Divertissement littéraire et hippique de haut niveau
Pour décrire la qualité des adaptations de Thierry Debroux, on pourrait très bien utiliser une citation qui s’applique à la musique de J.M. Jarre : “La beauté - comme celle de la passion - est celle de la finesse du jeu, de la mobilité, de l’intensité.” Il n’y a que lui pour savoir ainsi concentrer en une série de tableaux trépidants, romans fleuves, légendes épiques ou histoires phares de notre patrimoine culturel. Il a l’art de créer des séquences visuellement saisissantes, quasi cinématographiques, malgré la contrainte des planches. Elles sont splendidement ciselées, dorées sur tranche même avec leurs dialogues incisifs, percutants et drôles. Avec son irrésistible sens de l’humour, Thierry Debroux jongle avec la surprise théâtrale, la psychologie des personnages, l’évocation habile d’époques variées tout en pimentant l’aventure de clins d’œil et anachronismes savoureux.
Ses adaptations rassemblent un public avide de merveilleux, de langue harmonieuse et bondissante dont le ton sonne toujours étonnamment juste. Et souvent, c’est la littérature qui a enchanté notre adolescence qui semble soudainement retrouvée ! A une autre époque, ce surdoué de la réécriture aurait sûrement écrit des livrets d’opéra!
La musique et des chorégraphies à l’esthétique parfaite (ici celles de Pascal Guillaume) sont d’ailleurs souvent les ingrédients indissociables de ces pittoresques mises à la page. Après « Le tour du monde en 80 jours » et « L’Odyssée », la dernière adaptation de Thierry Debroux - particulièrement haletante - met en scène « Les trois Mousquetaires » d’Alexandre Dumas et offre au spectateur un rendu théâtral particulièrement brillant. Chacun des 28 tableaux fourmille de créativité et de souvenirs littéraires. Cette démarche de Thierry Debroux ne redonnerait-elle pas tout d’un coup aux plus jeunes le goût de la lecture, véritable vaccin contre la morosité, la solitude et …l’échec scolaire? On peut rêver, non?
Il faut souligner l’excellence et l’habileté de la mise en scène signée elle aussi par Thierry Debroux et la scénographie très imaginative de Catherine Cosme qui conjugue son art avec les vidéos très évocatrices d’Eve Martin projetées sur des caissons à double étage mobiles et pivotants. Le tournoiement des changements de lieu se fait à la vitesse du cheval au sein de ce carrousel historique! La rare inventivité des costumes (et des chevaux mécaniques) de Ronald Beurms, plonge quant à elle à la fois dans l’historicité et dans l’onirisme. Pour la chorégraphie des combats, une mention spéciale va bien sûr au maître d’armes Jacques Capelle. Pour tous - comme pour un - l’imagination est donc le maître mot. Ce festin de trouvailles scéniques ininterrompues n’en finit pas de séduire et entraîne l’imaginaire dans des sentiers secrets, tout en affichant une facture finalement très dépouillée et bien équilibrée.
Quant à la distribution, elle est à la hauteur elle aussi. Les 29 Comédiens en scène sont tous mousquetaires dans l’âme. Chaque nom que l’on lit sur le programme, chaque visage que l’on découvre met des étoiles dans les yeux et crée de la vie ardente sous les feux de la rampe. La cohésion et la complicité des comédiens donnent la preuve de l’existence d’une humanité joyeuse. Une récréation fort bienvenue, il faut le dire, face aux délires affichés de notre monde! Devant soi évoluent dans une chevauchée fantastique, des artistes, hommes et femmes bien vivants, engagés et investis, donnant toute leur énergie et leur cœur pour créer de la beauté artistique, tous siècles confondus.
Seul l’art sauvera le monde de ses démons ravageurs. Les rapières sont là pour nous rappeler la nécessité d’une morale courageuse, du service aux autres, du combat pour des causes collectives, et du respect de la femme. Les valeurs des mousquetaires s’appellent amitié, intégrité, bravoure, indépendance d’esprit, séduction et virilité. Eric De Staercke dans le rôle de Portos, Julien Besure (d’Artagnan), Laurent Bonnet (Athos) et Laurent Denayer en Aramis font merveille dans leur interprétation. Simon Vialle (Rochefort) et Nicolas Swysen (un admirable Monsieur Bonnacieux) ne sont pas moins bien campés que l’illustre valet Planchet joué par le délicieux Maroine Amini. Pour compléter le tableau d’excellence, il y a aussi Marc Laurent (un Louis XIII très crédible) et Nicolas Janssens, Monsieur de Tréville.
