Un travail artistique sur la problématique des droits de l’homme L’Espace culturel ING a le plaisir de présenter une exposition entièrement dédiée aux œuvres d’Alfredo Jaar, artiste chilien de renommée internationale établi à New York. Ce projet satellite fait partie intégrante de Newtopia. L’état des droits de l’homme, une exposition collective d’envergure internationale qui se tiendra prochainement à Malines(ING en est le principal sponsor).
La violence dans les medias: une consommation passive dénoncée En déconstruisant les images de violence et d’atrocités jetées en pâture par les médias, Alfredo Jaar dénonce à mots couverts la politique de l’image et remet en question la consommation passive de cette imagerie. À l’heure où ces images sont devenues d’une banalité affligeante et interchangeables, les œuvres de Jaar soulèvent notamment la question de savoir si cette sursaturation d’images médiatiques de guerre et de violence n’engendre pas l’indifférence et, dans ce cas, comment y remédier. Autrement dit, elles posent la question complexe de l’empathie et de l’affect, de l’engagement et de la responsabilité individuelle, ainsi que de la réhabilitation de ces valeurs. Focus sur le continent africain L’exposition fait un gros plan sur le continent africain à travers des œuvres qui documentent les drames dont des pays comme l’Angola, le Soudan et l’Afrique du Sud ont été et sont toujours le théâtre. Mais le visiteur y découvre aussi et surtout une série d’installations photographiques faisant partie du Rwanda Project (1994-2000), un projet à long terme exemplaire dans lequel Jaar a tenté de mettre en évidence l’absurdité et les conséquences d’une extermination (le troisième plus grand génocide du XXe siècle) qui a coûté la vie à plus d’un million de Tutsis en 1994. Au cœur de ce projet se pose la question éthique de la représentation de la violence, de la souffrance et de la douleur, et notamment du rôle controversé de la photographie dans ce domaine. Comment peut-on documenter dans les limites de la décence des exécutions de masse à travers des images ? Comment peut-on documenter la souffrance sans verser dans le voyeurisme et la spectacularisation ? Comment peut-on encore engendrer l’empathie dans un monde saturé d’images de violence ? Quelle est la responsabilité du photographe dans ce contexte? Voici quelques-unes des questions qui viennent à l’esprit à la vue des œuvres magistrales de Jaar qui brillent par leur subtilité et par le respect dont leur auteur témoigne à l’égard de ses sujets. Personnage attachant, Alfredo Jaar cite E.M.Cioran en anglais: “I am simultaneously happy and unhappy, exalted and depressed, overcome by pleasure and despair of contradictory harmonies” et se déclare "pessimiste dans l'âme par rigueur intellectuelle" et "optimiste par la volonté de changer le monde" ...et les médias? Ses oeuvres montrent l'imperceptible humanité qui transparaît derrière la vision cruelle de la réalité. Et Comme Jean-Luc Godard, Alfredo Jaar professe que " tout art est politique, le reste... décoration." L'exposition peut sembler minimaliste. Certes, mais ô combien chargée de sens. C'est une qualité. Les installations sont percutantes. Un livret du visiteur, magnifiquement relié, est offert à chaque visiteur, afin de l'éclairer sur la genèse de l'oeuvre. Il lui permettra en outre de garder une trace, une lumière, qui, invitée chez soi, sera comme veilleuse de justice et d'humanité.
http://www.alfredojaar.net/index1.html
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