Doux ami
Tu vas recevoir un bijou,
Un surprenant petit caillou,
Semblable à la noix en sa coque.
(L’une de mes idées baroques.)
Une pierre sciée en deux,
Exactement en son milieu,
Qui sert d'écrin à des cristaux,
Limpides comme gouttes d’eaux.
Alors tu penseras, je crois,
A la beauté, que bien des fois,
Nous avions, avec allégresse,
Rencontrée dans notre jeunesse.
27/4/1989
Commentaires
Très beau texte, mais un caillou c'est tellement beau de l'extérieur aussi, des bijoux en soi si on sait les regarder.
Pas une de mes promenades sans ramasser un tout petit caillou tout simple, mais si graphique, si beau, si poétique.
Ah Suzanne,je viens de raconter à Michel un tout petit bout de notre ronde des Nains miniers
et justement, à la fin, je montre mes géodes aux enfants et comment lorsqu'ils frappent les murs de la grotte
de leurs marteaux, se cachent des trésors derrière le gris du mur comme l'extérieur de la géode
qui recèle de merveilleux cristaux.
Forcément j'adore, j'adhère, toujours émerveillé, éternel sujet de curiosité.
A propos de curiosités un petit florilège :
"Géodes. C'eft une pierre caverneufe. Quelques naturaliftes la nomme pierre d'aigle bâtarde", Elie Bertrand dans son Dictionnaire oryctologique (1763). La pierre d'aigle que l'on nomme aussi aetite "au-dedans defquelles il y a une cavité, qui eft tantôt vuide tantôt pleine." (id.). On la trouve aussi sous le nom de melons pétrifiés qui "ne font que des caillous chambrés, ou des pierres caverneufes, ou cellluleufes, dont les cavités font remplies de criftallifations. Les premières pierres de ce genre font venues du mont carmel, d'où on les a appellées melons du mont Carmel." (id.). Boece Boodt précise à propos de l'aetite que "L'Orientale que l'on trouve dans le nid de l'aigle eft beaucoup prifée par femmes nobles, & marones d'honneur : à caufe de fa fingulière faculté pour provoquer l'enfantement : en forte que l'on la vend dix & mefme vingt Thalers." Il conseille et précise que "L'aetite liée au bras gauche faict porter l'enfant à terme aux femmes, qui font dangereufes d'avorter, pour raifon de la lubricité & relaxation de la matrice." (Gemmarum et lapidum historia, 1609, traduit en françois "Le parfaict joaillier ou Histoire des pierreries" en 1644).
Je fais mon miel de toutes ces vieilles histoires. Dans mon enfance j'ai trouvé ma première géode d'améthyste en Auvergne du coté de Saint-Germain-l'Herm, déjà tout un poème : "prendre la route d'Aix-la-Fayette, la suivre jusqu'à un étang appelé l'étang de Faugonnet. Prendre le chemin qui longe l'étang...". Etudiant au Québec j'avais mis quelques minéraux sur une petite étagère. Je les ai longtemps collectionnés et m'intéressent maintenant à leur histoire (et aux chercheurs d'or...).
Merci Suzanne pour vos mots qui amènent tant d'images.
Amitiés, Michel