Les mousquetaires ne sont pas des superhéros, ils ont chacun leurs failles mais sont solidaires : le charme discret de l’humanité. Les femmes de l’histoire et surtout Milady, une fascinante Anouchka Vingtier ont toutes des choses à dire… et toutes, le disent avec énormément de charme : Pauline Maréchal pour Constance Bonnacieux et Sarah Dupré pour la Reine Anne d’Autriche. Le cardinal Richelieu - Benoit Verhaert - et sa garde rapprochée incarnent la manipulation moderne. Et voilà le très attachant d’Artagnan (Julien Besure) dont les démêlés avec les femmes n’ont pas fini d’attendrir, nanti en fin de compte d’un « brevet » à double tranchant… Libre, me direz-vous? A voir … et à vous de juger! Si la chorégraphie est d'Antoine Guillaume, la musique et la chanson finale sont signées… Pascal Charpentier, comme il se doit.
Commentaires
Des trois mousquetaires, c'est le quatrième, D'Artagnan, qui est le plus épatant. Ensemble, le quatuor scande l'éternel « Un pour tous, tous pour un », ravissant petits et grands. Un cheval au théâtre ? Thierry Debroux a osé. Celui qui foule les planches du Théâtre royal du parc dès le début de l'adaptation des « […]
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Mythique! et Vivant! Il caracole sur scène! Plutôt "elle" puisque c'est l'Aventure!
Avec Les trois mousquetaires, adapté du célèbre roman d’Alexandre Dumas, Thierry Debroux montre ce que son plateau a dans le ventre, avec une trentaine de comédiens sur scène, des combats de cape et d’épée virevoltants, et des décors grandioses qui galopent dans les coulisses du château de Louis XIII ou traversent la Manche sur les talons du duc de Birmingham.
Dès le départ, la mise en scène en met plein les mirettes, avec un vrai cheval déboulant du fond de la scène pour mettre le pied à l’étrier de cette histoire de mousquetaires, chevauchant entre les embûches semées par le cardinal de Richelieu et Milady De Winter. Plus tard, ce seront les impressionnants chevaux de bois mécaniques, grandeur nature, de Ronald Beurms qui seront les fiers destriers d’Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan, en route pour récupérer les diamants de la Reine et sauver l’honneur de la Cour de France.
La première réussite de ces Mousquetaires, c’est le rythme époustouflant de ces deux heures de spectacle. Pas une minute de temps mort pour raconter les aventures de d’Artagnan, arrivé de Gascogne à Paris pour faire carrière dans le corps des mousquetaires. Les provoquant d’abord chacun en duel, il va finir par se lier d’amitié avec Athos, Porthos et Aramis, et les entraînera dans le complot fomenté par le cardinal de Richelieu pour déshonorer la Reine. Partagé entre la douce Constance Bonacieux et la perfide Milady, d’Artagnan poursuit aussi une entreprise de vengeance toute personnelle contre le comte de Rochefort.
Même s’il lui manque la petite barbichette, Julien Besure campe un fougueux d’Artagnan. Bondissant à souhait, il est un jeune Gascon impétueux, avec un accent méridional ensoleillé, qui ajoute à son charme juvénile. On retrouve aussi Eric De Staercke dans le rôle d’un Porthos gouailleur et bon vivant. Du côté des femmes, on citera la diabolique Anouchka Vingtier, crachant le fiel de Milady.
La scénographie donne encore plus d’ampleur à l’aventure, avec des projections vidéo filant sur des panneaux mobiles, ce qui rythme encore plus l’histoire.
Un seul bémol peut-être : les ambiances très Las Vegas et les musiques pop romantiques à la Céline Dion pour évoquer le bal royal ou le destin funeste de certains personnages. Jusque-là d’un noble héroïsme, nos mousquetaires gascons et béarnais prennent soudain un coup de guimauve dans l’aile.
Rien d’irréparable néanmoins car, dans l’ensemble, la pièce croise le fer avec hardiesse. Nos gentilshommes ont du panache, et pas seulement sur leur chapeau.
CATHERINE MAKEREEL
PROLONGATIONS du spectacle "Les trois mousquetaires"
les 27 & 28/10 à 19h30
et les 29 & 30/10 à 20h15
A vos téléphones 02 505 30 30 ou www.theatreduparc.be
http://www.lecho.be/culture/scenes/Des_mousquetaires_spectaculaires...
