Pascal avait conclu: le moi est haïssable.
Or j’essaie de savoir le pourquoi du propos.
Parler de soi pourrait même sembler louable.
Si l’on demeure vrai, ce n’est pas un défaut.
Pourtant cette assertion fait que je me questionne.
J’emploie souvent le je, ramenant tout à moi,
Quand j’écris pour capter ce qui soudain m’étonne.
J’aime aussi partager mes plus troublants émois.
Certes, nombreux poètes ont révélé leur âme,
Se parlant à eux-mêmes, en un premier moment.
Éprouvant un bonheur ou subissant un drame,
Ils employaient le je, alors spontanément.
Pour satisfaire l’envie de se mettre en valeur,
Parfois des ennuyeux nous content leurs mérites.
S’ils n’ont aucun talent, leurs dires sans saveurs,
Nous semblent agaçants, mais sans qu’ils nous irritent.
Durant un temps fort long, je suis restée secrète,
Ne lisant mes écrits qu’à ma mère ou mes soeurs.
Or, gagnée par la mode, je devins indiscrète,
Libérant à tous vents mes ardents coups de coeur.
J’ai gagné des amis sensibles et courtois.
Ils m’ont trouvée sincère, innocemment aimable.
Mais je n’ai pas cessé de rechercher pourquoi
Le moi devrait paraïtre, en tout temps, haïssable.
13 août 2011
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