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anarchie (1)

Le sens de la rébellion ou le sens artistique

Faut choisir..! Ernest Gegout avait choisi..

Je tombe sur cet article qui parlait de lui

sacré Ernest.. je me sens assez proche de son sens de la rébellion, de plus en plus nécessaire en ces temps de nivellement médiocre

Avec sa spontanéité, Gegout devait faire un hardi compagnon et un exécrable soldat. Après s'être engagé, à seize ans à peine, au cours de la guerre franco-allemande, et avoir conquis les respectables galons de sous-officier, l'insubordonné Lorrain se trouva un beau jour au fond d'un silo algérien, en qualité de disciplinaire.
Il sortit de cet abîme pour tomber dans celui du mariage, où il demeura sept ans, nombre fatidique, comblé entre temps de faveurs gouvernementales qu'il n'avait pas mendiées, mais que son influente famille avait sollicitées pour lui. Sous-Préfet à Falaise, il fut, tout comme un roi d'Yvetot, l'idole de ses administrés, dont il avait la sagesse de ne pas s'occuper.
Pour le même motif, il devint le cauchemar de l'administration, qui entend bien que juges, huissiers et gendarmes servent à quelque chose. Puis, à l'inverse de Louis-Philippe qui faisait appeler son gouvernement « la meilleure des républiques », Gegout comprit que le meilleur des potentats ne vaut pas la liberté, et, après quelques semaines de sous-préfectorat, il abandonna les Falaisiens à leur heureux sort.

photo à partir de mes cheveux

gegout© 2004

self-portrait-ai--poil.jpg
Depuis Cincinnatus, semblables exemples étaient rares. L'austère Grévy, qui dirigeait alors les destinées du pays, en fut tellement ahuri qu'il nomma l'ex-disciplinaire inspecteur général du service des enfants assistés. Le titulaire s'acquitta en toute conscience de ses nouvelles fonctions, goûta le lait des nourrices en remontant à la source même, prédit le sort réservé aux enfants de la colonie de Cîteaux, dénonça vigoureusement les infamies de Porquerolles et, finalement, écœuré du fonctionnarisme, abandonna celui-ci, tout comme, précédemment, il avait abandonné ses administrés.
Entre temps, grâce à M. Naquet, Gegout était redevenu célibataire [I].
Bravement, cet homme de cœur, doublé d'un artiste plein d'humour, vint à ceux qui, par la plume et la parole, luttaient pour une idée de rénovation sociale. Après avoir collaboré au Cri et à la Voix du Peuple, il entrevit deux camps socialistes : l'un autoritaire, dogmatique, hargneux, égoïste, foncièrement antipathique au vieil esprit gaulois, à l'harmonieux génie latin ; l'autre libertaire, exubérant, accueillant le beau d'où qu'il viennent. Gegout alla au second de ces camps et fonda l'Attaque, journal tellement vivace que ses rédacteurs anarchistes furent bientôt signalés à la sollicitude gouvernementale.
Quinze mois de prison et 3,000 francs d'amende s'abattirent sur lui, en même temps que la poigne des agents de police. Il en résulta Prison fin de siècle [II], livre écrit à Sainte-Pélagie, pendant les loisirs de la détention.
Gegout en a dans la peau pas mal d'autres, sans compter chroniques et pièces de théâtre, qui vont lui sortir très prochainement.

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