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Le cerf-volant de papier JGobert

Habillement assemblé par un garçonnet, un cerf-volant de papier s’apprête à prendre son envol. Il attend depuis des lustres dans sa vieille boite en carton. Il sait que sa vie sera éphémère. Le vent est son premier adversaire, son ami et son ennemi. La bataille sera ardue. S’orienter, lutter contre les éléments a toujours été un combat difficile.

Quelques minutes encore, le voici posé sur le sable. Rutilant, vulnérable et prêt à prendre son envol. Le garçonnet n’est pas un expert mais s’applique. Son nouveau jouet lui plait. Le cerf-volant ressent le vent dans sa voilure, sur ses ailes de papier.

Enfin il s’élance malhabile. Il monte dans un ciel plein d’espoir, longtemps attendu, espéré. Il retombe brutalement vers ce monde implacable. Il remonte une fois encore, tourbillonne enfin dans cet espace démesuré et attire tous les regards. Les couleurs de papier virevoltent, papillonnent. Les têtes se lèvent et admirent ce jeu extraordinaire dans le ciel.

Le cerf-volant vole, il se laisse porter par le vent. Il s’émerveille de cette aisance à se déplacer dans l'espace. Enfin sorti de sa boite prison, il découvre l’horizon, la vie. Le garçonnet est ravi de son nouveau jouet.

Le cerf-volant se met à rêver. Rêver de liberté, d’immensité. Rêver de voler à travers le monde. Parcourir l’espace porté par un vent léger, survoler les villes, les montagnes, les océans. Jouer indéfiniment avec la lumière et les ombres des nuages. Imiter les oiseaux dans des vols singuliers. Vivre enfin.

Un homme l’observe. Ses pensées s’élèvent, s’envolent. Ses rêves d'enfant réapparaissent et avec eux, les souvenirs douloureux. Il se sent subitement léger et a besoin d’évasion.

Une voix s’élève. Le garçonnet, d’un geste brusque, donne un coup d’arrêt à ce vol. Il laisse tomber lourdement le cerf-volant de papier. Déchiré, cassé, celui-ci reste au sol le nez dans le sable. L’enfant n’en a plus que faire. Ce n’était que des bouts de bois et de papier.

Voyant le spectacle de ce petit corps abandonné sur le sol, l’homme se lève. D’un pas fatigué, il ramasse le cerf-volant éclopé. L’homme est comme un cerf-volant blessé. De ses mains meurtries, maladroites, il redonne doucement forme à ce jouet fragile.  Souvenirs de son enfance, de ce pays laissé derrière lui. Ce cerf-volant l'émeut, lui étreint le ventre. Jamais, depuis tout ce temps, sa douleur ne fut si vive, si forte, remontée du plus profond de son être. La nécessité de se savoir vivant, hurler sa douleur et son incompréhension lui manque. Pourquoi sa vie a-t-elle chaviré dans l’horreur ?

Les plages sont parsemées d’abandon, de renonciation. De cœurs cassés déposés par des fantômes que plus rien ne rattache à la vie. Dispersés, solitaires, ils languissent et n’attendent qu’un avenir meilleur. Redonner un sens à la vie.

 

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Commentaires

  • Merci Adyne pour ton passage.

    Excellente journée ensoleillée

    Amitiés

    Josette

  • Un parallèle touchant.

    Merci Josette pour ce récit.

    Bonne fin de semaine.

    Amitiés.

    Adyne

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