Orfèvrerie française...
Paris à Bruxelles au Centre Culturel d’Auderghem chez André Baccichet. Il a choisi « La leçon de danse », une œuvre de Marc Saint Germain (« Dancing Lessons ») . A l’affiche, Andréa Bescond, réalisatrice du film « Les chatouilles » doté de plusieurs nominations bien méritées aux César 2019. Et le comédien chevronné Eric Métayer. Leur mise en scène d’une belle force à la fois dramatique et comique, creuse finement le terrain de la sensibilité commune pour mettre comédiens et public sur une même longueur d’ondes.
Dans le même immeuble, deux fusibles de même voltage se rencontrent, cela fait des étincelles, avant de … filer doux ! Ils s’appellent Senga et Adémar. Voilà vous savez tout. Dans cette agréable comédie néoromantique, les larmes deviennent des éclats de rire et on touche à la fibre de l’humanité. Ce fil que tiennent les moines bouddhistes en guise de prière…
Le (vieux) garçon est autiste Asperger, la (jeune) danseuse est menteuse à en mourir. L’alternance de comique et de tragique, ne fait pas perdre l’objectif : le bonheur sans paroles. La danseuse est estropiée et peut sans nul doute faire une croix sur sa carrière, mais refuse la réalité. L’ Asper ne respire que les statistiques, prend tout au premier degré. Il est prof de sciences et ne supporte pas qu’on le touche. Or, il va être confronté à une soirée donnée en son honneur où il sera obligé de danser! Les travaux d’approche sont hilarants, la fille, au début récalcitrante, bloquée dans le désespoir d’une vie ratée, finit par s’intéresser aux charmes de la pédagogie, et l’affaire est lancée, elle lui apprendra à danser!
Chacun par petites « touches » finit par changer la vie de l’autre. Elle calibre si bien son élève qu’elle gagne son tic : l’agitation frénétique des doigts de la main gauche. Ou bien c’est juste l’Emotion. On assiste de part et d’autre, aux manœuvres subtiles pour apprivoiser et réparer l’Autre. Le moteur, c’est la Compassion. Comme chez les bouddhistes ; la Force (la Volonté), le Courage la Persévérance.
Humour à volonté pour cette pièce au ton poétique et drôle. Les contrastes entre la grâce féminine malgré une jambe dans une attelle et la disgrâce du physique de l’intellectuel enfermé dans une tour d’ivoire, font rire une salle conquise qui repart avec le sourire… Le bouddhisme encore ? Quelques touches de yoga aussi, pourquoi pas ? Puisque la fille se met sur la tête pour dégeler l’hibernatus… Des surprises, par paquets, comme des claques de la Vie qui gagne son pari ! Un rituel d’Espoir et de Bienveillance. A voir. A faire? De toute urgence.
Mise en scène : Andréa Bescond et Eric Metayer
Avec : Andréa Bescond et Eric Metayer
Adaptation : Gérald Sibleyras
Décors : Olivier Hébert
Costume(s) : Carole Beaupoil
Lumières : Jean-Yves Desaint-Fuscien
Musique : Vincent Lustaud
Du mardi 22 janvier 2019 au samedi 26 janvier à 20h30 et le dimanche 27 janvier 2019 à 15h au Centre Culturel D’Auderghem
Boulevard du Souverain 183, 1160 Bruxelles 02 660 03 03
Commentaires
Toutes les autres dates sur leur site : https://andreabescond.com/
Les Chatouilles
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C'est tellement immense ce qui nous arrive, merci à tous les votants des César de nous offrir cette grande joie, cet honneur aussi.
Avec Eric, nous sommes particulièrement émus par la nomination de "Meilleur Premier Film" , ça salue un immense travail avec notre équipe technique, artistique, de production, de distribution, ce beau travail collectif, même si beaucoup de très beaux films n'ont pas eu cette chance aujourd'hui.
Nous sommes privilégiés par la vie et nous ressentons une immense gratitude.
Je suis aussi particulièrement émue de la nomination de "Meilleure adaptation" car elle valorise la pièce de théâtre et tout ce chemin qui vient de bien plus loin qu'un travail artistique, vous le savez bien.
Ma petite Andréa au fond de moi vibre, elle se sent une enfant aimée, soutenue, entendue et cette sensation est merveilleuse.
Merci à ceux qui ont contribué à cette émotion.
Vive le Théâtre,
Vive le Cinéma,
Vive la Vie...
"La Leçon de danse" : une comédie sentimentale qui a du corps
Journaliste, responsable de la rubrique Cinéma de Culturebox
Eric Metayer et Andréa Bescond dans "La Leçon de danse" de Mark St-Germain
© Fabienne Rappenaux Droits réservésTrio gagnant
C’est Gérard Sylbeyras qui a adapté le texte de Mark St. Germain. Un gage de qualité puisqu’il est l’auteur, avec Jean Dell, d’"Un petit jeu sans conséquence", lauréat de cinq Molière en 2003 et adapté au cinéma par Bernard Rapp avec Sandrine Kiberlain et Yvan Attal. Très actif, Gérard Sylbeyras a eu l’occasion d’être maintes fois remarqué dans ses propres créations en solo, ou adaptations, comme récemment pour l’excellente pièce de Mike Leigh, "Abigail’s Party" donnée au Théâtre de Poche Montparnasse au début de l’année.Les corps en avant
Ces trois talents étaient "condamnés" à réussir cette "Leçon de danse", où se mêlent romantisme et humour. La pièce raconte la rencontre très contemporaine d’une professeure de danse handicapée par une blessure au genou, et son voisin, autiste réfractaire à ce qu’on le touche. Il la contacte pour apprendre quelques pas afin de ne pas faire tapisserie lors d’une soirée. Mais est-ce là son véritable but ?Andréa Bescond et Eric Metayer dans "La Leçon de danse" de Mark St-Germain
© Fabienne Rappenaux Droits réservésLe jeu très physique en accord avec le sujet, l’occupation de l'espace par les deux acteurs, l’humour et le rythme du texte, donnent une belle énergie au spectacle. Mais cette mise en scène vise, finalement, à valoriser une tendresse qui cherche à s’exprimer, à prendre chair... Pour incarner un sentiment d’humanité profonde.