Cette oeuvre de l'écrivain français Raymond Queneau (1903-1976), publiée en 1950, est un chant du monde, depuis ses origines: "La terre apparaît pâle et blette elle mugit", jusqu'à nos présents jours: "Les sauriens du calcul se glissent pondéreux/écrasent les tablogs les abaques les règles/ Leurs mères les trieuses les pères binaires/ et l'oncle électronique avec son regard d'aigle/ admirent effarés ces athlètes modestes/ pulvérisant les records établis par les/bipèdes qui pourtant savent compter parler." Un chant du monde, la perspective évolutionniste. On hésitera à proclamer la croyance de Queneau dans le progrès (dans quels progrès?), mais sa foi est dans la science. Il voit l'homme capable d'aménager sa cage, qui est la Terre, et dénombre ses accomplissements. L'épopée comporte six chants. La table des matières est un guide donné au lecteur écolier. A vrai dire, l'histoire de l'humanité n'émerge que dans le dernier chant: "Le singe sans effort le singe devint l' homme/lequel un peu plus tard désagrégera l' atome." "Le reste du chant", nous prévient-on, "est consacré aux machines". On énumère des machines passives: le radeau, la piste. On salue la première machine réflexe: la trappe. On aboutit aux machines à calculer, "sauriens du calcul". C'est l'ouvrage de l'encyclopédiste langagier. Et la poésie? dira-t-on? La réponse, c'est le "retour aux sources". On sait que la langue française s'est faite dans des livres de mnémotechnie: abécédaires, lapidaires, bestiaires, catéchismes, qui étaient les états d'une connaissance supposée, et sa propagation. C'est une tradition qui s'est poursuivie d'âge en âge, chez Hugo par exemple, que Queneau pastiche: "L'un se nommait Joseph, l'autre s'appelait Paul/ils avaient leurs façons leurs us et leurs coutumes." Hormis peut-être leur humour, lequel imprègne l'exposé de modestie charmante, et lui donne sa pondération juste, ces récits sont donc strictement de notre famille littéraire. Quand à l'approche scientifique, le poète prie Hermès de l'expliquer: "Hermès explique donc à ces français lecteurs/la clarté de ce charme en six parts divisé/Mercure a juste donc leur astuce cartésienne/au naïf synopsis de ce petit poème." Le dieu aimablement défère: "On parle de Minos et de Pasiphaé/du pélican lassé qui revient d'un voyage/du vierge du vivace et du bel aujourd'hui/on parle d'albatros aux ailes de géant/de bateaux descendant des fleuves impassibles/d'enfants qui dans le noir voient des étincelles/alors pourquoi pas de l'électromagnétisme."
Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !
>7/12/24 Au théâtre le Public! Un Tartuffe jamais vu...!
Publié(e) par Deashelle le 23 novembre 2024 à 7:11
Poème sur la mort, prière amérindienne magnifique, à lire si vous vous sentez mal suite à la perte d'un être cher.
Publié(e) par Dominique Prime le 15 juillet 2012 à 10:27
De l’art d’être malheureux dans « Capitale de la douleur »
Publié(e) par Robert Paul le 25 août 2012 à 11:30
Sujets de blog par étiquettes
- théâtre (443)
- musique (288)
- peinture (239)
- JGobert (233)
- classique (213)
- amour (206)
- comédie (195)
- poésie (192)
- art (192)
- de (143)
Archives mensuelles
2024
- novembre (19)
- octobre (16)
- septembre (40)
- août (25)
- juillet (29)
- juin (13)
- mai (13)
- avril (17)
- mars (28)
- février (30)
- janvier (30)
2023
- décembre (17)
- novembre (3)
- octobre (22)
- septembre (24)
- août (23)
- juillet (6)
- juin (3)
- mai (6)
- avril (11)
- mars (28)
- février (22)
- janvier (38)
2022
- décembre (29)
- novembre (25)
- juillet (1)
- juin (4)
- mai (1)
- avril (2)
- mars (3)
- février (16)
- janvier (23)
2021
- décembre (37)
- novembre (35)
- octobre (23)
- septembre (31)
- août (24)
- juillet (32)
- juin (42)
- mai (53)
- avril (52)
- mars (51)
- février (25)
- janvier (50)
2020
- décembre (33)
- novembre (30)
- octobre (44)
- septembre (30)
- août (35)
- juillet (24)
- juin (41)
- mai (73)
- avril (64)
- mars (46)
- février (33)
- janvier (19)
2019
- décembre (25)
- novembre (39)
- octobre (46)
- septembre (41)
- août (20)
- juillet (19)
- juin (29)
- mai (33)
- avril (28)
- mars (37)
- février (34)
- janvier (33)
2018
- décembre (40)
- novembre (40)
- octobre (48)
- septembre (50)
- août (61)
- juillet (73)
- juin (71)
- mai (75)
- avril (93)
- mars (100)
- février (95)
- janvier (92)
2017
- décembre (70)
- novembre (94)
- octobre (109)
- septembre (92)
- août (88)
- juillet (89)
- juin (85)
- mai (80)
- avril (78)
- mars (102)
- février (91)
- janvier (91)
2016
- décembre (93)
- novembre (80)
- octobre (132)
- septembre (98)
- août (64)
- juillet (90)
- juin (97)
- mai (95)
- avril (112)
- mars (98)
- février (122)
- janvier (110)
2015
- décembre (105)
- novembre (98)
- octobre (108)
- septembre (100)
- août (76)
- juillet (106)
- juin (113)
- mai (106)
- avril (128)
- mars (119)
- février (127)
- janvier (139)
2014
- décembre (131)
- novembre (122)
- octobre (157)
- septembre (115)
- août (138)
- juillet (159)
- juin (128)
- mai (185)
- avril (164)
- mars (149)
- février (163)
- janvier (180)
2013
- décembre (229)
- novembre (184)
- octobre (164)
- septembre (139)
- août (128)
- juillet (118)
- juin (172)
- mai (179)
- avril (180)
- mars (205)
- février (168)
- janvier (153)
2012
- décembre (148)
- novembre (151)
- octobre (159)
- septembre (185)
- août (169)
- juillet (150)
- juin (213)
- mai (149)
- avril (197)
- mars (218)
- février (181)
- janvier (190)
2011
- décembre (182)
- novembre (196)
- octobre (174)
- septembre (181)
- août (177)
- juillet (184)
- juin (199)
- mai (235)
- avril (216)
- mars (235)
- février (161)
- janvier (203)
2010
- décembre (153)
- novembre (161)
- octobre (169)
- septembre (165)
- août (88)
- juillet (58)
- juin (60)
- mai (73)
- avril (75)
- mars (77)
- février (47)
- janvier (25)
2009
- décembre (23)
- novembre (31)
- octobre (32)
- septembre (1)
- juillet (13)
- juin (6)
Commentaires