Elle se lève avant l’aurore dans le but avouable de soigner les patients à domicile.
La radio et la télé résonnent de sombres nouvelles et pourtant, seule, elle affronte routes et chemins pour une simple raison : soigner les autres.
De maison en maison, elle apporte un peu de sourires, de présence de soulagement. Cependant, alors que l’endémie progresse, malgré toutes les précautions d’hygiène et de protection, je sais qu’il suffirait de peu de chose pour que la maladie s’invite. Elle le sait, j’en suis conscient et pourtant, sans nier l’évidence, elle n’abandonnera pas, c’est son travail, c’est son devoir, c’est le choix de soulager les autres. Je ne l’en empêcherai pas, qui suis-je pour le faire ?
Je n’ai que quelques mots à lui confier au début de chaque journée, de chaque tournée : sois prudente, prends soin de toi. Pour toute réponse son rire résonne autour de la table du petit déjeuner. Ce petit morceau de joie est sa façon de faire de la résistance.
Mais son repos est de courte durée. Elle part rejoindre la première ligne, celle que l’on oublie parfois, que l’on oublie souvent. « Ne t’inquiète pas, je me protège car c’est important de protéger les autres » (Les autres sont plus importants que sa personne, sacré leçon pour que brille l'humanité)
En se retournant un peu, elle part malgré son épuisement. Personne ne se présente pour la remplacer. C’est son combat et malgré les quelques minutes de repos qu’elle s’offre à l’heure du déjeuner, le téléphone résonne en écho régulier. Par la fenêtre je la regarde s’éloigner. Elle offre l’image d’une sorte de mirage s’étiolant en raison du brouillard. Il n’y a pas de brouillard, juste une angoisse qui vibre et que l’on étouffe pour ne pas faire germer la peur de vivre tout simplement. Elle porte une petite valise contenant sa pratique. Un simple objet rouge qui prolonge son bras en signe d’urgence, en étendard glorieux qui me fait un peu trembler. Oui, telle que beaucoup d’autres, cette femme porte l’espoir sans faire de vague, sans faire de bruit.
La femme de ma vie est une héroïne, c'est l'une des raisons qui m'a poussé à plus de discrétion
Philippe De Riemaecker.
Commentaires
Vous m'arrachez les larmes.
Je n'ai pas de mots.
Les vôtres sont des mots d'amour.
Espérons que dorénavant, et lorsque la paix sera retrouvée, ces héroïnes et héros bénéficieront de toute la considération et de tous les moyens qui leur ont fait défaut jusque là.
Les choix politiques en sont responsables.
Merci à vous pour ce très beau texte.
Bonjour Philippe, quel bel hommage à votre épouse infirmière et à travers elle, à tous ceux et celles qui sont
sur le "front" en ce moment.Ma belle- fille et ma petite- fille de 22 ans en sont et je leur dis Bravo à tous et à toutes
pour ce don de soi, cet altruisme qui s'est perdu autour de nous dans cette vie de fous que nous menions sans
frein aucun. Encore Bravo et félicitations pour ce partage magnifique. Cordialement. AM