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La cueillette

La cueillette

 

Chaussée de bottes en caoutchouc, je me suis aventurée, avec un joli panier, dans le petit bois familier. J’avais dans mon sac à dos, une pomme pour la faim, une bouteille pour la soif et un vêtement pour la pluie.

 

Le temps était favorable pour quelques heures de promenade en espérant rencontrer au bord du petit chemin des ingrédients succulents : quelques cèpes de bordeaux, des pieds de mouton bien cachés ou même de jolies chanterelles. Le festin s’annonçait bon, on allait se régaler en délectant nos papilles de ces goûteux champignons.

 

Arrivée au bout du chemin, aucun champignon cueilli, mon grand panier était vide et ma déception au comble. J’avais promis bonne cueillette pour cuisiner belle omelette, baveuse et succulente, garnie de sauge et de thym.

 

Je ne pouvais rentrer bredouille car ils allaient rire de moi, et tous se souviendraient de cette promesse non tenue. Au loin je l’ai aperçu, le gros cèpe de bordeaux. Caché parmi les douglas, il semblait me dire « Viens !». Sortir des sentiers battus n’était pas mon habitude mais je n’ai pu résister à cet appel gourmet.

 

En cueillant le beau spécimen, j’ai vu qu’il n’était pas seul. Il était un des piliers d’un joli rond de sorcière. « Quelle chance ! », ai-je songé en marchant en zigzagant dans cette forêt profonde.

 

Quand le premier cri de chouette a retenti dans le noir, mes pas n’étaient plus guidés que par ces taches colorées. Où était donc le chemin que j’avais quitté soudain, sans réfléchir imprudente, guidée par l’appel du ventre ?

 

Le festin promis du soir se transformait en cauchemar, perdue parmi les fourrés, je ne savais plus où aller. Pas de téléphone portable, pas de GPS en poche, aucune idée de l’endroit où je me trouvais à l’instant.

 

C’est alors que du panier, un rire s’est fait entendre. Le spécimen déchaîné se moquait ouvertement. Ses amis ont entonné le plus étrange des chants et les bruits de la forêt ont envahi tout l’espace.

 

De grosses larmes de panique ont déferlé sur mes joues. Je me suis roulée en boule, les deux mains sur les oreilles, au pied d’un arbre enchanteur qui semblait tout orchestrer, un gros hêtre tortueux à l’écorce endommagée. C’est au rythme de leurs notes que mon corps grelottait, mes dents claquaient en musique, ajoutant un instrument à l’orchestre des étranges.

 

Paumée dans ce monde hostile, je ne savais comment faire pour attendre sereinement que le jour m’ouvre la voie.

 

Deneyer Viviane 08/08/2011

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