La paix des poissons rouges installés dans leur bocal lumineux sur le piano dénonce silencieusement les vastes angoisses qui étranglent chacun des acteurs. Quand la pièce devient un peu ‘lourde’, cela fait plaisir de les regarder et d’écouter le pianiste impassible. Plus que le passage brutal de monologues intérieurs en bulles, aux dialogues sans cesse avortés, (tiens les poissons… !) c’est justement ces non- transitions abruptes, dans le même souffle, bourrées de violence, qui sont géniales et vous coupent le souffle. Tous les acteurs se figent dès qu’une bulle éclate : belle trouvaille. Les adresses iconoclastes et blasphématoires où chacun crie son étouffement semblent ruiner toute communication et pourtant elles disent enfin la vérité de chacun. Magistral ! Les apparences sont si pacifiques, le discours à autrui est tellement recomposé et tricheur, ad nauseam! Le vocabulaire fort cru peut certes déconcerter certains spectateurs, mais il semble que cela fasse partie de la pièce… soyons ouverts ! Constat : quel que soit le kvetch, maîtrisé ou non, ce dernier finit toujours par avoir le dernier mot, quelles que soient les ruptures, les remises en question, les nouveaux départs. Pourquoi ne pas le reconnaître quand il vient, ce kvetch, l’accueillir et ne le considérer que comme une simple ombre au tableau. Ou trouver quelque recette anti-kvetch , comme s’intéresser d’abord aux autres , plus qu’à soi-même, le nombrilisme est omniprésent. L’altruisme est en effet totalement absent dans la pièce : comme « l’absente de tout bouquet»? Qui sait! La clé peut-être ! La scénographie est habile et bien menée, mais on se serait passé de certaines longueurs, les passages lutins qui sont tout, sauf lutins, plutôt tristes comme le kvetch! Mais on rit car les acteurs sont bons!
Kvetch, Atelier 210, Théâtre, Bruxelles
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