Envahir, déranger, provoquer, salir ? Embellir, arranger, susciter ?
Qui fait des graffitis ? Et surtout, pourquoi ? VOICI L’ART URBAIN Au musée d'Ixelles qui a remporté l'édition 2011 du prix des musées
DE LA RUE AUX GALERIES, EXPLOSITION relève un défi inédit : l’entrée au musée des graffeurs !
Il y a 25 ans, une poignée d’adolescents marqués par de rares images venues des USA commencent à orner les murs de Bruxelles d’images explosives. Le mouvement prend rapidement de l’ampleur et, dès la fin des années ’80, textes et images rivalisent de complexité. Au fil du temps, les générations de jeunes graffeurs se succèdent, et avec elles différentes manières d’appréhender la ville…
Aujourd’hui, non seulement les murs de Bruxelles continuent d’accueillir certaines œuvres impressionnantes, mais quelques ex-graffeurs de la génération des années ’90 ont accédé à la reconnaissance artistique.
Le post-graffiti, celui qu’accueillent galeries et musées, n’est pas un simple prolongement des fresques à la bombe. Dans ses meilleurs exemples, il interroge son identité et ses caractéristiques propres.
Complètement affranchis de leurs racines urbaines, les travaux de Arne Quinze, Jean-Luc Moerman, les Hell’O Monsters, Byz, Plug, Sozyone Gonzalez ou Bonom entretiennent certains liens, ténus ou évidents, avec leurs antécédents.
UN PARCOURS EXPLOSIF
Jean-Luc Moerman, "Connectingthings", s.d., collection Musée d'Ixelles, copyright tous droits réservés, photo Vincent Everarts
Le graffiti, celui des précurseurs comme celui de la nouvelle génération, interroge la ville. À présent, il interroge aussi le musée. Un quart de siècle après l’apparition du mouvement, le Musée d’Ixelles rend hommage à ses créateurs d’abord décriés avant d’être ovationnés.
Le parcours s’ouvre par des œuvres du graffiti new-yorkais montrées à Bruxelles en 1984. Car c’est par le biais du réseau artistique que le graffiti est arrivé chez nous ! C’est un hasard si, au même moment, quelques adolescents bruxellois s’essaient à la pratique. Le musée présente des objets appartenant à ces pionniers du mouvement et jamais montrés jusqu’à ce jour : carnets d’esquisses et autres souvenirs d’époque prouvent leur passion et le travail intense du graffiti. Une projection recadre la décennie hip-hop de la fin des années ‘80 et des années ’90 : les figures marquantes de la capitale, les fresques majeures, et surtout les clés de lecture d’un art extrêmement codé.
La deuxième partie de l’exposition présente le travail contemporain d’artistes issus du graffiti. De Arne Quinze aux Hell’O Monsters en passant par Plug et Jean-Luc Moerman, on découvre des similitudes inattendues entre des parcours nés dans le même contexte, et fidèles à leur source. Plusieurs installations sont réalisées spécialement pour l’occasion.
Enfin, EXPLOSITION s’attarde sur quelques figures marquantes de l’art urbain bruxellois actuel : quatre artistes que vous connaissez sans le savoir témoignent aux murs du musée, par des œuvres ou par des archives, de leur pratique extérieure…
Les parois du musée sont poreuses, puisque les allers-retours avec la ville se multiplient. Plusieurs interventions artistiques auront lieu à Ixelles, et un parcours des témoignages d’art urbain les plus surprenants est proposé au visiteur en prolongement de son parcours dans l’exposition. L’art est autant dans que hors les murs...
Par le biais d’archives rares, de documents d’époque, d’œuvres d’art et d’installations réalisées pour l’occasion, EXPLOSITION souhaite rendre justice à cet art aventurier d’une richesse insoupçonnée qu’est le graffiti.
Crash, Sans titre (Crash), 1984,
Aérosol sur toile, © tous droits réservés
Lexique :
Art urbain : expression artistique
qui regroupe les créations non
commanditées dans la ville. L’art
urbain se distingue de l’art public,
qui est subventionné.
Graffiti : partie de l’art urbain qui
englobe tout signe posé dans la ville
(image ou texte). Affiches, pochoirs,
autocollants sont des graffitis.
Graf : graffiti réalisé à la bombe
aérosol.
Tag : signature réalisée en un trait
(et donc une couleur), appliquée
en différents endroits de façon
répétitive. Il s’agit de la forme la plus
courante de graffiti.
Hip hop : mouvement artistique
développé dans les années 1970
aux USA et 1980 en Europe, autour
du graffiti, du breakdance, du rap
et du Djaying. Il a propagé l’esthétique
du graff.
Néo-graffiti : pratique du graffiti
dissociée des codes du hip hop,
au niveau des matériaux et de
l’esthétique. Elle apparaît en Belgique
vers 2003.
Post-graffiti : pratique en atelier liée
à l’esthétique du graffiti et destinée
au réseau classique de diffusion
des oeuvres d’art.
Street Art : terme apparu au début
des années 2000, englobant graff hip
hop, néo-graffiti et post-graffiti dans
une démarche de reconnaissance
culturelle (voire commerciale).
Graffiti à Neerpede, 2008,
Bombe aerosol,
© photo Eyes B
En parallèle à l’exposition EXPLOSITION, l’art du graffiti à Bruxelles, le premier livre de référence sur le sujet !
