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La ligne blanche JGobert

Une ligne blanche vivement crayonnée sur un chemin attire mon attention. Je la suis du regard. Tout comme au temps de mon enfance quand, pour jouer, je trace des lignes à la craie sur le sol dans la cour de l’école. Je m'amuse à délimiter l’endroit précis de mes jeux où mon esprit saisit l’instant que je crée. J’image, j’élabore des stratégies, des histoires.  Je m’amuse amplement de cet imaginaire enfantin où je reproduis à l'infini des images furtives, des intentions cachées, des désirs d’enfant.

Au fil du temps, cette ligne devient plus précise.  Une ligne de conduite que je bâtis pas à pas dans ma réalité et dans mes songes. J'essaie de m'y conformer avec difficulté. Une ligne de vie que je commence à concevoir et que je fortifie à l’adolescence avec force révolte, refus, acceptation, pour enfin sortir de ce douloureux cocon, trop étroit et devenir adulte.

Depuis, cette ligne de vie ne m'a pas quittée. Dans cette existence bien remplie, équilibrée, alimentée d’idées, de mots, de gestes dont le sens suit ce trait invisible mais bien réel qui est en moi.

Une ligne de cœur qui souligne les sentiments parfois étranges, troublants, voir excitants et en fait un tableau haut en couleur, complet aux lignes épurées.

Entre vérité et mensonge, elle est mouvante, délicate réalité. Combattante par instant, elle s’impose à moi. Entre lumière et ténèbres, elle glace celui qui veut y pénétrer mais me laisse toujours dans une joie sincère. Etrange équation entre le bien et le mal, singuliers combats répétés sans lassitude. Etrange équilibre entre l’amour et l’amitié, qui vacille trop souvent dans un mélange de doute et d’incertitude. Etrange sagesse imposée et qui fait ce chemin parfois rude à vivre.

Dehors, à l’endroit même où je marquais mes lignes dans la cour, ma fille, encore petite, peine à faire les siennes. Elle dessine, griffonne et s’emmêle les traits dans un écheveau peu accessible et trop compliqué pour elle. Elle rajoute des lignes injustifiées et s’épuise à n’arriver à rien.

Loin de m’alarmer, je la laisse faire me rappelant la difficulté rencontrée au même âge. Je cherche dans ses dessins, laquelle de ces lignes pourra un jour la satisfaire. Elle explore, parcours cet univers  comme moi à son âge. Au bout d'un moment, elle change de place et recommence son tracé. Celui-ci est plus net, il délimite un bel espace, un bel ensemble, qui lui convient non sans fierté. Contente d'elle-même, elle me sourit.

Et là, je reconnais cette voie presque semblable faite des décennies plutôt par moi. Celle-là qui m'accompagne encore depuis toutes ces années.

 

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Commentaires

  • Merci Françoise pour le commentaire. Excellente journée.

  • Merci pour ce beau texte Josette, une belle ligne de conduite, jamais facile mais pleine de promesse.

  • Bonjour Gilbert, C'est exactement l'interprétation à laquelle je pense. Merci Gilbert.

    Amitiés.

    Josette. 

  • Votre ligne blanche à la craie est la ligne virginale, vertueuse, celle qui conduit au paradis de la vie et non à son enfer. Elle est aussi le respect de la promesse que l'on s'est faite en dépit de tout ce qui peut se mettre en travers de notre chemin, celle qui est non négociable, celle qui ne portera jamais atteinte à la pureté de notre âme d'enfant, intacte jusqu'au bout pour voir venir fièrement les dernières heures qui nous attendent sans que le moindre reproche ne puisse les ternir .Belle réflexion, Josette. Bon dimanche.Amitiés, gilbert.

  • Merci Adyne pour ton commentaire.

    Amitiés

    Josette

  • Un apprentissage pour chaque et pour chaque génération.

    Merci Josette pour ce texte.

    Amitiés.

    Adyne

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