- Tu te fais des idées, mon chou, c'est qu'un mur et les murs, ça bouge pas. Où on irait si les murs bougeaient. Tu vois un mur traverser la rue au feu rouge ? Tu te vois lui rentrer dedans, bonjour l'extase ? Tu dois te reprendre, tu délires, lui répondit son amie la pita gyros juteuse.
- T'as peut-être raison, chérie, toi tu me comprends au moins, je sais que j'ai eu beaucoup de chance, après mon problème avec l'accident, de te rencontrer qui attendait son taxi, toute mignonne, enrobée de papier taché de gras. Je n'oublierai jamais quand ton fumet de sauce samouraï alléchante est venu titiller mon gros pif.
- Tu te souviens encore ? Notre première rencontre ?
- Comment pourrais-je oublier ce délicieux instant ? Je me suis assis sur un endroit humide, il avait du pleuvoir juste sur ce côté-là du banc, j'ai un peu bougonné pour la forme, mais j'étais déjà trop crevé d'avoir marché toute la journée après moi-même sans me rattraper, pourtant je suis toujours à ça... tu vois ?... c'est vrai... dit Marcel, ouvrant deux doigts moites de sueur, le pouce et l'index, les yeux ailleurs, comme couverts d'une nuée de nuages, qui seraient nés derrière ses pupilles et décoreraient les caves mal éclairées de son esprit troublé par trop de nuits sans sommeil.
- T'arrêtes pas, nounours, t'étais bien parti pour dire des choses jolies, et moi j'aime ça quand tu te montres calin. Tu bouleverses mes morceaux de viande quand tu parles avec tendresse de nous deux, tu me fais bouillonner la sauce, je me sens toute chaude et tendre. Est-ce cela l'amour ?
- Je ne te l'ai jamais dit, Lisa, mais ce soir-là, j'étais vraiment au bout du rouleau, j'avançais dans le noir, me heurtant à tous les murs, toujours plus grands, plus hauts, toujours plus ricanants, alors tu m'es apparu comme ma planche de surf de salut, une envie au creux de l'estomac de me blottir contre toi, de me réchauffer à ton feu, tu comprends ?
- Oh oui, ça au moins, je comprends.
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