Quelle est la place du graffiti dans l'art, quel rôle joue-t-il dans l'enrichissement artistique d'une ville comme Bruxelles, quels sont ses pratiques, ses véritables artistes ? De la rue aux galeries, l'historien analyse tous les parcours en s'appuyant sur une documentation inédite. Richesse et couleurs des témoignages recueillis à vif, dans l’esprit même de ces nouveaux codes de lecture imposés par le street art, passés de l'éphémère à l'indélébile.
« Une simple promenade dans les rues de Bruxelles, un voyage en train qui passe par le
centre de la capitale, suffisent à se poser la question. Ces graffitis qui couvrent les murs
à des endroits au mieux inattendus, au pire inaccessibles, sont-ils l’œuvre d’artistes en
mal d’exploits, de jeunes surdoués en pleine crise de créativité ? Adrien Grimmeau,
historien de l’art fasciné par l’univers du graffiti – son côté brut, nocturne, ses jeux, son
déploiement, et l’énergie dégagée par ces premières signatures d’espaces, de surfaces
prises de force –, a voulu explorer ce monde en profondeur.
Une constatation s'est imposée à lui rapidement. « Depuis trois ans environ, le graffiti, et
spécialement sa version actuelle le street art, bénéficiait d'un engouement tant de la part
du marché de l'art que des institutions culturelles. Les publications abondaient. La
plupart des capitales d'Europe possédaient leur livre sur le graffiti. Mais sur Bruxelles,
rien. Rien d'ailleurs sur la Belgique entière ». Entre-temps, plusieurs ouvrages ont été
publiés depuis 2007 qui abordent chacun un aspect très pointu de la production de la
capitale. Ces parutions successives témoignent de l'engouement actuel pour le
phénomène. Malgré cet enthousiasme, aucun ouvrage ne retrace l'histoire du graffiti à
Bruxelles depuis ses antécédents (le muralisme des années 1970) jusqu'à ses
productions les plus actuelles, et son passage en galerie. Il était temps qu'un tel livre voie
le jour ».
« Le graffiti est un monde de l'ombre, et créer des contacts ne fut pas simple. Cependant,
une fois les premiers pas posés, tout s'est enchaîné avec facilité. J'ai rencontré des
passionnés de peinture, qui pouvaient braver le froid et la nuit pour peindre dans la ville.
N'importe quelle discussion avec un graffeur se prolongeait plusieurs heures sans que je
m'en rende compte. Peu à peu, les blackbooks, les albums d'esquisses et de photos qui
témoignent des hauts faits/méfaits des peintres, se sont ouverts. J'ai découvert un univers
de grands enfants, parlant à n'en plus finir d'un graff, plutôt pour l'exploit que fut sa
réalisation que pour son esthétique. J'ai commencé à réunir des images, à compléter ma
collection des pièces majeures bruxelloises, à chercher les photos les plus rares. « Tel
graffiti n'existe pas en photo, tu ne le trouveras jamais », « je connais quelqu'un qui a une
photo de celui-ci », etc. À partir des témoignages et des images, j'ai dressé une
chronologie de la situation bruxelloise. Bien sûr, les graffitis sont rarement datés, et les
mémoires se défont au fil des ans... »
Adrien Grimmeau, (historien de l’art) DEHORS ! Le graffiti à Bruxelles. CFC-Editions, collection Lieux de mémoire.
23 x 29 cm, 224 pages, 230 illustrations couleur, 30 €. Édité en français.
PROMENEZ VOUS dans la ville ET DÉCOUVREZ LES FRESQUES MURALES « BANDES DESSINÉES » À BRUXELLES :
http://www.bruxelles-tourisme.be/contenus/fresques_murales__bande_dessinee_/fr/362.html
« Plus loin que vos tristes parades, derrière les maisons, après la banlieue, derrière le terrain vague où vous jetez vos vieilles idées..., s'étend la plaine de jeu de la peinture qui refuse
d'être l'ombre des ombres... » Christian Dotremont, 1949
http://leviffocus.rnews.be/fr/loisirs/divers/l-art-urbain-et-bruxelles/album-1194864789578.htm
Commentaires
Vous trouverez plus d'information sur cette oeuvre qui ornera environ trois mois le tronçon de la rue Jean Van Volsem allant du rond-point Henri Conscience à la rue Sans Souci.
Cette intervention artistique est programmée dans le cadre de l'exposition "EXPLOSITION. L'art du graffiti à Bruxelles" qui se tient jusqu'au 4 septembre au Musée d'Ixelles.
N'hésitez pas à nous contacter si vous avez des questions ou si vous souhaitez une interview de l'artiste.
« DS4 Art by Jean-Luc Moerman » est visible jusqu’au 18 septembre au 26 rue de
la Régence à 1000 Bruxelles. Renseignements :
Jean-Luc Moerman tatoue la Citroën DS4 (au Sablon )
http://www.lesoir.be/culture/arts_plastiques/2011-06-17/jean-luc-mo...
"on est plein de tatouages internes" dixit Jean-Luc
www.ds4art.beInterpellant !
Je suis ravie d' avoir eu toutes ces informations sur le Graffiti et l' Art Urbain ! Merci de les avoir partagées sur Arts et Lettres ! Cordialement, Nicole V.Duvivier