouille dégouline. On va sans doute pleurer. A côté d’un paumé de la vie en veston et chemise vert acide qui siffle des canettes de bière, surgit en nœud papillon et chemise de soirée, la figure de son père, la main vissée à l’attaché-case, suicidé à 35 ans devant le jeune garçon de 8 ans sur le même quai. Le bruit du train éclair qui trancha la vie dans un fracas ahurissant revient comme un métronome.
Théâtre de l’absurde. Que reste-t-il à Max comme vie ? L’invisible veut l’aider. Le père a conclu un pacte de sauvetage avec une figure angélique fascinante de fraîcheur et de compassion: celle d’un chef de Gare en képi rouge et or. Le jeu naïf du jeune chef de Gare enchante et réveillerait plus d’un de l’engluement suicidaire mais Max, trompe-la-vie, se veut inébranlable. Toutefois, petit à petit son chagrin immense se fait grignoter, par la dialectique tendre et insistante du chef de Gare. Les rires fusent, la connivence s’installe, les disputes anciennes éclatent, cela communique vachement entre père et fils, comme jamais auparavant, des pardons se consentent du bout du cœur. L’espoir renaît! La mise à nu de la situation ne juge ni le père ni le fils. L’explication entre eux suffira-t-elle ? L’incompréhension mutuelle est profonde et tenace.
Des scènes surréalistes nous plongent dans un fantastique très épuré, très intense tant il ressemble au quotidien. On est envahi par un drôle de parfum de l’au-delà de plus en plus entêtant. Orphée ne cherche pas Eurydice mais sa mère au royaume des enfers. Comment s’en relever : l’écriture ?, la biture ?, les drogues dures ? La défonce aide … et le père de dispenser ses sempiternels conseils et la figure paternelle de toujours manquer.
La salle participe activement à l’échafaudage du rire, le remède ? C’est beau, c’est délirant et touchant même si c’est en permanence très noir. Est-ce qu’on défait un scénario familial en se jetant sur les rails ? Il est libre… Max ! C’est magnifiquement joué par un trio fantastique au propre et au figuré. Une claque, jeune et enthousiaste, ponctue de façon vibrante ce spectacle de l’angoisse moderne.
Site Web : http://www.lesrichesclaires.be
Commentaires
Y'a pas de justice! Alors que "JODOIGNE" ne se joue toujours pas à New York, Voici "New York" à Jodoigne!
http://www.culturejodoigne.be/.../1103/31/theatre-new-york
New York au théâtre des Martyrs en 2014
Dominique Bréda - Les Gens de bonne compagnie
Du 10.12.2014 au 03.01.2015
Réservez en ligne
Reprise les 23 et 24 octobre 2012
Un Deuil refusé
Pour Dominique Bréda, " La comédie nous permet de mieux regarder le réel en face, comme un manteau nous permet d’affronter la tempête." Dans "Purgatoire", il observe l’Homme face à son destin, avec un regard tolérant et un goût prononcé pour l’absurde et la dérision. Dans "New York", il se sert également du prisme déformant de l’humour, pour nous parler de la mort et du sentiment d’abandon qui en découle. Une pièce subtile, émouvante, qui évite tout pathos.
Une cannette de bière à la main, le visage tendu, un homme déambule lentement. Il boit une gorgée, avale une pilule, abrège un coup de fil. Tout à coup, un homme avec un attaché-case est assis près de lui. C’est son père. Max le presse de questions. Il voudrait comprendre pourquoi, à trente-cinq ans, il s’est jeté sous un train. Incapable de l’éclairer sur ce drame vieux de vingt ans, celui-ci le pousse à larguer le passé et à prendre sa vie en main. Peine perdue. Le fils bute désespérément contre l’énigme et s’incruste dans la gare, témoin du suicide.
Avec une bonne volonté désarmante, le curieux chef de cette gare désaffectée prétend l’aider à résoudre "ses problèmes". Il réchauffe des souvenirs d’enfance, mais ne l’arrache pas à son obsession. Sombrant dans l’alcool et la drogue, Max se laisse apprivoiser par ses hallucinations et s’enfonce dans un rêve éveillé, où se bousculent paradis perdu, doutes, reproches et frustrations. L’image du père se précipitant vers le train revient en boucle. Tenaillé par des questions sans réponses, Max n’arrive pas à se raccrocher à sa femme ou à sa mère.
Grâce à son humour caustique ou tendre, Dominique Bréda nous sensibilise délicatement à cette recherche douloureuse. Rien de larmoyant, mais des séquences courtes, maîtrisées, parfois surprenantes. Comme ce ballet clin d’oeil sur le "New York, New York" de Frank Sinatra ou cet aveu de Max, qui vomit l’entreprise capitaliste merdique, symbolisée par " la souris aux grandes oreilles", mais qui reste attaché à ... son Mickey.
Pour donner de la légèreté à ce spectacle et alterner rire et émotion, l’auteur, qui signe aussi la mise ne scène, a pu s’appuyer sur le talent et la complicité de comédiens qui se connaissent bien. Dans la peau du chef de gare naïf, plutôt collant, Emmanuel Dekoninck est un ange gardien attendrissant. Par ses mimiques, ses silences, ses étonnements, il souffle un vent de fraîcheur sur ce drame. Alexis Goslain fait de Max un homme seul, agressif, nostalgique, paralysé par sa lucidité et incapable d’accepter la réalité. Fantôme impuissant, le père, incarné par Alexandre Crépet, ressent la souffrance de son fils, mais ne peut que regretter : "J’aurais aimé que cela se passe autrement."
Reprise en 2012!
17 Avril 2012 >> 28 Avril 2012
"...l'auteur refait le même coup qu'avec Emma : nous faire trébucher par surprise dans l'émotion..." (Le Soir - C.M)
"Les comédiens captivent à chaque seconde avec leur jeu précis, réaliste et touchant... " (La Libre Belgique - CdM)
"On rit entre les larmes comme on passe entre les gouttes, les jours de pluie. C'est très fort..." (Mosquito - A.N)
Max a trente-cinq ans. L'âge qu'avait André, son père, lorsqu'il a décidé d'en finir avec la vie en se jetant sous un train. Nous retrouvons Max sur le lieu même où s'est produit cet événement : une gare aujourd'hui désaffectée. Il est tard, c'est la nuit. Il est seul avec un père imaginaire qu'il a convoqué pour tenter de comprendre cet acte qui a conditionné toute sa vie. Malheureusement, les fantômes du passé ne savent rien de plus, du moins en... Afficher la suite >>
17 Avril 2012 >> 28 Avril 2012