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Max Elskamp - Le poète d'Anvers et d'Ecaussinnes




A ma mère



Ô Claire, Suzanne, Adolphine,
Ma Mère, qui m'étiez divine,

Comme les Maries, et qu'enfant,
J'adorais dès le matin blanc

Qui se levait là, près de l'eau,
Dans l'embrun gris monté des flots,

Du fleuve qui chantait matines
À voix de cloches dans la bruine ;

Ô ma Mère, avec vos yeux bleus,
Que je regardais comme cieux,

Penchés sur moi tout de tendresse,
Et vos mains elles, de caresses,

Lorsqu'en vos bras vous me portiez
Et si douce me souriiez,

Pour me donner comme allégresse
Du jour venu qui se levait,

Et puis après qui me baigniez
Nu, mais alors un peu revêche,

Dans un bassin blanc et d'eau fraîche,
Aux aubes d'hiver ou d'été.

Ô ma Mère qui m'étiez douce
Comme votre robe de soie,

Et qui me semblait telle mousse
Lorsque je la touchais des doigts,

Ma Mère, avec aux mains vos bagues
Que je croyais des cerceaux d'or,

Lors en mes rêves d'enfant, vagues,
Mais dont il me souvient encor ;

Ô ma Mère aussi qui chantiez,
Parfois lorsqu'à tort j'avais peine,



Des complaintes qui les faisaient
De mes chagrins choses sereines,

Et qui d'amour me les donniez
Alors que pour rien, je pleurais.

Ô ma Mère, dans mon enfance,
J'étais en vous, et vous en moi,

Et vous étiez dans ma croyance,
Comme les Saintes que l'on voit,

Peintes dans les livres de foi
Que je feuilletais sans science,

M'arrêtant aux anges en ailes
À l'Agneau du Verbe couché,

Et à des paradis vermeils
Où les âmes montaient dorées.

Et vous m'étiez la Sainte-Claire,
Et dont on m'avait lu le nom,

Qui portait comme de lumière
Un nimbe peint autour du front.


Mais temps qui va et jours qui passent,
Alors, ma Mère, j'ai grandi,

Et vous m'avez été l'amie
Aux heures où j'avais l'âme lasse,

Ainsi que parfois dans la vie
Il en est d'avoir trop rêvé

Et sur la voie qu'on a suivie
De s'être ainsi souvent trompé.

Et vous m'avez lors consolé
Des mauvais jours dont j'étais l'hôte,

Et m'avez aussi pardonné
Parfois encore aussi mes fautes,

Ma Mère, qui lisiez en moi,
Ce que je pensais sans le dire,

Et saviez ma peine ou ma joie
Et me l'avériez d'un sourire.

Claire, Suzanne, Adolphine,
Ô ma Mère, des Écaussinnes,

À présent si loin qui dormez,
Vous souvient-il des jours d'été,

Là-bas en Août, quand nous allions,
Pour les visiter nos parents

Dans leur château de Belle-Tête,
Bâti en pierres de chez vous,

Et qui alors nous faisaient fête
À vous, leur fille, ainsi qu'à nous,

En cette douce Wallonie
D'étés clairs là-bas, en Hainaut,

Où nous entendions d'harmonie,
Comme une voix venue d'en-haut,

Le bruit des ciseaux sur les pierres
Et qui chantaient sous les marteaux,

Comme cloches sonnant dans l'air
Ou mer au loin montant ses eaux,

Tandis que comme des éclairs
Passaient les trains sous les ormeaux.

Ô ma Mère des Écaussinnes,
C'est votre sang qui parle en moi,

Et mon âme qui se confine
En Vous, et d'amour, et de foi,

Car vous m'étiez comme Marie,
Bien que je ne sois pas Jésus,

Et lorsque vous êtes partie,
J'ai su que j'avais tout perdu.





Ce poème, plein de vérité et de réalité, retrace différents épisodes de la vie du poète.

Moments vécus, passés avec sa mère, riches en émotions.



A Ecaussinnes, Elskamp allait passer ses vacances d’été " Août " chez ses grands-parents maternels qui vivaient dans un château " château de Belle-Tête" (le château Cousin) devenu plus tard un orphelinat,

le "Gai Logis".

Son grand-père y était maître carrier " Le bruit des ciseaux sur les pierres ".

Près du château, il y avait une ligne de chemin de fer " passaient les trains "…..


On le sait, Ecaussinnes est aussi la patrie de JULOS et D'HENRY LEJEUNE.

Henry qui a fait découvrir Elskamp à Juloset surtout cette merveille d'amour : "A ma mère",le premier à avoir été mis en musique par JULOS

Voir aussi extrait du Julosland


http://julos.les-forums.com/topic/974/quand-julos-a-la-folie-en-tete/


Le 6 mai 1967, Henry LEJEUNE, JULOS et Louise Hélène-France, l'épouse de JULOS organisent à Ecaussinnes, un hommage à Max ELSKAMP.

Une plaque originale en céramique, à l'effigie du poète, réalisée par Henry LEJEUNE est scelléedans un bloc de "petit granit", pierre du pays d'Ecaussinnes.

Elle est toujours visible mais dans un très mauvais état, à l'entrée de l'ancien château Cousin, propriété de la mère d'Elskamp à cette époque et devenue depuis un orphelinat.


L'hommage était à la hauteur de l'importance du poète dans la littérature belge.

Des allocutions de :


Gérard NOEL

http://www.mons.be/default.aspx?GUID={EA2491AA-8373-11DA-972C-0002A58CB319}&LNG=FRA


Marie-Paule GODENNE (Présidente du Centre de Recherche et d´Expérimentation en Pédagogique Artistique).


Pierre BOURGEOIS

http://www.servicedulivre.be/fiches/b/bourgeoispierre.htm


Paul NEUHUYS

http://www.servicedulivre.be/fiches/n/neuhuys.htm


Bernard DELVAILLE

Anthologie de la poésie française et œuvres complètes de Max Elskampaux éditions Pierre SEGHERS.


Et en présence de Marie GUEVERS

http://www.arllfb.be/composition/membres/gevers.html



Bercée par le même chant des pierres de mon village, leur odeur toute
particulière, par la folie créatrice d'Henry LEJEUNE et par la poésie de JULOS, je me dois de rendre
à mon tour hommage à ELSKAMP en restaurant son image dans le cœur des
écaussinnois.

Nadine Lia LEJEUNE
18.11.2010







Plaque originale en céramique à l'effigie du poète, réalisée par Henry LEJEUNE
(voir page d'Henry LEJEUNE sur arts et lettres)








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