Le texte remanié se fend de quelques clins d’œil anachroniques, mais avec parcimonie, laisse une belle place à l’humour et soigne ses ellipses, notamment avec de poétiques ombres chinoises. Et puis, la place d’honneur est réservée aux gestes de cape et d’épée avec des duels et même quelques combats de masse époustouflants. On se dresse sur son siège, on écarquille les yeux pour ne pas en perdre une miette. Ce sont des ballets, des chorégraphies orchestrées par un maître en la matière, Jacques Cappelle (voir son portrait dans "L’Echo" du 05/09/2015 p.60). Dans ces moments de fascination, on a tous 7 ans.
La distribution est une réussite et la direction d’acteurs futée: Marc Laurent dans un Louis XIII absolument savoureux, les airs froids d’Anouchka Vingtier en Milady ou encore la sémillance, l’énergie et la "gasconne attitude" du d’Artagnan de Julien Besure font merveille. On s’en tiendra là: ils sont tout de même 29 sur scène.
Les décors inventifs, ingénieux et surprenants auxquels nous a habitués le Parc depuis quelques années sont, une nouvelle fois, au rendez-vous. On a 7 ans, encore, devant les chevaux mécaniques, les robes de lumière, la maquette de bateau qui vogue, devant… Chut, ne déflorons pas toutes les surprises. Car c’est aussi le sel et le charme de cette mise en scène, ne le cachons pas. En mettre plein la vue. Pas tant pour épater que pour émerveiller. Ces "Trois Mousquetaires"-là, c’est du divertissement de luxe, d’excellence. D’une remarquable précision, tout en suscitant l’enthousiasme sans jamais faillir. On aimerait que la pièce – mais le mot paraît pâle –, que le spectacle dure plus longtemps que son 1h45. Conclusion: blockbuster théâtral en vue.
"Les Trois Mousquetaires" de Thierry Debroux, jusqu’au 25 octobre au Théâtre Royal du Parc, rue de la Loi, 3 à 1000 Bruxelles. Du mardi au samedi, à 20h15, à 15h00 les dimanches. Certaines dates à 19h30 ou à 15h00. Rens.: 02.505.30.30 ou www.theatreduparc.be
Grand spectacle et rêve d’enfant
Critique Marie Baudet Publié le mercredi 16 septembre 2015 à 20h08 - Mis à jour le jeudi 17 septembre 2015 à 12h42
Scènes
Des souvenirs d’enfant plein les yeux, doublés du fait d’avoir incarné Porthos pour Théâtre en Liberté, ont forgé en Thierry Debroux la certitude qu’un jour il monterait "Les Trois Mousquetaires". Des 900 pages épiques du roman de Dumas, il fait un spectacle lisible, rythmé, où la fougue et l’amour le disputent à l’honneur et la vengeance.
Large distribution
Bien décidé à rendre justice à son père assassiné, le jeune d’Artagnan (que l’épatant Julien Besure émaille d’un solide accent du Sud-Ouest) parcourt la France assisté de son valet Planchet (doté par contraste d’un parler ch’ti par Maroine Amimi). Sa route croisera celle de l’éblouissante et fourbe Milady (Anouchka Vingtier), son cœur battra pour l’honnête Mme Bonacieux (Pauline Maréchal), il tiendra tête à Richelieu (Benoît Verhaert) et combattra vaillamment ses gardes. Et bien sûr fera ses preuves auprès des trois Mousquetaires (Laurent Bonnet, Laurent Denayer, Eric De Staercke) qui bientôt l’intégreront.
Citons encore, parmi bien d’autres, Simon Vialle en comte de Rochefort, Marc Laurent en Louis XIII, Sarah Dupré en reine Anne - dont les ferrets volés risquent de trahir sa liaison avec le duc de Buckingham (Camille Pistone)… Pas moins de 29 comédiens (stagiaires compris) et un vrai cheval foulent ainsi les planches dans ce spectacle populaire au sens le plus noble.
Accessible au plus grand nombre
Sans lisser le propos, en accentuant au contraire ses reliefs - suspense, panache, romantisme, humour, drame… -, Thierry Debroux le rend accessible au plus grand nombre, toutes générations confondues. Mis en lumière par Laurent Kaye dans une scénographie usant adroitement des projections (Catherine Cosme), ces "Trois Mousquetaires" peuvent compter en outre sur l’art de Jacques Cappelle. Sa chorégraphie des combats s’inscrit dans une longue tradition de spectacles de cape et d’épée au Parc, tout en rendant le genre parfaitement digeste et actuel.
Bruxelles, Théâtre du Parc, jusqu’au 25 octobre, à 20h15 (les dimanches, sauf le 20/9, à 15h). Durée : 2h10, entracte compris. De 5 à 26 €. Infos & rés. : 02.505.30.30, www.theatreduparc.be