Continuons notre voyage du bleu.
Vraiment, il faut croire que le temps passe moins vite ici !
Effets du soleil, du bleu du ciel, de cette chaleur inhabituelle en cette saison ?
Tout le monde est en manches courtes, aux champs comme à la ville, où les terrasses des cafés sont bondées.
Le bleu ?
Il nous inonde, nous submerge, nous emporte…
- Peut-être est-ce à cause de cela que je ne songe pas un seul instant à rentrer ?
Pourtant, il le faudra bien un jour, mais en attendant je continue mon voyage, et j’en profite pour reconnaître et préparer en même temps le prochain stage carnet de voyage où je vais partager mes surprises, mes découverte, mes délectations carnettistes.
Bien sûr, il y a un petit décalage entre la publication de mes vidéos et le présent du voyage, mais je fais ici beaucoup de choses à la fois, et j'espère que le peu de retard pris ne sera pas préjudiciable à l'intérêt de mes publications !
Il faut dire que je découvre des bleus tout simplement incroyables.
Certains sont presque impossibles à reproduire si on n’y consacre pas de longs essais en mélanges sur la palette, si on ne change sans cesse de point de vue pour voir la lumière jouer avec cette couleur et choisir le meilleur angle pour la traduire.
Le temps consacré à ces recherches est d’autant plus exaltant qu’il débouche sur des questionnements et des exercices passionnants.
Finalement, le carnet de voyage, l’aquarelle, les croquis rapides à main levée, ne sont que des prétextes pour aller à sa propre rencontre en même temps qu’ils permettent un échange très profond avec le monde.
Dans ma quête du bleu, je m’interroge du rapport des différents bleus que je vois avec les autres couleurs qui leur sont associées, dont l'ocre jaune que l’on retrouve un peu partout dans le patrimoine bâti.
Je constate qu’en mélangeant le bleu cæruleum des liserés extérieurs de la petite chapelle Notre Dame de la Conception (dont je vous avais déjà parlé à mon arrivée au « pays du bleu »), couleur que l’on voit en de nombreuses variantes en décor sur les façades avec l’ocre jaune du bas des murs, on obtient un gris-vert qui est exactement celui des oliviers de la campagne en cette saison !
Bien sûr, il faut faire des essais avec les différents bleus cæruleums de notre nuancier (en les modifiant parfois avec un soupçon de divers jaunes ou rouges), pour obtenir le « bleu parfait » de tel ou tel décor d’architecture, et si on mélange le bleu ultramarine rompu des azulejos de l’entrée de cette même chapelle (rompu avec une pointe d’orange et non avec du gris ou du noir qui en éteindraient la luminosité), on obtient la teinte de l’ombre des oliviers vus depuis cette chapelle qui domine la campagne environnante depuis l’entrée de la ville.
Naturellement, on peut obtenir les gris-verts (ombre ou lumière) des oliviers de bien d’autres façons, mais je vous assure que ces mélanges fonctionnent parfaitement, même si le résultat manque un peu de transparence à cause de couleurs qui au départ ne le sont pas.
Mais si je veux réellement peindre le feuillage des oliviers, j’utiliserai plutôt du bleu d’Indanthrène Sennelier (transparent intense) à la place du bleu royal (opaque granuleux) pour faire le gris vert de leur feuillage en pleine lumière dans le lointain, et à la place de l’outremer français utilisé pour imiter l’outremer rompu des azulejos (outremer qui est transparent intense) du bleu indigo Rembrandt, car bien que semi-opaque, celui-ci permet d’obtenir la bonne teinte des zones à l’ombre sans mélange intermédiaire (d’où effet plus lumineux, travail plus rapide et similitude chromatique plus grande).
Hors, le but de ces exercices n’est pas de chercher à peindre des oliviers, mais de se servir des couleurs que nous voyons (en suivant ici le fil conducteur du bleu), pour établir de plus subtiles connivences entre l’univers qui nous entoure, les êtres et les choses que nous rencontrons et notre propre sensibilité, la « profondeur » de notre regard sur le monde.
C’est par ce rapport des couleurs à la vie dont elles sont le reflet, qu’au-delà du témoignage d’un instant, d’un lieu, d’un objet, d’une rencontre, on peut « voyager » à l’intérieur même du voyage, et interpréter « autrement » la réalité perçue à travers ses différentes facettes.
Chaque nouvelle interprétation va alors se révéler comme un nouveau chemin pour aller plus loin dans sa démarche et la réalisation de son carnet…
C’est pour cela que je pense l’approche «traditionnelle et classique» du carnet de voyage (dessins / textes / aquarelles), supérieure dans le fond (même si dans la forme tout est possible pour affirmer sa créativité) par rapport aux autres types de carnets (tout aussi attrayants qu’ils soient, bande dessinée, collages, photos, etc.)...
Quant à l’aquarelle, il y en a bien sûr autant d’approches et de concepts qu’il y a de démarches artistiques et de personnalités créatives, mais celle que je préconise sur le terrain (et que j’enseigne tout en restant fidèle aux bases techniques de cette expression), s’affranchit largement de toute idée de supériorité artistique, de compétition, de maîtrise technique démesurée, d’esthétique en quelque sorte « au dessus du panier » pour ne pas dire de mégalomanie philotechnique : elle reste en toute simplicité au plus près du sujet dans l’immédiateté de l’instant, en étant sans sophistication aucune le fruit de la spontanéité, de la joie de vivre, et de la rencontre entre le réel et notre sensibilité !
Commentaires
Merci à toutes et tous qui me laissez de bien sympathiques encourageants commentaires ici.
Pardonnez-moi de vous répondre et remercier parfois avec retard car mes pérégrinations me donnent parfois un accès aléatoire à Internet (je ne suis pas équipé d'un appareil à la mode connecté en permanence, mais de mon bon vieil ordinateur portable uniquement connecté à l'hôtel ou dans les lieux wifi publics quand il y en a)...
Superbe reportage video avec le savoureux accent du midi en cadeau.
Vous êtes un fabuleux professeur comme beaucoup aimeraient en avoir.
Et, cerise sur le gâteau !! un rappel de souvenirs d'un voyage au Portugal effectuée il y a plusieurs années.... avec, évidemment la découverte de ces magnifiques azulejos qui m'ont fascinée.
Voyage en compagnie de Français de la région de Perpignan qui nous ont adoptés immédiatement et qui se sont montrés plus que charmants avec les seuls Belges du groupe.
Dans mes tiroirs, un poème pour leur rendre un hommage bien mérité. Qui a été édité dans une revue de là-bas.
Un voyage circulaire qui se referme sur la boucle dont vous faites partie intégrante.
Mon cœur s'ouvre tout grand pur vous dire MERCI et, surtout, bon périple pour apporter aux reclus devenus,
les parfums de vos explorations.
Amitiés. Rolande.
Quel admirable travail des couleurs! C'est une découverte pour moi. Merci Marc.
Antoinette
Précieuses informations, un tout grand merci Marc.
Adyne